Mon Top 1967

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L'ombre d'un Demy (et d'un Legrand) plane le temps d'une scène sublime :
Une voiture tourne sur un podium, puis dans le bolide coupée en deux, Marc (Jean-Pierre Léaud, en état de grâce) et Michèle (Catherine-Isabelle Duport) se font face, avant d'enfourcher un scooter.

Le tout baignant dans un sublime Noir & blanc "Nouvelle Vague"... et une partition musicale à tirer les larmes...

"Vide toujours (ou faut-il entendre vie de toujours ?), autour de nous, malgré nous, que l'on fuit chaque jour..."

http://youtu.be/OQRZxxuPvZg

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http://youtu.be/poBN4_0UieA

En 1967, Demy et Legrand nous content les chassés-croisés amoureux des jumelles Garnier, Delphine et Solange.

Sœurs à la ville et à l'écran, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac (qui décédera trois mois après la sortie du film) chantent, dansent, fument (et pas des cigarettes électroniques), cherchent l'amour...

J'ai rencontré ces "Demoiselles de Rochefort" bien plus tard que "Les Parapluies de Cherbourg" mais ce monde baigné de couleurs, ces chorégraphies féériques, ces airs mélancoliques m'ont ému autant qu'ils m'ont fait aimer la vie.

Pour cette BO empreinte de nostalgie et de folie, Michel Legrand sera nommé aux Oscars.

http://youtu.be/WGlfkX3886Q
http://youtu.be/uopjMuYY3F8
http://youtu.be/lp41bjlLS4U
http://youtu.be/7Zqcb0zLgvM
http://youtu.be/oRIB-q76arM
http://www.youtube.com/watch?v=cyP_uffkrrM&feature=share&list=PLLqhTgECPggNhxhgfzX9IcZQz4rBTh5TP
http://youtu.be/E54oL26ZnyQ
http://youtu.be/mwS_f5QgZKY
http://youtu.be/pgyO51Fe9_8
http://www.youtube.com/watch?v=YIqNbwLvfKM&feature=share&list=PLLqhTgECPggNhxhgfzX9IcZQz4rBTh5TP
http://youtu.be/HNzK3HNyqyI
http://youtu.be/KUzSvmy0eZA

Pour ceux qui ont un petit faible pour le tandem Demy / Legrand, ne passez pas à côté de cette merveille : http://youtu.be/fIV4DWbms44

Et parce que je les aime passionnément, je leur consacre une liste : http://www.senscritique.com/liste/Jacques_Demy_et_Michel_Legrand_Des_la_premiere_note_je_chial/248036

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Oui "Happy End" c'est de l'expérimental, oui c'est de la folie, oui on passe 71 minutes à se demander ce qu'on est en train de regarder et à tenter de décrypter la technique.

Mais avant tout "Happy End" est ludique, on se marre, on prend un pied phénoménal, et on finit en se disant que tant qu'il nous restera des films comme ça à découvrir notre amour du cinéma restera intact.

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Cette adaptation de Diderot par Rivette, surtout connue pour avoir été interdite * par le pouvoir gaulliste de l'époque puis assortie d’une interdiction aux moins de 18 ans, est une œuvre sèche, austère, d’une puissance incroyable.

Anna Karina y est bouleversante et la version restaurée est splendide.

* A cette occasion Jean-Luc Godard fit publier une lettre ouverte dans Le Nouvel Observateur, s'adressant à André Malraux en ces termes : « Monsieur le ministre de la Kultur... ».

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A peine le The End disparu de l'écran, un cri retentit dans la pièce. C'est le vieux con qui n'a pu réfréner un « C'était mieux avant ». Il a honte le vieux bien entendu, car déjà rien que quand il le pense il se déteste, alors là de l'avoir verbalisé, chargé de décibels et devant témoin...

Il n'a plus qu'un recours le vieux, se tourner vers la jeune : « Tu as vu l'exigence qu'on portait à l'écriture d'une comédie romantique à l'époque, la qualité des dialogues, cet humour débridé et intelligent, ce sens du burlesque, trop forts ces Anglais, et Audrey Hepburn, avec ce mélange de décontraction et de sophistication, Albert Finney, la cool attitude et le charme à l'état pur. Même les personnages secondaires existent. Et ces décors, ces costumes.................. Tu as vu ? »

La jeune sait que le vieux est vieux, alors elle acquiesce, pour ne pas le contrarier, et surtout parce qu'elle sait que si elle a le malheur d'émettre une seule réserve, elle remettra une pièce dans le juke-box et il repartira pour un tour le vieux.

