Babylone système III - Les alternatives

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Bon au début je l'ai mis pour faire une blague, mais Rabhi a beau réinventer l'eau tiède, le message est suffisamment important pour être répété : ya bien un moment faudra arrêter de se commander des Uber Eats si on veut que le monde soit un peu moins merdique.
Ceci étant, la goutte du colibri ça suffit pas, ça ne fait que responsabiliser les individus pendant que les institutions et les grandes entreprises font le gros des dégâts. On ne peut pas non plus lutter contre les ravages de l'individualisme de manière individuelle.

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Les anthropologues ont beaucoup exploré les modèles économiques pré-capitaliste, je te mets Godelier parce qu'en plus de donner sa propre perspective, il te fait un petit résumé critique des apports des premiers anthropologues (Mauss, Malinowski...). Si ces économies ont pu perdurer pendant des millénaires avant que les occidentaux débarquent, c'est peut-être qu'il y a dans ces modèles d'organisation de quoi s'inspirer. Pas si linéaire le développement ! #Déconstruit #Woke #JeSuisGodelier

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L'anarchisme a mauvaise presse, mais il a le mérite de proposer des modèles d'organisation concrets en accord avec une éthique qui me parle. Typiquement, Bakounine part d'une définition de la liberté qui contraste radicalement avec celle que nous vend le néolibéralisme. Plutôt qu'individuelle, la liberté de Bakounine est collective :
Page 173 : "Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d'autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. La véritable liberté n'est pas possible sans l'égalité de fait (économique, politique et sociale). La liberté et l'égalité ne peuvent se trouver qu'en dehors de l'existence d'un Dieu extérieur au monde ou d'un État extérieur au peuple. L'État, le Capital et Dieu sont les obstacles à abattre".

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Pour avoir une idée un peu plus précise des différentes déclinaisons de l'anarchisme, ce bouquin est assez bien fait. Il a le mérite d'être accessible et de rester relativement critique vis-à-vis des idées présentées (on apprécie le petit taquet en passant sur la misogynie de Proudhon).

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Bon bah voilà tu connais hein

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Je vais être honnête, j'ai lu ce bouquin il y a plus de 10 ans, et parler de société de classes en 2025 c'est compliqué. Pourtant, il y a dans les idées du socialisme (le vrai, pas celui de Manuel Valls) des idées à prendre sur la place que l'Etat pourrait occuper dans l'économie, sur la répartition des pouvoirs et sur des stratégies électorales qui garantissent un peu mieux que la voix du peuple soit entendue. Contrairement à d'autres, Blum propose une voie réformiste pour corriger les écueils de la société sans courir les risques inévitables qui viennent avec une révolution.

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Je connais mal les théories de Bourdieu, mais l'humain est très stylé. Ce livre c'est une composition d'interviews et de conférence sur comment on peut, aujourd'hui, lutter contre les dérives du néo-libéralisme. Pas de verbillage inutile, pas de jolis discours bien pensants. Des actes.

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Déconstruire le néo-libéralisme, c'est déconstruire l'idée de développement, et notamment notre rapport à la pauvreté. Esther Duflo est prix Nobel d'économie, ça se voit parce qu'elle chiffre tout. Mais contrairement à beaucoup d'économistes, ses théories sont nourries d'expériences concrètes à grande échelle réalisées dans plusieurs pays. Tu vas rire, mais il en ressort que le recours au marché auto-régulateur est pas forcément la meilleure manière de sortir de la pauvreté. Qui l'eut cru ? Par contre il existe une multitude de systèmes d'organisation alternatifs qui ont montré leurs résultats - quand bien-même ils ne sont pas la panacée.

