Yggdra Union
6.8
Yggdra Union

Jeu de Sting Entertainment, Atlus et 505 Games (2006PSP)

Les noms qui ressortent le plus souvent quand on parle de Tactical-RPG sont probablement Fire Emblem et ceux de Square Enix comme Tactics Ogre ou Final Fantasy Tactics. Quand vint l'heure pour Sting Entertainment de réaliser un nouveau tactical RPG, les références étaient déjà nombreuses dans le domaine, et il aurait été aisé de prendre la voie facile et faire dans le classique. Dans cet esprit, Sting opéra un virage à 180° de ce qui existait déjà et pondit l'un des Tacticals-RPGs les plus originaux qui soient aux côtés des Valkyria Chronicles.

Derrière le difficilement prononçable Yggdra Union se cache l'un des jeux les plus ambitieux qu'il était possible de faire sur Gameboy Advance et sa seconde sortie sur PSP a permis de corriger la plupart des imperfections du titre, offrant un tactical-RPG complexe, prenant et toujours aussi original.

Réalisé par Sting, le jeu partage à peu près tous les avantages et défauts des jeux du même studio. Il est étonnant d'ailleurs à quel point la marque d'un développeur peut se sentir, surtout chez des studios de taille limitée. On retrouve donc un travail impressionnant sur le design des personnages, dirigé par Satoko Kiyuduki, et c'est probablement son travail à la fois le plus proche de sa zone de confort et la plus originale de ses créations pour le jeu vidéo. Chacun des personnages disposent de portraits détaillés recouvrant l'entièreté de l'écran lors des conversations plutôt que de se contenter d'une section recoupée du visage, ce qui est au final bien plus agréable à l’œil. Les personnages sont malgré l'histoire dessinés dans un style plutôt mignon et simple à la fois charmant et attachant. Lors des combats, les personnages sont représentés par des sprites très détaillés et dynamiques. lls chargent, se défendent, effectuent des coups puissants et compétences, se réjouissent, s'épuisent, tombent au sol... Le tout avec un portrait des personnages combattant qui changent également d'expression en fonction du déroulement du combat. Le tout rend les combats très appréciables à l’œil et bien plus dynamiques, et les personnages deviennent bien plus vivants grâce à cela. Les cartes dans lesquels se déroulent les combats ne disposent cependant pas du même soin. Elles se déroulent toutes en vue de dessus, fixes, et sans être désagréable, elles ne vous marqueront pas exception faite peut-être de celle du château succombant aux flammes tandis que la bataille atteint son apogée. L'interface par contre est méchamment bordélique, avec une quantité d'informations indigestes lors de nos premiers essais. Si les mécaniques du jeu sont introduites progressivement au cours des différentes missions, certains éléments restent bien difficiles à comprendre sans l'aide d'un mode d'emploi ou guide.

Dans la veine des Dept. Heaven, l'histoire tourne autour d'un conflit politique au sein d'une région. On retrouve les conflits entre les différents peuples également présents dans Knights in the Nightmare, mais alors que ce dernier se concentrait sur le coup d'état et conflits au sein de la royauté qui avait mené à la déchéance de leur monde, Yggdra Union reste plus simple, mais reste très loin d'être un monde en rose, avec des morts à chaque conflit et décisions difficiles prises par les différents protagonistes. L'histoire commence dans une terre divisée par deux grandes forces, l'empire de Bronquia et le royaume de Fantasinia. Suite à la prise du pouvoir de Bronquia par le récemment nommé empereur Gulcasa, ce dernier a lancé une invasion foudroyante sur le royaume, conquérant la capitale et tuant le roi et la reine. Cependant, Yggdra, seule héritière au trône, réussit à s'échapper par miracle, transportant avec elle la Gran Centurio, épée légendaire symbole d'espoir et relique du royaume. Toujours pourchassé par l'armée bronquienne, elle se voit contrainte à se réfugier dans un repaire de brandits très vite consumé par les flammes. Milanor, propriétaire du repaire détruit, et chef d'un large groupe de bandits permet alors à Yggdra de s'enfuir après avoir semé ses poursuivants. Cette dernière lui demande alors son aide pour rejoindre le reste de son armée, lui promettant des richesses conséquentes parviendraient-ils à récupérer la capitale et repousser les forces ennemies avant de rendre la pareille à l'empire de Bronquia. Les voici donc partis dans une contre-offensive désespérée pour rétablir un royaume au bord de la ruine au travers d'une cinquantaine de batailles à travers le continent. L'histoire se centre notamment sur les dilemmes que doivent faire les protagonistes pour aller de l'avant, notamment sur les résolutions de conflits qui impliquent presque toujours la mort d'un des deux camps.
L'autre thème abordé est l'évolution de la vision des personnages sur l'armée adverse et la notion de justice, lorsqu'une fois la capitale récupéré, Yggdra s'en ira mettre fin au règne de Gulcasa sur son propre territoire, prenant alors le rôle de conquérant et non de défenseur. Gulcasa fait également l'objet d'une évolution intéressante, s'il est au départ présenté par les personnages comme un tyran, il s'avère finalement très proche de l'héroïne, ne se différenciant que sur leurs visions du monde. La mort de nos adversaires s'avère également marquante comme leurs personnalités sont développés au cours des combats. Du tire-au-flanc au vétéran, ils sont tous uniques et même s'ils ne sont malheureusement qu'assez peu originaux. Mais là où Yggdra Union brille vraiment, c'est par son gameplay.

