Mon Top 1952

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Mon Dieu c'est pas humain ce truc, encore plus beau et déchirant que "Le Voleur de bicyclette". Y'a des œuvres qui comme ça, en un plan, te déchirent le cœur, et là je vais vous dire, je ne me suis toujours pas remis d'avoir vu ce petit chien faire la manche.

NB : Dorénavant ma vie va se compliquer, si je croise dans la rue un truc au bout d'une laisse qui ressemble à Flike, je vais entendre la musique d'Alessandro Cicognini et fondre en larmes.

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Ça y est je l'ai donc revu, d'une part parce que je ne m'en souvenais que très peu et surtout parce que l'occasion était trop belle après la très très grosse surprise Oliver Hermanus qui m'a réellement épaté avec son remake que je pensais pourtant ni fait ni à faire.

Alors non le problème n'est pas de savoir si l'un des deux films est meilleur que l'autre, d'un côté l'un des plus grands réalisateurs de tous les temps de l'autre quelqu'un qui se sent parfois un peu obligé (Je ne parle pas là de ce qu'Hermanus a fait sur "Vivre" mais précédemment) de faire le malin, le débat est donc tranché et n'a en réalité pas lieu d'être.

Mais en revoyant ce Kurosawa j'ai bien entendu pris une grosse claque, la composition du récit, les thèmes abordés et bien entendu la précision et la fluidité de la mise en scène, tout y est quasiment parfait, mais aussi mesuré à quel point la version de 2022 était intelligemment construite, comment les coupes (Une quarantaine de minutes tout de même) avaient été arbitrées, sans que l'histoire ne perde finalement trop de sa puissance, y compris émotionnelle.

Mais je n'en dis pas plus afin de ne pas gâcher le plaisir de ceux qui voudraient s'amuser à ce même jeu des comparaisons.

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Dans la série "J'suis une quiche en westerns et je continue de combler mes lacunes", je voudrais ce truc qui m'a sidéré par sa beauté plastique, son récit ramassé et tendu, sa noirceur et son nihilisme absolus tenus de bout en bout, son duo Gary Cooper - Grace Kelly. Tout simplement grandiose...

https://youtu.be/Ty6E6lVqAk0
https://youtu.be/5an9OuXKxBw

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On reste chez Simenon pour certainement l'un de mes Gabin préférés. "La Vérité sur Bébé Donge" commence comme une bluette et glisse peu à peu vers le mélodrame psychologique et le thriller horrifique.

Usant de flash-backs, Henri Decoin nous amènera par pastilles successives à comprendre ce qui a mené François Donge à sa perte, et la relative douceur des débuts, la lumière, la beauté solaire d'une Danielle Darrieux s'atténueront peu à peu pour laisser place à une noirceur absolue.

Un film à la cruauté vertigineuse...

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Ce "Gouffre aux chimères" est littéralement fascinant de noirceur et de nihilisme. Billy Wilder l'a produit lui-même et on peut facilement imaginer pourquoi et ce qu'il aurait été si Hollywood avait eu le final cut. Une seule chose intéresse Wilder, démontrer un peu plus à chaque scène la vilenie de l'être humain.

Arrivisme, voyeurisme, et autres joyeusetés en -isme, oui oui chacun était déjà une pourriture potentielle il y a presque 70 ans. Et p.... qu'il était grand le Kirk !

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"Casque d'or" est une pure tragédie grecque et un film de mafieux avant l’heure. La mise en scène de Jacques Becker est d'une élégance folle, le scénario est malin à souhait, le rythme effréné, les seconds rôles savoureux. Et que dire de ce duo Signoret - Reggiani, beau, pétillant, bouleversant.

NB : Avant que la petite saleté qui était à mes côtés lors du visionnage prenne un plaisir sadique à venir me dénoncer, je préfère tout avouer, à la fin j'ai chialé comme une m.....

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Un film qui porte si bien son titre. Le plaisir de voir Max Ophüls adapter Maupassant en faisant du Ophüls, donc le plaisir de voir la caméra épouser les espaces, les paysages, la légèreté comme la gravité, le jeu d'acteurs qui eux aussi semblent en prendre beaucoup, du... plaisir.

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Typique du pur bonheur à vous faire passer en mode vieux machin qui hurle à qui veut bien l'entendre « C'était mieux avant ». Parce que Mankiewicz for Ever, parce que Cary Grant apte à remettre mon hétérosexualité en question, parce qu'une vivacité et une modernité dingues, parce que des dialogues qui pétillent, de drôlerie et d'esprit. Parce que le cinéma...