Alors la jeune dit au vieux : « Calme-toi mon chéri, tu veux un petit apéritif ? Du blanc, du rouge ? »

Elle passe alors à la cuisine, et tandis qu'elle ouvre une bouteille de gouttes de Dieu, elle songe au jour béni où le vieux sera enfin à l'EHPAD. Elle s'imagine déjà taper Romance dans le moteur de recherche Netflix, s'affaler dans son canapé avec comme compagnons une Häagen-Dazs et un plaid.

Elle sourit la jeune, perdue dans ses pensées, quand soudain, venant du salon elle entend le vieux lui lancer : « Et si ce soir on regardait un Apichatpong Weerasethakul ? »

Ça va quand même être long, très long d'ici l'EHPAD...

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"Propriété interdite" est l'antidote parfait à "Nos plus belles années", Pollack se faisant politique, osant se frotter à la cruauté et au vice, Nathalie Wood, belle et fragile (Tout ce que j'exprimerais entre ces parenthèses me vaudrait des "feedbacks #MeeToo" donc je ne dirais pas que c'est honteux d'être aussi sublime et incandescente), rappelant à quel point Barbara Streisand est transparente.

C'est fou, regardez comme Redford est complexe là où ailleurs il fut un bloc de monolithe, parce que oui il y a une différence entre se frotter à la glace et au feu, parce que voir son réalisateur éviter les écueils mélodramatiques d'un Tennessee Williams, ça doit donner envie de se surpasser.

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En règle générale je préfère les adaptations qui trahissent l’œuvre originale, mais ici Richard Brooks a eu le talent et l'intelligence de rester fidèle à Truman Capote tout en se l'appropriant.

Rien de ce qui fait l'essence du roman ne manque, à part bien entendu le style inimitable de Streckfus Persons, l'ambiance jazzy et nihiliste est captée, ce que l'auteur dit de l'inné et de l'acquis est sur la pellicule, la violence des mots n'est en rien éludée.

Bref c'est du grand cinéma qui rend hommage à de l'immense littérature...

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Casting haut de gamme, Jack Lemmon est presque aussi bon que dans "La Garçonnière" et Walter Matthau plus vrai que nature en gros c.. sans foi ni loi, récit d'arnaque qui donne lieu à des situations et rebondissements cocasses, et pas une seconde d'ennui alors qu'on passe quasiment l'intégralité des deux heures enfermé dans un appartement.

Un Billy Wilder étonnamment pas si connu que ça, et pourtant grand grand plaisir...

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Med Hondo était plus connu en tant que voix française d'Eddie Murphy et Morgan Freeman qu'en tant que réalisateur.

Et quel dommage car dès son premier film il frappe fort avec ce "Soleil Ô" qui s'attaque au racisme sans prendre de détour policé, sans s'excuser d'avoir des choses désagréables à dire à la France. Dans le genre frontal je n'avais probablement pas vu aussi puissant depuis "Ali au pays des merveilles" de Djouhra Abouda et Alain Bonnamy.

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Howard Hawks me fascine, capable de se balader de genre en genre avec la même dextérité, et le mec est tellement balaise qu'il est capable de me faire adorer un western.

Bien entendu c'est du classique pur et dur mais fun, avec de l'humour, et cette histoire d'amitié virile si bien traitée. Et voir John Wayne, Robert Mitchum et James Caan se tirer la bourre, quel bonheur !

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Seconde "Mauvaise fréquentation" après "Du côté de Robinson", "Le Père Noël a les yeux bleus" montre lui aussi le sport national à l'époque, la drague de rue, mais de manière moins glauque que le précédent. Ici on préfère en sourire, même si la solitude (psychologique) est probablement le sujet sous-jacent qui passionne le plus Eustache.

Ce "Père Noël a les yeux bleus" peut aussi être vu comme une forme de prologue de "La Maman et la Putain" et pas seulement parce que Jean-Pierre Léaud est déjà là, bouffant la caméra.

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C'est la première fiction de Bertrand Blier, c'est Bertrand Blier avant qu'il ne fasse du Bertrand Blier, c'est Papa Blier sous son aspect moins connu, plus sombre, mais l'homme savait tout jouer, c'est aussi Bruno Cremer, Claude Piéplu et Suzanne Flon, c'est extrêmement étrange, tordu, inquiétant et... vraiment brillant.

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Jean Rouch est LA référence en matière de documentaire, et il suffit de voir ce "Jaguar" pour comprendre pourquoi. Œil acéré, ethnologue hors- pair, sens de la mise en scène. Bref, quand on voit le nombre de docs qui sortent en salles depuis quelques années alors que leur juste place serait tranquillement sur le petit écran, un film comme ça fait rêver.