Chaque bataille commence par une étape de préparation dans laquelle vous sélectionnez les différents personnages qui participeront, les équipez et régénérez. Vous sélectionnez aussi les cartes que vous utiliserez au cours du combat. Ces cartes représentent chacune une compétence spécifique que vous pourrez utiliser au cours des batailles afin de prendre l'ascendant lors des différentes escarmouches. Vous en sélectionnez une à chaque début de tour, et elles déterminent également le déplacement dont vous disposerez pour mouvoir l'entièreté de vos unités lors de ce tour.
Une fois au cœur de l'action, vous pouvez déplacer vos unités sur la carte, chercher des objets disséminés sur celle-ci et lancer un assaut sur une unité adverse en contact avec l'une des vôtres. Vous ne pouvez cependant n'en lancer qu'un seul par tour, et celui-ci empêche l'unité attaquante de bouger pour le reste du tour. Cependant, cette seule attaque ne vous contraint ni à combattre seul ni à n'affronter qu'une seule unité par tour. Chaque leader peut former une union avec les unités présentes 2 cases voisines en + ou en diagonale jusqu'à former 5 membres. Chaque unité en jeu attaquera une fois une unité adverse, voir plus si l'union d'en face est plus importante. Cependant, si une unité doit attaquer une seconde fois ou plus, elle soufrera d'une pénalité et commencera le combat contre son second adversaire avec moins d'énergie, représenté par une troupe de 4 ou 8 soldats accompagnant votre unité lors des combats. Vous aurez toujours une indication sur le rapport de force initiale des différentes manches de l'assaut avant de devoir confirmer, vous donnant une idée sur le déroulement du combat à suivre.

Une fois l'assaut déclenché, les différentes unités en jeu engagent le combat avec leurs troupes un leader à la fois, jusqu'à ce que l'un des deux mordent la poussière. Le leader perdant perd alors en morale, équivalent de points de vie en fonction des résultats de la bataille. S'il atteint 0, l'unité disparaît de la carte (en mourant ou battant en retraite), à savoir que vos unité ne régénèrent du morale qu'en gagnant de l'expérience et non entre les batailles. Vous pouvez faire passer vos unités en mode passif, vous faisant charger une jauge d'énergie à utiliser par la suite, mais vous faites moins de dégâts en contrepartie. Le mode agressif lui est son parfait opposé, mais attribue également un élément (feu, foudre, etc.) à votre attaque selon l'unité combattant. Cette jauge, une fois pleine, peut également servir à utiliser la compétence disponible ce tour, souvent puissants et décisifs. Le point important avec cette jauge est que son état reste identique d'une unité à une autre. Vous pouvez aisément en profiter et charger de l'énergie sur un combat facile pour réserver une compétence face à un adversaire plus puissant de l'union adverse. Vos ennemis eux disposent d'une jauge de rage se remplissant avec le temps, renforçant leur attaque et leur permettant de lancer un coup spécial une fois pleine. De plus, si un même ennemi combat plusieurs fois, il héritera de sa barre de rage précédente, et pourra donc lancer dès le départ une attaque dévastatrice.

Je pourrais encore parler longtemps du système de combat, mais j'ai déjà trop duré sur le sujet pour être franc. Inutile de préciser néanmoins que derrière l'aspect mignon et simple des personnages se cache un système diaboliquement complexe face auquel vous devrez avant tout faire preuve de stratégie pour mener votre quête à bien. C'est d'autant plus vrai que vous ne pouvez faire de missions en dehors de la quête principale, car vous suivez la trame scénaristique du début à la fin, avec quelques cartes secondaires que vous pouvez découvrir en fouillant un peu, vous offrant généralement de nouveaux compagnons. Impossible donc de grinder entre les quêtes pour rendre la tâche plus facile. Vous pouvez cependant chercher des objets sur la carte qui pourront ou être équipés pour améliorer les statistiques de vos personnages ou/et leur attribuer un effet supplémentaire, comme un avantage contre les brigands ou les assassins. Ils peuvent également être consommés pour régénérer du morale à vos unités, vous demandant souvent de faire des compromis entre efficacité et sûreté.

Reste enfin la bande-son. Un thème par personnage, et de multiples thèmes pour les batailles pour les alliés et adversaires. Malgré quelques thèmes qui viennent à se répéter et les thèmes des conversations de moins bonne facture, je trouve l'OST vraiment excellente, notamment au cours des dernières missions qui cumulent ce qu'il y a de meilleur dans le jeu, le tout se combinant parfaitement avec l'intensité de la situation que ce soit au niveau de l'histoire et de la bataille. Le plus fort restant cette confrontation au sommet entre Yggdra et Gulcasa dans leur dernier combat.

Pourtant, malgré toute mon adoration pour ce jeu, il me faut bien admettre ses défauts. Interface confuse, structure très linéaire, style artistique et bande-son qui ne feront clairement pas l'unanimité, système de jeu très complexe (même si les éléments de gameplay sont introduits progressivement au cours des missions pour laisser le temps de s'habituer), des coups critiques bien trop puissants, doublage anglais imparfait, personnages pas toujours assez développés... Yggdra Union ne plaira pas à tout le monde. Ce qui est sûr, c'est qu'il vous demandera pas mal d'efforts pour comprendre ses mécaniques, mais vous aurez alors une vraie expérience difficile, mais stratégique et extrêmement satisfaisante que je vous recommande vivement.

Créée

le 22 déc. 2014

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Souv

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