J’ai ri.
Ça faisait trente secondes que j’avais lancé ce jeu et je me suis mis à rire.
J’ai ri parce que j’ai été surpris. Surpris qu’on m’invite à jouer dès le lancement du jeu, sans cinématique ni menu.
Et puis surtout j’ai ri parce qu’à peine lancé dans cette partie que déjà ce jeu m’envoyait son état d’esprit au visage. Un état d’esprit fait de contre-pied et d’absurde.
…Un état d’esprit que j’adore.


Ah ça ! C’est peu dire s’il a su me caresser dans le sens du poil ce « What the Golf ».
Et l’air de rien il y est parvenu en allant s’aventurer sur un terrain sur lequel je ne l’attendais pas du tout : celui de la mise en scène.
Car – aussi étonnant cela puisse-t-il paraitre – « What’s the Golf » est à mes yeux bien plus une comédie qu’un jeu fun de mini-golf.
Et c’est à la fois ce qui fait sa force, mais c’est également ce qui en ferait sa faiblesse.


Sa force d’abord car j’ai clairement vécu chacune de mes parties de « What’s the golf » comme un pur moment de fraicheur.
Les stages sont multiples, incroyablement variés et surtout ils s’accomplissent très vite.
Le temps de comprendre la logique tordue ou le skill que l’épreuve nous réclame qu’on passe déjà à la suite.
Il n’y a d’ailleurs pas de réelle difficulté à « What’s the Golf ». Et quand celle-ci survient parfois qu’elle ne repose finalement que sur une nécessité de comprendre un pattern requis, ce qui n’est jamais bien long.


Et l’air de rien je trouve l’équilibre sur cette question plutôt bien dosé.
Ça nous implique suffisamment pour qu’on n’ait pas l’impression d’être prisonnier d’une boucle assez redondante, mais de l’autre côté ça reste toujours accessible car s’appuyant en permanence sur (plus ou moins) la même base.
De toute façon on comprend vite que l’intérêt de « What’s the golf » n’est pas là.
Le jeu n’est pas là pour nous repousser dans nos retranchements. Le jeu est là pour s’amuser des codes et nous amuser par la même occasion.
Certains stages n’existent même clairement que pour ça. Non pas pour poser une difficulté mais juste pour poser une rupture absurde…
…Ce genre de rupture absurde qui est d’ailleurs propre à toutes les comédies.


L’air de rien « What’s the Golf » se pose comme l’un des premiers jeux à faire de l’humour pleinement vidéoludique, c’est-à-dire un humour qui repose sur le détournement des codes propres à ce média.
Et si d’ailleurs je précise « l’un des premiers jeux » c’est parce que j’ai quelques exemples en tête de titres qui avaient déjà titillé ce genre de démarche. Mais personnellement je n’ai pas souvenir qu’un autre jeu précédant « What’s the Golf » ait a ce point poussé la logique jusqu’à en faire le cœur de son expérience ludique.
(…Et si je me trompe, je vous en prie : les commentaires sont là pour ça. ^^)


Rien que pour ce seul aspect là, j’avoue que j’ai une vraie sympathie pour ce « What’s the Golf », pour ne pas dire un profond respect.
Parvenir à trouver un tel équilibre entre intérêt ludique, mise en scène comique, et accessibilité de la démarche, je trouve ça quand même vraiment très fort.
Parce que l’air de rien, pour que ce genre de démarche fonctionne il faut vraiment maitriser son sujet – ne se permettre aucune approximation – et c’est ce que Triband est parvenu à faire.
Donc sur ce point franchement chapeau.


Seulement voilà, comme je le disais un peu plus haut, quand bien même cette jolie formule est-elle la vraie force de ce titre qu’elle en est aussi sa limite.
Parce qu’à miser essentiellement sur le fun – ce qui implique donc une progression régulière et rapide – ce « What’s the Golf » finit forcément par perdre de son intérêt à trop s’étendre.
Car en absence d’une courbe de progression à la hauteur de la longueur du jeu, à un moment donné la redondance que celui-ci cherchait pourtant à fuir finit immanquablement par s’installer.
Et même si la multiplication des thématiques et des références vidéoludiques se révèle salutaire pour faire passer la pilule, à un moment donné, sans difficulté réelle, l’implication du joueur ne peut plus tenir sur la durée.


