Cover Journal de bord Littérature - 2016/2017

Journal de bord Littérature - 2016/2017

Je lis peu, et c'est un problème auquel je compte remédier. Liste annotés de mes lectures, depuis début 2016 à peu près.

2016-17 :
https://bit.ly/2Sua842
2018 :
https://bit.ly/2GOQYED
2019 :
https://bit.ly/34YdbXO
2020 :
http://bit.ly/39RaIlG
2021 ...

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Liste de

85 livres

créee il y a presque 8 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

L'Art de la guerre
7.5

L'Art de la guerre

Essai, Culture & société

livre de Sun Tzu

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Juillet 2015 - Février 2016 / Lu.

A la fois simple et extrêmement précis dans son approche, Sun Tzu traite méthodiquement de son sujet, transposable à de nombreuses situations proches de nous. Les anecdotes rapportés sont particulièrement savoureuses.

La préface est très intéressante pour l'éclairage qu'elle apporte à la fois sur le personnage mystérieux, peut être même imaginaire de Sun Tzu, et sur le bordel innommable qu'était la Chine 500 ans avant JC.

Sur la télévision
7.5

Sur la télévision (1996)

suivi de l'Emprise du journalisme

Sortie : 1996 (France). Essai, Cinéma & télévision

livre de Pierre Bourdieu

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février 2016 / Lu.

Concis, et d'une incroyable lucidité sur le pouvoir de la télévision, Bourdieu tacle rapidement mais extrêmement efficacement cette structure sociale centrale dans la création des opinions. Brillant.

Les Robots
7.9

Les Robots (1950)

Le Cycle des robots, tome 1

I, Robot

Sortie : 1967 (France). Recueil de nouvelles, Science-fiction

livre de Isaac Asimov

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février 2016 / Lu.

C'est tellement malin dans la résolution des problèmes que posent les robots. Ce qui est assez drôle c'est que les lois de la robotique d'Asimov sont souvent prises pour exemple de protection contre une forme d'intelligence artificiel qui pourrait prendre le pas sur l'humanité, mais Asimov passe son temps à démontrer les multiples failles que ces lois présentent!

Paris est une fête
7

Paris est une fête (1964)

A Moveable Feast

Sortie : 1964 (France). Roman, Biographie

livre de Ernest Hemingway

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Février - Aout 2016 / Lu.

Considérant Paris comme probablement mon endroit préféré au monde, j'étais plus ou moins conquis d'avance. C'est mignon, ça a un charme particulier si on connait bien les endroits qui sont évoqués.

La Valeur d'un film
7.6

La Valeur d'un film (2015)

Philosophie du beau au cinéma

Sortie : 10 juin 2015. Essai, Cinéma & télévision

livre de Eric Dufour

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Juin - Juillet 2016 / Lu.

Magnifique livre, assez complet dans son approche de certains problèmes, qui prone la réhabilitation du plaisir au centre de la valorisation des films. Dufour défonce en profondeur les théories de Carroll sur toute la ligne c'est assez jubilatoire à lire parfois.

Encore une flopée de nouveaux films et réas à découvrir.

De l'inégalité parmi les sociétés
8.3

De l'inégalité parmi les sociétés (1997)

Guns, Germs, and Steel: The Fates of Human Societies

Sortie : 22 novembre 2000 (France). Essai

livre de Jared Diamond

Annotation :

Juillet 2016 (interrompu).

Ion
6.6

Ion

Essai, Philosophie

livre de Platon

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Septembre 2016 / Lu.

J'entame une lecture complète des œuvres de Platon en commençant par ce premier texte court sur l'inspiration et son origine divine.

Le style de dialogue Socratique est très méthodologique, précis, lent, prudent et répétitif dans sa manière de présenter ses arguments. Ça fait à la fois la force des propos, mais en ajoutant une lourdeur certaine au style.

Je sens en tout cas que ça va me plaire, et que les différentes lectures vont m'apporter un peu de bagage pour attaquer des œuvres d'autres philosophes.

Le Camp des saints
7.3

Le Camp des saints (1973)

Sortie : 1973 (France). Roman

livre de Jean Raspail

Woozz a mis 5/10.

Annotation :

2015 - Octobre 2016 / Lu.

