Souvent nommé Hack'n'slash de manière générale en occident, le “Musō” est une branche du genre que l'on a tous plus ou moins expérimenté au cours de notre vie de joueur. Seul ou en coopération sur un canapé, la saga des "Warriors" semble exister depuis presque toujours, mais n'ayant pas ou peu évolué, ce type d'œuvres semblent avoir subi un désintérêt progressif de la part des joueurs.

Ces dernières années, le musō a donc entamé sa mue, s'ouvrant intelligemment vers des licences très connues avec souvent voir toujours aux commandes les vénérables et increvables Omega Force et Koei Tecmo.

Portés par leurs expériences sur des projets en collaboration avec des grands noms de l’industrie tel que Hyrule Warriors pour Nintendo, Personna Strikers pour Atlus ou encore la tonne de licences Bandai Namco, Koei Tecmo ont su tirer parti des savoirs acquis pour ancrer cela au sein de leurs projets internes.

Après un Dynasty Warrior 9 décevant s'évertuant à devenir un monde ouvert à la construction ratée, les équipes ont su rebondir habilement avec Warriors Orochi 4 (numéroté 3 au Japon) et Samurai Warriors 5, tout deux proposant un contenu objectivement solide en plus d'être irréprochables techniquement, sans bug et bien optimisés ou presque (sur PC), bien loin des tards de Dynasty Warriors 9.

Tout récemment on a pu se rendre compte de la métamorphose importante en cours au studio, avec Wild Hearts, qui s’il marche sur les plates bandes de Monster Hunter et non pas du musō, possède un cachet tout à fait singulier et qui n’a rien à envier à la série phare de Capcom sur le plan visuel et technique, un pas de géant pour Omega Force.


Partant de ce constat, et après une poussée soudaine de mon corps de revenir vers le musō, j’ai eu le plaisir en début d'année de découvrir Berserk Musō aka Band of the Hawk, et même si objectivement celui-ci était assez mauvais mais terriblement addictif (merci l'univers Berserk), cela a servi de tremplin pour me rappeler l’existence du menu maxi best off disponible chez eux, la série des Orochi.


Ce quatrième épisode, Warriors Orochi 4 dans sa version Ultimate ne fait pas dans la dentelle, 170 personnages sortis tout droit de l’ensemble des productions du studio (Samurai Warriors, Dynasty Warriors et Warriors Orochi) complété par quelques excursions vers des figures mythologiques et historiques du domaine public, dont Jeanne D’Arc.

Sur le papier, tout semble parfaitement aligné pour retrouver encore une centaine de personnages dont 90 % d’entre eux se contrôlerait de manière identique, proposant les mêmes patterns, que nenni.

Il saurait mentir d’annoncer que chaque personnage est unique, mais la variété proposée avec cet Ultimate Orochi 4 donne le vertige.

Chaque combattant ou combattante possède son propre niveau à améliorer et au moins pour lui des attaques physiques, parfaitement uniques, puis une attaque spéciale à charger, vous connaissez la musique. En complément, viennent s'ajouter des variantes magiques, qui sont liées à un “treasure”, ceux-ci n'étant pas propre à un seul personnage, ils sont par contre présents par dizaine donnant au final des centaines combinaisons disponibles et la possibilité de créer son personnage presque sur mesure.

Tout ceci ne sera pas de trop pour affronter les milliers d'ennemis présents sur la carte, du simple troufion jusqu'à de biens plus gros morceaux qui vous demanderont d'utiliser toute votre équipe de manière intelligente et coordonnée.

Car effectivement comme je ne l’ai pas encore précisé, nous sommes ici aux commandes d’une équipe, ce qui signifie que l’on ne contrôle pas un seul personnage, mais bien trois, avec la possibilité de changer entre eux à tout moment. Cela permet des enchaînements de coups en créant des combos entre les attaques et magies de nos personnages que l’on aura minutieusement choisis pour leurs attributs physiques… Pardon compétences sur le terrain.