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La collapsologie : plus qu'une passion, un art de vivre.
Ce bouquin est pas tant focalisé sur l'effondrement imminent de notre économie et sur les manières de s'en prémunir. Plutôt, il prend le temps de démonter un mythe bien établi qui a tendance à saper la crédibilité de toute alternative au libéralisme : la loi du plus fort en tant que principe universel de l'évolution. En se basant sur des faits biologiques et éthologiques, les auteurs montrent que, bien plus que la compétition, les relations de solidarité et d'entraide (non seulement intra-espèce, mais aussi inter-espèces) ont joué un rôle fondamental dans l'évolution du vivant, notamment dans celle de sapiens. A la fin du bouquin, ils discutent les implications de cette perspective à échelle de notre société contemporaine. Bah tout n'est pas déconnant, dis toi.

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Vandana Shiva, c'est entre autres une des marraines de l'écofeminisme. L'idée n'est pas d'essentialiser la femme comme étant intrinsèquement plus proche de la Pacha Mama, mais plutôt de reconnaitre que, parce qu'elle occupe une place particulière dans la société, elle est souvent menée à avoir un rapport particulier aux écosystèmes. Un exemple évident c'est par exemple que dans la plupart des sociétés rurales, la femme est en charge d'aller chercher de l'eau. En période de sécheresse, c'est donc la femme qui va être impactée en première, parce qu'il faudra qu'elle aille de plus en plus loin pour subvenir aux besoins de la famille. Partant de cette perspective, et suivant l'héritage politique de Gandhi, Shiva propose un ensemble d'actions et de voies d'organisation qui permettent de mieux prendre soin des écosystèmes et des humains qui les occupent.

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Sinon pour mettre fin au patriarcat, Solanas propose un modèle de société basé sur l'eugénisme où seules les femmes auraient une place dans la société - parce qu'elles ont clairement pas besoin de nous. Les seuls hommes tolérés serviraient de distributeur à sperme à condition d'avoir admis d'être des petites sous-merdes. Moi ça me parait une alternative pas si déconnante que ça.
Au-delà du caractère volontairement trash du bouquin elle soulève vraiment des points intéressants, du style la pertinence d'un mouvement de révolte/transition porté par des privilégiés :
P.42: "Aucune véritable révolution sociale ne peut être réalisée par les hommes, car ceux qui sont en haut de l'échelle veulent y rester et ceux qui sont en bas n'ont qu'une idée, c'est d'être en haut. La « révolte », chez les hommes, n'est qu'une farce. Nous sommes dans une société masculine, faite par l'homme pour satisfaire ses besoins. S'il n'est jamais satisfait, c'est qu'il lui est impossible de l'être. En fin de compte, ce qui révolte « l'homme révolté », c'est d'être un homme. L'homme ne change que lorsqu'il y est obligé par le progrès technique. Quand il n'a pas le choix, quand la société arrive au point où il doit changer ou mourir. Nous en sommes là. Si les femmes ne se remuent pas le cul en vitesse, nous risquons de crever tous."

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Ce bouquin c'est mon petit chouchou de ces dernières années. Morizot écrit en tant qu'éthologue. Il part du postulat suivant : La crise que nous sommes en train de vivre est multiple (climatique, sociale, économique, idéologique...), mais tout peut être ramené à ce qu'il appelle une crise de la sensibilité. Il retrace comment, à travers l'histoire, les civilisations occidentales ont petit à petit porté un regard de plus en plus distancié sur tout ce qui n'est pas humain, au risque de s'isoler complètement du monde dont ils sont issus et dans lequel ils évoluent. Je trouve, à ce jour, que c'est le bouquin qui fournit l'explication la plus convaincante de pourquoi l'individualisme occupe une place si écrasante dans nos sociétés aujourd'hui, tout en offrant des pistes de sortie. Ça oscille entre histoire, théologie, philosophie et biologie, mais tout en restant très accessible, pour nous faire comprendre un point essentiel : l'isolement dans lequel l'humain s'est plongé n'est qu'une construction sociale superficielle. Il n'est pas trop tard pour réapprendre à intégrer d'autres manières d'être vivants dans nos organisations sociales.