Raspail veut aujourd'hui, se faire passer pour un prophète incompris, visionnaire des crises migratoires qui secouent l'Europe. J'y crois pas une seconde. Son roman est une œuvre de fiction qui lui permet de parler de son sujet, il n'a rien anticipé du tout. Évidemment je peux pas vérifier donc c'est un ressenti basé sur ce qui est dit dans le livre.

La manière avec laquelle il décrit "l'armada de la misère" est tellement manichéenne, tellement caricatural et binaire (pour ne pas dire rétrograde, réactionnaire et raciste), que son propos s'en retrouve affaiblie, voir annihilé. Tout le commentaire sociale qui pourrait découler de la situation ne peut pas vraiment tenir la route.

En revanche, c'est très bien écrit. J'aime beaucoup le style de Raspail, ses schémas de répétition permanent, sa ligne temporelle qui zigzag, son style à la croisé du rustique et du soutenu...

Phèdre
7.4

Phèdre (-370)

suivi de La pharmacie de Platon par Jacques Derrida

Phaidros

Sortie : 5 octobre 2006 (France). Essai, Philosophie

livre de Platon

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Octobre 2016 / Lu.

Socrate et Phèdre dissertent sur l'amour, le beau, le juste, et la rhétorique. Très dense, avec des passages magnifiques, des idées somptueuses, mais toujours un peu dur à lire à cause du style assez lourd du dialogue.

Pensées à moi-même
7.9

Pensées à moi-même (180)

(traduction Cyril Morana)

Ta eis heauton

Sortie : 7 septembre 2005 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de Marc-Aurèle

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Octobre - Décembre 2016 / Lu.

Toute la philosophie stoïcienne poussé à son paroxysme est chez Marc Aurèle. Prendre la vie et les Hommes comme ils sont, et accepter le destin même funeste comme naturel, comme quelque chose venant de l'Univers donc inévitable. Accepter, c'est vraiment le mot clé de ses Pensées. Instruis les Hommes ou accepte leurs défauts.

Le Mythe de Sisyphe
7.6

Le Mythe de Sisyphe (1942)

Essai sur l'absurde

Sortie : 1942 (France). Essai, Philosophie

livre de Albert Camus

Woozz a mis 10/10.

Annotation :

Novembre 2016 / Lu.

A la croisé de la philosophie et de la prose, Camus nous incite à nous poser la seule question qui importe : au fond, pourquoi ne pas se tuer tout de suite, puisque la vie est absurde? Le salut viendra de cette absurdité même, qui une fois acceptée, nourrit le désir de vivre. L'absurde appelle à la révolte de l'esprit réveillé, et donc à profiter au mieux et le plus possible de ce que la vie peut offrir. L'idée est contradictoire et remarquable, somptueusement exprimée par un Camus au sommet de son art, tel un Sisyphe contemplant son œuvre dévaler la colline.

Au sortir du livre, on se sent à la fois très lourd de par les conséquences qu'impliquent l'acceptation de l'absurde, et en même temps léger, libéré, débarrasser d'un poids, prêt à vivre différemment peut-être.

Le Banquet
7.4

Le Banquet

Sumpósion

Essai, Philosophie

livre de Platon

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Novembre 2016 / Relu.

+3

Ce double dialogue de fin surpasse de loin tout ce que j'ai pu lire chez Platon/Socrate jusqu'ici.

Le beau c'est un savoir, Eros n'est pas un Dieu parfait, c'est un démon qui cherche le beau pour l'éternité dans un mouvement violent. Aimer c'est apprendre, se rendre meilleur, tendre vers le beau éternel, poursuivre le bien pour toujours. L'élévation vers ce beau métaphysique se fait par la multiplication des expériences du beau ici bas, du concret palpable (le corps) vers l'abstrait (l'âme).

La fine ligne narrative qui tient le dialogue rajoute un coté fictionnel qui pourrait même être documentaire. Contrairement à Ion et Phèdre qui ressemblent plus à un "simple" débat entre les personnages, Le Banquet s'inscrit dans une histoire, une narration qui rend la structure plus légère et plus engageante à suivre (ce qui est assez paradoxale puisqu'il y a une triple mise en abime du dialogue, mais elle est facile à suivre ; les 3 niveaux de narration s'imbriquent aisément les uns dans les autres). Dommage que les premières éloges soient moins intéressantes (à part celle d'Aristophane qui présente un mythe très cool).

Notes sur le cinématographe
7.9

Notes sur le cinématographe (1975)

Sortie : 1975 (France). Aphorismes & pensées, Cinéma & télévision

livre de Robert Bresson

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Novembre 2016 / Lu.

