Cover 2019, je lis

2019, je lis

Couverture : Les Idoles, Christophe Honoré

Liste de

102 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

La Journée d'une rêveuse
1.

La Journée d'une rêveuse (1968)

Sortie : janvier 1968 (France). Théâtre

livre de Copi

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Tu viens t'asseoir pendant que je fais le ménage comme si la vie était toujours la même!"

"Le temps explose, ma mère avait raison. Elle est allée s'enterrer par une journée de grand soleil. Elle est allée s'enterrer encore vivante, un bouquet de fleurs entre les dents. Elle m'a dit de chanter chaque fois que j'aurais mal. Mais quand j'ai mal, je voudrais mourir comme elle. Je ne mourrai pas. Je ne mourrai pas. Je ne mourrai pas."

"Souviens-toi que la vie c'est autre chose! Surtout depuis qu'elle est veuve, elle est devenue complètement gâteuse. Et la vie n'est pas du tout ça. La vie c'est comme une vitesse, surtout pour un garçon. C'est comme une façon de voltiger entre les branches quand il fait beau. Tu peux t'arrêter de te brosser les dents. La vie c'est autre chose. Il faut se tenir prêt.
(...)
Parce qu'il y a des gens qui restent toujours avec un pied en l'air à se regarder le pied parce qu'il est le leur! C'est parce qu'ils n'ont pas compris. Il est préférable de mourir brûlé.
Il faut courir à travers la vie pour arriver à mourir au même temps que l'on meurt. Voilà ce que je voulais dire. Surtout par temps de guerre."

"Vis allègrement ! Ne te prive de rien ! Ne dépense pas trop ! Mets tes chaussettes de laine ! Et tes galoches ! Envoie-moi une carte postale ! Sois généreux avec les autres ! Ne ris pas trop avec eux ! Fréquente peu les tavernes ! Ris en pensant à moi ! Souviens-toi de mes conseils ! Ne te souviens pas de Louise ! Essaie d'être heureux ! Attention à ta valise ! (Le fils est sorti.) Adieu."

Le Pays lointain
8
2.

Le Pays lointain (1994)

Sortie : 1994 (France). Théâtre

livre de Jean-Luc Lagarce

siberiefleuveamour a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Re-re-re-re-re-re-relecture

"Je compris que cette absence d'amour dont je me plains et qui toujours fut pour moi l'unique raison de mes lâchetés, appelons ça comme ça, cette absence d'amour,
Que cette solitude, fît toujours plus souffrir les autres que moi. Et qu'on semble ne pas m'aimer, qu'ils donnent l'impression de ne pas m'aimer comme unique et dernière preuve d'amour.
L'amour définitif, immobile et silencieux."

Loretta Strong, suivi de Le frigo
7.1
3.

Loretta Strong, suivi de Le frigo

Sortie : juillet 2006 (France).

livre de Copi

siberiefleuveamour a mis 5/10.

Annotation :

"Ici ça pleut, j'ai des gouttières !
Il y a du sang qui rentre dans tous les sens !
J'ai plus de serpillère, j'ai que votre peau !
Oh là ! Oh là
Attendez-moi !
Je sors !"

Récidive
7.2
4.

Récidive

Sortie : 1 septembre 1967 (France).

livre de Tony Duvert

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Je me contenterai de n'importe quoi, n'importe qui, n'importe comment. J'accepte ce désert et la pisse qu'on y boit ; ces voitures qui m'ignorent ; ce soleil gris qui tombe."

"La sueur qui mouillait sa peau lui fit connaître la tiédeur de la nuit, qu'il éprouva comme une fraîcheur."

"Je vis toujours par les yeux, par eux seuls. Rien ne compte que ce qu'ils m'apprennent et me proposent. Je ne dispose jamais. Ils ont choisi, compris, pesé : leur justification est ce à quoi ils m'attachent. Ici, un garçon -- et j'ai l'impression de me changer en lui. Lèvres, joues, paupières, une peau très pale de blond, l'oreille transparente comme on la voit aux jeunes enfants malingres."

"La solitude fait mal au corps."

"De ces peaux singulières, prêtes à rougir, à s'écorcher, se déchirer, mais si collantes au muscle et à l'os, si lisses que tout passe dessus sans les atteindre."

