Cover Bilan réalisateur - François Truffaut, l'obsédé

Bilan réalisateur - François Truffaut, l'obsédé

Obsédé du cinéma et des femmes, de l'art sous toutes ses formes, des correspondances épistolaires, du romantisme, du suspense, du baroque, et du classique.

* Autres Bilans Réalisateur :

- Paul Verhoeven

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20 films

créee il y a environ 2 ans · modifiée il y a plus d’un an

La Peau douce
7.1
1.

La Peau douce (1964)

1 h 59 min. Sortie : 20 avril 1964 (France). Drame, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La note d'intention est évidente : traiter une histoire banale (en l'occurrence une histoire adultérine) avec un suspense de thriller hitchcockien. Et je trouve que c'est admirablement fait.
Après les relations sentimentales toxiques de Jules et Jim, la friendzone d'Antoine et Colette, voici le cauchemar absolu du maxi french dream.
Jean Desailly absolument royal dans le rôle du personnage quidamesque complètement écrasé par sa vie de gros bobo et qui entrevoit une échappée sentimentale pour le tirer de sa torpeur.

Toute la première partie est placée sous le signe du stress et de la tension permanente, rythme haché avec des ellipses brutales, inserts qui cassent la continuité, tout est cahoteux, nerveux. On ressent bien l'étouffement du héros complètement dépassé par la suite des événements, par les détails en apparence insignifiants qui finalement vont le plonger en plein enfer (un rencard impossible à organiser techniquement à cause de mondanités interminables et imprévues, un ticket pour récupérer des photos compromettantes inopportunément oubliées dans un manteau), avec ces conventions sociales totalement écrasantes (un vrai côté In the mood for love, en plus noir encore).

Pour la première fois de la carrière de Truffaut, je sens une maîtrise parfaite de la mise en scène au service d'un récit extrêmement simple, mais qui se complexifie subrepticement, les rapports homme/femme totalement insondables (avec cette instabilité féminine insaisissable - Les basculements à la fois incompréhensibles et pourtant imparablement évidents de ces rapports), jusqu'au désastre le plus complet. Franchement chouette.

Superbe B.O., gros taff de Delerue, musique qui contribue là aussi à créer une atmosphère de féérie un peu glauque.
(A noter un fétichisme des pieds qui a dû follement plaire à Tarantino)

Le Dernier Métro
7.3
2.

Le Dernier Métro (1980)

2 h 11 min. Sortie : 17 septembre 1980 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 8/10.

Annotation :

A revoir, mais très bon souvenir

La Nuit américaine
7.5
3.

La Nuit américaine (1973)

1 h 56 min. Sortie : 24 mai 1973. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pas la première fois que lorsque je regarde un film de Truffaut je ressens une inspiration sur Wes Anderson. La fois précédente c'était pour "baisers volés". La reconstitution minutieuse d'un univers qui assume son artificialité, fétichiste jusqu'au bout des doigts, ces couleurs pétantes, et... pour celui-ci cette musique fabuleuse de Georges Delerue reprise directement par Wes Anderson (sans que je ne le sache, sinon c'est pas drôle) pour Fantastic mr Fox https://www.youtube.com/watch?v=OYWbZUIfYLA
Les séquences musicales viennent admirablement ponctuer le récit (ptêtre le point fort de la carrière de Truffaut d'ailleurs), et parviennent à traduire toute l'effervescence très éphémère d'un plateau de tournage constamment sur le qui-vive.

On ressent vraiment une implication et une passion dans ce projet très riche qui dépasse de loin le strict making-of fictif. J'aime beaucoup les scènes récurrentes de rêve du personnage de Truffaut à l'issue des journées de tournage qui viennent ajouter un aspect très intime. Globalement tous les efforts résident dans la répétition pour chasser les doutes d'une prise ratée, le chaos lié aux milliards d'obstacles difficilement surmontables et très concrets d'une aventure humaine de création collective (comment réussir à faire tourner une scène à une grande actrice sur la fin, complètement alcoolisée qui ne retient plus son texte, et se goure de porte, comment réussir à obtenir d'un chat qu'il vienne boire dans une coupole de lait).

