Cover 2020 : J'ai pas de titre

2020 : J'ai pas de titre

Liste générique pour une année 2020 qui s'annonce déjà colossalement chargée, avec le dernier Bond de Craig, le Dune de Villeneuve, la guerre selon Mendes, qui laisse entrevoir les contours d'une oeuvre monstrueuse, et bien évidemment, le retour de Nolan dans un projet qui se hisse sans efforts ...

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Liste de

177 films

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a presque 3 ans

Charlie's Angels
4.5

Charlie's Angels (2019)

1 h 58 min. Sortie : 25 décembre 2019 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Elizabeth Banks

Lestiboudois a mis 4/10.

Annotation :

Malgré le panel très complet de films à découvrir en ce début d'année, 2020 aura finalement commencé par un divertissement supposé de haute voltige, à la limite du plaisir coupable. Malgré le sempiternel "On ne s'ennuie pas" que l'on pourrait associer à la majorité des productions cinématographiques médiocres à dessin industrielles, force est de constater qu'il faut un peu batailler pour trouver du positif dans ce produit miné par un "girl power" étouffant et manquant vraiment de subtilité, le manifeste politique et militant prenant le pas sur le devoir d'écriture et de cohérence à l'écran. Malgré quelques cadrages réussis, notamment en espace clos, le reste est très clipesque, les acteurs en roue libre et la plupart des dialogues assez risibles. Peut-être ce genre de film est-il nécessaire pour trouver un juste milieu à l'avenir, mais pour le moment, il ne rend service à personne.

Les Incognitos
6.3

Les Incognitos (2019)

Spies in Disguise

1 h 42 min. Sortie : 25 décembre 2019. Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Nick Bruno et Troy Quane

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

Le pitch ne promettait pourtant pas grand chose : une caricature de l'agent secret en binôme avec la caricature du scientifique geek et zarbi, partent bon gré mal gré en mission pour sauver le monde, en apprendre beaucoup sur eux-mêmes et l'un sur l'autre, devenir ami, casser la gueule du méchant en équipe, avant de finalement partir vers le soleil couchant comme le nouveau duo de terreurs du milieu, hypant une hypothétique suite. Si "Incognitos" n'évite pas l'écueil de certains aspects de ce type d'histoire, il a toutefois le mérite d'essayer d'y apporter quelque chose, notamment en élevant la source de discorde de son couple principal un peu plus loin que simplement "t'es bizarre, je suis cool, on est pas du même monde". Le message, bien qu'un poil enfantin dans sa résolution, est assez clair et sort un peu des sentiers battus, du moins pour ce type d'exercice. C'est assez drôle, l'animation ébouriffe, le doublage est excellent, et l'ensemble regorge de références qui font souvent mouches.

Les Filles du docteur March
6.6

Les Filles du docteur March (2019)

Little Women

2 h 15 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Drame, Romance

Film de Greta Gerwig

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

La transition de la jeunesse éternelle et invincible vers le grand bain de la vie d'adulte à quelque chose de fascinant : bien que l'approche adoptée soit souvent l'opposition d'un monde insouciant et chaleureux à celui d'un quotidien triste et esseulé, celle-ci questionne sur l'intérêt de devoir grandir et sur la véritable "nécessité" de s'émanciper pour y parvenir, les grands défis de la vie se retrouvant déjà dans le microcosme familial initial. A l'image de son "Lady Bird", Gerwig ne signe pas de véritable rupture dans le registre, mais fait preuve d'une très grande maîtrise dans l'exercice, notamment dans cet agencement narratif alternant la quiétude de la jeunesse familiale avec l'éclatement progressif de sa structure, les deux ambiances tranchant radicalement l'une avec l'autre, et trouvant échos et résonances à travers l'histoire à mesure que les timelines se resserrent. L'ambiance dégagée par l'adolescence insouciante et pleine d'énergie explose l'écran, liée en grande partie à l'interprétation des comédiennes, et l'agilité avec laquelle Gerwig dresse de beaux portraits de groupe. Il s'en dégage une puissante atmosphère de nostalgie presque malade, devant ce décorum jadis si plein de vie, et que la force des choses aura fini par dépeupler, voir abîmer. C'est touchant, juste, et côtoie parfois les frontières du méta pour revisiter des séquences en apparence balisées.

1917
7.6

1917 (2019)

1 h 59 min. Sortie : 15 janvier 2020 (France). Drame, Guerre

Film de Sam Mendes

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

Le dernier film de Sam Mendes est une œuvre monstrueuse. Bien que l'exercice de la réalisation en plans séquences fasse plus l'effet d'une démonstration technique que cinématographique, force est de constater que Mendes a de la suite dans les idées, offrant à la place une immersion que l'on aura rarement vu dans le décorum de la guerre de 14. La structure tubulaire des tranchées se prête plutôt bien à la manœuvre, ouvrant sur l'immensité vallonnée et boueuse du no man's land, filmée de très près même dans ses recoins les plus sordides. Pour résumer, le travail scénographique et de réalisation est colossal et très abouti, parvenant à instaurer des ambiances très différentes dans ce que l'on pourrait presque caractériser comme des "portraits" de guerre, les frontières des paysages et divers lieux chapitrant très clairement le récit, celui-ci trouvant un certain point d'orgue dans cette séquence nocturne aux ombres projetées et dansantes, où règne une sorte de folie poussant à charger son adversaire sans pouvoir en discerner les contours. Mais ça ne s'arrête pas là. Impératif de réalisation oblige, l'unité de temps se veut particulièrement brève, donnant à cette histoire une allure de course contre la montre, mais toutefois ponctuée de moments fugaces d'espoir et de contemplation. Et c'est peut-être là toute la force du long-métrage : annihiler l'espoir de tous les instants et sous toutes ses formes : celui de pouvoir venir en aide à un blessé, de pouvoir offrir sépulture et recueillement à un ami, de s'adonner aux arts et plus particulièrement au chant, de ne pas aller au front, de sauver des milliers de vies de manière permanente, de rentrer au pays, et de contempler la vie dans ses premiers instants. Toutes ces séquences sont autant de bouffées d'air frais qui suspendent, avec beaucoup de légèreté, cette ambiance sale et violente, avant que les devoirs de la guerre ne se rappellent à l'image par des ruptures très brutales et toutes très réussies (Mark Strong bénéficie d'une entrée en matière qui conjugue charisme et maîtrise). Très bien écrit, très bien réalisé et très bien interprété, il manque toutefois un soupçon d'âme et d'idées pour sortir de la zone de confort du genre, se limitant au final à une description des horreurs de la guerre au demeurant très cohérente dans tous ses aspects, et tout le long de son traitement.