"Il ouvre la fenêtre, tire le rideau par-dessus. Il se déshabille. Il essaie de s'embrasser dans la glace. Ca réussit mal. On a beau happer, on ne saisit rien. Et puis c'est sa propre figure. Le jeu de remplacer soi-même ce qu'on désire est compliqué et répugnant, quand on ne s'aime pas. Les lèvres laissent un dessin gras et mouillé sur le miroir. Il a froid maintenant."

"On ne vit pas, on se déplace, on se laisse déplacer."

Haute Surveillance
6.9
5.

Haute Surveillance (1947)

Sortie : 1947 (France). Théâtre

livre de Jean Genet

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

"Yeux-Verts est déjà en train de se réorganiser. Je me reconstruis. Je me recolle. Je me refais à neuf. Je deviens plus fort, plus lourd qu'un château fort. Plus fort que la forteresse. Je suis la forteresse! Dans mes cellules, je garde des costauds, des voyous, des soldats, des pillards! Méfiez-vous! Je ne suis pas sûr que mes gardiens et mes chiens puissent les retenir si je les lâche!"

"J'en ai assez de vous tous. Dans un mois j'aurai passé sous le couteau. D'un côté de la machine j'aurai ma tête, mon corps sera de l'autre. Alors je suis terrible. Terrible! Et je peux t'anéantir. Si ma femme te plaît, va la cueillir. Depuis longtemps tu tournes autour de moi, tu tournes, tu cherches un coin où te poser sans te douter que je peux t'assommer"

"Si je dis "mes crimes", je sais ce que je veux dire. Mes crimes. Et qu'on n'y touche pas, je deviens dangereux. Qu'on ne m'excite pas."

"Quand tu voulais me voir c'était pour savoir comment son corps était fait pour s'emboîter dans le mien."

"Je me reconstruis. Je me recolle. Je me refais à neuf."

"Il s'agit de choses qui ont dépassé ce qu'elles sont."

"Je te déshabille. Tu te nourris des autres. Tu te vêtais, te parais de nos beautés. Tu voles nos crimes ! Tu as voulu connaître la vraie composition d'un crime, je t'ai regardé le digérer."

"J'ai fait ce que j'ai pu, pour l'amour du malheur."

La Maman et la Putain
8.8
6.

La Maman et la Putain

Sortie : 7 mars 2001 (France).

livre de Jean Eustache

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Maintenant je sais. Chaque matin, chaque jour que nous ne passons pas ensemble est un jour que nous perdons. C'est un massacre. C'est un crime."

"C'est curieux. Tout était clair ce matin. Les rues étaient calmes. J'étais bien. Je venais te dire : je viens te chercher. Tu aurais dû dire : je t'attendais. Comme dans la chanson de... je ne sais qui. Tu sais, je te sens en moi si profondément, si proche, que je ne comprends pas que tu ne sentes rien. Mais je ne te crois pas. Tu prétends que tu ne sens rien, ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible. Tu mens. Tu joues la comédie."

"Je n'ai pas cessé de souffrir. Je ne me suis pas accroché à toi mais à ma souffrance. J'ai essayé de la retenir pour te garder près de moi. Pour nous garder. Le jour où je m'en sortirai, comme tu dis, où je ne souffrirai plus, c'est que je serai un autre."

"J'avais peur de mourir à l'époque... j'étais tellement triste que je me saoulais la gueule...
Vous savez, les étudiants disent toujours du mal des flics... En général. Même quand j'avais dix, onze ans, on n'aimait pas les gendarmes. On disait un maximum de mal des gendarmes, des flics, mon père était gendarme... mon pauvre père que j'adore tellement... Même s'ils sont cons, qu'est-ce que vous en avez à foutre ? Mon père n'est pas un con... même s'il vit avec des cons... qu'est-ce qu'on en a à foutre ? La plupart des... cinéastes qui veulent faire de grands trucs... ils font des films immondes. Ils font du fric. La plupart des.... n'importe qui qui fait un métier quelconque... le métier de flic... c'est absolument incroyable... maintenant... maintenant ça ne me pose plus tellement de problèmes mais à une époque j'étais tellement malheureuse, on disait du mal des flics... moi je ne disais rien... mon père était flic... et je souffrais... et j'étais complexée... Je ne disais pas le métier de mon père parce que j'étais complexée, j'avais honte de mon père, imaginez-vous Alexandre, avoir honte de son père, c'est la chose la plus immonde qui soit. Avoir honte de ses parents... mais c'est horrible... que votre père, que votre mère soient n'importe quoi mais on ne doit pas avoir honte d'eux. C'est la chose la plus merveilleuse que vous puissiez avoir dans cette putain de vie, votre père, votre mère. Si je vais chez eux en vacances, c'est pour me délecter de mes parents, du visage de ma mère, du visage de mon père et de mon petit frère et de les aimer."

