Films vus en 2019

Annotation :

Un thriller peu convaincant pour ma part. Malgré l'implication des acteurs apportant un jeu assez sincère par moment, le film se perd dans une histoire très stérile et peu prenante. Le fait d'alterner entre flashbacks du passé et la fuite des 3 protagonistes sur le temps présent était une bonne idée mais le montage est maladroit. Dans la même veine que "Sans un bruit", il s'agira alors de poser l'enjeu sur un des sens des personnages, lesquels doivent éviter par dessus tout de regarder à l'extérieur au risque d'y apercevoir l'entité et de perdre la raison.
Mystère, défiance et parano demeurent au programme d'une intrigue ponctuée de quelques bonnes idées (l'entité qu'il ne faut pas regarder, l'immunité des psychotiques), à la tension bien entretenue (le trajet en voiture, l'attaque du taré en costard, le passage dans les rapides) mais qui élude constamment ses péripéties et s'achemine un peu trop vite vers une résolution attendue.

L'élément le plus frustrant mais aussi le plus réussi de ce film c'est bien le développement du personnage de Malorie. Dès le début, elle nous est présentée comme quelqu'un avec un sérieux manque d'empathie et incapable d'accepter sa grossesse. Lorsque l'apocalypse éclate et la coupe abruptement de son dernier lien familial (et surtout d'une idée bienveillante de la famille incarnée par Sarah Paulson), le personnage aurait sans doute pu définitivement sombrer.Mais, si les événements l'amènent à être mère par la force des choses, il demeurera la question de savoir comment jouer ce rôle dans un monde où les lueurs d'espoir s'amenuisent de jour en jour. Privilégier sans cesse la survie en endurcissant les enfants comme des adultes avant l'heure ou leur offrir tout de même une chance de croire en tous les rêves naïfs propres à cet âge ?

Cette dualité se traduit par les regards opposés de Malorie et Tom sur le mode d'éducation à apporter à ces deux enfants. Hélas très rapidement abordées du fait de cette ellipse de cinq ans où il est tout de même bizarre de penser que Malorie n'a pas su évoluer sur une si longue durée, cette parentalité forcée et ces deux différentes approches qui en découlent déboucheront donc sur l'héroïne et les deux enfants en route pour ce qui paraît être un dernier havre de paix au coeur de la forêt.

Si on enlève le développement psychologique réussie de son héroïne vers l'acceptation de sa condition de mère, il en reste un film SF-survival lambda.

Annotation :

Un film frustrant possédant des bases scénaristiques intéressantes, mais qui dérive vers un drame "romantique" jouant sur un pathos exagéré.

Certes, notre héroïne Asako est loin d'être attachante, elle apparaît antipathique au spectateur ( ce qui est un parti pris intéressant) : jeune naïve tombant amoureuse d'un garçon " détaché, épicurien", sortant avec un nouvel amant car il ressemble physiquement à l'ancien qui l'a laissé tombé, s'entête à faire des choix sans logique car restant dans l'image d'un amour passé idéalisé.

Derrière l’intrigue en apparence naïve et éculée dans laquelle une jeune fille d’une vingtaine d’années hésite entre un premier amour romanesque et un amour moins intense mais plus adulte et ancré dans le réel, Hamaguchi propose une réflexion plus complexe sur le couple et la vie. C’est avec beaucoup de finesse et de douceur qu’est traitée la question du choix, de ce qui fait l’amour et le désir, de la vacuité des absolus, et qu’est progressivement révélée la valeur de l’authentique imperfection.

Après le jeu d'acteur ne permet pas de complètement se plonger dedans car très exagéré. Qu'elle agisse selon les diktats de son coeur, au nom du grand amour, est recevable mais il y a tout de même un hiatus entre ce que l'on perçoit à l'écran de sa personnalité et ses élans contradictoires. Peut-être est-ce (aussi) un problème d'interprétation, l'actrice étant la plupart du temps figée dans des postures de poupée de porcelaine (ébréchée). Il y a quelque chose qui séduit cependant dans le film, un ton particulier et une jolie manière de poétiser le quotidien d'un couple. Asako I&II se situe parfois à la lisière du fantastique, comme Senses d'ailleurs, mais avec davantage de densité dans ce dernier cas (la durée y était pour quelque chose), et il y avait sans doute à espérer en ce domaine s'il avait été exploré davantage.

