Tu m'as surpris en 2018

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Soyons clairs, j'y suis allé à reculons, n'étant que très peu adepte des westerns contemporains, à part bien entendu "Open Range" et le joyau "Impitoyable", et redoutant de devoir me taper plus de deux heures durant Christian Bale qui ne fait pas partie de mes chouchous, loin s'en faut. Mais à force de voir des personnes plus que recommandables l'affubler de notes pleines de cœur et d'amour, de constater un certain unanimisme critique, j'ai craqué. Car oui je suis un petit être faible et influençable.

Et grand grand bien m'en a pris, "Hostiles" est tout simplement un petit bijou, un classique instantané, et c'est d'ailleurs là sa plus grande qualité : le classicisme, au sens noble du terme, le respect absolu du genre, mais sans jamais tomber dans l'académisme plombant.

C'est une œuvre forte à tous les niveaux : la violence est posée là comme une évidence, jamais gratuite, elle remue les tripes, l'émotion monte crescendo et vous laisse transi d'émotion quand surgit le générique, le volet politique montre une fois de plus la faculté des artistes américains à faire acte de contrition, de rédemption, à remuer la m... de leur histoire sans baisser les yeux.

Scott Cooper, qui a visiblement vu pas mal de Malick époque "avant pétage de plombs" ne fait pas le malin, sa mise en scène n'est pas ostentatoire, ce qui n'empêche pas certains plans d'être d'une beauté renversante, remarquablement soulignés par la partition de Max Richter.

Pour finir je suis bien obligé de l'avouer, Christian Bale est remarquable, la preuve j'ai dû oublier au bout d'à peine quinze minutes que c'était lui qui se cachait sous le balai-brosse qui lui sert de moustache. Mais pour être totalement transparent, je peux te le dire Christian, tu aurais pu jouer comme une pipe, je ne l'aurais probablement que peu remarqué, tant Rosamund "Gone Girl" Pike m'a gaulé les yeux dès les premiers instants.

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L'épure jusqu'au sublime, puis le road-movie à la sauce Aleksei Fedorchenko, avant l'épilogue magistrale qui vous foudroie sur place. Le Bulgare aux accents russes Milko Lazarov signe avec "Ága" un "Nanouk l'Esquimau" en mode tragédie grecque...

J'y suis allé avec la crainte de ne voir qu'un « film de festival » mais si c'est en effet un bijou absolu en terme de mise en scène, c'est loin de n'être que cela... Un énorme coup de ❤️

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Les documentaires montrant la Chine non officielle sont rares, alors quand un Français se prend pour Wang Bing et va y laisser traîner sa caméra, on ne peut que se laisser tenter.

Et le résultat est juste époustouflant. En à peine 60 minutes Hendrick Dussollier parvient à parler de l'enfance, de la mondialisation, d'une société chinoise en pleine mutation et plus largement d'un pays qui ne sait plus sur quel pied danser.

Et comment parvient-il à cet exploit ? Uniquement en captant des instants de vie d'humains qui n'ont aucune place aux yeux de leur nation mais qui se transforment en personnages purement romanesque sous l'objectif de sa caméra.

Drôle, touchant, généreux, humaniste...

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Attention film clivant ! A l'image de Houellebecq ce documentaire fascinera les uns et repoussera les autres, on est ici au pays du verbe et de la folie, on interroge la norme sous tous ses angles, le mort et le vivant, on convoque Ghérasim Luca et donc la place du poète dans une société qui rejette le différent et l'écorché.

Iggy Pop est plus charismatique que jamais, sa voix agit tel Kaa dans "Le Livre de la jungle", et c'est sa patte folle qui guidera nos "inadaptés" vers l'acceptation dans une séquence finale à la "Reservoir Dogs", pleine d'amour et de mise en scène.

Il y a des cris de ralliement qui réchauffent l'âme et humidifient le regard : « Poètes, à l'attaque ! »

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Voilà pourquoi j'aime le cinéma à la folie : vous quittez une salle désabusé et vous ravivez la flamme à peine entré dans une autre.

"Monsieur" est une sorte de "In the Mood for Love" à l'indienne, un monstre de douceur, de pudeur, une histoire d'amour « à l'ancienne » qui vous ravage le cœur.

Allez l'ancien râleur qui s'est mis en mode midinette vous souhaite une douce nuit...