Journal vidéo
7.7
7.

Journal vidéo (2007)

Sortie : avril 2007. Théâtre

livre de Jean-Luc Lagarce

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Une oeuvre devrait témoigner de cela : regarder le monde c'est le transformer, regarder l'autre c'est lui transmettre une question, sur lui, sur lui dans le monde, sur moi dans la relation que j'entretiens avec lui et avec le monde. Cinématographier c'est transmettre le témoin, ce n'est que cela. Créer, créer l'effroi. L'effroi que connurent les premiers spectateurs des premières séances du cinématographe."

"Et de ces hommes qui parlent de moi comme si j'étais mort, me vient directement en tête l'idée que, en effet, d'une certaine manière, je le suis."

"DIMANCHE 14 AOÛT 1988.
Été très chaud. Panari. Un type "hard" qui vous serre dans ses bras."

Les Enfants Tanner
8.1
8.

Les Enfants Tanner (1907)

Geschwister Tanner

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Robert Walser

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

Traduction Jean Launey

"quelle splendeur, un homme nu en bonne santé ! Quel bonheur, être débarrassé de ses vêtements, être tout nu ! C’est déjà un bonheur d’être mis au monde, et ne pas en avoir d’autre que d’être en bonne santé est encore un bonheur qui dépasse en éclat les pierres les plus précieuses, les plus beaux tapis, les fleurs, les palais et toutes les merveilles qu’on voudra. La plus merveilleuse des merveilles, c’est la santé, c’est un bonheur auquel on ne peut rien ajouter qui lui soit comparable […] À ce bonheur complet et magnifique, si l’on consent à le reconnaître dans ce corps nu, lisse, mobile et chaud que nous avons reçu de la vie terrestre, il faut bien que quelque chose fasse contrepoids : le malheur ! Il nous empêche de déborder, il nous donne une âme. Il prépare notre oreille à entendre le beau son que cela fait quand l’âme et le corps, mêlés l’un à l’autre, passés l’un dans l’autre, respirent ensemble."

"Je ne veux pas d'avenir, je veux du présent. Cela me paraît valoir plus. On n'a d'avenir que quand on a pas de présent, et quand on a un présent, on oublie complètement même de penser à l'avenir."

"La paresse, oui, ce n'est rien d'autre que l'arrogance , la prétention d'en savoir plus, l'illusion de savoir mieux. Quand on sait combien peu on sait, on a peut-être encore une chance de s'en sortir."

"C'est une chance d'être sorti de l'enfance, car elle n'est pas seulement faite de beauté de grâce et de légèreté, elle est souvent plus lourde à porter que la vieillesse, plus pleine de soucis.Avec les années, on vit plus doucement.Celui qui a eu une jeunesse agitée, n'a guère envie plus tard de s'agiter encore."

"Quand on écrit, il y a quelque chose qui vous emporte à faire des déclarations imprudentes. Toujours dans les lettres l'âme veut prendre la parole et en général elle se ridiculise."

Trois récits
8.3
9.

Trois récits

Sortie : 1 mai 2001 (France). Théâtre

livre de Jean-Luc Lagarce

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"On me lave. Elles font ça machinalement, elles vous assoient sur le bord de la baignoire carrée, elles font tenir le sac d’os et elles le lavent machinalement. J’ai froid au cul et j’ai mal d’être posé ainsi en équilibre. Elles partent du côté droit dessus le bras, dessous le bras, elles descendent le long des côtes, elles recommencent sur côté gauche, dessus le bras, dessous le bras, machinalement, elles font toutes les mêmes mouvements, une technique, cela doit s’apprendre, il doit y avoir des cours d’apprentissage de nettoyage de sac.
Elles nettoient le sexe brutalement, elles empoignent le sexe, cette pauvre petite chose ridicule, maintenant, elles le décalottent et le nettoient, elles font ça machinalement, puis elles descendent le long des cuisses, côté droit, l’intérieur, l’extérieur, puis côté gauche l’intérieur, l’extérieur. Elles font basculer le corps et s’occupent du dos, du cul.

On n’est rien, on est l’objet de tous les soins, on doit être quelque chose."