Princesse Mononoké
8.4

Princesse Mononoké (1997)

Mononoke-hime

2 h 14 min. Sortie : 12 janvier 2000 (France). Animation, Aventure, Fantasy

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Lestiboudois a mis 9/10.

Annotation :

Porter un regard neuf sur une œuvre de l'enfance est un processus particulièrement difficile. A l'affect du premier contact et de l'insouciance d'une jeunesse qui se cherche, se superpose un regard presque clinique, forgé par le temps et les éveils culturels successifs. Et même si les moindres recoins de l’œuvre demeurent imprimés dans une mémoire qui stocke tout, du temps qui s'écoule entre chaque réplique jusqu'au timing du moindre cut, le regard et l'appréciation portés sur l'ensemble demeurent sensibles aux évolutions et altérations liées aux expériences de tout un chacun. Et même en prenant tout cela en compte, Princesse Mononoké est resté exactement comme dans mes souvenirs, une fable puissante d'une lutte entre nature et civilisation, échappant à tout manichéisme de bas étage et mettant en scène des personnages au charme fou (mention spéciale à Dame Eboshi), le tout parfaitement supporté par les mélodies d'un Joe Hisaishi au sommet. C'est ludique, beau, profondément poétique, et fait preuve d'une universalité inaltérable, aujourd'hui plus que jamais.

Play
7

Play (2020)

1 h 48 min. Sortie : 1 janvier 2020. Comédie romantique

Film de Anthony Marciano

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

D'un point de vue formel, "Play" présente de sérieux arguments pour occuper la place d'anomalie dans le paysage de la comédie française. Conceptuellement très habile, le film s'adresse à cette génération biberonnée aux écrans et en quête de l'instantanéité la plus pure, ne s'étonnant plus du caractère exceptionnel de pouvoir partager des moments de vies de par le monde et en quantité presque indigeste. De manière assez convenue, on nous servira une fin en face cam visant à nous faire comprendre l'importance de tout lâcher et de repasser au premier plan de sa vie plutôt que de passer son temps à la regarder s'échapper, le tout sur des notes très happy end. Cette conclusion dénote un peu avec le reste du film, l'atmosphère et les ambiances du found footage, profondément nostalgiques et nous invitant à regarder en nous-mêmes, regagnant les sentiers connus et usés du "tout est bien qui fini bien", au cours d'une séquence définitivement trop longue, sorte d’aveu d'échec du métrage, ne construisant pas grand chose lorsqu'il s'agit d'arrêter de regarder derrière lui pour prendre les choses en main. Toutefois, il est difficile de bouder son plaisir devant ce morceau de comédie, fenêtre assez touchante sur le rapport de tout un chacun avec son passé et la manière dont on s'en détache, demeurant drôle, et ingénieux dans sa manière de mener à terme son expédition.

L'Adieu
6.9

L'Adieu (2019)

The Farewell

1 h 40 min. Sortie : 8 janvier 2020 (France). Comédie dramatique

Film de Lulu Wang

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

L'immersion dans une culture sur laquelle on peut entendre tout et son contraire, autant en mondanités que dans les médias, est un exercice particulièrement en proie au dérapage. Événements montrés "à côté de la plaque", irréels, caricaturaux, castings irrespectueux du matériau adapté, approche trop irrévérencieuse, trop moralisatrice... Autant de paramètres de tous les instants pouvant faire basculer la fiction dans le non-événement le plus total. "L'adieu" fait le choix d'attaquer son sujet sur une base "tirée de faits réels", profitant de cette histoire extravagante pour poser le cadre du sempiternel microcosme familial et ses luttes de traditions et d'émancipations. Alors que l'imaginaire commun aurait plus tendance à décrire les pans les plus délirants de la société chinoise, on nous en présente ici un prolongement qui a tout de l'histoire insolite, mais qui laisse poindre une forme très humaine de clémence dans la manière d'appréhender les relations à l'intérieur même de la famille. Parfois long, parfois poussif (la branche sino-américaine forçant parfois la figure d'opposition avec le modèle américain), l'ensemble reste toutefois agréable à découvrir, bien rythmé par les pointes comiques qui parsèment le récit, et par ce plan d'adieu, éloquent, qui énonce très sobrement : "Elle sait".

Les Enfants du temps
6.8

Les Enfants du temps (2019)

Tenki no Ko

1 h 54 min. Sortie : 8 janvier 2020 (France). Animation, Drame, Fantastique

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Les "enfants du temps" est un long-métrage qui en fait trop. Trop complexe pour ce qu'il raconte réellement, trop larmoyant dans l'avalanche de guimauve déployée en guise de conclusion, et surtout trop long. Loin d'être indigeste, l'ensemble doit son salut dans l'animation, magistrale, et dans la mécanique du quotidien dans laquelle l'aspect comique fait souvent mouche.