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Le SoFilm Summercamp est aussi l’occasion de découvrir des films rares comme ce formidable et bouleversant "Scream for Me Sarajevo", documentaire contant l’incroyable organisation, en 1994, d’un concert de Bruce Dickinson, chanteur d’Iron Maiden, au cœur de la ville assiégée.

Les documents d'archives se mélangent à de nombreux témoignages saisissants de protagonistes de l'époque, dont ceux des membres du groupe revenus sur place pour l'occasion.

Utile pour ne jamais oublier l'horreur de ce conflit, saisir l'aspect ubuesque de toute guerre et comment l'envie de vivre l'emporte face à la certitude de mourir. Très très fort.

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J'avais complètement oublié de noter ce "Nico, 1988", à l'image des exploitants qui pour la plupart ont visiblement oublié de le programmer, et des acteurs du marché de la vidéo qui ne semblent pas savoir qu'il existe.

C'est donc grâce à un petit cinéma associatif ( Gloire à eux ! ) que j'ai pu découvrir en septembre ce film que j'attendais avec impatience mais non sans craintes, tant le genre du biopic est un merveilleux fournisseur de bouses.

Résultat : je comprends mieux pourquoi les exploitants ne se sont pas rués dessus tant ce truc est certainement une sorte d'anti-"Bohemian Rhapsody". Le récit est basé uniquement sur les dernières années de Nico, on ne verra rien de sa gloire passée et donc on oublie le glamour.

Esthétiquement, c'est également peu confortable, on se croirait chez Fassbinder. Alors oui c'est magnifique mais très peu adapté aux rétines actuelles. L'interprétation de Trine Dyrholm est elle aussi minimaliste mais incroyable de justesse. Même les scènes de Live ne sont pas spectaculaires une seconde, elles passent du glauque au sublime en dix secondes, un peu comme un concert de Joy Division.

Vous l'aurez compris, c'est un film exigeant, peu aimable, mais c'est un film que tout amoureux de cinéma et de musique se doit de voir.

https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/susanna-nicchiarelli-la-musique-de-nico-etait-courageuse-elle-a-invente-un-genre-et-a-influence-le

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- Un film de Gilles Lellouche avec un défilé de stars ? Non merci ce sera sans moi.

- Mais vas-y, je t'assure, c'est vraiment formidable, moi-même j'ai été très surpris.

- Oui ok il y a Virginie Efira, la plus grande actrice de l'univers, Katerine, Poelvoorde, Amalric que j'adore, Mais les Feel Good j'en ai plein le biiiiiiiiiip, et Gilles Lellouche quoi...


Ben le Gillou il a bien bien fermé la grande bouche du Takeshi qui clame sur tous les toits qu'on ne fait pas de l'art avec des bons sentiments. Ce con est sorti de la salle avec l'envie d'envoyer du hug dans tous les sens, il s'est marré, il a été ému, sans l'impression d'être pris pour une buse, parce que le Gillou ne s'est pas contenté de balancer une suite de sketchs, il a construit un vrai récit, des dialogues de haute tenue, créé des personnages forts, qu'on sent respirer à côté de nous, il a mis le cynisme, qui gouverne désormais le monde, de côté en assénant que le terme HUMANITÉ n'était pas encore à balancer aux ordures.

Et puis l'air de rien il a fait résonner entre deux morceaux ringardos qui foutent la patate une note de Rainer Maria Rilke, et rien que pour ça...

NB : J'ai une ou deux réserves mais je n'ai même pas envie d'en parler, le Gillou a fait de moi un agneau (Pour quelques heures hein, faut quand même pas déconner, on va ressortir la sulfateuse d'ici peu)

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Documentaire ambitieux, riche, didactique sans être assommant, bénéficiant d'un réel parti-pris de mise en scène, ce "Procès contre Mandela et les autres" apprendra énormément à ceux qui ne connaissent pas grand chose à l'époque de l'apartheid en Afrique du Sud et passionnera ceux qui s'y sont déjà intéressés car il foisonne de documents et de témoignages originaux, en particulier ces retranscriptions audio du procès jusqu'alors jamais exploitées.

Si le documentaire se suffit à lui-même, si une soirée-débat en présence du réalisateur Nicolas Champeaux vous est proposée, foncez, en effet celui-ci est aussi intéressant que son film, et chose trop rare avec les documentaristes : il répond aux questions concernant la mise en scène avec une transparence absolue.

https://twitter.com/takeshi2922/status/1074695296523886594

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/proces-mandela-le-film-sans-images

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Paolo et Mia sont beaux, rock’n’roll, émouvants, déroutants, renversants, si vous ne craquez pas pour eux je m’engage à regarder un film de Fabien Onteniente. Ça s’appelle "Le Père d’Italia" et c’est mon énorme coup de ❤️ du moment..