Vous l’aurez compris concernant le gameplay difficile de prendre Orochi 4 en défaut, si on apprécie les musō celui-ci ci semble comme l’aboutissement de la formule et même si j’aurai adoré voir des vrais boss de plusieurs mètres de haut similaires à Berserk Musō.


La force d'Orochi 4 Ultimate ne s'arrête pas au gameplay, car il propose tout un éventail de progression pour nos personnages et notre équipe. Cela passe par un arbre de compétence certes simple, mais présent, propre à chacun, puis par l'amélioration générale de l'équipe via le camp, impactant l’ensemble des protagonistes.

On pourra aussi améliorer ses armes et leur attribuer des bonus (portée, glace, vent etc) les armes possédant comme les personnages, un niveau.

Le contenu reste propre au genre avec une certaine répétitivité obligatoire dans les objectifs de missions et la construction de celles-ci, si on est hermétique à ce type de jeu cela ne changera pas nécessairement cette fois-ci, mais Orochi 4 Ultimate propose un contenu si gargantuesque qu'il vous occupera sans soucis des dizaines d'heures sans vous lasser (j’en ai quarante au compteur) si on est un tantinet soit peu curieux du genre.


Le principal intérêt d'Orochi 4 et que les développeurs ont décidé d'ouvrir les mécaniques du jeu graduellement. De manière progressive, le jeu se dévoile, offrant son lot de surprises concernant le gameplay, le loot, l'ouverture du casting mais aussi son game design de manière plus générale, tenant le joueur en haleine jusqu'à la fin. La partie Ultimate semble moins inspirée et recycle beaucoup dans les objectifs à accomplir et adversaires, mais cependant ne représente qu’une petite partie du jeu.



Petit moins, ou plus suivant vos attentes, en comparaison avec d'autres productions d'Omega Force, le contexte d'Orochi n'a rien d'historique, donc le scénario tient plus de la foire à la saucisse que d'une fresque épique sur l'histoire de la Chine ou du Japon, comme peuvent l'être certains épisodes des différentes séries du studio. N'espérez pas épater votre famille sur l'histoire de la Chine comme après un bon Dynasty Warriors 4. Par contre cela permet toutes les folies pour des crossovers de génie via l’histoire, Athéna combattant Wukong ? J’en redemande, et même s'il faut qu’Omega Force apprennent à faire taire leurs personnages durant les missions, quelles pipelettes…


On notera aussi que la difficulté de base tend à être bien trop douce, ne poussant pas le joueur à utiliser l'ensemble des outils et mécaniques à sa disposition donc je déconseille de jouer en dessous de "hard", des difficultés plus corsées se débloquent à la fin du contenu original de Orochi 4, avant de basculer sur Ultimate.

De manière aléatoire apparaîtront aussi des missions spéciales avec une difficulté rehaussée, qui demandera souvent d'avoir un roster solide ou de jouer en coop.


Dans l'ensemble, cet Orochi 4 dans sa version ultimate délivre presque tout ce que l'on attend de lui. Une vraie machine à sourire devant votre écran, sans être un bête jeu à "appuyer sur X" en boucle, Orochi 4 Ultimate apporte une variété et profondeur rare pour un musō et semble être l’aboutissement à près de 20 ans d’Omega Force, mais sans vraiment changer une formule qui s’est épuisée.

Techniquement, il ne révolutionne rien pour son temps et la direction artistique n'est pas des plus inspirées par moment, avec beaucoup de personnages aux mêmes traits de visage et des héroïnes aux mensurations démesurées.

Mais si vous êtes sensible au genre ou que votre curiosité vous pousse à essayer un épisode issu des différentes séries du studio, Orochi 4 Ultimate semble être le parfait candidat pour découvrir celles-ci. S'il n'est pas tout jeune (2018), il marque l'apogée d’une formule et le début d'un changement important pour le studio. Espérons qu’avec Wild Hearts, cela confirme une transformation en profondeur chez Koei Tecmo, en attendant un hypothétique Dynasty Warriors 10 ou Orochi 5 qui seront sans doute bien loin de ce que l'on a connu, du moins on l’espère.


Sajuuk
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le 20 juil. 2023

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