Scandale
6.2

Scandale (2019)

Bombshell

1 h 49 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Biopic, Drame

Film de Jay Roach

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Dans ses prémices, "Scandale" fait montre d'un aspect documentaire qui n'est pas sans rappeler "The Big Short", dans sa manière de proposer une immersion dans un milieu somme toute très populaire, explicitant le fonctionnement de ce dernier à grand renfort d'absence de quatrième mur et d'un montage très dynamique, avec pléthore d'exemples à l'appui et en toutes circonstances, pour imager le propos. Et de la même manière que pour "The Big Short", l'aspect reportage et backstage fonctionne plutôt bien, à défaut de présenter un réel équilibre dans ses différents récits, Gretchen étant relégué au rang d'allume-feu et de personnalité juridique au profit d'une Megyn Kelly flamboyante, déchirée entre son statut d'entité morale, et d'individu aux aspirations et expériences incompatibles avec la réflexion éthique. En bref, le tout est assez juste sans être très relevé, les métamorphoses de Kidman suscitent toujours de vives réactions en live, et les contours d'un genre pédagogique sans passer par le biais de l'enquête journalistique semblent se préciser et s'affirmer.

Mission: Impossible
6.5

Mission: Impossible (1996)

1 h 50 min. Sortie : 23 octobre 1996 (France). Action, Thriller

Film de Brian De Palma

Lestiboudois a mis 8/10.

Annotation :

La case "Mission: Impossible" est un arrêt obligatoire quand il s'agit de re-parcourir ma bibliothèque et mes films fondations. Saga très chère à mon cœur, et relativement peu prolifique (seulement six métrages en l'espace de vingt-quatre années), elle représente ce fantasme ultime de l'espion aux capacités hors-normes, menant une double-vie faisant toujours irruption dans le quotidien de la manière la plus insolite et gadget possible. Bien qu'avec le temps, "Mission : Impossible" ait acquis des lettres de noblesses dans la catégorie des bulldozers de spectaculaire et de divertissement, il est bon de regarder en arrière pour apprécier cette évolution dans le style de la franchise (étrangement corrélée avec le parcours sinueux de sa tête d'affiche, dorénavant plus cascadeur que comédien). De ce point de vue-là, le premier opus de la série pourrait presque être assimilé à l'anti "Mission : Impossible". Les courses-poursuites rocambolesques et autres fusillades de grande ampleur cèdent leurs places à une succession d'intérieurs temporaires où réside une insécurité planante où les personnages jouent rarement franc-jeu. Ce concept anti-spectaculaire sera poussé à son paroxysme au cour de la séquence iconique de ce premier opus, le casse de cette salle hyper-sécurisée de Langley, tout en douceur et en légèreté, De Palma faisant montre d'une certaine maîtrise dans ses cadrages et dans la manière de prolonger la tension par le biais d'un rongeur, du grincement d'une corde, ou d'une goutte de sueur perlant sur le visage de Tom Cruise. Reste cette séquence de showdown dans le train aux effets spéciaux particulièrement laids, venant obscurcir le bilan d'un métrage jusqu'ici très cohérent dans sa démarche et son concept, proposant un "Mission : Impossible" très orienté thriller, composante que l'on perdra toujours un peu plus de film en film au profit de l'action.

Une vie cachée
7.3

Une vie cachée (2019)

A Hidden Life

2 h 54 min. Sortie : 11 décembre 2019. Biopic, Drame, Romance

Film de Terrence Malick

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

Grâce à "Une vie cachée", je crois avoir enfin compris la grande contradiction qui habite Terrence Malick, et par extension les quelques œuvres signées de sa main que j'ai eu l'occasion de découvrir. Bien que les échelles scéniques sur lesquelles joue le monsieur restent relativement modestes, voire intimistes (la famille, le couple...), le tout est toujours formellement rapporté à l'infiniment grand, que ce soit les astres, le cosmos, ou d'écrasantes et imposantes formations naturelles. Pourtant, devant la caméra de Malick, on semble faire l'apologie des petites choses, du mouvement généré par la simplicité d'un quotidien, et surtout de l'invisible et de l'intangible, comme la foi et l'amour. Rapporter l'homme a quelque chose qui le dépasse et l'écrase permet de donner lieu à une forme de contemplation, d'abord des personnages en eux-mêmes, mais également du spectateur, pour ces fugaces moments d'introspection qui les renvoient eux aussi à partager la même expérience. Tout ceci trouve d'autant plus de cohérence dans un film comme "Une vie cachée", les notions de morale, et du sens profond de l'existence et de nos actions étant ici au centre de la table, et assez justement conclues dans le carton final. Le style Malick en laissera très certainement plus d'un sur le côté, que ce soit dans son utilisation des grands angles ou de la musique outrancière, des plans définitivement trop longs et de cette impression globale d'immobilisme, mais après tout, il est rassurant de voir que des œuvres à la patte affirmée et au service du récit parviennent toujours à en appeler à notre sensibilité pour en apprécier ou non le contenu.

Mission: Impossible 2
5.2

Mission: Impossible 2 (2000)

Mission: Impossible II

2 h 03 min. Sortie : 26 juillet 2000 (France). Action, Thriller

Film de John Woo

Lestiboudois a mis 3/10.

