2025 - BD

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23 août

Offerte par mes cher.e.s collègues pour mon départ, cette BD d'Adams, Sturm et Sutphin est un régal de roman graphique épique. "Watership Down" reprend la trame narrative des récits fondateurs sur l'exil des peuples pour nous en livrer une version bucolique et touchante qui ramène au lecteur, sans le souligner outre mesure, à la fragilité du vivant. Les péripéties sont rythmées et cohérentes, la caractérisation des personnages poussée, le dessin et la colorisation très beaux. J'ai aimé l'univers linguistique et mythologique déployé autour des lapins, qui donnent une véritable profondeur à leur expérience du monde.

Seule ombre au tableau, imputable au roman d'origine écrit par Richard Adams, la place accordée aux personnages féminins (les hases), qui jouent un rôle bien passif dans cette histoire de conquête de la liberté. Pas de quoi gâcher un roman graphique visiblement imprégné d'une connaissance fine du fonctionnement d'une harde et d'une garenne.

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17 août

Cadeau d'évidence de copains, je ne peux que saluer l'objectif d'intérêt public (alerter sur la maltraitance et l'exploitation animale ainsi que sur l'effondrement de la biodiversité) de cette BD de Guillaume Meurice et Sandrine Deloffre. Mais j'ai trouvé cet album pas vraiment adapté au lecteur que je suis : humour facile, récit linéaire et sans profondeur, mise en dessin sommaire, enjeux évidents... Sans doute à mettre entre des mains plus jeunes et moins informées que les miennes.

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14 août

Mathilde Ducrest signe, au scénario, au dessin et à la colorisation, une première BD assez ambitieuse et intrigante sur les préjugés, au travers d'une bluette lesbienne solaire. Le début de ce roman graphique est le plus réussi. Il augure une réflexion large et relativement profonde sur la cohabitation générationnelle, la mémoire, la sororité, sur fond d'intrigue familiale. Mais c'est finalement vers une romance moderne, sans guère d'autres enjeux que celui de l'aveu des sentiments dans une relation économiquement asymétrique, drapée toutefois d'un soupçon d'érotisme, que s'oriente l'autrice. J'ai trouvé ça dommage.
Formellement, "Fragile" est réussi, notamment sa colorisation. Les visages et les expressions m'ont cependant paru très lisses.

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14 mai

Sans surprise eu égard à son engagement et à ses origines, Marjane Satrapi est sortie de sa retraite BD pour couvrir la révolte "Femme, vie, liberté" qui a marqué l'année qui a suivi la mort de Mahsa Amini en Iran.

Ouvrage d'utilité publique, "FVL" fait intervenir plusieurs spécialistes et bédéastes, essentiellement d'origine iranienne, pour raconter plusieurs aspects de cette révolte et de ses causes. Le résultat est émouvant et globalement réussi, mais il m'y a manqué une exploration plus académique de certaines thématiques et un traitement plus équilibré des enjeux géopolitiques : les sanctions américaines et occidentales qui frappent le pays depuis des décennies jouent un rôle certain dans la dégradation de l'économie iranienne et donc des conditions de vie du pays.

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21 avril

Un chouette cru, avec des sujets assez méconnus et fort intéressants, comme l'origine des remembrements agricoles, la sous-traitance chez EDF ou les dessous de l'essor du groupe SOS.

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13 avril

Quatrième tome de Mattéo, cette saison en Espagne aux côtés des milices et combattants anarchistes et communistes qui firent front face au coup d’État des généraux franquistes dès 1936 n'a plus la profondeur des précédents opus. Gibrat semble y manquer d'idée, si ce n'est celle - louable - de rappeler cet évènement noir et méconnu de l'histoire espagnole de ce côté-ci des Pyrénées. L'histoire s'enracine dans un siège interminable, où une nouvelle poupée (pardonnez le terme, mais je me lasse du dessin des femmes de Gibrat) joue l'effrontée désirable devant Mattéo. Un air de déjà vu.

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7 avril

Un numéro sympa qui couvre un dossier que j'ai suivi professionnellement et qui fait même la couverture ! Une forme de consécration, même si ma trombine ne figure pas encore dans un exemplaire de LRD.

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5 avril
7,5/10

Après des années d'attente fébrile, voilà enfin l'occasion de se plonger dans le deuxième tome des aventures de Karen, qui poursuit l'élucidation du crime de sa voisine et de la part obscure de son frère. Je suis de nouveau très vite marqué par l'inventivité, la spontanéité et la tendresse de ce récit à hauteur d'un enfant pas comme les autres. Certaines séries de planches sont merveilleusement suspendues, comme cette séquence dans le métro de Chicago ou les récits posthumes d'Anka.