Par le prisme du cinématographe, Bresson philosophe sur la réalité, la perception, le beau et son origine, le vrai et le juste. Toute l'essence de son art est là, exprimé en des mots simples mais au sens profond.

Passioné pour la justesse. Attraper des instants. Le vrai est inimitable, le faux intransformable. Frémissement des images qui se réveillent.

Le Mythe de Cthulhu
7.8

Le Mythe de Cthulhu (1928)

The Call of Cthulhu

Sortie : avril 1996 (France). Recueil de nouvelles, Fantastique

livre de H. P. Lovecraft

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Novembre - Décembre 2016 / Lu.

C’est fou à quel point c’est toujours la même histoire, le même vocabulaire, le même schéma narratif (le scientifique qui se retrouve confronter à l'inexplicable) mais que ça marche à chaque fois. L'univers Lovecraftien est si cohérent, complet et évocateur que quelques éléments mineurs suffisent amplement à créer une structure, que le lecteur complète tout seul : Lovecraft laisse toujours le champ libre pour remplir les vides qu’il laisse volontairement. Dans son histoire d'abord (les éléments descriptifs des créatures sont rares et épars), mais aussi dans les réactions des personnages. C’est souvent « indescriptible », ils « n’osent parler ». C'est au lecteur de forger ses propres angoissent autour de ce que Lovecraft met à disposition.

La meilleur nouvelle est sans doute la première, la plus cosmique et grandiose.

La République
7.4

La République

(traduction Georges Leroux)

Politeía

Sortie : 22 juin 2016 (France). Essai, Philosophie

livre de Platon

Woozz a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Décembre 2016 - Février 2017 / Lu.

La République se construit à partir d’un point précis: selon les contradicteurs de Socrate, la justice comme voie choisie ne peut exister, que par nature l’homme est injuste et que la justice se définie quasiment comme un dommage collatérale, où les hommes acceptent de respecter des lois pour se protéger eux-même des injustices. Socrate s’inscrit évidemment en faux, et s’en va démontrer qu’il a raison en bâtissant une cité parfaite, où la justice est le socle de vertus cardinales : le courage, la sagesse, et la modération. A partir de ce constat, Socrate s’attarde sur la direction que doit prendre la cité: qui dirige, comment, quel éducation doivent-ils recevoir etc. C’est cet aspect là qui va occuper Socrates pendant de longs chapitre, décortiquant chaque aspect de ce qu’une éducation parfaite doit contenir (c’est à cet occasion qu’il utilisera sa fameuse allégorie de la caverne, pour démonter ce que le philosophe-dirigeant doit s’élever au-delà des apparences pour acquérir une connaissance vraie, dans le sens métaphysique que Platon donne aux choses et aux idées).

C’est une expérience de pensée hautement intéressante qui mène à une flopées de raisonnements tous plus passionnants les uns que les autres (toute la réflexion qui inclut la métaphysique du monde des idées trahis par la représentation des artistes par exemple). Platon réduit les individus à des fonctions, pour que celles ci soient effectués avec le plus d’efficacité possible, pour contribuer au bonheur et rayonnement de la cité. Il dépossède les individus de leur choix de destin, de leurs biens, pour un but grand et commun. Tout appartient à tout le monde, et tout le monde appartient à tout le monde. Pour Platon, une « éducation parfaite » peut créer une société parfaite. C’est sans doute cet aspect qui me semble le plus poussif dans l’ensemble de ses raisonnements, mais la démarche est grandiose. Les accusations qui ont été faites a posteriori sur le fascisme négligent évidemment le but que poursuivent Platon et Socrate, et oublient quel sorte de philosophie ils pratiquaient.

Les circonvolutions des dialogues ne sont pas toujours faciles à suivre, et la lecture s’en retrouve affectée. Aussi, je n’ai pas pu apprécié La République autant que Le Banquet pour cette raison, la lecture a été laborieuse à certains points (le livre IX par exemple, interminable).

Maximes et réflexions diverses
7.8

Maximes et réflexions diverses (1664)

Sortie : 1664 (France). Essai, Art de vivre & spiritualité

livre de François de la Rochefoucauld

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Décembre 2016 / Lu.

Lucide et clairvoyant, acide mais pardonnant.

Petit florilège :

XXII : "La philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir. Mais les maux présents triomphent d’elle"

XXXI : "Si nous n’avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres."