Annotation :

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Mission Impossible 2 est de très loin l'épisode que j'aime le moins dans la saga Mission Impossible. Pire, je suis de ceux qui y trouvent presque de bonnes idées, malheureusement noyées et écrasées par les sabots on ne peut plus lourdaux de John Woo. Le tout ne commence pourtant pas si mal, accordant presque à Mission Impossible une dimension lyrique : on nous présente, par le biais d'une dualité chère à Woo, un virus mortel, la chimère, et son remède, le Bellérophon, sorte de ying et de yang à l'image d'Hunt, personnage principal et héros du récit, et Ambrose, son antagoniste, collant à l'idée de la chimère en enfilant régulièrement les traits de son némésis. Woo oblige, Ambrose semble en pleine crise identitaire, voyant la réussite amoureuse et professionnelle toujours du côté de son rival. Cette idée de triangle amoureux, de lutte quasi-fratricide, très romanesque, est un fiasco total en terme de construction et d'écriture. L'idée d'une relation conflictuelle entre Hunt et Ambrose est évoquée de manière très sommaire autour d'une table, alors que l'un d'eux est absent, remisant les souvenirs d'une possible relation passée dans notre imaginaire le plus lointain. Bref, on y croit pas, mais qu'importe, et il faudra se contenter des doux yeux de Thandie Newton, ajoutés au sempiternel "Je suis le méchant, tu es le gentil, c'est comme ça" pour permettre aux deux personnages d'essayer de se flinguer dès que l'occasion se présente. Ajouté à cela la partition pour le moins désastreuse de Dougray Scott, ne parvenant pas à épicer son personnage ni à apporter une véritable présence à l'écran, le cantonnant au carcan de l'antagoniste oubliable et oublié. Pour le reste, Woo reste fidèle à ses délires, avec des pigeons, des ralentis à outrance, des chorégraphies improbables digne d'Undisputed, le tout au ralenti, et des irruptions fracassantes au ralenti sur envol de pigeons (eux aussi au ralenti), l'aspect clinquant de ce type de démarche collant peu avec l'esprit Mission Impossible, la démesure des séquences reléguant le spectacle à un banal film d'actions où tout est vraiment "trop". Bourrin, bouffi, et définitivement plus qu'accessoire, cet opus sera toutefois intéressant à comparer à ses suites jouant aussi la carte de l'action débridée et "toujours plus", et desquelles j'avoue être bien plus friand.

Bad Boys for Life
5.2

Bad Boys for Life (2020)

2 h 03 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Action, Comédie, Policier

Film de Adil El Arbi et Bilall Fallah

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Ayant jusqu'ici échappé aux velléités de reboot/sequel si chères à notre industrie cinématographique, on avait enterré les Bad Boys un peu vite après le deuxième opus du nom, sorte de pétage de câble complètement grossier et vulgos signé Michael Bay. L'avantage, avec "Bad Boys", c'est qu'il ne faut pas nécessairement donner dans du très spécifique pour renouer avec l'ADN de la franchise, la comédie d'action capitalisant sur ses têtes d'affiches pour assurer le spectacle étant un concept qui, s'il n'a rien de nouveau, a le mérite d'être efficace. Et "Bad Boys 3" se situe clairement dans cette veine, jouant la carte de l'honnêteté, le binôme de flic d'élite accusant une remise en question vers la maturité en pleine crise de la cinquantaine. Le film joue sur un terrain pleinement attendu, opposant nos protagonistes à la retraite, à une nouvelle génération aux méthodes radicalement différentes, et à un mode de vie difficile à mener quand le corps et les réflexes ne suivent plus. Les scènes d'actions sont de très bonne facture, et la composante comique a le mérite de ne pas être exagérément appuyée. Malgré un final ringard, les "Bad Boys" signent un come-back qui, s'il n'est pas flamboyant, demeure très correct, introduisant de nouvelles action figure participant grandement à bâtir une nouvelle ambiance propice au développement dans des suites. A voir si le prochain opus, déjà programmé, arrivera à rester dans les clous.

Mission: Impossible III
5.8

Mission: Impossible III (2006)

2 h 06 min. Sortie : 3 mai 2006 (France). Action, Thriller

Film de J.J. Abrams

Lestiboudois a mis 9/10.

Annotation :

Dès le début, le ton est lancé. Brutal, intense, cette suite adopte une ambiance plus adulte et noire que le précédent opus, nous plongeant dans un univers qui parait calqué sur un des projets TV d'Abrams (mon amour pour Alias explique une partie de mon attachement pour MI3), dont il reprendra même plan pour plan une séquence au cours de l'exposition. S'engage alors une très classique chasse au McGuffin, qui restera assez obscur même après le générique, faisant état d'une certaine maturité vis-à-vis des impératifs du genre, évitant d'auréoler le bad guy de teintes tyranniques, et de donner au spectacle un goût d'apocalypse à éviter à tout prix, misant plutôt sur des échelles bien plus accessibles émotionnellement (l'être aimé, les proches...). Malgré les qualités intrinsèques de spectacle des derniers épisodes de la franchise, je ne pense pas que l'on puisse un jour faire mieux que celui-ci. Jamais épisode de "Mission : Impossible" n'aura réussi à convaincre du caractère exceptionnel des compétences de ses protagonistes, et de manière aussi réaliste (la composante de l'action et du divertissement ayant clairement le beau rôle, sans jouer la carte de la surenchère comme dans les suivants), tout en restant dans une ambiance propre à l'ADN de la franchise, se permettant d'en explorer des facettes jusqu'ici restées obscures : là où Woo utilisait les masques à outrance, MI3 en détaillera l'acquisition et la conception au cours d'une impressionnante séquence d'enlèvement au Vatican, qui surprend et épate plus par la dynamique qui s'en dégage que par l'enlèvement en lui-même. Morceaux de bravoure marquants, casting aussi étonnant que varié (Seymour Hoffman est glaçant, Cruise toujours aussi impliqué), MI3 est selon moi un immanquable du genre, sorte de summum d'équilibre entre divertissement spectaculaire et film d'espionnage privilégiant l'ambiance sur l'action.

The Gentlemen
7.1

The Gentlemen (2019)

1 h 53 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Comédie, Gangster

Film de Guy Ritchie

Lestiboudois a mis 8/10.