Un côté très altmanien dans la capacité à naviguer d'un groupe de personnages à l'autre de manière très fluide et dynamique, sans nuire à la clarté du recit, avec un gros sens du détail pour favoriser l'immersion, et sans hésiter à nous plonger dans les frivolités des personnages secondaires tous très savoureux (avec une affection particulière pour Bernard Menez dans le rôle de l'accessoiriste). Film choral quelque part (ça tombe bien la musique de Delerue s'appelle "Grand Choral").

Le rapport inévitable avec 8 et demi de Fellini ou comment traduire en poésie la mécanique du cinéma (cf le balcon dans le ciel maintenu par une grue).

Me demande si Jacqueline Bisset n'était pas la belle femme du monde à cette époque-là.

La musique de Delerue ressemble à s'y méprendre à du Vivaldi, et c'était déjà les musiques de ce dernier qui pour moi faisaient tout le charme du film "l'enfant sauvage" en lui apportant un vrai souffle et une vraie dynamique.
cf mon activité pour en savoir plus

Antoine et Colette
7.1
4.

Antoine et Colette (1962)

32 min. Sortie : 1962 (France). Comédie, Drame

Moyen-métrage de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après le "je te suis, tu me suis" ultra toxique de Jules et Jim, une autre représentation sinistre (mais avec un traitement léger) des rapports homme/femme avec ce coup-ci l'horreur absolue de la friend zone. Marie-France Pisier y est sublime, et Léaud colle bien avec le profil du niais qui se fait rouler.

Les Quatre Cents Coups
7.7
5.

Les Quatre Cents Coups (1959)

1 h 39 min. Sortie : 3 juin 1959. Policier, Drame

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10.

Annotation :

Le leitmotiv musical participe beaucoup à l'atmosphère féérique du film (finalement pas si éloigné du souvenir assez éthéré que j'ai gardé de Fahrenheit 451), la parenté avec "au revoir les enfants", lui aussi dans un registre assez semblable, me paraît frappante (jusqu'au plan ultime avec ce regard caméra qui fige l'audience).
Un film mélancolique sur l'enfance en contraste radical avec la proposition de Pialat pour "l'enfance nue" qui évacue toute cette féérie pour ne conserver que l'âpreté jusqu'à l'os. Deux types de propositions qui se complètent finalement très bien.

On y trouve un élan poétique magnifié par ce final et ces plans séquences à l'air libre qui donnent une respiration au personnage qui était jusque là constamment confiné dans des espaces clos étouffants (domicile parental, écoles, prison, internat). Film d'errance assez simple, pas non plus révolutionnaire ou incroyablement marquant pour autant, mais indiscutablement réussi. Et quelle perf de Léaud - que je déteste adulte (en particulier sur les monologues de fin où il est d'un naturel extrêmement touchant).

Jules et Jim
7.1
6.

Jules et Jim (1962)

1 h 45 min. Sortie : 23 janvier 1962. Drame, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10.

Annotation :

On peut pas me suspecter d'être de connivence, je partais vraiment à reculons en m'attendant au pire du pire.
Alors c'est vrai que dans l'absolu ces histoires de gros cuck donnent vraiment des envies de fuite et m'indiffèrent totalement.

Mais le film tire son intérêt de sa grande bizarrerie, de cette mise en scène et de ce montage constamment flottants (mais sans excès assommants, la recherche d'originalité reste assez contenue, on n'est pas dans les excès godardiens pesants, j'y vois même un peu plus de maîtrise que dans "tirez sur la pianiste" qui tirait pas mal sur la corde du "vazy que je te fais des effets car moi je suis un metteur en scène qui tente des trucs").
Je trouve que la qualité de Truffaut c'est cette capacité à créer un univers assez féérique où la musique joue un rôle central (je pense notamment aux très jolies séquences de balades nocturnes en forêt), une tension émerge. Il arrive aussi à créer des effets de contrastes radicaux et assez percutants (en particulier le final totalement glauque, surréaliste mais traité dans un style enjoué qui renforce l'impression de malaise).