LXIV : "La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal."

CXLIX : "Le refus des louanges est un désir d’être loué deux fois."

CLXVIII : "L’espérance, toute trompeuse qu’elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable."

CCXVIII : "L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu."

CDXXXVI : "Il est plus aisé de connaître l’homme en général que de connaître un homme en particulier."

CDLI : "Il n’y a point de sots si incommodes que ceux qui ont de l’esprit."

Rubayat
8.3

Rubayat (1131)

(traduction Armand Robin)

Sortie : 15 novembre 1994 (France). Poésie

livre de Omar Khayam

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Décembre 2016 / Lu.

Omar Ali-Shah prétend que Khayyam métaphorise son amour de Dieu par l'ivresse. Le vin n'est pas la boisson mais la pensée dirigé vers Dieu, qui mène à l'extase. Selon lui la thèse selon laquelle Khayyam était un buveur invétéré provient d'une méconnaissance de la philosophie Soufi (essentielle pourtant pour interpréter la pensée de Khayyam) des traducteurs occidentaux peux soucieux de réellement comprendre le texte.

Que Ali-Shah (l'un des premier à avoir proposé cette interprétation soufi) est raison ou non n'enlève rien à la beauté simple du texte de Khayyam.

"Debout! pourquoi pleurer ce monde humain qui passe?
Vis chaque jour dans la gratitude et dans la joie.
Si l'humanité avait été libérée du sein et de la tombe,
quand ton tour serait-il venu de vivre et d'aimer?"

Les Aventures d'Alice au pays des merveilles
7.8

Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865)

(traduction Jacques Papy)

Alice's Adventures in Wonderland

Sortie : 1865 (Royaume-Uni). Roman, Jeunesse

livre de Lewis Carroll

Woozz a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Décembre 2016 / Lu.

Ode au rêve, à l'imagination, à l'enfance. Le bestiaire imaginaire de Carroll ravie, interpelle, mais ne déconcerte pas. En effet, l'univers d'Alice n'est pas absurde ; il a sa propre logique. Aussi, Carroll ne verse jamais dans l'aléatoire, et les évènements s'enchainent "naturellement", dans la logique de l'univers.

C'est tout à fait le genre de livres que je lirai à mes gosses pour qu'ils s'endorment.

L'Été
7.5

L'Été (1954)

Sortie : 1954 (France). Recueil de nouvelles

livre de Albert Camus

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Décembre 2016 / Lu.

L’été. La lumière, si chère à Camus. L’Algérie, Oran et Alger, villes jumelles mais enemies. Ses divagations sont si sublimes, subtiles. Ces mots glissent, ses images passent et s’en vont, se succèdent dans un flot de belles pensées. Une phrase, une idée.

Les Amandier et L’énigme sont deux textes très court, mais d’une puissance folle. Tout le mal moderne y est contenu. Camus croque l’essence même d’un malaise qu’il perçoit comme personne, et ce en quelques lignes.

Certains texte, bien que toujours magnifiquement écrit, m’emporte un peu moins : celui sur Oran ou Tipasa, ou bien celui sur la mer (comportant néanmoins quelques passages divins, mais globalement moins intéressants).

Dagon et autres nouvelles de terreurs
7.8

Dagon et autres nouvelles de terreurs (1965)

(traduction Paule Pérez)

Dagon and Others Macabres Tales

Sortie : janvier 1970 (France). Recueil de nouvelles, Roman

livre de Howard Phillips Lovecraft

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Décembre 2016 - Janvier 2017 / Lu.

Probablement mon recueil préféré des nouvelles de Lovecraft, parce que c’est le plus éclectique. La palette du misanthrope est ici très diverse et donne un aperçu de certains de ses aspects qu’on connait peu: à la fois terrestre, cosmique, ou métaphysique (par le rêve en général), Lovecraft traîte du mal, de l’étrange, mais aussi de l’inattendu ou du merveilleux ; alors qu’il est systématiquement associé aux ténèbres et à l’épouvante, il est parfaitement capable d’être dans un tout autre registre. Le point commun est toujours le même : la quête de sens, pour le monde et pour soi.