Et c’est bête parce qu’au fond les gars et les nanas de chez Triband avaient la solution à portée de main.
Chaque stage étant divisé par « trous » et chaque trou contenant des challenges supplémentaires pour qui voudrait s’y risquer , il aurait été de bon ton de penser le jeu selon deux logiques bien distinctes : d’un côté les stages de base réservés à ceux qui ne veulent qu’un parcours léger et fun et de l’autre les stages supplémentaires réservés à ceux qui veulent rencontrer davantage d’opposition.
D’ailleurs, au premier abord, c’est clairement comme cela que j’avais compris la logique de ma partie. Et j’avais laissé volontairement les challenges supplémentaires de côté pour profiter de la rythmique du jeu.
Seulement voilà, au bout d’un moment, impossibilité d’avancer si on n’a pas accompli quelques challenges. Alors – pas de souci – je m’apprête à me confronter à la difficulté. Mais problème : ces fameux challenges sont au final du même niveau de difficulté que les précédentes épreuves proposées dans le trou.
Et surtout – pire que tout – chaque niveau de challenge n’est composé que d’une seule épreuve quand le niveau standard de chaque trou comporte la plupart du temps de trois à quatre épreuves.
Bref, c’est plus long et plus riche de faire les niveaux de base que de faire les niveaux challenges…
Autrement dit : les niveaux challenges ne sont en fait pas des niveaux challenges.
Ce sont juste des niveaux… bah des niveaux comme les autres quoi.


Et ça pour le coup c’est quand même dommage car, à vouloir trop tenir sur le longueur sur la seule et unique note du fun « What’s the Golf » peut lasser.
Pire encore, j’en suis arrivé à me dire que, pour que je prenne vraiment du plaisir à ce jeu jusqu’au bout, le meilleur moyen était encore de ne pas trop jouer à « What’s the Golf », d’espacer les parties, d’y jouer comme du « casual gaming »…
Or, avec le recul, difficile de voir en ce « What the Golf » autre chose que ça : du jeu occasionnel.
…Certes un très bon jeu occasionnel – fort sympathique et très distrayant – mais malgré tout du simple jeu occasionnel. Rien de plus.


Alors j’entends bien évidemment l’argument qui consisterait à dire que le « casu » c’est bien aussi, et que ça a le mérite d’exister, ce à quoi je n’aurais rien à redire.
Seulement voilà, ce jeu avait l’opportunité d’être AUSSI autre chose, et sur ce point il a vraiment loupé le coche.
Alors du coup tant pis.
On devra se contenter de ça et c’est quand même une vraie occasion de manquée.
« What’s the Golf » ne sera qu’un jeu occasionnel.
Et le problème des jeux occasionnels, me concernant, c’est qu’une fois que j’ai eu l’occasion d’y jouer, j’ai tendance à les ranger et à les oublier.


Chez moi, pour qu’un jeu me marque durablement, il faut que j’ai envie d’y retourner.
Et pour que j’ai envie d’y retourner, il faut qu’à un moment donné il m’ait poussé dans mes retranchements, d’une manière ou d’une autre.
Là, à jouer la seule carte du fun et léger, « What’s the Golf » risque très vite de ne pas peser bien lourd et de ne pas laisser d'empreinte durable sur le green.
Alors certes, tout jeu n’a pas nécessairement à rentrer dans l’histoire pour être appréciable.
…Mais il est néanmoins si appréciable qu’on sache se souvenir d’un bon moment ; quand bien même ne s’agit-il que d’une simple partie de golf occasionnelle.

lhomme-grenouille
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le 26 mars 2021

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