Annotation :

J'ai toujours aimé Guy Ritchie. Même dans ses tentatives les plus étranges et en apparence très éloignées de sa zone de confort (King Arthur, dont je garde malgré tout un souvenir agréable au milieu des CGI ratées), j'apprécie, même aujourd'hui, son sens du rythme, dans les échanges et dans la narration, et la manière avec laquelle il façonne l'aura autour de ses personnages. "The Gentlemen" a l'allure du film synthèse de tous les traits artistiques de son créateur, renouant avec le cadre qui a fait ses premiers succès, à savoir filmer une bande de babouins bien sapés et ayant tous une propension immense à déblatérer des conneries dans un registre qui leur est propre, de manière à fonctionnaliser chaque figure. Sauf que cette fois, le récit intègre une composante assez méta par le biais du personnage de Hugh Grant, amorçant un crescendo sans fin qui dérape complètement dans son final, à l'image des retournements de situations les plus loufoques de certaines précédentes productions du cinéaste. Au final, "The Gentlemen" contient tout ce qui fait l'essence du cinéma de Ritchie, à savoir du divertissement nerveux et très relevé sur le plan des dialogues, toujours incroyablement servi par des comédiens qui semblent prendre un pied fou à jouer les débiles et les irrévérencieux.

Jojo Rabbit
7.1

Jojo Rabbit (2019)

1 h 48 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Comédie, Drame, Guerre

Film de Taika Waititi

Lestiboudois a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L'environnement du nouveau film de Taika Waititi a tout pour décontenancer : Alors que le sujet et le cadre se veulent résolument historique, les personnages, le ton et le rythme tranchent radicalement avec l'ambiance attendue, ramenant l'image et les enjeux au niveau de l'enfance, avec toute l'insouciance et le regard qui accompagnent cette période, créant une sorte de bulle hors de l'espace et du temps. Si la première partie, résolument comique et jouant à fond la carte de la satyre historico-politique, est particulièrement drôle et légère (l'humour lorgnant parfois du côté des Monty Python), la seconde, bien plus dure, viendra servir d'outil de contraste pour appuyer le propos, épousant la tournure historique des évènements, mais aussi la prise de conscience de son petit garçon, dispensant en filigrane des messages universels d'humanité et d'amour. Traiter de ce pan sombre de l'histoire en maintenant l'équilibre permanent entre la composante comique et le devoir de mémoire de ce type d'exercice constitue déjà beaucoup, le tout conjugué avec beaucoup d'énergie par Waititi, qui prend également l'impératif de divertissement cinématographique très à cœur, faisant montre d'une certaine habileté, autant dans l'interprétation que dans la réalisation. Résolument feel good sans être larmoyant, "Jojo Rabbit" est un film sans grandes prétentions mais à la hauteur de ses ambitions, aussi légères soient-elles.

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn)
5.1

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) (2020)

Birds of Prey (And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)

1 h 49 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Aventure, Policier

Film de Cathy Yan

Lestiboudois a mis 4/10.

Annotation :

Je n'ai vraiment pas grand chose à dire sur le dernier né de la famille DC, si ce n'est que c'est un long-métrage paresseux, ne pouvant échapper à la comparaison avec "Deadpool", l'approche étant similaire si ce n'est calquée sur ce dernier, mais bien moins relevée. Les scènes d'actions demeurent d'une certaine qualité, apportant un peu de punch à cet ensemble ni aussi drôle, fun et décomplexé qu'attendu. Exploit notable de l'entreprise : arriver à rendre Ewan McGregor fade et transparent.

Manhattan Lockdown
5.8

Manhattan Lockdown (2019)

21 Bridges

1 h 41 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Action, Thriller, Policier

Film de Brian Kirk

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

"Manhattan Lockdown" fait parti de ces films arborant la veste et les chevrons du classique de genre, naviguant dans les eaux supra balisée de la chasse à l'homme sur fond d'intrigue à tiroirs, impliquant une figure d'idéaux nobles et moraux, des ripoux, et un binôme de vétérans mettant le feu aux poudres. Et dans ce registre, tout y est : la cause racine du dérapage de la situation, provoquant un sentiment d'abandon chez des soldats déçus par le retour au pays, la difficulté pour les officiers des forces de l'ordre de "Protéger&Servir" sans pour autant bénéficier de la reconnaissance substantielle que le travail implique, et la figure du héros, juste et droite, se heurtant au complot et à cette réalité, traquant la vérité pour mettre aux fers les coupables (après tout, c'est son travail). Là où l'exécution aurait pu pêcher par un rythme trop forcé, ou trop mou, "Manhattan Lockdown" gère parfaitement son affaire, dispensent l'action avec parcimonie, se rappelant modestement à ses impératifs de thriller en semant méthodiquement tous les éléments amenant à la résolution. Dommage que Boseman ne soit pas si convaincant en détective d'élite (pour les frustrés, sautez sur "Message From The King"), et que la fin joue la carte du tabula rasa pour mieux expédier son dénouement.

Mission: Impossible - Protocole fantôme
6.4

Mission: Impossible - Protocole fantôme (2011)