"C'était comme le bonheur le plus grand, aujourd'hui, le souvenir que j'en garde, c'était comme le bonheur le plus grand d'être si paisibles et le désespoir encore de savoir qu'on se quitte."

"Je m'accommode, je fais le bravache, je triche. Je suis vivant puisque à nouveau je fais semblant."

Ton père
6.9
10.

Ton père

Sortie : 7 septembre 2017 (France). Roman

livre de Christophe Honoré

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Pourtant, tu t'en souviens, nous avions pris ça à la légère. Tu étais sur mes épaules quand nous avons marché de Denfert à Bastille. Ils ne nous effrayaient pas, nous nous sentions du bon côté, celui de l'avenir joyeux. Nous avons cru leur échapper, mais non. Ils nous ont dénichés, encerclés, assoiffés. Et le manque d'espoir dont je me sens souffrant et épris, dit la victoire de ce malheur."

"Je devais tout désapprendre, à la fatalité substituer la malchance; mais je ne me défaisais pas de l'idée que cette fois, le sida ne me raterait pas, il viendrait se loger dans mon corps au moment où je m'étais engagé auprès d'une femme à l'imprudence nécessaire, le rapport hasardeux absolu, celui qui devait nous permettre de procréer."

"Je réalise aujourd’hui que j’ai vécu des heures de solitude, de nuit totale. Nous sommes le vingt et un février, il pleut, c’est la fin d’après-midi, ma fille est dans sa chambre et je m’efforce d’écrire ce que j’ai fait hier après avoir poursuivi un blouson de velours beige dans les rues du troisième arrondisse- ment et c’est encore dans un état perplexe, comme ces périodes instables qui succèdent à des très courts sommeils et où on est incapable de distinguer ce qui fut vécu de ce qui fut rêvé."

"Cela pourrait signifier que la paix est assurée tant que nous restons gays. Mais nous devons nous préparer à la guerre si nous devenons pères."

Le mausolée des amants
8.5
11.

Le mausolée des amants (2001)

Sortie : 2001 (France). Correspondance

livre de Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Ne pas se suicider pour ne pas donner victoire aux médiocres."

"Le pire est vécu dans les rêves pour amoindrir le pire de la vie."

"Je lis (seulement aujourd'hui, comme par hasard) que le DHPJ, l'antiviral qu'on me perfuse tous les jours, bloque à jamais la reproduction du sperme, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre du foutre à présent ?"

"Et cette banalité ne me déplaît pas (aimer comme tout le monde)."

"Tu es mon seul correspondant, c'est-à-dire : tu me corresponds."

"Je propose de porter Suzanne dans mes bras jusqu'au troisième étage pour la faire manger avec nous, normalement, dans la cuisine, mais mon père s'y oppose, et se fâche presque : "Je pourrais attraper une hernie, je pourrais la faire tomber", mais je proteste : "Elle ne pèse que cinquante-trois kilos, je peux bien soulever Z., qui en pèse plus de cent."
Et le soir, seul, à l'arrêt de l'autobus, devant cette évidence de la mort (celle de ces deux femmes), il me vient à l'esprit de pleurer, sans jouissance : je suis désemparé."

"Je propose de porter Suzanne dans mes bras jusqu'au troisième étage pour la faire manger avec nous, normalement, dans la cuisine, mais mon père s'y oppose, et se fâche presque : "Je pourrais attraper une hernie, je pourrais la faire tomber", mais je proteste : "Elle ne pèse que cinquante-trois kilos, je peux bien soulever Z., qui en pèse plus de cent."
Et le soir, seul, à l'arrêt de l'autobus, devant cette évidence de la mort (celle de ces deux femmes), il me vient à l'esprit de pleurer, sans jouissance : je suis désemparé."

"T. a pleuré dans mes bras, sur mon lit, c'était pire que la suffocation que j'ai eue à l'endroit du coeur après qu'on m'a troué un poumon avec une seringue."

Le chant du dire-dire
12.

Le chant du dire-dire

Sortie : mai 2000 (France). Théâtre

livre de Daniel Danis

siberiefleuveamour a mis 4/10.

Annotation :

"Tout jeune, aucun d'eux ne parlait. A peine. Parler pour le besoin, tout juste. pas nécessaire de jasez. La mère, la leur, craignait ce silence.
Les délier, se disait-elle, et à son mari aussi. Les délier pour les entendre, les rendre audibles à ce monde.
La mère, toujours la leur, avait pensé-rêvé à un objet : un jeu. Le père, le leur, l'avait fabriqué, en cuivre."