Emil Ferris profite de ce deuxième tome pour accélérer le tempo de son intrigue. Elle rompt rapidement le charme qui entourait l'étrangeté de sa protagoniste en révélant son homosexualité. Cet outing remet en perspective le caractère et les fantasmes de l'héroïne, mais se traduit tout de même par un approfondissement réussi et touchant de ses motifs. Le personnage de Deez conserve pour sa part une grande épaisseur de mystère et c'est sans forcer qu'il s'établit au cœur des préoccupations enquêtrices de Karen.

Ce deuxième tome souffre tout de même de certaines longueurs, au gré de digressions qui apportent un certain rythme à l'ouvrage, mais qui égarent un peu le lecteur dans le propos. Et la succession d'évènements qui frappe notre héroïne nous emmène sur un chemin rocambolesque dont les contours et l'intérêt demeurent difficiles à cerner. On verra donc ce qu'il en est dans le troisième tome à venir.

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4 février

Encore une chouette surprise, puisque je ne m'attendais pas à tomber sur une BD encore non-lue (je ne connais pas la biblio de mes auteurs...) de Derf Backderf. Je suis fasciné par l'angle de ce bédéaste qui semble déterminé à exploiter toutes les occurrences où sa petite histoire personnelle a croisé celle de son Ohio natal. Avec une approche qui relève ici comme dans "Mon ami Dahmer" plus du journalisme d'investigation que de la création, il met à nu une péripétie tragique des grandes révoltes étudiantes contre la guerre du Vietnam dans les années 1970.

C'est avec un intérêt certain que je découvre vraiment, et mesure surtout, l'ampleur et la portée de ce mouvement qui a embrassé un peu, remplacé beaucoup, le mouvement des droits civiques des Noirs américains contre l'Amérique corsetée des trente glorieuses. "Kent State" reste résolument linéaire et choisit la plus petite focale pour décrire ce phénomène, mais le récit de ces quelques jours qui ont conduit au meurtre de plusieurs étudiants non violents par l'armée américaine sur son sol dit beaucoup de la lâcheté du pouvoir, de l'état de délabrement de la pensée politique et des enseignements que l'histoire peut nous apporter sur la raison d'Etat et l'usage du mensonge en politique. C'est assez édifiant.

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1er février

Quelle surprise de tomber sur la première BD de Mathieu Bablet dans le rayonnage de la médiathèque ! Devenu célèbre avec les magnifique mais plus ou moins creux "Shangri-la" et "Carbone et Silicium", j'étais curieux de découvrir le Bablet des débuts, déjà au dessin et à l'agriculture.

L'intrigue évoluant exclusivement dans un espace urbain post-apocalyptique extrêmement foisonnant, je dois reconnaître que si "La Belle mort" a elle aussi un ambition monumentale dans le dessin - ambition parfois trahie par un manque de lisibilité - la colorisation a fait des progrès depuis 2011 jusqu'au sommet que fut "Shangri-la". C'est donc surtout du côté du récit que j'ai été agréablement surpris : tout en restant dans sa veine SF caractéristique, Bablet propose et déroule une intrigue d'un bon niveau, subtile et à rebondissement dont l'ambition n'est - et c'est tant mieux - pas démesurée, ce qui la rend atteignable. Une BD donc assez chouette et réussie pour une première.

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30 janvier

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Côté récit, Canales nous propose une nouvelle intrigue autour des désirs de grandeur d'un fonctionnaire municipal, urbaniste en chef, prêt à tout pour laisser son empreinte sur sa ville. Une approche originale, assez réussie quoique toujours un peu archétypale. On passe un vrai bon moment de lecture, mais ces deux derniers volumes ne font pas oublier le chef d’œuvre un peu isolé que fut "Arctic Nation", le tome le plus réussi de la saga.

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29 janvier

Petite excitation à l'idée de reprendre, des années plus tard, cette saga mythique (et un peu surcotée) que constitue "Blacksad". Pas de doute, Guarnido n'a rien perdu de sa finesse dans son trait et sa colorisation : les planches campent sans aucun mal le New York crasseux et grouillant des années 1960. J'observe pour la première fois un biais un peu dommage dans la caractérisation visuelle des personnages féminins, dont le côté animal s'éclipse plus volontiers derrière leurs courbes et leur maquillage que leurs homologues masculins...
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