De marivaudages en apparence sans grand intérêt, il arrive à faire émerger une obsession amoureuse que je trouve très parlante. On a là une déclinaison très réussie du fameux "je te suis, tu me fuis" qui dérive dans des excès hautement toxiques avec des scènes vraiment bien foutues (2 scènes en particulier : - la scène du retour de Jim, qui prépare une mise en scène de son départ quand il voit que Catherine n'est pas là pour l'attendre, et qui a l'air bien con quand celle-ci déboule pile au moment où il comptait se casser / la séquences d'échanges épistolaires et ce problème insoluble du délai de réception des courriers et les malentendus terribles qu'ils peuvent générer, un courrier ne répondant pas directement au précédent qui n'a pas encore été reçu, c'est vraiment admirablement bien utilisé).

Film bizarre, déroutant, pas foncièrement désirable, pas nécessairement important, mais qui pour le coup laissera une trace dans ma mémoire, même si je n'ai pas pris un immense plaisir pour autant à titre perso. Finalement c'est aussi ça qui compte, l'effet qu'un film produit sur soi.

(mémo perso : une petite touche de truffaut cinematic universe, avec la séquence au cinéma où Oskar werner mate des archives de nazi brûlant des bouquins, avant "Fahrenheit 451)

L'Enfant sauvage
6.8
7.

L'Enfant sauvage (1969)

1 h 25 min. Sortie : 26 février 1970. Drame

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10.

Annotation :

Je le trouve très réussi ce petit film qui me faisait assez peur.
Déjà le principe de faire un film d'époque avec une reconstitution qui parvient à être crédible en faisant le choix du minimalisme.
Premier film aussi où Truffaut aborde frontalement la relation père-fils avec un récit d'initiation extrêmement réaliste dans son cheminement laborieux et progressif. Toute l'évolution se traduit par toutes petites touches successives.
C'est en gros la scène d'apprentissage du langage, de la communication de Greystoke, en puissance 10, avec toute une série de premières fois forcément émouvantes (dont les premiers pleurs). Avec l'ultime apprentissage, celui de pouvoir déterminer si l'on peut apprendre à un enfant sauvage ce qui est juste ou non. Concept assez passionnant en soi.
Et film très léché je trouve, beau noir et blanc, avec de vraies idées de montage et de rythme qui donnent aux séances d'apprentissage un vrai sentiment d'accomplissement (notamment lorsque l'enfant sauvage parvient de plus en plus rapidement à décrypter les mots pour rapporter les bons outils).

Et là encore, superbe utilisation de la musique (en l'occurrence Vivaldi).
A noter une application pas évidente du principe du "montage interdit" de Deleuze lors de la poursuite de l'enfant par les chiens dans l'intro.

Tirez sur le pianiste
6.7
8.

Tirez sur le pianiste (1960)

1 h 21 min. Sortie : 25 novembre 1960. Policier, Drame, Thriller

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

J'arrive pas encore à mettre le doigt sur ce qui me perturbe dans le film. Les artifices estampillés nouvelle vague, hyper clinquants et qui virent presque aux tics inutiles et qui peuvent un peu étouffer l'émotion qui essaye tant bien que mal de naître. Le genre du film policier ouvertement utilisé comme pur prétexte. L'alternance pas très naturelle entre les registres, du burlesque au pur drame, le jeu caricaturalement faux des 3/4 des comédiens, les discussions hors sujet entre gangsters (dignes d'un futur pulp fiction) tout cela ne facilite pas franchement l'implication. Mais l'émotion finit par se présenter malgré tout, derrière quelques séquences à la beauté singulière. Le monologue du personnage de Nicole Berger qui permet enfin de se poser et de respirer / le climax vraiment beau, en particulier la longue glissade dans la neige, pour finir sur le regard mélancolique d'Aznavour. Assez classieux, somme toute.
Cf ma critique pour en savoir plus

L'Histoire d'Adèle H.
6.7
9.

