Sur mes étagères

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"Ils se figurent qu'ils pensent et ce sont ces êtres sans pensées qui s'érigent en arbitres de ceux qui pensent vraiment."

"Je vous dirais que la lune est un fromage vert, que vous applaudiriez, ou du moins que vous n’oseriez pas me contredire, parce que je suis riche. Et je suis le même qu’alors, quand vous me rouliez dans la boue, sous vos pieds."

"Autrefois, il s’imaginait naïvement que tout ce qui n’appartenait pas à la classe ouvrière, tous les gens bien mis avaient une intelligence supérieure et le goût de la beauté ; la culture et l’élégance lui semblaient devoir marcher forcément de pair et il avait commis l’erreur insigne de confondre éducation et intelligence"

Un roman formidable, véritable éloge à l'envie d'apprendre, de se cultiver, de comprendre, de transmettre, tout en se heurtant à la terrible masse de ceux qui ne désirent pas penser par eux-mêmes.

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Tenant largement plus de l'analyse sociale que du roman, Le Peuple d'en bas réussit l'exploit d'être encore d'actualité une centaine d'années après sa parution. London nous peint un portrait amer du quotidien des miséreux de l'East End londonien, rendu plus fort encore par sa véracité. Avec un dévouement pour son oeuvre que ne renierait pas Zola, London est allé vivre parmi la pauvreté, la crasse, la maladie, la faim, l'alcool et la mort, au beau milieu des cloaques infâmes de l'Empire britannique.
S'appuyant sur ce qu'il vit au quotidien, sur ce que lui rapportent des défavorisés qu'il rencontre, sur les articles de journaux, ou encore les compte-rendus de procès et les calculs financiers, l'auteur montre par a+b l'incroyable vérité que les classes supérieures ne peuvent même imaginer (son éditeur lui aura d'ailleurs demandé d'édulcorer certains passages trop crus).
L'écriture du bonhomme est toujours aussi bonne, et parvient à retranscrire efficacement l'horreur qui le saisit à chaque plongée dans l'abîme, comme il nomme cette mort-vivante qu'est la condition ouvrière londonienne ; la conclusion forte, et malheureusement intemporelle, vient achever de faire du Peuple d'en bas un important témoignage de son époque, et un matériel de réflexion sur la notre.

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Jack London intègre dans son dernier livre tous les romans historiques qu'il ne pourra jamais écrire - lui qui n'a plus longtemps à vivre au moment où il couche Le vagabond des étoiles sur papier, et surtout, qui en est pleinement conscient.
En ressort un livre très axé sur la spiritualité, et où la question de l'après-mort revient continuellement. On plonge facilement dans les différentes vies antérieures de Darell Standing, avec comme fil directeur sa vie en isolement dans la prison de Saint-Quentin. L'écriture est toujours efficace, et les notes de bas de page de l'édition Libertalia aident bien à cerner les intentions qu'avait London en charbonnant sur ce bouquin.
Je regrette seulement un certain nombre d'itérations de phrases et/ou de concepts qui rendent parfois la lecture redondante, ainsi que l'obsession passablement irritante qu'a souvent London de se voir en aryen-colosse-blond homme viril et supérieur en tout point.

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Comme le souligne de manière assez intense le traducteur de l'édition Libretto, L'appel de la forêt n'est pas un livre de London, mais un massacre en règle. Le vrai livre, c'est l'appel sauvage ; et la vraie traduction, celle-ci (http://www.editionslibretto.fr/l-appel-sauvage-jack-london-9782859409043).
Et putain ce que c'est bien, je m'attendais pas à aimer un livre sur un chien de traîneau, mais j'ai juste rien à en redire. C'est du Jack London, donc c'est splendide, cqfd. C'est un bonheur de lecture, une courte mais intense escapade au Yukon, dans des paysages aussi magnifiques qu'impitoyables. Et plus on suit Buck, plus on se prend d'affection pour ce chien, tiraillé entre sa domestication et l'appel, l'appel sauvage des étendues glacées.

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Petit apéro de moins de cent pages dans lequel on peut retrouver des gimmicks de l'ami London ; son écriture élégante, son goût pour les petites amourettes, un combat de boxe bien décrit, et une fin du sale.

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La vie de Jack, orphelin, délinquant juvénile, puis taulard, mari et père, à travers une Amérique décatie qui n'offre qu'à peu de personnes et prend au reste ; heureusement, il reste le fil rouge, le billard pour départager les talentueux, les astucieux et les rêveurs.

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Un cercle d'écrivains brisés, des relations biaisées, on cherche le succès derrière l'échec. Amère et lumineuse, la littérature consomme temps, argent, famille, pour ne rendre que la grâce passagère d'une gloire décevante et éphémère

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C'est parfois touchant, parfois beau, mais c'est aussi faible, très faible par rapport aux autres livres de Don Carpenter. Des scénettes aux parfums autobiographiques convaincantes, mais qui m'ont laissé de marbre.

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Le premier Fante que j'ai lu, et celui que j'aime le moins.

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Sûrement mon Fante préféré ; je suis plus touché par le détachement triste et mélancolique d'Henry Molise que la folie furieuse d'Arturo Bandini.
On retrouve les mêmes thèmes chez les deux protagonistes, mais c'est vraiment dans ce bouquin là que la dysfonctionnalité de la cellule familiale Fantienne est abordée de la manière la plus juste et touchante possible.

