Yakuza Zero
8.1
Yakuza Zero

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et Sega (2015PC)

Égaré, perdu en pleine dichotomie émotionnel entre deux villes et deux hommes...

C'est durant un week-end de début avril 2022, en pleine saison de ces fameux poissons, et soit pratiquement, 1 an après ma première excursion au sein de la franchise Yakuza, à travers Kiwami...que je me suis décidé enfin de lancer cette préquelle...sortie en 2015, sur PS4...qui au vue des retours journalistes comme joueurs...ne s'apparentait pas à une simple blague, mais bien la meilleure proposition de la formule imaginé par Sega et Toshihiro Nagoshi...qui m'avait tant enchanté et amusé...c'est donc après une vingtaine d'heures de jeu, sur PC via Steam, durant une semaine...un sentiment, un ressenti extrêmement dichotomique....


Une dichotomie tout d'abord artistique, nous plongeant à la fois dans le quartier rouge de Tokyo fantasmé, Kaburocho, déjà vue dans Kiwami, mais ici présenté dans une temporalités différente, les années 80, avec son identité qui lui est propre mais aussi Sotenbori, réinterprètation du quartier rouge d'Osaka...tout deux à la fois proche et différent, autant dans leurs structures, leurs architectures, leurs couleurs, leurs lumières, leurs sonorités, leurs populations, leurs activités...me laissant à la fois en terrain connu et en pleine découverte...autant amoureux de l'un comme de l'autre...superbement mis en évidence par de sublime visuel, surtout de nuits, bien alimenté par les éclairages inhérents à ces quartiers, la richesse sonore, et la diversité humaine présente...me laissant à la fois emporté par ce microcosme qui donne furieusement envie à explorer et hermétique à toute cette surenchère superficielle mais au combien réelle, liée à l'identité économique de ces quartiers de plaisirs malaisants...renforcé par cette démarche de mettre en avant cette opposition entre dépravation, richesse, sexualité débridé, rutilance, abondance, exhibitionnisme bourgeois et pauvreté, exploitation humaine, dépendance aux jeux, alcoolisme routinier, solitude affective, discrimination raciale et immigration clandestine...me laissant dans un égarement émotionnel....


Une dichotomie ludique, entre Beat'em'all...hommage à Virtual Fighters...bourrin certes, mais bien plus efficace, libertaire et agréable que dans Kiwami...me laissant autant amoureux des différents styles d'arts martiaux accessibles...entre sur-opposition contre des sbires au sein des ruelles poisseuses traversées au cours de notre parcours, mais toujours cohérents vis-à-vis de la narration...en tout cas bien plus que d'en Kiwami...et avec une certaine alternance bien senti, entre truands, yakuzas, motards, ivrognes...armés ou non...dans des espaces plus au moins étriqués, mais toujours bien entouré par de gentils citoyens servant de délimitation...jouissif bien qu'éreintant à la longue...renforçant chez moi comme une envie de les écourter ou de les fuir, malgré les gains qu'ils apportent généreusement...leurs préférant les oppositions de Boss en 1v...ah mon Kuze et mon Nishitani...on aura vécu une vraie romance...bien mieux mise en scène, bien plus stratégiques, bien plus digestes, bien plus exigeantes et donc gratifiantes...me laissant curieux et enthousiaste, dans l'attente de la prochaine...donc entre envie et rejet...mais aussi, et totalement suprenant...un jeu de gestion, immobilière, lié au scénario...oxygénant nôtre parcours vieux et un simulateur de gérant de cabaret totalement loufoque dont je vous laisse la surprise...tout deux extrêmement récréatifs, divertissants mais aussi dérangeant et malsain au vue de la métaphore qu'ils incarnent...un véritable trouble émotionnel et intellectuel...et pour finir...toujours un aspect menu Best-of via les mini-jeux et activités secondaires...des gameplay, des œuvres, des franchises propres à cet éditeur...entre jeux de rythme...ah ce Karaoké, hommage à Channel 5...de Shoot...ah ces phases en voiture, hommage a Virtual Cops...de narration interactive...ah ces rencards piffés au hasard, hommage à je sais pas...de rôle...ah cet arc de talents lié à la thunes, prévoyez un livret A...d'aventure...ah ces "donjons" sans retour, ni sauvegarde...prévoyez votre stock de Stamina Royal auprès de votre pharmacien favori et de pêche...si si et pourquoi pas, peut-être une référence à Ecco The Dolphin...me laissant aussi dans un égarement émotionnel....