Mission: Impossible - Ghost Protocol

2 h 12 min. Sortie : 14 décembre 2011 (France). Action, Thriller

Film de Brad Bird

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Il aura fallu attendre six ans avant de voir une suite à "Mission : Impossible 3", la rupture de contrat entre Cruise et la Paramount étant principalement en cause, poussant sa star dans le passage à vide le plus long de sa carrière, l'obligeant à puiser dans ses ressources afin de revenir plus grand et fort et de retrouver sa place de star. Et pour y arriver, Tom a un plan. Même s'il reste irremplaçable dans le rôle d'Ethan Hunt, Cruise achève sa transformation de cascadeur de l'extrême, voulant proposer un spectacle toujours plus impressionnant d'une séquence sur l'autre, et prenant le contre-pied des grosses productions concurrentes aux CGI difformes, misant d'avantage sur le spectacle le plus organique possible. Cette volonté se marie assez bien avec l'esprit "Mission : Impossible", les cascades achevant de convaincre de l'habileté et du caractère surhumain des agents de la firme. Néanmoins, et malgré des séquences localement très intéressantes, Brad Bird signe ici un divertissement ultra-classique, les cascades et autres trouvailles occupant un pan trop annexe du récit, rallongeant la sauce sous prétexte de spectaculaire, et faisant perdre énormément de rythme à l'ensemble. Hormis pour Léa Seydoux, peu convaincante, cette nouvelle équipe trouve une vague de fraîcheur énorme, notamment grâce à Renner et Pegg, parfaits dans ces rôles d'auxiliaires/comic-relief assurant que la relève sera prête le moment venu. Nonobstant le travail de Woo, inhérent à son style, "Ghost Protocol" est peut-être l'opus le plus fade et le plus quelconque de la nouvelle vague "Mission : Impossible", jouant difficilement la comparaison avec le ton employé avec brio par Abrams, et la maîtrise de McQuarrie pour l'action.

Queen & Slim
6.8

Queen & Slim (2019)

2 h 12 min. Sortie : 12 février 2020 (France). Drame, Romance, Thriller

Film de Melina Matsoukas

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Il est de nos jours bien difficile de faire tourner un film simplement autour du ressort politique, le discours pouvant phagocyter l'équilibre même du long-métrage, qui devient de fait un manifeste militant créant souvent le consensus du fait de la réalité des faits dépeints au sein même de son pitch. "Queen & Slim" lorgne ce registre au terme d'une glaçante séquence de contrôle, le racisme dégoûtant du membre des forces de l'ordre ne pouvant que déboucher sur un drame. Le métrage amorce alors un virage à la courbe très régulière, cherchant à recoller avec le genre du road movie, ses personnages essayant de fuir une notoriété complètement hors de contrôle et boostée par toute la puissance médiatique de notre temps. Devenus figure de révolte et de soulèvement, c'est pourtant à un but bien plus modeste qu'aspirent Queen & Slim, cherchant simplement à jouir de la liberté et de la vie alors que l'étau du jugement semble se resserrer inlassablement sur eux. Traquant des moments de vies sous toutes leurs formes (le bar, la séquence "figure de proue"), "Queen & Slim" semble faire machine-arrière dans son traitement de ses protagonistes, préférant construire cette relation amoureuse petit-à-petit, étrangement corrélée avec les velléités belliqueuses des manifestations, plutôt que de s'intéresser aux personnages comme figures révolutionnaires et militantes. Même si le métrage perd grandement de sa force dans son dénouement, se rappelant à la conclusion de sa chasse à l'homme dans une séquence plus ennuyeuse que puissante, il n'en reste pas moins un métrage nécessaire et surprenant, arrivant à allier devoir cinématographique et sous-texte politique.

Mission: Impossible - Rogue Nation
6.5

Mission: Impossible - Rogue Nation (2015)

2 h 11 min. Sortie : 12 août 2015 (France). Action, Thriller

Film de Christopher McQuarrie

Lestiboudois a mis 8/10.

Annotation :

Fort de leur collaboration sur "Jack Reacher", Cruise et McQuarrie rempilent main dans la main pour le cinquième film de la franchise "Mission : Impossible". Toujours dans l'optique de proposer un divertissement grand public et résolument spectaculaire, le film met le paquet d'entrée de jeu : fixé à un Airbus A400M, Ethan s'illustre dans une séquence aussi dynamique qu'impressionnante, faisant office d'exposition très efficace et de véritable pierre angulaire de toute la com' du long-métrage. Profitant de cet élan et d'un scénario calibré pour la simplicité (le sempiternel doute vis-à-vis de l'utilité de l'IMF, les agents dissidents semant la pagaille autour du monde...), MI5 se veut avant tout démonstratif, multipliant les morceaux de bravoure de très grande qualités et variétés, permettant à McQuarrie de s'illustrer dans une multitude de registre : Aussi à l'aise dans une course-poursuite à grande vitesse que dans la sublime séquence de l'opéra (et par extension, de l'arrivée d'Ilsa), l'esthète de ce type d'exercice fait montre de toute sa maîtrise dans le build-up et l'exécution, toujours bien accompagné par un Joe Kraemer qui se fait décidément trop discret dans le paysage de la composition actuel. Un peu à la manière de son Reacher, on retrouve la même aisance chez McQuarrie à travailler l'aura du duo magnétique mené par Hunt et le nouvel atout charme de la franchise, Ilsa (Fergusson est parfaite dans le rôle), parvenant à faire graviter l'attachement des personnages l'un envers l'autre chaque fois qu'ils partagent l'écran (et sans nécessairement faire force de démonstration), de manière analogue à Rodin et Reacher dans le film éponyme de 2012. Trouvant ses marques de manière très rapide, la tentative de McQuarrie est parfaitement à la hauteur, teintée de traits de mise en scène inédits pour ce type de production, parvenant parfaitement à allier toute la démesure de l'action (qui se veut pourtant ultra-réaliste, en témoigne cette tout sauf clinquante séquence sous marine en apnée) avec toute l'inspiration nécessaire à un cinéaste pour insuffler de l'âme à une franchise qui sera passé par un très large panel d'état.

Les Traducteurs
5.6

Les Traducteurs (2019)

1 h 45 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Thriller

Film de Régis Roinsard

Lestiboudois a mis 5/10.