"Ils étaient beaux comme des vieilles pierres à flanc de colline. Quand je les ai regardés, la douleur, semblable à une truite qui bondit, m'a noué la gorge. Maintenant que je n'avais plus de père, j'aurais volontiers choisi n'importe lequel d'entre eux pour le remplacer. Voire même n'importe qui ou quoi, un buisson, un arbre, une pierre, pourvu qu'il ou elle veuille bien de moi comme fils. J'étais moi-même père. Je ne voulais pas de ce rôle. Je voulais retrouver l'époque où j'avais été tout petit, où mon père, ce colosse bruyant, avait occupé la maison. Au diable la paternité. Je n'étais pas fait pour ça. J'étais fait pour être fils."

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J'avais très peur d'une redite de Bandini, mais il s'avère que si les thématiques et les personnages sont grosso modo identiques, la manière de les traiter diffère sensiblement. On a un plus gros focus sur le rapport à la religion que dans l'œuvre précédente (d'après mes souvenirs brumeux), et le découpage en instantanés permet de ne pas se lasser en nous faisant passer de souvenir en souvenir sans transition inutile, sans ventre mou (quoique sur la fin, deux-trois nouvelles peuvent être considérées comme telles, notamment celle sur l'argentin et la reine du dancing où j'ai pas mal rompiché).
C'est toujours aussi juste dans les émotions ; purée, le retour de Jimmy dans sa famille après son entrée à l'université et le changement de dynamique avec son père tape tellement dans le vrai.

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La gloire littéraire, à tout prix, jusqu'à la folie ; parce que l'insensée certitude d'un talent d'écrivain fait miroiter la possibilité d'une vie moins misérable.

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Los Angeles, l'envie d'en découdre, d'en remontrer au monde, les désillusions mal digérées et la précarité d'une situation où chaque lendemain tient du miracle.

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Hollywood, l'envers de la machine à rêves, là où cohabitent le vide et la folie.

"Je regardai ce que j'avais écris en me léchant les lèvres. Ce n'était pas de moi, mais bon sang, il fallait bien commencer quelque part."
Une phrase finale parfaite pour conclure le cycle Bandini.

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En deux éditions, la Points et la 13ème Note poche.

Pérégrinations d'un alcoolique, entre boulots minables et aventures dysfonctionnelles.
Pour l'instant le Dan Fante que j'aime le moins. C'est une combinaison entre le cadre de la boîte dans laquelle travaille Bruno, et la personne de Jimmi qu'il poursuit avec acharnement. A ce regard, la fin est excellente.

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En 13e Note.

L'alcool ravage et imprègne le texte, effaçant l'humour et glorifiant les pulsions mortifères. L'équilibre est brisé - le texte résonne moins en moi que "Rien dans les poches" ou même "La tête hors de l'eau". Très beaux conseils d'écriture à la fin.

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Quand une situation professionnelle et familiale typique de l'American way of life ne suffit pas à contenir le Démon.

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J'ai un peu forcé pour rentrer dedans, la faute peut-être à une traduction que je qualifierais de très scolaire, alors que tu pressens un rythme que Brice Mathieussent ou même feu Léon Mercadet auraient sublimés.
Mais c'est très bon, avec un humour pince-sans-rire très sec, les scènes grand guignolesques s'enchaînent dans une New-York maintenant disparue et tu prends un sacré plaisir à assister aux galères du personnage principal (qui, il faut le dire, mérite souvent de s'en prendre plein la poire).
Le qualificatif "plein de vie" est complètement con, ça veut tout et rien dire à la fois, mais c'est compréhensible quand t'as un ouvrage qui vibre un tant soit peu et qui se détache de l'écriture aseptisée toujours très à la mode malheureusement, aussi bien dans les thèmes que dans le style.

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L'enfer pavillonnaire dans lequel une famille se délite, rongée par les spectres d'un passé torturé et excessif.

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Dans une société mirage remplie d’illusionnistes passant leur temps à donner un sens au vide, les pulsions de mort d'un golden boy new-yorkais trouvent un exutoire dans la chair des désespérés.

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Je suis partagé. C'est à la fois bien troussé et bordélique, notamment à cause du fait que le discours indirect libre soit parasité par sept milliards de métaphores et d'effets de style pas forcément réussis on va pas se mentir, pour chaque phrase qui tape juste y en a une qui te laisse perplexe (l'exemple parfait c'est les scènes de cul, rolala cette purge à lire).
Ca rend à la fois la descente aux enfers de Rojack, de ce connard taré, crédible vu qu'il picole plus que de raison, mais en même temps ça a tendance à souvent laisser le lecteur sur la touche. J'aurais aimé plus de concision, ou tout du moins de clarté pour vraiment apprécier le bousin.

Sacré délire sinon, les passages de tensions avec les flics sont tops (plus bordel Norman, donne nous en plus laaa), y a des dialogues qui font mouche et d'autres qui se perdent en chemin, pas mal de phrases fortes. Regret sur le manque de scènes solides - finalement, Rojack ne bouge pas beaucoup.
Ah, et la dimension masturbatoire des scènes de sexe tu la sens bien, l'alter ego de Norman là il baise en métaphores et file des orgasmes à toutes les donzelles, c'est franchement limite en plus d'être limité.

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"Ses habitants, a dit quelqu'un : "ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains" ; ce quelqu'un eût-il regardé par l'autre bout de la lorgnette, il eût pu dire : "ce sont des saints, des anges et des martyrs", et ce serait revenu au même".