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Au même titre qu'"Une simple histoire" cet "Octobre à Madrid" est un excellent moyen de découvrir le travail de Marcel Hanoun, vénéré par des réalisateurs tels que Godard, Eustache ou encore Jonas Mekas. De l'expérimental plutôt facile d'accès et surtout qui fait sens, autant geste créatif que politique.

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Sidney Lumet là où je ne l'attendais pas du tout, dans un film de femmes au sens noble du terme. C'est d'une grande modernité à tous les niveaux, avec ce message d'émancipation qui n'était pas si commun en 1966, et ce rythme dingue, cette construction qui va même jusqu'à nous perdre parfois.

Bref c'est une belle saga qui parle amitié, maternité, emprise masculine, et tant d'autres choses, en mêlant le pétillant et l'émouvant.

Et puis p.... y'a J. R. Ewing, et c'était déjà un beau fumier.

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Je passe pas mal de temps avec John Frankenheimer ces derniers jours, pour le pire avec "Paiement cash", mais aussi pour le meilleur avec "Le Pays de la violence" et maintenant ce "Seconds" qui prouve à quel point ce réal pouvait être assez dingue avant de tomber dans les films de commande paresseux et sans la moindre ambition artistique.

Entre folk horror et SF nihiliste il anime un récit aussi barré que philosophique, posant avec une caméra qui se permet tout une question cruciale : que vaut une vie si nous n'en sommes pas maîtres, si nous nous laissons emporter loin de nos rêves initiaux ?

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Avec ce deuxième long Dušan Makavejev franchit un cap dans le moins c'est déchiffrable plus c'est fascinant.

Toujours la même beauté du noir et blanc mais cette fois c'est encore plus furieux, énervé à tous les niveaux. On ne sait pas exactement ce que le garçon veut nous raconter mais on s'en fout un peu tant on se prend d'affection pour cet OFNI politique et grivois traversé par des audaces de mise en scène assez démentes.

On était en 1967, la Nouvelle Vague avait fait des émules un peu partout, des émules plus ou moins sages et appliqués. Dušan Makavejev était clairement à ranger parmi les cancres planqués au fond de la classe à côté du radiateur, pour le plus grand plaisir du spectateur sidéré en observant ce salle gosse hurler sa rage.

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Comme promis hier je reprends et finis mon voyage chez celui avec qui ce n'est pas tous les jours la fête du slip, Monsieur Robert Bresson.

Avec probablement son film que j'aime le moins, ce qui est profondément injuste puisque je m'apprête à faire juste après une déclaration d'amour à quelque chose qui lui ressemble beaucoup. Mais bon là le Robert a poussé tous les curseurs de la misère à fond, à tel point que j'ai parfois eu le sentiment que Jacquou le Croquant pouvait débouler dans l'image à tout moment.

Trêve de plaisanterie, il faudrait que je lise le roman de Bernanos pour voir si cet aspect un peu outré y était déjà, et puis attention hein c'est quand même vachement beau, parce que même s'il en fait des caisses le Robert a l'objectif ravageur.

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Un mélo pur jus, un beau portrait de femme assez osé pour l'époque, des personnages secondaires hauts en couleur, la caméra si délicate de Naruse. Et Yôko Tsukasa, en mode Jackie Kennedy, belle à se damner...

Même si ce fut une réelle émotion de découvrir cet ultime film du maître japonais en salle, je dois avouer une légère déception quant à sa restauration.

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C'est un des charmes des festivals, se taper dès potron-minet, en guise de petit dej, un film que tu aurais déjà dû voir depuis 120 ans mais qui, va savoir pourquoi, t'avait toujours échappé.

Film psychédélique et anar, la Nouvelle Vague tchèque prenait de l'acide et n'avait qu'une exigence envers ses deux Marie, deux des personnages féminins les plus insolents de l'histoire du cinéma : qu'elles soient aussi libres que les images, les plans du joyeux bordel qu'elles traversaient.

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Serge Roullet fut l'assistant de Robert Bresson et ça se sent à chaque plan, dans cette volonté de sécheresse absolue et de refus du spectaculaire. On pense aussi beaucoup au "Trou" de Jean Becker et cette rareté adaptée de la nouvelle de Jean-Paul Sartre sur fond de franquisme est à découvrir absolument.

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Je ne cachais pas hier mes grosses réserves à propos d'un film de Roger Corman, mais cette légère brouille ne pouvait durer longtemps car il est bien là tout le talent d'un de mes chouchous : raconter un truc d'apparence 1000 fois rebattu mais sous un angle différent, parvenir à faire du beau et de l'intense avec beaucoup beaucoup moins de moyens que tant de ses petits camarades.

Cet homme représente beaucoup dans l'histoire du cinéma, et si vous voulez vous régaler jetez-vous sur sa merveilleuse autobiographie "Comment j'ai fait 100 films sans jamais perdre un centime".