L'Histoire d'Adèle H. (1975)

1 h 40 min. Sortie : 8 octobre 1975. Drame, Historique

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Au départ j'aurais intitulé ça "L'Histoire d'une reloue".
Vraiment compliqué tout de même, tellement austère et peu impliquant. Du mal à piger la folie obsessionnelle pour cet officier ectoplasme.
Finalement le film prend un tournant plutôt enthousiasmant. Le classicisme un peu pompeux cède à une forme de surréalisme jusque dans le physique déclinant du perso d'Adjani. Le maquillage de son visage qui blanchit et des cernes qui s'épaississent est très fellinien.
Finalement le film s'affranchit de son récit pour se transformer en docu sur la dégradation d'une femme transformée en stalkeuse de l'espace, les cheveux de plus en plus bouffants, le costume de plus en plus rapiécé, on ne la voit plus que comme un fantôme sinistre qui déambule dans des dédales exotiques, et la musique prend toute la place (et nous libère des dialogues peu emballants). Adjani qui rejoue une errance documentaire et clochardisante à la Michel Simon dans Boudu, c'est plutôt rigolo.

Ces séquences de déambulations dans les dédales (en particulier aux Barbades) m'évoquent beaucoup l'ambiance fiévreuse d'un film comme "Un thé au sahara" de Bertolucci.

Après avoir eu très peu, ça a été finalement une expérience pas si mal. Puis faut dire qu'Adjani sait très bien avoir l'air complètement allumée.

Baisers volés
7.3
10.

Baisers volés (1968)

1 h 31 min. Sortie : 4 septembre 1968. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Extrêmement déconcertant, avec cette impression de retrouver des bribes de style godardien (alors qu'il avait un peu laissé tomber cette veine-là depuis tirez sur le pianiste) dans cette succession ultra décousue (pour ne pas dire heurtée) de saynètes souvent lunaires et volontairement artificielles dans un microcosme parisien, en se souciant assez peu des contraintes d'une narration classique.

Y a aussi une sophistication qui pour la première fois dans la carrière de Truffaut me fait aussi clairement penser à du Wes Anderson : que ce soit la direction artistique, les couleurs pétantes, l'affèterie, le dandysme, l'usage de la musique qui comme toujours est absolument essentielle dans ses films (là aussi un usage très complexe à décrypter, avec des rémanences du thème doux et mélancolique de Charles Trenet entrecoupées par d'étranges musiques d'ambiance qui surgissent soudainement pour disparaître aussi vite à des moments toujours surprenants).

J'avoue avoir un peu de mal à adhérer à l'ensemble foutraque (même si par exemple le concept central de l'agence de détective assez farfelue avait un beau potentiel), même si c'est intéressant de voir qu'il tente de créer derrière un univers qui perdure dans le temps, car constamment connecté à ses autres oeuvres via des détails parfois qui vont jusqu'à l'insignifiant (par exemple j'ai remarqué la reprise d'une affiche qu'on retrouvait dans la chambre du perso de Michel Bouquet dans "La mariée était en noir"), et c'est toujours assez touchant de retrouver des personnages issus du passé filmique (et notamment celui de Marie-France Pisier l'espace d'une très brève saynète). J'y retrouve une émotion nostalgique assez similaire à celle que j'avais pu ressentir en revoyant des personnages clés dans les films de Demy (par exemple Roland Cassard en notable installé dans "les parapluies de Cherbourg" après avoir été le jeune premier désireux d'aventure des années plus tôt dans "Lola"). Acteurs et personnages vieillissent ensemble et leurs vies semblent se dérouler indépendamment de l'écran. Mine de rien cela donne de l'épaisseur.

Vivement dimanche !
7
11.

Vivement dimanche ! (1983)

1 h 50 min. Sortie : 10 août 1983 (France). Comédie, Policier, Thriller

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Je fais un peu la fine bouche car le film a tout pour être sympathique.
Mon ressenti, et l'explication de ma légère gêne, c'est qu'on a ici une application somme toute assez scolaire (mais propre et réussie) des codes du genre (film policier, film noir, suspense hitchcockien). On retrouve ici ou là évidemment une tonalité propre à Truffaut (ne serait-ce que dans les auto-citations, le fétichisme des jambes de femme entre autres exemples), la conversion du film du genre dans un contexte franchouillard qui donne un certain cachet, mais sans que je ne parvienne vraiment à l'expliquer je trouve qu'il ne parvient pas à transcender les formules (au contraire d'un de Palma, qui ne se contente pas de repomper Hitchcock mais le transfigure, l'atomise dans un style parfois tape-à-l'oeil outrancier, mais infiniment plus marquant et personnel).