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« On voit le corps dans le miroir, et l'esprit dans le vin. » (Proverbe danois)

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Après "Grave" l'an dernier, "Ghostland" pourrait bien être le phénomène "J'ai fait dans ma culotte" à la mode de chez nous 2018 (Sortie le 14 mars).

Malgré son titre bien pourri, le nouveau Pascal Laugier, oui oui le vilain qui en a déjà marqué plus d'un avec son "Martyrs", revient avec un truc qui envoie du lourd, du qui gratte, du crasseux.

Jouant sur nos peurs enfantines, le Pascal n'a pas de temps à perdre, il n'est pas du genre à proposer une intro de 70 minutes pour 20 minutes de frissons. Non Pépère castagne au bout de 180 secondes de préliminaires et ne débande plus, il propose un "Split" qui aurait des c....., du Lovecraft qui aurait copulé avec Rob Zombie et Tobe Hooper.

C'est dérangeant, beau, codifié, ultra-violent, hypnotique..............

NB : Même Mylène Farmer assure, et c'est un traumatisé du "Giorgino" de Laurent Boutonnat qui vous le dit.

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Voici certainement le film qui m'a le plus donné la pêche en 2018.

Catalina Mesa a choisi un angle positif, ne faisant qu'effleurer la situation politique de la Colombie, et c'est tout à fait son droit de documentariste. Elle nous présente des femmes merveilleuses, la plupart d'un certain âge, qui rappellent qu'une vie, bien que peuplée d'obstacles, se doit d'être dévorée, que la parole est un acte de générosité et de bien-être. Elles évoquent tous les sujets avec gourmandise, et quand une larme vient naître au coin de l’œil, elles la chassent bien vite par un éclat de rire.

Ces femmes sont belles dans leur diversité, s'occupent d'elles, de leur intérieur, des autres, cuisinent, discutent, se promènent, prient (sans prosélytisme aucun) et engueulent les icônes.

Ode à la vie, "Jericó" est non seulement un formidable documentaire mais aussi un film où le cinéma est présent à chaque instant, Catalina Mesa faisant autant virevolter sa caméra que ses dames.

Surveillez bien la programmation de vos petites salles préférées le 20 juin prochain...

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Quelques personnes, au lendemain de Cannes, m'avaient parlé de ce film comme de la chose la plus électrisante du festival, il y a quelques semaines Bertrand Mandico me le conseillait plus que chaleureusement, alors bien entendu je l'ai abordé avec un maximum d'excitation mais aussi pas mal de crainte, car il faut l'avouer, grande attente rime souvent avec déception.

Résultat : "Mandy" c'est un Lynch Z baroque en slip, c'est "Massacre à la tronçonneuse" avec Jóhann Jóhannsson, c'est Rob Zombie qui balance du King Crimson, c'est un tigre en rose saturé, c'est Nicolas Cage sous vodka designé par Sam Raimi qui hurle "T'as déchiré mon chandail"...

Et ça ne sort pas dans les salles françaises...

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Afin de respecter la tradition et de ne donc pas finir en mode bougon, je vais vous dire tout le bonheur que j'ai eu à plonger dans ce dernier Godard. Plonger est le terme car tantôt on flotte tantôt on se noie au milieu de ce geste de cinéaste qui n'aura jamais cessé de chercher. Un blind-test godardien sous acide, stimulant, dérangeant et jouissif.

NB : Depuis Cannes, j'entendais parler d'un film totalement nébuleux, incompréhensible, et franchement ok c'est de l'expérimental mais c'est finalement assez fluide et loin d'être illisible. En tout cas dans le genre incompréhensible, le JLG a déjà fait bien pire.

Si comme moi vous trouvez cet homme passionnant, je vous laisse tout ça ici, vous en ferez ce que vous souhaitez...

https://youtu.be/TA38M6oyq8A

https://www.franceculture.fr/cinema/jean-luc-godard-sentretient-avec-olivia-gesbert

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/jean-luc-godard-ouvre-le-livre-dimage

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/jean-luc-godard-je-suis-un-archeologue-du-cinema

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"Pupille", qui sortira le 5 décembre, confirme la santé exceptionnelle du cinéma français en cette fin 2018. Populaire au sens noble du terme, formidablement documenté et interprété, ce film balance de l’émotion force 10 sans prendre le spectateur pour un c.. Gilles Lellouche ayant le c.. bordé de nouilles en ce moment ça sent le gros succès public...

