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BERGMAN Ingmar - Critiques & Annotations
2 films
créée il y a 5 mois · modifiée il y a environ 1 moisLa Prison (1949)
Fängelse
1 h 19 min. Sortie : 11 mars 1959 (France). Drame
Film de Ingmar Bergman
SimBoth a mis 7/10.
Annotation :
Le premier film que Bergman a réalisé et écrit de son propre chef, est en soi le premier « vrai » Bergman dans lequel il y expose une maturité précoce. On retrouve déjà une ambitieuse noirceur et une façon de mettre l'empreinte désillusionnée de son rapport aux relations humaines, et particulièrement aux relations amoureuses. Il y a une forme novatrice dès ce générique parlé qui met en avant l'artifice du cinéma et sa proposition de jouer avec plusieurs niveaux de représentations : l'histoire naturaliste, celle d'une suite de faits réels, et celle du cinéma. Le cinéaste se demande déjà : où se loge la réalité ? Où est l'illusion ? Le professeur de Paul, qui propose à Martin de réaliser un film sur l'enfer, vient-il de l'université ou de l'enfer ?
En parlant de l'enfer, celui-ci est au cœur du sujet, car sans rien tourner, l'enfer prend forme sans artifice, puisque c'est ce que vit Birgitta-Carolina, mise enceinte et manipulée pour laisser son enfant être tué. Par la suite, le personnage se suicide. « L’enfer est créé par les Hommes, sur Terre ! » déclarera le cinéaste, qui a une vision sombre de la foi, sans espoir de l'existence d'un Dieu ou de tout rachat. Une vision cauchemardesque et forcément onirique imprègne le style de l'auteur, à l'image de cette séquence de rêve très symbolique et baroque dont l'illusion mène à la plus terrible des vérités : l'infanticide.
Crime trop indicible pour le représenter, l'auteur met en œuvre une inventivité poussée, jusqu'à l'abstraction, pour mieux le suggérer. La mort de l'enfant est la mort de l'enfance elle-même, un adieu à une magie passée qui n'existera plus, excepté la belle scène où Birgitta et Thomas (le journaliste fragile et désespéré qui se lie à elle comme une âme sœur) regardent un film burlesque à la dimension mélièsienne sur un petit projecteur, comme deux enfants qui veulent échapper à la tristesse du réel.
Le cinéma était donc un outil d'émerveillement, mais il devient le « temple du ridicule », la confusion entre le vrai et le faux qui dévoile ses mécanismes, puis laisse surtout les Hommes, une fois que les lumières s'éteignent, dans leur prison ténébreuse. Le professeur ou le Diable a accompli sa mission, et Bergman également, en réalisant une œuvre au réalisme brut qui se tend vers une métaphysique tourmentée.
Vers la joie (1950)
Till glädje
1 h 38 min. Sortie : 24 avril 1974 (France). Drame
Film de Ingmar Bergman
SimBoth a mis 7/10 et a écrit une critique.