J’ai remarqué une mécanique intéressante qu’on retrouve quasi-systématiquement. Lovecraft laisse toujours planner le doute sur l’existence du fantastique : il y a toujours en fin de nouvelle un rappel au réel, qui sous-entend qu’une hallucination a eu lieu, et donc que les faits relatés ne sont qu’une pure construction de l’esprit ; mais systématiquement, il laisse une dernière porte ouverte: pour les esprits cartésiens, les univers extra-cosmiques décries ne peuvent pas exister, mais pour celui qui met un peu du siens, ils sont accessibles. C’est ainsi que Lovecraft créé ses ponts entre le réel et le fictif.

Le Citron
7.6

Le Citron (1931)

Remon

Sortie : 1931. Recueil de nouvelles

livre de Motojirō Kajii

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Décembre 2016 / Lu.

Le Citron se dévore d’une traite. Bien que les nouvelles ne soient pas connectés, on sent tout de même qu’on a affaire à la même personne, qu’il y a un élément quelque peu autobiographique au milieu de l’anonymat des narrateurs. Marqué par la maladie, les malaises, la tristesse d’âme et les changements d’humeur que chacun peut connaitre, il cherche à toucher du doigt l’imperceptible, l’ineffable de la beauté du quotidien et des objets simples : un citron, une grenouille, une ombre, un chat, un petit court d’eau. Voir et entendre, sentir le beau sous n’importe quel forme. Kajii nous apprends à observer, à se mettre à l’arrière plan pour assister au spectacle du beau quotidien, et ce malgré les crasses que la vie peut parfois nous faire.

Lettre à Ménécée
7.5

Lettre à Ménécée

(traduction Delattre Biencourt)

Sortie : 1 avril 2021 (France). Art de vivre & spiritualité, Philosophie

livre de Épicure

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Janvier 2017 / Lu.

On reste beaucoup sur sa faim : c'est si court, beaucoup de points restent un peu obscurs si on ne connait pas bien d'abord les travaux des Épicuriens qui ont suivi le fondateur de l'École du Jardin.

Contrairement à Platon, Épicure prône la recherche permanente et totale du plaisir, sous toutes ces formes. Pour lui, le plaisir est une finalité, qui mène à la vertu. Mais la notion de plaisir est complexe, elle nécessite un examen minutieux de ces aboutissants. Plaisir et douleur, voilà donc de quoi la vie est faite. L'absence de l'un laisse le terrain à l'autre, l'un ne peut cohabiter avec l'autre etc. La binarité de la réflexion est un peu décevante, mais semble naitre d'une conception du monde propre aux Grecs, puisqu'on retrouve le même genre de raisonnement chez Platon.

Ses réflexions sur la mort que l'on vainc par la logique permettent une conception de l'existence plus heureuse. Mais je crois que l'idée que je préfère chez lui c'est celle des Dieux matériels qui ne se soucient pas des Hommes ; le bien et le mal surgissent non pas à cause des Dieux eux même (qui sont parfaits par essence), mais à cause de la conception que les Hommes se font d'eux : quand nous adoptons une attitude conforme à la nature de ces Dieux, alors nait le bien. A l'inverse, si nous allons a contrario de leurs nature (tout en pensant aller dans le bon sens), le mal peut alors naître.

Le Metteur en scène polonais
7.6

Le Metteur en scène polonais (2015)

Sortie : 27 août 2015. Roman

livre de Antoine Mouton

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier 2017 / Lu.

L'idée maitresse (et diablement efficace) de ce livre, c'est qu'il se réécrit au fil des pages, tout comme la pièce qu'adapte le metteur en scène polonais. L'écriture en tourbillon de Mouton (on tombe successivement dans ces tourbillons de répétitions, on y tourne 10 fois, puis on en sort et on y re-rentre, pour comprendre que le tourbillon ne tourne pas de la même manière), fais echo à l'objet de la folie de notre metteur en scène. Le lecteur lui aussi, devient fou. Les étrangetés des premières pages se changent en soupçons, puis les soupçons se confirment. La folie devient réel.

L'idée est très chouette, l'écriture folle et drôle, alors Le metteur en scène polonais se dévore d'un coup, comme un œuf dur. Ravissant, je crois que c'est le mot qui convient.

"Un spectacle qui ne tue personnes n'est pas un spectacle vivant."

De la liberté
6.8

De la liberté

Sortie : mai 2005 (France). Essai, Philosophie

livre de Épictète

Woozz a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier 2017 / Lu.