Edit le 14/12/2018 : Cela fait plus d'un mois que j'ai passé une centaine de minutes avec Théo et je ne cesse d'y penser, ce film vieillit merveilleusement en moi, et, une personne présente sur ce site pourrait en témoigner, je ne peux tomber sur un extrait sans que mes yeux ne se transforment en ruisseau. Alors, au diable l'avarice et les avaricieux, c'est un + 1

https://twitter.com/takeshi2922/status/1062427235393646592

https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-26-novembre-2018

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Quelle belle surprise que ce "Nos batailles" !!!

Politique, social, d'une actualité brûlante, mais jamais sur-écrit, au récit prenant, tantôt amusant tantôt bouleversant. Les acteurs sont tous incroyables de justesse (et je ne pensais plus dire ça de Romain Duris un jour), les dialogues d'un naturel absolu (Allez vous renseigner sur la méthode de travail de Guillaume Senez, elle explique cette réussite), la réalisation sobre, modeste, à l'image de ce film qui ne se prend pas pour un autre.

Premier jour France :
- Alad'2 : 201 955 entrées (752 copies)
......
- Nos batailles : 11 146 entrées (163 copies)

Nous étions 4 dans la salle, désolé je ne m'y ferai jamais...

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/romain-duris-pere-courage

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Mon Festival Sofilm Summercamp de Nantes 2018 se sera donc terminé sur une formidable rencontre, avec un film certes mais aussi un réalisateur, Camille Vidal-Naquet, aussi passionnant et généreux que son "Sauvage".

Vous avez probablement entendu parler de ce film au moment de Cannes, le Prix Louis Roederer de la révélation étant revenu à Félix Maritaud, déjà très remarqué dans le "120 battements par minute" de Robin Campillo. Mais attention, si cette récompense est amplement méritée, il ne faudrait surtout pas réduire "Sauvage" à une performance d'acteur, car il s'agit avant tout d'un grand flm, étonnamment maîtrisé pour un premier long. Certes très documenté et réaliste, ce "Sauvage" n'en est pas moins une fiction où la mise en scène, les prises de position scénaristiques, les métaphores amènent le spectateur à une réflexion, une interprétation qui se poursuivent bien au-delà de la projection.

Camille Vidal-Naquet a signé un film qui fait mal, qui regarde le malheur droit dans les yeux, qui questionne sur l'animalité, le choix, la place qu'on donne dans une société aux "invisibles"

Certains films ne se détachent jamais vraiment de nous car une scène, un plan viennent nous rattraper la nuit. Et depuis un mois, parfois quand je ferme les yeux, l'image d'un être abandonné se blottissant dans les bras d'une mère de substitution vient me rendre visite.

https://twitter.com/takeshi2922/status/1010680905541799936

https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/camille-vidal-naquet

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Non non je ne voulais pas y aller. Les quelques images qui étaient arrivées jusqu'à moi me faisaient craindre un film ampoulé, labellisé "qualité française", et puis adapter "La Douleur", LE chef-d’œuvre de Duras, auteur que je ne porte pourtant pas dans mon cœur ? Quelle idée, non non non, il ne fallait pas faire ça.

Quelques échos favorables plus tard, le doute s'immisce, jusqu'à ce que Monsieur Fritz Langueur dégaine son 10, et avec le bordel dans ma tête.

Alors c'est parti, mais sans enthousiasme aucun. Mais là, je m'incline. Les raisons ? Elles sont simples : Emmanuel Finkiel, qui m'avait précédemment séduit avec "Voyages" et "Je ne suis pas un salaud ", est un cinéaste, un vrai, il ne fait pas le malin, ne cherche jamais à tirer les larmes, préférant au contraire la pudeur, mais travaille simplement le spectateur avec des plans d'une beauté absolue. Et puis il y a Mélanie Thierry qui livre une partition qui m'a laissé sans voix, prouvant que l'économie de jeu est l'arme des grands acteurs.

