Une bucolique escapade dans l'Allemagne des années 40, accompagné d'un vieux camarade...

C'est en pleine semaine de vacances en ce doux mois de juillet 2022, après une période de canicule étouffante en ville, suivant plusieurs jours consacrés à plusieurs de mes emblématiques héros vidéo-ludique...que je me suis décidé à entamer mes retrouvailles avec une ancienne incarnation, un vieux camarade, une sacrée tête de mule, une voix iconique...mon Blazko le fou, mon héro blondinet, mon daron du tir...que j'avais quitté jeune papa, mari passionné et fier libérateur de l'Amérique, à travers "The New Colossus", et qui à travers "The Old Blood", stand-alone, sortie en 2015, développé toujours par MachineGames et disponible sur le Gamepass, me promettait de le retrouver lors de sa première mission en territoire enemi, lors d'un séjour en terre Germanique pendant la seconde guerre mondiale, lors d'une escapade vers un château suspendu à flan de montagne, lors d'une romance à l'ancienne afin de faire couler le sang....

Une escapade, qui lors d'une introduction faussement interactive, dans la peau d'un jeune Blazko, toujours doublé par Patrick Poivey, déguisé en lieutenant de Wehrmacht, armé d'un simple flingue, un bon vieux Lunger avec son silencieux, tranquillement installé dans une vieille berline allemande, une Benz des années 40, accompagné d'un agent britannique infiltré, un James Bond du pauvre, lui récapitulant sa mission, son objectif, son rôle, un peu à la va vite...puis un arrêt, une arrivée sur parking après un check-point, en pleine forêt noire, au milieu des colines de la Bavière...un téléphérique, un premier panorama, une première vue de notre futur théâtre, notre futur autel, ce fameux château de Wolfenstein...un ultime contrôle d'identité, passé avec succès malgré un allemand approximatif, un antagoniste principal supposé, dévoilé, un Dolph Lundgren fantasmé...jusqu'ici tout va bien, Blazko est sûr, serein, blagueur...un bureau étrangement accessible, peu d'opposition, peu de difficulté...pépère, à l'aise...et là...une alarme, une arrivée massive de soldats, s'exprimant uniquement dans leur langue de naissance, pas d'échappatoire, peu de solutions, l'illusion de la réussite, l'acceptation de l'échec...et pan...un coup en pleine gueule, la tête dans les nuages, la vision trouble, les paupières se ferme, une chute...fin du parcours, fondue au noir, un générique de début, un écran titre...et un réveil dans une fosse, sans armes, seul, perdu, errant, sans but...fragile, démuni, anxieux au vu des premiers enemis, d'immenses soldats du 3ème Reich robotiques...une trouvaille dans des debris, un objet clé, un premier amour...et là tout commence...une course vers l'avant, une fuite sans retour, une évasion vers la liberté, torse nu, à l'ancienne, à la dur, traversant de bas en haut, de droite à gauche, sans regarder derrière soi, ce château de pierres néo-gothique, entre ses catacombes, sa bibliothèque, sa cuisine, ses appartements...mais aussi son éperon rocheux, avec sa forêt d'épicéas, ses chutes d'eaux, ses rivières de carpes sauvages, ses vignes de coteaux et son village moyenâgeux...sublimé par ses jeux de lumières chaleureux, sa palette colorimétrique chatoyante, ses textures cartoonesques, son chara-design rondouillet, sa musique orchestrale, ses plans de caméras, sa gestion de la focale, son doublage extraordinaire, ses références culturelles, ses easter-egg à gogo, ses cliffhangers suprenants et osant même une bascule dont je vous laisse la surprise...rendant un romantique hommage aux cinéma américain virile, épique, sans prise de tête des années 70...tout en lui donnant un coup de neuf et osant même un étrange changement de caractère lors d'un point de bascule dont je vous laisse la découverte ...m'immergeant immédiatement dans une sensibilité artistique que j'affectionne...

