Antonin Peretjatko

Annotation :

Peretjatko est un typé éminemment amusant, mais il a déjà plus de quarante-cinq ans, et seulement deux longs-métrages à son actif : c’est regrettable, mais c’est aussi ce côté branleur qui forge son capital sympathie. Il agit par fulgurances, il assemble des films qui ne sont que des patchworks d’humour absurde, dégraissis de dramaturgie et de complexité. Le résultat frôle l’amateurisme (les voix sont passées en accéléré et on jure entendre Les Deux Minutes du Peuple), la complaisance, mais est sauvé par un goût de la poésie parfois totalement enivrant, et surtout par un humour qui ose tout, s’enfonçant parfois dans l’indigence, mais offrant le plus souvent des gags hilarants et parfaitement originaux, qui doivent plus au slapstick qu’au théâtre ronflant qui gangrène généralement la comédie française. On entend des choses fabuleuses ("L’endroit m’avait fait penser à un tableau du musée, à cause de l’ombre des bégonias"), on pense tant à Godard (une poésie littéraire déclamée en autant d’images évocatrices) qu’à Rozier (un évident goût de la vacance et de la gaudriole), et on se marre beaucoup. Ce n’est peut-être pas totalement du cinéma (quel producteur a pu signer un tel script sans queue ni tête ?), mais c’est complètement jubilatoire.

Annotation :

Pertjatko est fou ; il a tant d’idées humoristiques et tant de fantaisie qu’il les balance tous en 80 minutes effrénées, folles et à haut voltage. Tout ne marche pas, beaucoup de gags tombent à plat ; mais ceux qui marchent, eux, fonctionnent du tonnerre. On a pas vu plus drôle depuis les comédies slapstick des années 60, voire même, encore avant, les films muets de Buster Keaton. Il y a ici un sens du visuel, de l’absurde, de l’impertinent et du loufoque qui sont si originaux et si déjantés que le film est une perpétuelle bouffée de fraîcheur. C’est sans doute ce que Peretjtatko a fait de plus réussi jusqu’ici (ce qui n’est tout de même pas trop mal), et quand bien même il aurait un peu perdu de la poésie de ses opus précédents, l’humour ici le rattrape volontiers. Dire que ce type ne fait qu’un film tous les quatre ans… Vite, la suite !