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Mikio Naruse signe là une chronique familiale digne des plus beaux Ozu, qui sous sa simplicité apparente cache une grande richesse. Beaucoup de thèmes sont convoqués mais rien n'est asséné, et si comme dans de nombreux films japonais de l'époque le traumatisme de l'après-guerre est évoqué, c'est par de petites touches subtiles.

Subtilité, c'est d'ailleurs ce qui caractérise l'ensemble du film, car si c'est un mélo, c'est un mélo qui même dans sa description d'une mère sacrificielle refuse le misérabilisme facile.

Kinuyo Tanaka incarne magnifiquement cette femme, et si un an plus tard elle entamera sa carrière de (formidable) réalisatrice, on peut penser que cette "Mère" sera dans un coin de sa tête au moment de diriger le déchirant "Maternité éternelle".

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Comment ce film peut-il être si méconnu ? Sa manière d'aborder l'apartheid est d'une extrême finesse et intelligence, sa réflexion sur la réconciliation possible, l'évolution des pensées, ne fait jamais dans l'angélisme, les protagonistes sont d'une grande richesse et complexité. Ça c'est pour le fond, et la forme est également très convaincante avec son montage ultra-nerveux, sa mise en scène discrète et élégante, quant à l'interprétation elle est tout en équilibre. Ah oui au fait il y a un certain Sidney Poitier.

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Ça débute comme "L'Évangile selon Saint Matthieu" de Pasolini puis ça devient nettement plus personnel et fulgurant en terme de mise en scène dans la deuxième partie.

Et il y a Orson Welles, aussi fou devant que derrière la caméra. Si Shakespeare avait pris de l'acide....

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A chaque découverte d'un film de Julien Duvivier je suis sidéré par sa modernité.

Et même si ce n'est ici certainement pas son meilleur, encore une fois quelle inventivité, quel plaisir communicatif de faire du cinéma, d'être un artisan au sens noble du terme.

On assiste et on participe en même temps à un véritable jeu entre Duvivier et son co-scénariste Henri Jeanson qui s'amusent à créer le film au fur et à mesure, de son récit à sa réalisation. Ils ajoutent, retranchent, complexifient, allègent, agrémentent. En résumé c'est de la mise en abyme participative et tellement généreuse.

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La filmographie de George Stevens fut hétéroclite et impossible à définir, pour le meilleur et pour le pire. Le pire quand il massacra honteusement Anne Frank ou quand il s'attaqua au western et à la comédie musicale, le meilleur avec des films pas forcément très connus et en particulier des romances, comiques ("Mariage incognito") ou non ("La Justice des hommes").

Et c'est à nouveau dans ce genre qu'il connut un franc succès en remportant six Oscars avec cette "Place au soleil" aussi politique que romantique. La réalisation est solide, le récit parfaitement orchestré et que dire de l'interprétation. Jugez plutôt : Montgomery Clift, Elizabeth Taylor, Shelley Winters, a priori avec un trio pareil peu de chance d'aller dans le mur. Une vraie belle réussite que n'aurait pas renié un certain Elia Kazan...

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Très bon western signé par un spécialiste du genre, Anthony Mann, "Les Affameurs" est tout autant un film d'aventure au ton étonnamment léger alors qu'il traite de sujets qui eux ne le sont pas. Ça va vite, c'est bourré de rebondissements et là pas de problème niveau casting, James Stewart est une machine et emporte tout le monde dans son sillage.

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Quel plaisir d'enfin découvrir ce film, dans une magnifique copie restaurée, de déguster ce beau et subtil portrait de femme doublé d'une critique peu amène de l'industrie du cinéma. Et voir Anna Magnani sur grand écran c'est toujours un moment qui ne peut s'oublier.

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Forcément on ne peut regarder cette œuvre culte sans penser à sa charge symbolique, politique, et même historique, et pourtant si on le prend tout nu, déchargé de toute parabole, c'est déjà une formidable petite série B, une pure friandise. Un bon film donc, et un film important.

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Typiquement le genre de western que j'aime, parce que la psychologie y est essentielle. Et aussi parce que Raoul Walsh est aux manettes et Kirk Douglas devant la caméra.

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On a souvent tendance à parler de l'élégance de Mankiewicz mais il ne faudrait pas oublier à quel point le Jojo savait y adjoindre une efficacité redoutable quand il se frottait au film de genre. Cette "Affaire Cicéron" en est une belle preuve, avec ses personnages troubles, son rythme endiablé, ses retournements de situation. En résumé un film d'espionnage qui reste d'une grande modernité, comme la classe affolante de Danielle Darrieux.

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Habituellement pas très client de ce genre de film je dois dire que je me suis régalé avec ce "Scaramouche". Trépidant, drôle, pétillant...