Epictète base son modèle philosophique sur la réflexion suivante: si il y a une chose qu’on ne peut pas nous enlever, c’est bien la liberté. Celle de l’indépendance d’esprit, celle de l’assentiment, et plus radicalement, celle du contrôle sur sa vie ou mort. Aussi considère-t-il le suicide comme une solution noble et digne, en prenant l’exemple de Socrates: que serait-il rester de sa pensée s’il s’était défilé devant ses juges? La cohérence et l’honnêteté intellectuelle, valeurs on ne peut plus Socratiques, l’oblige a accepter la sentence de mort.

Placer la liberté au centre de la condition de l’homme, en tant que ressource ultime d’émancipation implique que nous ne soyons pas libre de nature. Toute cette libération et émancipation de l’esprit ne peut se construire qu’à partir de ce constat, et cette libération doit être totale : en effet, Epictète est obsédé par la notion de maître et esclave. Selon lui, tout homme est esclave des gens qui l’entourent (y compris sa famille et ses amis), de sa recherche de la gloire ou la fortune, de ses ambitions etc. Il faut se tenir loin des affaires publiques et retourner à la nature dit-il. Mais cette philosophie est très dure. Il y a une forme de violence dans la résignation et l’anticonformisme permanent qu’il prône. Epictète parle même d’invectiver les passants pour les forcer à prendre conscience de leur condition d’esclave naturel des choses et des gens, ou accepter sans broncher les coups des fâcheux. Même si pratiquement, la philosophie d’Epictète me parait être une impasse pour la société (parce que d’une part, s’éloignant à mon avis de la tradition dialectique de Socrates, et d’autre part, prône un isolement total), elle a le mérite de proposer une rupture contre un orde établi, et de poser une base de réflexion sur ce qu’est un homme libre.

La Condition humaine
7.1

La Condition humaine (1933)

Sortie : 1933 (France). Roman

livre de André Malraux

Woozz a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier - Février 2017 / Lu.

Il m’aura bien fallu 150 pages avant de commencer à sentir quelque chose, à adhérer au lyrisme compliqué de Malraux. Parce que sa prose est parfois obscur et j’ai l’impression qu’il rend les choses artificiellement compliquées à certains moments, très prétentieusement… mais ça fini par marcher, et quelques passage (particulièrement dans les dernières parties) rattrapent largement les passages plus lourds et ennuyeux du début.

Dans La Condition Humaine, la petite histoire rejoint la grande. Il est sans cesse question du sacrifice pour la cause, de la quête de sens, de la dignité, du paradoxe de l’absurdité de la souffrance, inutile mais inévitable. Tout ce que Kyo, Chen et Katow tentent, c’est pour une cause qu’il ne verrons pas vaincre. Et c’est là que réside leur force: la résignation qui a déjà dévoré le désir de vivre, c'est ce qui les rends plus déterminés et dangereux. Sur ce constat se construisent plusieurs réflexion sur l’attachment, que ce soit par un amour sentimental, paternel ou amical. En soubassement, Malraux dissémine une satire de la présence française en Chine, et des jeux politiques qui s’y opèrent.

Gisors est définitivement mon personnage préféré, sage poète endormi et soulagé par l’opium.

Le Livre des morts tibétain
7.3

Le Livre des morts tibétain

Bardo-Thödol

Sortie : 1 octobre 1981 (France). Essai, Art de vivre & spiritualité

livre de Padmasambhava et Yeshe Tsogyal

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Janvier - Février 2017 / Lu.

J’avais envie de me lancer dans la lecture de textes de spiritualité fondateurs, je commence ici totalement par hasard.

Le Bardo-Thödol est le texte sacré qui doit libérer toutes les âmes des « états intermédiaires » qui succèdent à la mort, avant une éventuelle réincarnation. Le Lama exhorte le mort de reconnaitre la Lumière en lui, la Vacuité qui forme tout, et de faire corps avec Buddha. La philosophie bouddhiste est remarquable sur ce point: il n’y a en fait rien d’extérieur à l’homme, le salut doit forcément venir d’un travail sur soi même. Cet aspect ouvre une perspective sur la pensée bouddhiste et sur la conception du monde par cette religion.

L’aspect mythologique devrait me passionner, mais il est trop complexe et dense pour que je puisse l’appréhender sans connaissances préalable: on nous parle des 4 Bouddhas, des Bodhisattvas, de Ratnasambhava, de Garuda, et des dizaines d’autres termes inaccessible pour le néophyte. Ça n’enlève qu’une partie de l’intérêt qu’on peut avoir pour le Bardo-Thödol, car sa portée est principalement métaphysique et psychologique.