Très décevant par rapport à Senses par le fait que ses protagonistes ne sont pas exploités jusqu'au bout.

Annotation :

Un exercice de style assez réussi, bien qu'inégal.

Un film plutôt oppressant, genre de conte situé entre le fantastique et le psychologique, mâtiné à la sauce légèrement thriller par la présence de Laurent Laffite, drôle de prof, plutôt enquêteur sur les bords tombant de plus en plus dans la paranoïa... Ce qui impressionne véritablement dans cette réalisation particulière, ce sont ces six élèves surdoués dont le jeu sacrément osé et maîtrisé, fait froid dans le dos. Même si la tension monte grâce à tous ces artifices possibles, dûs aux lieux et à la musique, c’est avant tout le regard et la posture de ces jeunes comédiens qui opère et nous sidère, en nous mettant plus que mal à l’aise !

Car non content d'entretenir intelligemment le mystère quant aux intentions des enfants, le scénario se montre intelligent de bout en bout quant à son final glaçant, cohérent avec tout le restant du film sans pour autant décevoir ou arriver comme un cheveu sur la soupe. Sans cesse à la lisière du fantastique, porté par un Laurent Lafitte monstrueux de charisme, "L'heure de la sortie" s'impose alors comme un terrible cri d'alarme sur l'avenir que nous laissons aux jeunes générations.

Quitte à donc décrire trop, à en faire trop sur la fin avec ce message écologiste assez forcé .. dommage car l'ambiance à la "John Carpenter" minimaliste avait un impact beaucoup plus fort que la charge "d'images" qu'on nous inonde à la fin pour tenter d'expliquer tous les mystères du film. On perd en subtilité pour le coup, quitte à tomber dans les clichés assez gênants et prévisibles ( ex : la prof maladivement jalouse ou la scène du mégot où le prof se fait diablement réprimandé).

Annotation :

Ce film voulant conclure le "Shyamalan-Univers" réussit à moitié son but. On prend plaisir à retrouver nos 3 protagonistes se livrer à une bataille d'esprit et de rédemption. On sent une réelle volonté de casser les codes du genre super-héroïque tel que l'avait initié "Incassable" à l'époque. Mais les différents enjeux ne sont pas pleinement aboutis. Véritable réappropriation des codes du comics qui transpire d'un amour sincère en replaçant intelligemment la figure du surhomme dans un contexte plus réaliste. Shyamalan à réussi à offrir 3 films aussi différents que complémentaires et même si il n'a pas perdu en intelligence, il perd ici incontestablement en émotions.

Et c'est là où se trouve le premier élément vraiment décevant du film, c'est que celui-ci est davantage une suite à Split que d'Unbreakable et que l'univers de celui-ci se trouve assez vite sous exploité ou apparaît même en trop. Il suffit de voir le traitement très aléatoire qui est accordé à David qui ne connait aucune évolution majeure et se contente de faire de la figuration. Car ici ce n'est pas le portrait des héros qu'intéresse Shyamalan mais plus la place des vilains, ceux considérés comme imparfaits.

David ( et en parallèle le jeu de Bruce Willis) aurait mérité un meilleur traitement, tellement qu'il est sous-exploité. Les personnages deviennent avant tout les moteurs d'un récit qui est géré au compte-gouttes pour ménager les retournements de situations et entretenir les zones de doute, et on se retrouve souvent face à des développements assez artificiels notamment quand le film réutilise Casey pour introduire une histoire "d'amour" inutile ou encore lorsqu'il laisse le protagoniste du film dans l'ombre lors des deux tiers du récit car il est détenteur de bien trop de réponses. On se retrouve donc avec une utilisation beaucoup trop mécanique des personnages qui n'ont utilités qu'à faire avancer certaines phases du récit pour aboutir au twist final. Un twist assez prévisible ainsi que tiré par les cheveux et qui ruine l'aspect émotionnel de Glass. Les révélations intervenant lors d'une séquence charnière où Shyamalan sacrifie l'ampleur tragique de ce qui se produit au profit de l'intelligence froide de son levé de rideau.