Annotation :

Film aussi fascinant qu'imparfait, "Les Traducteurs" fait parti de ces propositions originales et au potentiel certain, jouant la carte de l'exploration du genre (wodunnit) par un sentier somme toute inattendu. Cloîtré dans un espace scénique qui fera office de scène de crime, le film déploie sa galerie de personnages, des figures polyglottes et cloisonnées à des fonctions parfaitement identifiables, dans le même temps que son McGuffin, une oeuvre littéraire qu'il faudra découvrir pas à pas, et dont les premières pages viendront à fuiter alors que l'ensemble de l'opération est parfaitement hermétique. S'ensuit le traditionnel face à face visant à remonter la piste des événements pour en comprendre le déroulé, et dans lequel chaque personnage viendra à dévoiler ses véritables ambitions. Et bien que la première partie soit formellement très efficace, galvanisée par ces figures internationales qui font toutes le job, le déploiement des ressorts nécessaire à la compréhension de l'intrigue se met maladroitement en place, amenant à une résolution plus bancale que crédible. La mystique du roman échappe à la compréhension, reléguée au rang de légendes et trop peu paraphrasée par les personnages, l'essence même de cet objet de fantasmes restant beaucoup trop opaque pour convaincre de sa réelle portée. Ajouté à cela un manque profond de panache et de build-up concernant les coups de théâtre qui s'enchaînent, et le long-métrage plonge dans sa seconde partie dans une forme de fouillis résolument trop pressé d'en finir, multipliant les séquences sans transitions, et laissant poindre un sentiment de gâchis au creux de l'estomac.

Mission: Impossible - Fallout
6.8

Mission: Impossible - Fallout (2018)

2 h 28 min. Sortie : 1 août 2018 (France). Action, Thriller

Film de Christopher McQuarrie

Lestiboudois a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le diptyque de McQuarrie est fascinant. Alors que le ton de son "Rogue Nation" tourne toujours autour des saints piliers des films d'actions XXL grand public (pointes d'humour, démesure, accessibilité), "Fallout" entend jouer sur un registre un poil différent, conservant la volonté de Mr Cruise de se mettre en scène dans des séquences dans lesquelles il entend bien risquer sa vie (Respect, Tom), tout en se voulant plus sombre et paranoïaque que les précédents opus. Ethan, figure légendaire et quasi super-héroïque de cet univers, accuse un traitement plus personnel et en profondeur que par le passé, le récit explorant ses peurs, teintant le personnage de visions paranoïaques et cauchemardesques, évoquant l'impensable impuissance de cet homme que l'on aura toujours vu improviser et se sortir des situations les plus inextricables qui soient. Le message est clair, et ce n'est pas un hasard si Ethan reçoit un exemplaire de l'Odyssée pour débuter sa mission : "Fallout" entend bien se donner les allures de l'épreuve ultime et à l'issue funeste. Aidé par un scénario catastrophe et des moyens permettant de dispenser des courses-poursuites dantesques et de la destruction pour le moins inattendue (comme ce saccage des toilettes parisiennes), "MI : Fallout" est un grand huit à la hauteur de ses prétentions, au rythme parfaitement ciselé, galvanisé par l'aisance de McQuarrie pour l'action, et par un formalisme toujours aussi inspiré dans ses temps forts, à l'image de sa précédente tentative, transpirant la maîtrise et l'appropriation des codes de la franchise. Mention spéciale à la composition de Lorne Balfe, dont les sonorités pour le moins inquiétantes et cassantes viennent ajouter beaucoup à l'ambiance du long-métrage. En définitive, et même s'il semblerait que McQuarrie s'accapare la saga pendant encore un bon moment (signant les opus 7&8), son diptyque tournant autour du Syndicat prouve qu'il est l'homme de la situation, alliant style et goût pour l'action, relevant le niveau de ce type de production, et achevant de me convaincre qu'il pourrait signer un excellent James Bond.

Le Cas Richard Jewell
7

Le Cas Richard Jewell (2019)

Richard Jewell

2 h 11 min. Sortie : 19 février 2020 (France). Biopic, Drame, Policier

Film de Clint Eastwood

Lestiboudois a mis 5/10.

Annotation :

"Le cas Richard Jewell" est dans la juste lignée des derniers films d'Eastwood (si l'on fait exception du splendide et mélancolique "La Mule"), traitant de la figure du héros américain et de sa destinée inspirée de faits réels. Si le portrait de cet outcast propulsé sur les devants de la scène après son intervention est très réussi, parvenant à échapper à toute forme de manichéisme, dépeignant toute la complexité du personnage, ses failles, et son inaptitude à agir comme la société l'exige de manière indirecte, le traitement qui gravite autour de l'affaire se vautre assez brutalement dans des poncifs qui s'accumulent en deuxième partie, mettant un point d'honneur à donner dans une forme de sentimentalisme gerbant et à outrance, punissant de fait les vilains fédéraux et médias qui ont plongé cet homme au cœur de la tourmente. Si Eastwood ne s'est jamais montré aussi acide envers ses institutions, présentant des médias en quête de gloire immédiate reposant sur des rumeurs, se prostituant même pour les obtenir, ou encore des enquêteurs peu scrupuleux persuadés du caractère frustré de cette personnalité marginale et sensible, du fait de son décalage profond avec le profil du héros, le traitement de la "leçon" qu'il entend dispenser dans sa seconde partie fait plus office d'enfantillage que de véritable prise de position, faisant voler en éclats tout le build-up amorcé dans son premier temps. Au milieu d'une tripotée d'acteurs tous très à l'aise dans leurs partitions, c'est dommage.

La Voie de la justice
7.1

La Voie de la justice (2019)

Just Mercy

2 h 16 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Drame, Biopic

Film de Destin Daniel Cretton

Lestiboudois a mis 5/10.