Les Dimanches de Jean Dézert
7.8

Les Dimanches de Jean Dézert (1914)

Sortie : 1914 (France). Roman

livre de Jean de La Ville de Mirmont

Woozz a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février 2017 / Lu.

Quelle délicatesse, quelle finesse, quelle simplicité. Tout est ravissant dans l'écriture de Jean de la Ville de Mirmont: le désespoir banal et la résignation de Jean Dézert, ses aventures ineptes, son amourette sans saveur et vide, sa vie bête et tranquille. Rarement j'ai lu un livre avec autant de passion pour le simple et le banal. La beauté émerge au détriment de Jean Dézert, qu'on ne peut qu'aimer passionnément, au double pour combler son propre manque de passion.

J'ai toujours eu une fascination prononcé pour les auteurs talentueux morts très jeunes : Radiguet, Kajii Motojirō, Jarry... Il faut décupler sa passion pour leur œuvre, puisqu'il n'y a que peu de choses à découvrir.

Tao-tö king
7.9

Tao-tö king

(traduction Liou Kia-hway)

道德經

Sortie : 1990 (France). Essai, Art de vivre & spiritualité, Philosophie

livre de Lao-Tseu (Laozi)

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Février 2017 / Lu.

Il y a une différence fondamentale (et évidente) de méthode dans la philosophie Orientale quand on l'oppose à l'Occidentale. Les textes ne sont pas moins profonds, imposants et importants, mais leur forme est radicalement différente. Alors que l'Occident développe, argumente, précise, étoffe son propos, l'Orient simplifie, dépouille, minimalise. Cette méthode est déroutante, car beaucoup de choses resent vague. Les aphorismes de Lao Tseu me paraissent parfois obscure, difficile, contradictoire. Mais je crois aussi que c'est un élément essentiel de sa philosophie. La voie et la vertu ne s'apprennent pas dans son œuvre, c'est un travail intérieur et une réflexion sur soi même.

Il est bien évident que cette constatation vient d'une connaissance plus que superficielle de ce que sont la philosophie Orientale et Occidentale, je suis peut être totalement à coté de la plaque.

Au delà de ma tentative raté de produire quelque chose de sensé,
le Tao Tö King m'a marqué, pour cette capacité d'ouvrir une perspective simple et essentiel, sur le monde, les autres et soi même. Peu de livres peuvent se targuer de réussir à contenir tant dans si peu de mots.

"La où manque la foi, la foi vient à manquer"

Poétique
7.3

Poétique (-335)

(traduction Barbara Gernez)

Perì poiêtikês

Sortie : 1997 (France). Essai, Philosophie

livre de Aristote

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Février 2017 / Lu.

Le style du traité est lourd et descriptif, en particulier les passages sur la grammaire. Mais la démarche est superbe ; c'est ce qui m'impressionne le plus, cette volonté de tout décrire, tout répertorier et tout comprendre.

Le contenu lui même est loin d'être dénué d'intérêt: Aristote pose les bases de la construction narrative. C'est évidemment primitif et truffé de règles qui nous paraissent absconse, mais l'essence de comment raconter une histoire est déjà là.

Protagoras
7.3

Protagoras

Essai, Philosophie

livre de Platon

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février 2017 / Lu.

Socrate plus ironique que jamais. Dans ce dialogue, il est surtout question de vertu et de sa nature. Pour Socrate, la vertu est une science (donc une connaissance), qu’elle peut donc s’enseigner ; elle est en outre une dénomination commune pour la justice, la piété, la sagesse etc., qui sont donc une seule et unique chose en vérité, une ligne de conduite qui tend vers ce Beau et ce Juste qui lui tiennent tant à cœur. Il y a donc par de fait même la réaffirmation que l’homme ne peut pas faire le mal de son plein gré, thèse Socratique essentiel s’il en est.

Le tout n’est pas vraiment de savoir si dans la pratique, Socrate a raison. Le tout est de le voir défendre une thèse et amener vers le questionnement des certitudes. Au fil des dialogues, un système de pensée et de représentation du monde se construit, et le lecteur complète les pièces qui lui manque au fil de ces lectures.

Ces petites séances de question réponses, où Socrates glisse doucement pour amener l’interlocuteur dans son piège dialectique, pour ensuite s’étonner que les choses soient incohérentes, c’est quand même brillant.

Woozz

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