"Des fois, je pense à nos âges. Je connais bien les âges de nous quatre, mais on dirait qu'on a des âges à deux temps : vieux comme le monde avec des yeux d'enfants."

"Peut-être qu'au coeur de ton coeur, tu te construis un château de lumière. Peut-être que tu nous prépares des chambres pour qu'on aille habiter chez toi. Peut-être que c'est dans ton château de lumière que je vais guérir mes pleurs. Peut-être qu'on sera libres du corps, qu'on sera libres du coeur. Peut-être que toutes les douleurs qui logent en la demeure vont devenir des heures éternelles pour le bonheur. Tu as peut-être promis de devenir la femme du Tonnerre, celui qui est venu quand tu étais tout jeune. On serait donc les beaux-frères du Tonnerre."

Dix heures et demie du soir en été
7.3
13.

Dix heures et demie du soir en été (1960)

Sortie : 7 juillet 1960. Roman, Policier

livre de Marguerite Duras

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Comment nommer ce temps qui s'ouvre devant Maria ? Cette exactitude dans l'espérance ? Ce renouveau de l'air respiré ? Cette incandescence, cet éclatement d'un amour enfin sans objet ?"

Hamlet
8.2
14.

Hamlet (1603)

(traduction Jean-Michel Déprats)

The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark

Sortie : 2002 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

Traduction Yves Bonnefoy

"Sanglant ma chère mère, presque aussi noir
Que de tuer un roi et d'épouser son frère."

"L'angoisse dans l'amour bafoué, la lente loi
Et la morgue des gens en place, rebuffades
Que le mérite doit souffrir des êtres vils,
Alors qu'il peut se délivrer lui-même
D'un simple coup de poignard ? Qui voudrait ces fardeaux,
Et gémir et suer sous l'épuisante vie,
Si la terreur de quelque chose après la mort,
Ce pays inconnu dont nul voyageur
N'a repassé la frontière, ne troublait
Notre dessein, nous faisant préférer
Les maux que nous avons à d'autres obscurs.
Ainsi la réflexion fait de nous des lâches,
Les natives chaleurs de la décision
S'affaiblissent dans l'ombre de la pensée,
Et des projets d'une haute volée
Sur cette idée se brisent et viennent perdre
Leur nom même d'action...Mais taisons-nous,
Voici la belle Ophélie.Nymphe, dans tes prières,
Souviens-toi de tous mes péchés."

En travaux
6.3
15.

En travaux

Sortie : 6 juillet 2012 (France). Théâtre

livre de Pauline Sales

siberiefleuveamour a mis 3/10.

Annotation :

"Je ne peux plus regarder qu'avec les mains
C'est avec les mains que je te regarderais le mieux
Mais je ne peux pas te regarder avec les mains
Parce qu'il n'y a pas de plastique pour te regarder à l'intérieur"

Dans ma chambre
6.9
16.

Dans ma chambre (1996)

Sortie : août 1996. Roman

livre de Guillaume Dustan

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

"Le problème c'est qu'avec le nouveau je m'ennuie, il ne me fascine pas, l'autre, il était fou et je l'aimais, c'est toujours le moins fou qui est fou du plus fou, et le plus fou est fou de lui-même apparemment."

"Je me demande si c'est sinistre ou si c'est bien. Je pense à ce que Jeanne Moreau dit à sa nièce dans un film américain où elle est vieille et extravagante. Elle lui dit Non, je ne pense pas que tu es stupide. Je pense que tu as perdu espoir. Il faudrait ne rien faire."

"J'ai pensé que moi aussi je devrais être seul et attendre.
Propaganda, Dr. Mabuse."

"Je dis que je ne sais plus, qu'il faut que je prenne du recul, que si on continue à se voir, il faut que ça se passe dans de meilleures conditions, que je lui fasse moins mal, que j'aille mieux."

"J'ai pensé Ce mec en noir c'était un signe. Si je reste ici je vais mourir. Je vais finir par mettre du sperme dans le cul de tout le monde et par me faire faire pareil. La vérité, c'est qu'il y a plus que ça que j'ai envie de faire."

Le Protocole compassionnel
7.7
17.

