School Raoul

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CRITIQUE INSIDE ↑

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Kosztolányi retourne dans la ville imaginaire de Sárszeg où se déroulait déjà Alouette pour nous raconter le quotidien d’une classe de terminale quelques semaines avant et après le Baccalauréat. Ce qui commence comme une chronique très vivement menée de la vie de province, devient peu à peu la tragédie d’un homme confronté à ses illusions de progressiste, se fracassant contre les murs trop épais du monde. Une tragédie sans importance, racontée avec beaucoup de malice et de pessimisme, de laquelle il n’y a même pas lieu de tirer la moindre leçon tant la condition humaine est absurde. De pauvres animaux sans défenses, plongés dans un univers aux coutures trop étroites pour eux.
« Était-il donc ridicule ? Essayons de comprendre. Oui, un peu, mais ce peu-là était incontestable. En premier lieu parce que c’était un être humain, et que tous les êtres humains sont ridicules »

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Avec ses 12 volumes (près de 4000 pages, décidément !), La Ronde de la musique du Temps se propose de peindre les mésaventures de la High Society londonienne entre 1914 et 1975. Il n'en fallait pas plus, j'imagine, pour qu'immédiatement le spectre de Marcel sorte de son caveau familial pour aller voir quel goût avaient les madeleines de l'autre côté de la Manche.
Pauvre Powell, tout de même les critiques français lui ont collé un lourd fardeau sur les épaules. Je ne pense pas qu'il ait eu ce genre de prétention. Enfin, je n'en sais rien, disons que je n'espère pas. Car à la lecture du premier tome (oui oui, c'est un tome, pas un roman) on est loin du génie proustien. Ce qui n'empêche en rien (heureusement) de prendre un certain plaisir à suivre le narrateur dans ces aventures très nonchalantes, entre tasses de thé dans les thurnes à Oxford et ballades sous la pluie en voiture de course, déjeuners mondains dans des maisons pluri-centenaires et vacances linguistiques en Touraine. C'est charmant, c'est léger, terriblement anglais (chouette), complètement futile mais plutôt bien troussé. Ça pourrait être plus drôle, plus méchant, plus ironique, plus palpitant, certes, mais puisqu'il reste 11 volumes à Powell pour reprendre un peu du poil de la bête, je lui laisse le bénéfice du doute. Anthony, vous restez dans le Loft, au moins jusqu'au prochain volume.

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L'écriture de Joyce est déjà impressionnante, incroyablement riche et profonde, mais je ne vois pas trop la place assignée au lecteur dans tout ça. Comme chez Proust (le premier tome de la Recherche est d'ailleurs contemporain) il s'agit de la lente épiphanie d'un jeune homme en route vers sa destinée d'écrivain, mais ici tout est plus ramassé, plus obscur, plus torturé. L'hermétisme ne fait pas peur à Joyce, et cela donne des pages à la fois sublimes et assez impénétrables. La façon dont il agence ce magma intime me subjugue, mais le fond du débat moral (Stephen vit une grave crise de foi, et il devra abandonner la religion pour trouver la force d'être écrivain) me laisse décidément froid et indifférent. Malheureusement pour moi c'est tout de même 75% du roman.

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Ce court roman en forme de chronique/mosaïque (chronimosaïque ?) est un petit peu un envers du décor de la beat generation, une ballade mélancolico-joyeuse en Oregon, off the road, au pays d’une jeunesse tranquille qui ne rêve ni de Californie ni de liberté débridée. Carpenter tient tous ses fils ( = ficelles, mais un peu fistons aussi, tiens) d’une main très sûre, très douce. Il enfile les perles de son collier en chantonnant, un peu en retrait, mais toujours à l’affut d’un geste, d’un silence, d’un sourire, d’une hésitation qui pourraient raconter mieux que des grandes actions le quotidien de ces adolescents ordinaires, sur le point de rentrer dans l’âge adulte. On dirait un bon vieux college movie, avec toutes les figures habituelles : les parias, les timides, les reines de beauté, les forts en thème, les virées nocturnes, les premiers émois. La vie passée si subrepticement qu’il n’en reste plus que ces souvenirs aux bords émoussés, petites boules tièdes qu’on garde au chaud dans les poches de sa mémoire.

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Hmm, sentiment partagé. C'est à la fois superbe et décevant. Peut-être est-ce voulu ? Cette histoire qui tourne court, par la disparition subite de son héros, de son pivot, jeune lycéen sans vrai charisme, sans grand intérêt, mais suffisamment mystérieux dans sa banalité pour fasciner le narrateur, son compagnon de classe. La langue est magnifique, les descriptions impressionnantes, le dispositif narratif pour rendre les méandres de la mémoire très poussé, ça donne une atmosphère directement palpable et persistante. Grass a un don certain pour plonger le lecteur directement au cœur des scènes qu'il relate. Reste une dimension un peu erratique qui m'a gêné : là encore entre 50 et 200 pages, je ne vois pas trop ce que ça rajoute. Le premier quart ferait une sublime nouvelle, après c'est quand même éternellement la même chose, ça affadit beaucoup l’œuvre je trouve.

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Murakami délaisse l’espace d’un roman son univers habituel fait de violence, de solitude et de décadence, pour se replonger dans l’année de ses seize ans. Il n’est pas question pour autant de verser dans l’univers de bisounours, car l’époque est déjà bien cabossée, et son héros nettement paumé entre revendications politiques et dragouilles maladroites. Mais tout est vu et raconté sous le prisme de la nostalgie, pour une innocence forcément déjà condamnée, pour une pureté rêvée qui n’aura pourtant jamais vraiment la possibilité d’exister. Et comme pour préserver cette petite étincelle si fragile, l’auteur la place dans une simple chronique lycéenne, parenthèse un peu étrange entre l’enfance insouciante et l’entrée, forcément traumatisante, dans l’âge adulte.

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A vrai dire, c'est un peu curieux de vouloir faire passer ça pour un roman, c'est très clairement une autobiographie, portant sur les jeunes années de l'auteur. Pour les (trop rares) afficionados du bonhomme, dont je suis, c'est amusant, mais objectivement c'est pas terrible. La problématique de l'apprenti écrivain qui se cherche est un peu rebattue, et Christopher n'a finalement pas grand chose d'original à ajouter. Reste le portrait personnel d'un jeune homme des années 20 qui n'a pas vécu la Grande Guerre, empetré dans ses contradictions de classe sociale : c'est un peu court (et puis la thématique homosexuelle n'est jamais abordée - on est en 38, c'était peut être un peu trop tôt pour être sincère - du coup on a du mal à comprendre le fond du problème, il faut partout deviner ce qu'il n'ose pas exprimer).