NB : Je vous aime MADAME Shulamit Adar

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/la-grande-table-1ere-partie-mardi-23-janvier-2018

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Avant toute chose je me dois de faire un aveu : je ne sais pas du tout quel aurait été mon avis sur ce film sans la présence de Virginie Efira qui, depuis "Victoria", me fascine littéralement.

Ici elle prend encore un peu plus d'ampleur, prouvant sa faculté à tout jouer avec un naturel propre à atomiser la concurrence.

Et le film en lui-même ? Pour ce qui est de celui que j'ai vu, donc celui avec Virginie, il m'a passionné durant ces 135 minutes malgré son classicisme presque austère. Catherine Corsini ne fait pas la maligne, elle respecte son matériau de base, soit le texte d'Angot, et déploie son récit de manière à nous faire devenir peu à peu Rachel, à aimer, croire, chuter, se relever avec elle. Ni pathos ni afféterie, juste un œil bienveillant posé sur un personnage banal mais qu'on voudrait ne jamais quitter.

Il y a dans cet "Amour impossible" une sorte de « qualité française » au sens noble du terme, un travail d'artisan, du labeur pour arriver au beau, parfois au sensuel, et le classicisme évoqué au début de mon propos se transforme soudain en ligne claire.

NB : Efira est également merveilleuse dans "Le Grand Bain", je dis ça pour les très rares qui n'auraient pas encore vu cet autre excellent film français du moment.

https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/catherine-corsini

https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-30-octobre-2018

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Le hasard a fait que deux documentaires abordant un sujet encore tabou dans notre société sortent à un mois d'intervalle sur les écrans français.

Après l'excellent "Finding Phong" c'est donc au tour de ce "Coby" de raconter, sans didactisme outrancier ni misérabilisme, le parcours d'un être né dans le mauvais corps.

Christian Sonderegger, enfant adopté, est allé retrouver sa famille d'origine pour les interroger sur le parcours de Suzanna devenue Coby / Jake, il a capté leurs doutes, leur bonté, leur complexité, leur générosité. Aux témoignages il a mêlé des vidéos YouTube que son frère a postées tout au long de sa "mue".

Il en ressort un film jamais militant, sincère bien qu'utopiste (de l'aveu même du réalisateur), sans cesse parcouru par un message positif sur la faculté d'une famille, et donc plus largement d'une société, à accepter la différence.

NB : Il est évident que ce genre de documentaires nous amènent à nous poser des tonnes de questions, alors tout comme pour "Finding Phong", vous aurez peut-être la chance d'en discuter avec le "papa" mais aussi des responsables d’associations à l'issue de la projection. Si vous en avez l'opportunité, précipitez-vous, Mr Sonderegger est un artiste passionnant et qui plus est un homme remarquable.

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La plupart d'entre vous doivent connaître l'ACID car cette association de cinéastes créée en 1992 est présente chaque année à Cannes avec sa propre sélection de films.

Depuis l'an dernier, dans 7 salles pilotes, se déroulent les ACID Pop, sorte d'université populaire du cinéma, l'occasion pour les cinéastes de disserter autour d'un thème qui traverse leur film, puis de projeter celui-ci, et enfin d'échanger avec les spectateurs. Si les films ne sont pas toujours parfaits, ils sont toujours "différents" et ces soirées sont de purs moments de bonheur pour tout amoureux du septième art : discuter, manger un morceau, boire un verre ou deux et regarder des films, il y a pire dans la vie...

http://www.cinema-le-bretagne.org/animations/les-cin%C3%A9s-concerts

Si comme moi vous avez la chance d'avoir une salle pas trop loin de chez vous qui propose ces moments de partage, foncez ! Je vous mets ici un lien qui présente la saison 2019-2020 qui démarre en novembre. A noter qu'un huitième cinéma sera associé à l'expérience et que la formule sera tournante dans la région Ile-de-France.

https://www.lacid.org/fr/magazine/l-acid-pop-revient-pour-une-saison-2-2614

Je vais mettre deux-trois mots sur les films que je n'avais pas encore notés et que j'ai vus dans le cadre de ces ACID Pop ces derniers mois.