Le Protocole compassionnel (1991)

Sortie : 1991 (France). Roman

livre de Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

"perdant chaque jour, un geste que j'étais encore capable de produire la veille, (...) je ne baise plus, je n'ai plus aucune idée sexuelle, je ne me branle plus, la dernière fois que j'ai réessayé un seul poignet n'y suffisait plus, j'ai dû mettre les deux mains, ça faisait des semaines et des semaines que je n'avais pas joui et j'ai été étonné de l'abondance séminale qui redonnait soudain à mon corps une pulsion juvénile, les rapports acec les amis sont presque tous devenus des corvées, je n'écrivais plus jusqu'à ce jour, je ne peux presque plus lire, et ce que vous trouverez de plus étonnant est que je dispose du moyen de me suicider, les deux petits flacons de Digitaline sont là dans ma valise ouverte, sous mes sous-vêtements."

"J'ai maintenant peur de la sexualité, en dehors de tous les empêchements liés au virus, comme on a peur du vide, de l'abîme, de la souffrance, du vertige. Je continue à avoir des émotions esthétiques, ou érotiques, dans la rue, en croisant de jeunes garçons, mais l'éventualité de la sexualité me semble ou impossible ou intolérable. J'ai peur de salir un jeune garçon, et j'ai peur qu'un homme ne me meurtrisse. Cette attirance pour les garçons de plus en plus jeunes était un problème avant la survenance du sida."

"Le squelette que je suis devenu n'a pas le courage apparemment de se réchauffer aux jeunes garçons, et il n'en est pas fier du tout."

"Je manque tellement de chair sur mes propres os, dans mon ventre puisque je ne mange plus ni viande ni poisson depuis des mois, sur ma langue et sous mes doigts, dans mon cul et dans ma bouche ce vide que je n'ai plus envie de combler, que je deviendrais volontairement cannibale."

Le Misanthrope
7.5
18.

Le Misanthrope (1666)

Sortie : 1666 (France). Théâtre

livre de Molière

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

Relecture

"Madame, voulez-vous que je vous parle net ?
De vos façons d’agir, je suis mal satisfait :
Contre elles, dans mon cœur, trop de bile s’assemble,
Et je sens qu’il faudra que nous rompions ensemble."

"Mais, moi, que vous blâmez de trop de jalousie,
Qu’ai-je de plus qu’eux tous, Madame, je vous prie ?"

"Personne n'a, madame, aimé comme je le fais."

Platonov
8
19.

Platonov (1882)

Version intégrale (traduction Morvan-Markowicz)

Sortie : 1921 (France). Théâtre

livre de Anton Tchékhov

siberiefleuveamour a mis 9/10.

Annotation :

Traduction d'André Markowicz

Relecture

"Rien, on s'ennuyote..."

" Dis-lui que tu l'aimes, qu'elle est toujours ta femme ! Apaise-la, pour l'amour du Christ ! Michenka ! Il est des mensonges qui sauvent... Dieu voit que tu es juste, mens donc pour sauver ton prochain ! Viens, viens, je t'en supplie ! [...] Deux mots, et la voilà sauvée ! Les médecines sont impuissantes quand c'est la psychiatrie de l'âme qui souffre !"

"KATIA : Arrêtez ça, madame !
SOFIA IÉGOROVNA : Arrêter quoi ?
KATIA : L'amour. À quoi ça sert, l'amour ? Rien qu'à donner de la honte."

"Le caractère est une force de la nature, l’absence de caractère d’autant plus."

"ANNA PÉTROVNA : Si on boit, on crève, mais si on ne boit pas, on crève aussi, alors, buvons..."

"C'est ce qu'il y a de mieux, dans le malheur, les larmes..."

"Si nous possédions tout ce que nous aimons, nous n'aurions plus la place... pour toutes nos possessions..."

"C'est bien, les souvenirs, c'est une chose douce, légitime, même si ça torture, même si ça ressemble parfois à de la jalousie mais... pour moi, ce serait vraiment... déjà la fin ?"

Franny et Zooey
7.7
20.

Franny et Zooey (1961)

Franny and Zooey

Sortie : 1962 (France).

livre de J. D. Salinger

siberiefleuveamour a mis 6/10.

Annotation :

Traduction de Bernard Willerval

L'Homme atlantique
7.2
21.

L'Homme atlantique (1982)

Sortie : avril 1982. Roman

livre de Marguerite Duras

siberiefleuveamour a mis 4/10.