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"Rapt" c'est un peu 'Un monde parfait" d'Eastwood tourné à la manière d'un film noir. C'est simple, fluide, émouvant. Et c'est aussi Dirk Bogarde, encore tout jeune dans le métier mais déjà terriblement charismatique.

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J'avais totalement oublié à quel point "Un tramway nommé désir" allait naviguer du côté du huis-clos claustro tendance "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" et donc "Chut... Chut... Chère Charlotte".

Je gardais le souvenir d'un pur drame psychologique et pourtant la mise en scène d'Elia Kazan a tous les codes du cinéma d'horreur avec son travail sur les gros et les arrière-plans, les ombres, la géométrie des lieux.

C'est noir, très noir, ça ne fait pas franchement dans la dentelle, mais il y a ce texte de Tennessee Williams qui travaille au corps tel un boxeur, et cette atmosphère inquiétante, oppressante qui ne vous lâche pas durant 2 heures.

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Si on veut comprendre (ou pas) et poursuivre ce dont parle Maurice Lemaître dans ses "Films imaginaires" il faut se tourner vers le créateur du lettrisme en personne, Isidore Isou, qui ici propose un traité, un essai sur le contrepoint au cinéma, le son étant désynchronisé de l'image. On n'illustre pas, on montre, on poétise, on "manifeste lettristement".

A la base ce film durait 4h30, il fut réduit à 2h04, ça pourrait en durer 10 ou 20, et ceci n'a en réalité aucune importance puisqu'il s'agit ici de signifier la destruction du cinéma en tant qu'art codé.

Objet hypnotisant, fascinant, branlette intellectuelle, c'est selon...

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Plus costaud que le faiseur Hathaway, je veux parler de la référence es western pour beaucoup, mais pas manchot non plus quand il se frottait à d'autres genres : Monsieur John Ford.

Mais là surprise car il va sur un terrain où on ne l'attend pas vraiment, la comédie romantique, dont il respecte les codes avec une bonne dose d'humour et de légèreté, tout en apportant une vraie réflexion politique, sur la réussite sociale et la supériorité de fait par la seule force de l'argent. John Wayne a toujours été excellent dans ce genre de rôle, et Maureen O'Hara lui donne la réplique avec une énergie comique déconcertante.

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Autre version restaurée, elle déjà sur les écrans depuis ce mercredi, pour un film nettement moins connu et bien plus anodin que le Téchiné.

Anodin et pourtant assez délicieux, léger. Il s'agit d'une de ces comédies franco-italiennes comme on en a tant vu des années 50 aux années 70, les personnages, les acteurs, les langues des deux pays cohabitent, on y croise Marcello Mastroianni et Yves Montand.

Il n'y a dans ce film choral pas plus d'enjeu pour les protagonistes que pour le spectateur, si ce n'est celui de flâner et de prendre du bon temps.

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Toujours aussi peu client de l'humour d'Alexander Mackendrick mais ici il y a autre chose, une charge bien sentie contre le capitalisme, contre le consumérisme, surtout si l'on prend en considération qu'on est en 1951. Et à la fin ce clin d’œil malicieux à "Frankenstein"...

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Je ne gardais que peu de souvenirs de ce "Manon des sources" et je dois avouer que j'y suis retourné à reculons. D'où ma bonne surprise devant ce film tellement moins vieillot et dans le pathos que l'affreuse version que Claude Berri pondra 34 ans plus tard. Le vrai bémol : Jacqueline Pagnol et son jeu assez "gênant".

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J'en profite pour noter un autre René Clément que j'ai enfin pu revoir, et qui montre à quel point notre perception de l'art évolue avec les années, ce qui devrait nous encourager à la modestie dans nos avis parfois bien définitifs.

En effet je ne me souvenais pas à quel point la scène d'ouverture (Le bombardement) était saisissant et surtout un prodige de mise en scène, mais aussi à quel point le reste était outré, pompeux, à la limite du risible. Et cette musique, p... cette musique qui surligne surligne surligne.

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Malgré mon admiration pour Vincente Minnelli je ne suis pas forcément un grand grand fan du genre. Mais en revanche pour les yeux pleins de larmes de Leslie Caron, je fonds.

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René Clair toujours mais cette fois dans un exercice bien plus original et ambitieux. Parler de la dépression sans en parler, en convoquant le fantastique et la comédie, Gérard Philipe formidable, des rebondissements et des idées toutes les 20 secondes.

Tout est réuni pour faire un grand film et pourtant j'ai eu assez rapidement l'impression de voir un bout-à-bout de scènes, presque de sketchs. Frustrant.