Une dichotomie narrative, architecturé autour de deux protagonistes, Kiryu et Goro, le premier déjà incarné dans Kiwami...toujours fin castagneur et très porté sur l'utilisation de vélo mais ici présenté à ses débuts au sein de l'organisation mafieuse, jeune...naïf...entêté...fidèle, autant à son père d'adoption, son frère spirituel qu'au code et statut inhérent aux yakuzas...bien qu'il décide volontairement de se destituer afin de résoudre une sale affaire dans laquelle il est mêlé malgré lui...me laissant toujours autant attaché à lui et heureux d'approfondir son histoire personnelle...et le deuxième, tout juste évoqué dans Kiwami à travers différentes oppositions...ici installé en tant que yakuza repudié, exilé à Osaka, esclave d'un cabaret, fin danseur et magnifique manieur de batte de base-ball mais qui part son caractère, son récit, son identité, son passé m'a profondément touché et ému ainsi qu'amusé et amoureux de part son gameplay jouissif et sa folie psychologique...clairement une véritable surprise...donc deux incarnations opposées mais qui au fil du déroulé scénaristique se voient reliées...ayant un début individuel et un final partagé...un desir personnel et un but commun autour de Makoto et de son funeste héritage...mais sans se croiser...saloperie...ah si mais putain de générique interminable....me laissant dans un trouble affectif donc encore égaré émotionnellement parlant...


Une dichotomie métaphorique, à travers la narration environnementale et principale...entre histoire de mafieux, sous la forme d'un drama télévisuel...satire de la société japonaise...critique du modèle nippon...analyse de l'histoire propre à ce pays...réflexion anthropologique inhérent à cet état insulaire...allégorie de notre rapport à l'argent et à la consommation...vision crépusculaire du monde du divertissement...et une mise en lumière de thèmes rarement explorés...une ode aux Takoyaki...une lettre d'amour aux comédies romantiques nippone...un hommage aux films de la pègre japonaise...une Master-class en terme de combats et un savoir-faire inégalé dans la gestion des twists et des cliffhangers...un sens aigu pour le What The Fuck et le chara-design...la QTE élevée au rang d'artisanat...une véritable pièce de théâtre, entre comédie musicale, opéra rock, kabuki et dramaturgie grecque dans un mélange étrange mais percutant entre humour/dramaturgie/réalisme/caricature/exagération/finesse/politesse/vulgarité/action/contemplation/spectateur/acteur/responsable et victime...sans misérabilisme et étonnamment non-manichéen...le tout dans une parfaite consonance ludo-narrative me laissant encore davantage dans un égarement émotionnel....


Une dichotomie technique, entre ces cinématiques sublimes digne de l'actuelle génération et graphisme désuet...le cul entre PS4 et PS3...entre ce système de sauvegarde datant d'un autre temps mais cohérent vis-à-vis de la chronologie scénaristique...entre cette volonté de monde ouvert propice à la préfiguration et l'errance et guidage lié à l'immédiateté narrative...entre découpage en chapitre permettant autant de longues sessions que de courtes...entre cette incapacité de la part de Sega de traduire ces jeux et bienveillance de la communauté ayant fait son maximum pour pouvoir y jouer en toute compréhension des événements...ainsi que sa fénéantise au vue de son art pour porter ses licences sur PC, devant jouer avec une manette branchée et peu d'optimisation graphique...entre son côté archaïque et novateur, surtout sur le sens de la mise en scène et de la maniabilité...entre respect des traditions et renouvellement de sa franchise...me laissant encore une fois dans égarement émotionnel....autant amoureux que fatigué par ce développeur japonais et de cette licence....


C'est donc à titre personnel...un égarement...une dichotomie...à la fois émotionnelle, intellectuelle et ludique qu'incarne ce Yakuza Zero...entre déjà vu et découverte...entre approfondissement de mes acquis et apprentissage de nouveautés...entre jeu PS4 mais finalement un jeu PC à cause de se manque de localisation...entre deux hommes qui m'auront touché par leur sensibilité...entre cette ambiance masculine et misogyne mais mettant en lumière les femmes...entre ce titre évocateur, Yakuza mais nous faisant jouer des mecs qui n'en sont pas...donc le Zero est logique...entre cette volonté de nous amuser et nous divertir tout en gardant un sérieux et une réflexion bien plus profonde qu'il n'y paraît...entre cette capacité à nous mettre à l'aise tout en nous fragilisant par instant...entre ce sentiment de revenir en arrière tout en se sentant dans une évolution...le tout dans un écrin singulier...sincère...passionné...aimant...charismatiques...faisant de ce jeu...une œuvre intemporelle...autant pour les initiés que les nouveaux arrivants...un chef-d'œuvre sous-estimé et à faire...une marque indélébile dans l'histoire de cette industrie et sûrement l'apothéose de la formule Yakuza...donc oui une dichotomie vidéo-ludique mais putain qu'elle fait du bien...et qui restera à jamais gravé dans mon cœur....Goro et Kiryu je vous aime et Sega je vous remercie................................arigato....sayonara...

AlMomoSan87

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