Documentaire très remarqué à Cannes l'an dernier, "Cassandro The Exotico !" est passionnant, amusant, émouvant, et surtout le portrait d'un être à part, aussi attachant qu'agaçant. Rien de plus logique que Marie Losier, amie proche de Bertand Mandico, artiste totale qui connaît tout le New-York underground et qui avait déjà filmé Alan Vega et Genesis P-Orridge, se soit prise d'affection pour cet ouragan et l'ait filmé avec autant de liberté et de fougue.

https://twitter.com/takeshi2922/status/1107677371728052225

https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/marie-losier

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Ce film malheureusement très peu distribué à sa sortie en octobre dernier continue à vivre sa petite vie en salles grâce aux festivals. *

Le très fort "Lindy Lou - Jurée n°2", aborde le sujet de la peine de mort aux USA par le biais d’un road-movie vers la résilience, celle d’une femme rongée par la culpabilité d’avoir condamné un homme 20 ans plus tôt. Ce documentaire est indispensable, pour son sujet bien entendu, mais aussi pour sa forme, sobre et tranchante.

https://www.senscritique.com/liste/Festival_des_libertes_et_des_droits_de_l_Homme_de_Brest/2352958

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Quel dommage que ce film coréen sorti fin 2018 ait été si mal distribué ! Il ne faut pas se mentir, cette première œuvre n'est pas facile d'accès, sa noirceur, sa dureté dans le fond et la forme, sa structure narrative, son opacité pourront en rebuter certains, mais si on se laisse porter l'expérience est belle et déstabilisante, les ombres du récit deviennent des failles où il est agréable de se perdre.

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Et la Palme du film le plus couillu de l'année revient à...

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J'avoue être surpris par l'accueil frileux (Laurent Ruquier, sors de ce corps !) réservé à cette si belle Sonate.

Bien entendu ce n'est pas un film confortable, sa lenteur peut effrayer, mais quelle pudeur, quelle violence et quelle émotion qui sans arrêt affleurent sans jamais exploser.

Ici rien n'est surjoué (Incroyable Rifka Lodeizen !), rien n'est surfilmé, les silences et les notes de musique sont des cris de haine, d'amour, la sensualité déborde dans une voiture, le blanc nous éblouit comme le regard réclamant encore un peu de temps de Roos.

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Un documentaire passionnant, amusant, émouvant. Et surtout enrichissant, à tous les niveaux.

Après un autre doc d'utilité publique, le "Human Flow" de Ai Weiwei, sorti la semaine dernière, c'est donc au tour de ce film vietnamien d'arriver sur les écrans ce mercredi. Mais bien entendu, comme le précédent nommé, il ne bénéficiera que d'une distribution extrêmement limitée. Mais n'hésitez pas à le réclamer à vos petits cinés préférés, et entre nous si vous avez la chance d'être entendus, vous pourrez peut-être voir Phong bailler très très fort après la séance.

Et même comme ça, épuisée par le décalage horaire, je vous le dis, quelques années après l'opération, elle est juste canon la gonzesse, et Dieu sait pourtant qu'il en faut une sacrée paire de c...... pour traverser ce qu'elle a traversé.

Annotation :

Comme souvent le nombre de copies est inversement proportionnel à la qualité d'un film. Alors si vous avez la chance qu'il passe pas trop loin de chez vous, foncez voir "Chris the Swiss", documentaire troublant, instructif, nécessaire, tristement d'actualité et à la mise en scène remarquable avec son détonnant mélange d'animation, d'interviews et d'images d'archives.

A la manière d'Ari Folman avec le si puissant "Valse avec Bachir", Anja Kofmel gratte le vernis de l'histoire et c'est douloureux, très douloureux mais indispensable pour ne pas dire qu'on ne savait pas...

Annotation :

L'un des documentaires les plus passionnants (Je ne parle pas de la mise en scène qui elle frôle souvent le ridicule) sortis cette année n'aura bénéficié que de deux séances (17 et 18 septembre) en tout et pour tout, et encore fallait-il avoir la chance d'habiter pas trop loin d'une des salles qui le diffusaient. Aberrant...

Et tiens j'en profite pour dénoncer ces séances organisées par Pathé Live : autour d'un tel sujet, même pas un débat à l'issue de la projection. Sans parler du prix, 12€ quand par exemple j'allais voir le lendemain "Mademoiselle de Joncquières" en présence d'Emmanuel Mouret pour 5€... Multiplexe vs Art et essai

https://twitter.com/takeshi2922/status/1042043074480889858

Annotation :

« Élevez vos paroles, et non votre voix, c'est la pluie qui fait pousser les fleurs, pas le tonnerre... »

Tout ce film merveilleux est dans ces paroles finales, évoquer délicatement, avec poésie, mais sans jamais baisser les yeux, un sujet terrible...