Annotation :

"Vous regarderez ce que vous voyez. Mais vous le regarderez absolument. Vous essaierez de regarder jusqu'à l'extinction de votre regard, jusqu'à son propre aveuglement et à travers celui-ci vous devrez essayer encore de regarder. Jusqu'à la fin."

"de quelqu'un qui ne savait pas vivre, je vous disais, et de moi qui je le savais et qui ne savais pas quoi faire de ça, de cette connaissance de la vie qu'il vivait et qui ne savais non plus quoi faire de moi."

L'homme au chapeau rouge
6.9
22.

L'homme au chapeau rouge (1992)

Sortie : janvier 1992. Roman

livre de Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

"Mais l'image s'était censurée d'elle-même à cause de la violente douche de lumière sur le champ opératoire, qui transformait la zone saignante et la boucherie en une zone abstraite, incandescente, comme un torrent de lumière qui jetait des rayons au niveau du cou. Avec tout un système de caches improvisé par les bouse des infirmiers. (...) Là, cette dissimulation, qui nettoyait automatiquement l'image de son afflux de sang faisait encore plus peur."

"Il y a des événements qui résistent à leur tentative de restitution par l'écriture. Cela fait trois fois que j'essaie de raconter les séances de pose avec Yannis, et trois fois sur plusieurs mois que j'ai senti la nécessité de déchirer immédiatement le papier. C'était une trahison, une banalisation, de la solennité de l'instant. J'avais un vrai mystère à raconter, donc quelque chose d'insaisissable : la fuite de la chair dans la peinture, la saignée progressive de l'âme sur la toile."

"J'avais hâte de le retrouver, je n'avais pas le moindre soupçon de ce qui allait se passer. Je l'attendais, l'avion avait du retard, des Anglais débarquaient à la place des Français, massés derrière la baie vitrée autour du tapis roulant vide et immobile. J'ai vu arriver le jeune homme de très loin, au passage du contrôle des passeports, à des dizaines et des dizaines de mètres de moi, un point minuscule mais identifiable de ma vision, et aussitôt, de façon totalement imprévue, il m'a répugné et je me suis senti faire une grimace si violente que j'ai dû la cacher en m'esquivant hors de la surface vitrée, derrière un pylône. J'ai joué par correction la comédie de l'amour pendant une semaine, alors que le dégoût n'est allé qu'en s'amplifiant. Je n'ai plus jamais revu ce jeune homme après notre retour de Rome. - Ca va se passer exactement comme ça pour moi, me dit Yannis, en ce moment tu m'aimes, et d'un moment à l'autre je te dégoûterai, tu n'aimeras plus ma peinture, tu n'aimeras plus les portraits que je fais de toi ni l'amitié que j'ai pour toi."

Cytomégalovirus
7
23.

Cytomégalovirus (1992)

Journal d'hospitalisation

Sortie : janvier 1992. Correspondance

livre de Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 7/10.

Annotation :

"C'est peut-être très beau une veine qui éclate : un jaillissement qui en met partout, un sang d'artifice bien rouge, un bouquet de sang. Dès que j'y pense, mon sang se met à bouillonner dans les tubulures de plastique. Non, ce n'est pas un éclatement de la veine, mais un reflux de sang."

Hervé Guibert Photographe
7.9
24.

Hervé Guibert Photographe (2011)

Sortie : 2011 (France). Beau livre

livre de Jean Baptiste Del Amo et Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cadeau de Paol

Le fil
7.8
25.

Le fil

Sortie : 1994 (France). Roman

livre de Christophe Bourdin

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Tu n'as pas renoncé tout de suite à des rencontres."

"Tu as tenté, quelques fois, d'approcher l'impression de la mort. Tu procédais toujours de la même façon : tu étais allongé dans l'obscurité, dans une baignoire ou dans un lit ; tu t'immobilisais parfaitement, les bras disposés parallèlement au tronc, tu t'efforçais de t'empeser contre l'émail ou sur le matelas, de t'alourdir du poids que tu croyais être celui des morts..."