Annotation :

"La voie de la justice" est un de ces films qui me donnent l'impression que les américains ont toujours aimé régler leurs comptes au cinéma. L'occasion de montrer en image les débordements historiques de leur société, tout en y exposant la victoire d'une poignée de valeurs universels propres à ce type de récit. Ainsi, Bryan incarne avec une certaine noblesse le fruit laborieux des études et du travail, la dignité de tendre l'autre joue, et d'utiliser son savoir et ses compétences pour traduire en justice le racisme et les jugements de valeurs de la communauté blanche de son patelin. Si le discours ne manque pas de puissance et d'éléments percutants justifiant avec justesse le retour nécessaire sur les sombres événements relatés dans le long-métrage, le tout reste toutefois assez plat, agitant une poignée d'éléments agissant en cache misère d'un traitement très manichéen du récit (Brie Larson en contrepoids d'une communauté toute entière, un bourreau un poil trop prompt à la rédemption...), proposant un buil-up assez pauvre au cœur de cette histoire. Pour un film au devoir de mémoire aussi fort, et par moments assez réussi (notamment dans sa description du milieu carcéral), il est regrettable que l'ensemble ne décolle jamais vraiment, et que la volonté de ne pas trop faire de vagues se fasse autant ressentir.

Dark Waters
7.2

Dark Waters (2019)

2 h 06 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Biopic, Drame, Thriller

Film de Todd Haynes

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

D'un classicisme à toute épreuve, Dark Waters contient tous les ingrédients du film d'investigation, exposant frontalement ses éléments poussant à l'indignation, afin d'épouser la prise de conscience de cet avocat, représentant une roue du système venant finalement à ne plus tourner dans le même sens que les autres composants de celui-ci. Le message est limpide, l'affaire est rondement menée, mais manque de séquences percutantes et d'un véritable sens de la mise en scène pour marquer dans la durée.

Judy
6.1

Judy (2019)

1 h 58 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale

Film de Rupert Goold

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

Plus modeste, autant dans les ambitions que dans la démonstration, que ses consorts "Bohemian Rapsody" et "Rocketman", "Judy" parvient, outre les différences d'approches, à tutoyer ce qui manquait cruellement aux deux entreprises précédemment citées : arriver à saisir l'aura d'une star, tout en exposant la portée de l’œuvre de celle-ci. Le film est pourvu d'une unité de temps pour le moins déstabilisante, centralisée autour des derniers mois et tentatives de son personnage à essayer de faire corps avec une gloire passée dont on passera le déroulé sous silence, présentant uniquement la conception de cette enfant star dans ce jeu de souvenirs joués et d'enfance volée, en parfait contrepoint avec cette figure qui se veut maternelle et responsable, mais dont les fractures, trop profondes, trouvent comme unique exutoire cette place sur scène, paradoxalement façonnée par cette golden cage effrayante de flashbacks. Objet d'ambiguïté et de mélancolie, "Judy" est avant tout un drame touchant, jonglant en permanence entre les ambiances de dérive du star system, et la portée émotionnelle de l'icône pop, parfaitement interprétée par une Renée Zellweger méconnaissable, possédée, et qui mérite toutes les récompenses glanées sur le chemin.

Spenser Confidential
5.4

Spenser Confidential (2020)

1 h 51 min. Sortie : 6 mars 2020. Action, Policier, Drame

Film de Peter Berg

Lestiboudois a mis 5/10.

Annotation :

En l'espace de cinq films, le duo Berg/Walhberg se sera illustré dans des registres assez différents, allant du film de guerre aux allures de huit clos (du sang et des larmes), au thriller documentaire (Traque de Boston et dans une moindre mesure, Deepwater), en passant par la proposition d'action nerveuse et réaliste se voulant ultra immersive (22 Miles). Après certains de ses confrères, le voilà qui s'essaye au film Netflix, que l'on aurait du mal à classer autrement que dans la catégorie des comédies d'action assez légère malgré la violence de certaines séquences, et dont le caractère ultra prévisible ne peut le cantonner à autre chose qu'un divertissement efficace. Si certaines lignes de dialogues sont assez relevées, les scènes d'actions souffrent d'une trop mauvaise spatialisation pour être dynamique, plombées par un montage trop cut, souci déjà récurrent à "22 Miles". Un film qui fait le job, où on ne s'ennuie pas, et qui traîne encore quelques casseroles liées au style un peu trop nerveux de Berg.

Casino Royale
7

Casino Royale (2006)

2 h 24 min. Sortie : 22 novembre 2006 (France). Action, Thriller, Aventure

Film de Martin Campbell

Lestiboudois a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

La Fille au bracelet
6.8

La Fille au bracelet (2020)

1 h 35 min. Sortie : 12 février 2020. Policier, Drame

Film de Stéphane Demoustier

Lestiboudois a mis 7/10.

Annotation :

On pourrait être tenté de pointer du doigt l'absence réelle de réponse claire à la question à 1 million soulevée dans les premiers instants du film : "Lise est-elle directement responsable de la mort de Flora ?". Car au terme du visionnage, des sentiments contradictoires nous habitent, habilement provoqués par cette superposition de plaidoyers plus ou moins convaincants. C'est d'abord l'instinct primaire, parfaitement interprété par Anaïs Demoustier, qui s'exprime et oriente le débat vers la culpabilité, les éléments incriminant le jeune fille se présentant en nombre, et la répartie trop évasive de cette dernière muant peu à peu l'intuition en dangereuse conviction. Si le film, à la manière du très réussi "une intime conviction", parvient très justement à décrire toute la difficulté de rendre justice dans ce genre d'affaires, l'absence de preuves accablantes nous poussant à dépasser nos intuitions à tout moment, il est aussi remarquable dans sa manière de dresser le portrait de cette nouvelle génération, appréhendant les relations sociales de manière plus libre sur le plan sexuel, et dont le fonctionnement échappe même aux parents, figures d'impuissances de ce choc inter-générationnel (Zem et Mastroianni sont parfaits), assistant en véritable spectre à l'exposition des déboires de leur progénitures. Très complet et maîtrisé, il manque toutefois quelques éclats et un peu de punch à l'intérieur même de ce cadre clinique et millimétré, qui fait très bien son travail, mais qui manque un peu de force pour impacter et marquer plus en profondeur.

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