Annotation :

Une découverte savoureuse. Les clichés de l'héroïc fantasy mais avec un jeu d'acteurs exagéré et kitch d'une époque révolue. Décors cartons pâte en arrière plans de combats de cape anti-feu et d'épées, une main pourvue d'un sixième doigt au cœur de l'intrigue, un "homme en noir", du poison, des gentils et des méchants...
Les acteurs en rajoutent, mais pas suffisamment pour en faire une parodie lourdingue.
e déroulement de l’histoire est sans temps mort, il s’y passe tellement de choses mais tout est si bien dosé. Mais bon je trouve ce film parfait vous l’avez déjà compris alors je vais vous épargner un paragraphe long comme le bras sur cette partie-là.

The Princess Bride n’est pas vraiment un film qui s’explique, il se vit, après il n’y a plus qu’à espérer que ça prenne.


Malgré un matériel vintage, le propos reste profondément moderne dans le traitement de la princesse Bride.

Annotation :

Un film de "genre" français qui tente d'offrir un proposition une peu différente tout en livrant un objet entre le thriller et le drame en proposant une réflexion sur l'imaginaire et notre désir d'y croire. Vraie volonté de laisser exister le magique ou convenance ?
Le duo Lafitte-Depp reste convaincant et prenant.

La photographie est magnifique, la violence graphique et psychologique est très bien amené pour le spectateur. Objectivement, ce n'est pas mémorable mais le propos m'a touché.

Annotation :

Totale découverte de ce film pour moi avec la chance pour pouvoir le découvrir en salle. Un film peu connu de la filmographie de Miyazaki notamment en France il mérite pourtant le détour.
Je n'ai jamais trop aimé l'univers de Lupin III, mais étonnement j'ai accroché ici : il s'en éloigne, Miyazaki se réapproprie l'œuvre avec ses thèmes phares, et d'une très belle façon.

Le château, lui, semble emprunter beaucoup du côté de Paul Grimault dans son esthétique générale. Le tout tirant indéniablement du côté du conte, avec sa princesse captive au sommet de la plus haute tour. La structure générale apparaîtra dès lors des plus enfantines, alors même que la quête du voleur, ou encore leurs implications politiques, relèvent d'une certaine gravité. Tout comme le héros, qui glisse tout au long du récit vers cette caractéristique, avant d'être montré faillible et en situation de faiblesse. Drôle d'impression, surtout lorsqu'une couleur rouge éclabousse de tout son éclat l'un des toits du château...

Au point d'oublier la naïveté initiale. Car Hayao irrigue sa première réalisation de sentiments peu communs dans un film qualifié de "pour enfants", surtout à l'aune de la production actuelle. A l'image de cette plongée macabre dans des sous-sols jonchés de squelettes, ou à l'occasion des multiples apparitions de la garde rapprochée du comte, étranges ninjas quasi spectraux et inquiétants. Tout comme le climax dans ce clocher, cerné par la mécanique à l'oeuvre, les gigantesques rouages et les escaliers sans fin.

Le personnage d'Edgar, lui, balance entre son attitude désinvolte, son humour et ses poses plus graves, agitées de ses souvenirs, ses attirances, laissant la part belle à sa comparse Magali. Et surtout, un romantisme issu d'un autre temps, que le doublage français rehausse un peu plus encore. Un raffinement et un amour courtois donnant une superbe scène intimiste entre le brigand et la belle captive, dans une innocence qui ravit le cœur, comme Edgar s'empare de celui de Clarisse.

Un pur moment de poésie.