Une escapade vers la liberté qui se poursuit, dans la peau de nôtre "Bruce Willis" virtuel, l'ultime recours, le survivant rêvé...au sein de ce véritable labyrinthe immense, ce monstre de pierres, ce fantasme de l'architecture Germanique et de sa bucolique région...débutant nu, sans défense, sans armes, sans capacité loufoque, sans arbre de talent inapproprié, son gain de level, sans carte, sans guidage artificiel, sans pédagogie lourde, sans missions secondaires, comme à la veille école...uniquement animé par notre envie de s'échapper de notre funeste prison, de retrouver cette nature apaisante, de filer au toute berzingue dans ces couloirs étriqués, de fuir efficacement cette atmosphère anxiogène...nécessitant chez nous observation, anticipation, tentative, réflexion, détermination, réactivité...parfaitement mise en lumière par un environnement diversifié et permissif, offrant différentes approches et trajectoires...qui par moment se voit plus étriqués et réduits, pour mieux nous surprendre...par un portofolio d'opposants, varié et codifié, ayant chacun un design singulier, ayant chacun point fort/point faible, ayant chacun des armes et équipements à récupérer, ayant chacun un rôle dans cette hiérarchie militaire, devant se comprendre, se lire afin d'optimiser ses affrontements, de se focaliser sur l'essentiel, d'établir une tactique...qui par moment se voit plus linéaire et restrictif, pour mieux nous mettre la pression...par la diversité des outils et armes à disposition, allant du simple couteau de lancer à la double mitraillette, à choper soit sur les enemis ou soit dans l'environnement, permettant différents combinaisons, différents type de gameplay, différents personnalisations, différentes possibilités...entre furtivité, bourrinage voire mix des deux, nécessitant dextérité et calme, entêtement ou lâcher prise et récompensant les deux...qui par moment se voit plus primaire et limité, pour mieux nous défier gentiment ou nous offrir une séquence plus cathartique...dans la veine de ces grands FPS...rendant un romantique hommage ce genre ludique et à ses différentes déclinaisons...tout en lui donnant un aspects plus moderne, plus subtile, plus intelligent, par un game-design mettant une emphase sur un sound-design immersif, une affordance visuelle, un level-design ouvert et une maniabilité instinctive, où tirer n'est pas la seule solution, où la sortie est clairement visible, où l'affrontement n'est pas obligatoire, où l'opposant peut être un allié, où chacun peut déterminer ses actions, où la stratégie permet de se faciliter la tâche, où de multiples interactions sont disponibles, où tout est à disposition...se permettant même le luxe d'oser différemment lors d'un point de bascule mais je vous laisse la surprise...m'immergeant immédiatement dans cette sensibilité ludique...

C'est une escapade qui se conclu, dans la peau de mon jeune américain blondinet à la voix iconique, éreinté et usé par tout ce qu'il a du entreprendre pour un vulgaire fichier, pour une simple mission de prime abord, pour une simple histoire d'infiltration...véritable allégorie fun et ludique du mythe de homme virile, solitaire et fort...traversant un château néo-gothique dans son intégralité, la région forestière qui l'abrite, son village de bois qui l'entoure...véritable relecture oxygénante, bucolique et dépaysante de la Bavière telle que l'on la fantasme...à travers son architecture, son patrimoine, sa gastronomie, sa langue, sa culture, sa géographie, son terroir...afin de vaincre l'ennemi Nazi, l'éternel adversaire, l'empire qu'il faut faire tomber, toujours aussi nunuche et couillon...véritable satire humoristique de cette triste période historique de l'Allemagne...et qui certains instants clés, à ce fameux moment de bascule...se voit être une métaphore lourde et pesante de la guerre...des traumatismes, des morts, des remords, des émotions, des conséquences qui en découlent...où l'ami d'hier disparaît, où la moindre rencontre n'est qu'éphémère, où l'horreur remplace la joie, où l'opposant n'est plus une distraction, où la moindre lettre ou écrit à de l'importance, où l'envie de fuir se fait grande, où la moindre blague n'a plus de sens, où toute forme d'héroïsme est dérisoire, où la manette se fait lourde, où le sang devient dégoût...une cohérence ludo-narrative impressionnante, un game-design intelligent, où art, ludisme, scénario raconte quelque chose, où tout trois sont liés, mais exigeant digestion et réflexion...livrant ici autant un romantique hommage à cette franchise, à une région, à un pan culturel tout en y apportant une sensibilité et une maturité...m'immergeant immédiatement dans cette subtile vision narrative...

C'est donc après un intense combat final, un dernier chapitre émotionnellement fort, suivi d'une ultime réflexion pesante et lourde de sens de Blazko sur la définition du "monstre", visiblement troublé, lui aussi par cette fin de parcours et appelant de futurs cauchemards...une cinématique ouvrant sur une guerre à mener, une seconde boucherie à accomplir, un nouvel objectif clair malgré une envie de repos bien mérité... après un générique rock et badass, evocant un sang, sur un fond tout de rouge, comme le sang, mon rythme cardiaque redescendu, comme abreuvé de sang, mes yeux explosés, comme gorgé de sang...après deux jours, 8 heures de jeux, aucun pépin technique, mon pad mouillé, mon PC soufflant encore...une clope au bec, que j'écris cette lettre d'amour à ce "The Old Blood", celui qui ne devait être qu'un simple stand-alone et qui est à mes yeux un vrai chapitre à part entière, celui qui ne devait être qu'une simple escapade et qui est à mes yeux une vraie aventure, celui qui ne devrait être qu'une nouvelle couillonade et qui est à mes yeux une vraie proposition...et que je quitte avec nostalgie mais revigoré...amusé, dépaysé et fin connaisseur de l'Allemagne...usé mais fier de mon parcours, me poussant à tenter au maximum la non-violence et la furtivité, me poussant à prendre mon temps et à réfléchir, me poussant à bien observer et anticiper, donc finalement à prendre pleinement mon rôle d'agent infiltré...validé par mon ultime achievement émanant du Gamepass au titre evocateur...un véritable coup de cœur, une nouvelle romance avec Blazko, un nouveau pan de mon histoire avec MachineGames, un titre qui m'aura autant fait rire, voyager que traumatiser et suer...que je considère comme à part, bien plus pertinent et subtile que bon nombre de production, a la fois drôle, bebete, mature et sensible...et que je conseille à tous...salut mon vieux camarade et à la prochaine......et merci pour ces vacances en territoire Germanique...c'était bien......

AlMomoSan87

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