"je croise un garçon qui me plaît. A qui je plais. Je le laisse m'aborder. Il me propose de le suivre vers un peu plus d'anonymat, une porte cochère, la discrétion d'une petite impasse, de sa voiture, d'une cabine ou d'une douche dans un sauna, parfois un endroit plus intime, son studio, sa chambre, un lit. Je me dérobe. J'invente subitement tout un emploi du temps. J'annonce un faux prénom. Je ne donne pas le numéro de mon téléphone. J'énumère des raisons. J'évoque une petite amie, je parle d'un copain ou d'un amant jaloux, d'une famille encombrante et curieuse, de ces difficultés qu'on aurait à me joindre, d'horaires variables et astreignants. Nous nous quittons, non sans que j'aie eu le temps, après qu'on s'est risqué pour moi à des regards et à des confidences, et qu'on s'est approché, parmi la foule, pour parler bas à mon oreille, des lèvres inconnues près de ma joue, de désirer toucher, de me sentir enclin, prêt aux caresses et aux baisers.
Je rentre chez moi. Je me souviens des voix, des formes et des visages. Je me masturbe."

Clair-obscur
7.9
26.

Clair-obscur (1916)

Meian

Sortie : 1989 (France). Roman

livre de Natsume Sōseki

siberiefleuveamour l'a mis en envie.

Pan
27.

Pan

Sortie : 22 février 2000 (France). Poésie

livre de Christophe Tarkos

Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ?
7.7
28.

Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ? (1979)

Sortie : 4 octobre 1983 (France). Poésie

livre de Claude Roy

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"They lived and loved and laughed and left."
James Joyce en exergue

"L'enfant s'éveille à demi et lève en titubant de
sommeil dans la vibration striée de la chaleur d'août
et va pisser sur une nébuleuse de ciguë en fleur
Jet d'urine lance brûlante et droite
vie qui gicle de lui recroqueville la fleur
vie qui donne la mort au passage élan très gai de mort légère"

"L'enfant rêve qu'il rêve et son rêve le rêve"

"j'aurai beaucoup moins peur
de m'endormir tout seul
dans les grands draps froissés
du lit des eaux lissant leur inlassable noir"

Feuilles d'herbe
7.8
29.

Feuilles d'herbe (1891)

(traduction Jacques Darras)

Leaves of Grass

Sortie : 2002 (France). Poésie

livre de Walt Whitman

siberiefleuveamour a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Mon Âme me dit : viens
Nous allons écrire des vers pour mon Corps (nous ne faisons qu'un)
De manière que, si je revenais invisiblement après la mort
Ou très très loin d'ici dans le futur, dans d'autres sphères,
Et que je recommençais à chanter pour un groupe d'amis
(Tenant compte du sol de la Terre, des arbres, des vents, du tumulte des vagues),
Je puisse poursuivre à l'infini avec un sourire de plaisir
Et marquer ma propriété sur les strophes -- comme aux premières
Je viens de donner mon nom, ici maintenant, ma signature d'Âme et de Corps.

Walt-Whitman"

"Ton corps permanent,
Le corps qui se cache au fond de ton corps,
L'unique finalité de la forme que tu revêts, l'authentique
je moi-même
Simple image, eidolon."

Des aveugles
7.4
30.

Des aveugles (1985)

Sortie : 1985 (France). Récit

livre de Hervé Guibert

siberiefleuveamour a mis 8/10.

Annotation :

"Quand il baisait, Taillegueur pensait à tout sauf à la baise, il ne disait jamais de cochonneries : il repassait aux étoiles, à la lune, à la métaphysique, aux yeux. Quand il baisa Josette pour la première fois, il lui dit : sais-tu que les yeux sont sacrés pour les voyants, comme l'or ?"

"elle avait les yeux bleus et en trois jours le beau bleu de ses iris avait fondu, avait coulé doucement comme attiré vers les paupières, sans lui faire aucun mal, mais laissant une cornée blanche laiteuse sur les bords de laquelle s'étaient tassés les fils et les volutes d'un bleu électrique trop dense."

"Le noir était pour les aveugles une couleur aussi inconnue que le blanc ou le rose. Aucun oeil ne voyait le noir, tout comme aucune oreille de sourd ne pouvait transmettre un silence, mais une absence de silence ou de stridence. Les aveugles ne voyaient rien, tout simplement. Ils ne vivaient pas dans les ténèbres, car le nerf qui aurait pu leur en donner la conscience était amorphe."

"Le sang est la seule chose qui échappe à la cécité."

"Mes yeux retournés à l'intérieur ne cessent d'en seriner l'histoire."

"Alors ne touche jamais mon visage, dit Taillegueur, n'essaye jamais d'imaginer ses traits, car il n'y a pas plus informes et plus brûlés qu'eux, c'est une bête que tu verrais, c'est une bouillie."

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