C'est appliqué, studieux, très proprement fait, mais c'est tout de même un peu pépère, et finalement plus proche d'une enquête téléfilmique à la Hercule Poirot qu'à une aventure trépidante et étourdissante.

Mais ça reste assez ludique, avec les jeux habituels sur des ramifications pseudo complexes pour embrouiller volontairement le récit, avec des sous intrigues de sous intrigues, des personnages secondaires qui se multiplient, un jeu sur les espaces aussi (trintignant confiné, pendant qu'Ardant parcoure la ville, ce qui donne une petite dynamique au récit).

Et puis il reste enfin un couple de maxi tauliers et qui fonctionne très bien, le duo mythique Trintignant / Ardant (probablement plus belle et charismatique que jamais).

Sinon la conclusion avec la pseudo explication psychanalytique sur les tourments du tueurs (qui est une sorte de pirouette par rapport à l'obsession de Truffaut pour les femmes) est tout de même un brin lourdingue avec ce monologue final (certes passage obligé) mais légèrement lourdingue.

Domicile conjugal
7.1
12.

Domicile conjugal (1970)

1 h 37 min. Sortie : 9 septembre 1970. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Le côté plus lâche du récit est à la fois ambitieux et expérimental (déjà constaté dans "Baisers volés", mais avec un peu moins de folie ici je trouve), mais porte en lui les germes de ce qui se fera de pire dans le ciné français, à savoir du ciné d'appartement avec des séquences tranches de vie de couple insipides.

Heureusement on n'en est pas encore rendu à ce niveau, grâce à l'atmosphère qui finit par prendre (toute la cour avec ses multiples personnages secondaires typiques contribuent à donner de la vie au film), et une ambiance lunaire parfois assez proche de celle de Jacques Tati, que ce soit dans l'esthétique ou le faux rythme (toutes les séquences en rapport avec le monde du travail grisâtre, c'est clairement du "playtime", le petit lac avec les bâteaux miniatures télécommandés c'est du "mon oncle"). D'ailleurs pas un hasard si lors d'une scène on voit un simili Jacques Tati prendre le métro de façon gaguesque.

Quelques scènes ici ou là intéressantes, une séquence finale illustrant le pire rencard du monde qui est pas mal (rien de pire qu'un rencard où l'on doit lutter contre l'ennui), mais rien de follement transcendant. Comme l'impression qu'on tourne en rond et qu'on ne retrouvera pas l'énergie des débuts (et en particulier d'"Antoine et Colette" qui me paraître être le meilleur épisode de la saga Doinel). (Claude Jade a énormément de charisme et participe beaucoup aux qualités du film) .
Autre aspect très intéressant du film, c'est son côté documentaire de la vie parisienne des années 70.

L'Homme qui aimait les femmes
7.4
13.

L'Homme qui aimait les femmes (1977)

2 h. Sortie : 27 avril 1977. Comédie dramatique

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Un brin longuet même si indiscutablement original.
Là encore une volonté de s'affranchir d'une narration classique avec un récit déstructuré, éclaté, avec des mises en abîme tous azimuts : l'histoire racontée par flash back, qui est en fait le récit d'un livre en cours de rédaction et analysé par un comité de lecture comme on analyserait directement le film de Truffaut (avec les débats de critique sur les intentions de l'auteur, sur le sens, la portée de son oeuvre, sur l'utilité ou non des événements rapportés, et où on l'on voit que Truffaut préfère manifestement s'affranchir des contraintes d'un récit strictement utilitaire, pour avoir beaucoup plus de libertés et de laisser-aller), mais aussi une analyse étendue sur sa personnalité, le caractère insolite de son rapport homme/femme, ce qui nous fait dériver dans l'auto-psychanalyse à la sauce woody allen (mais avec beaucoup d'humour et de légèreté en moins tout de même, ce que je reproche très largement ici, tout devient un peu lourd et pesant malgré tout, et je suis pas sûr d'être un grand fan de Denner).

Le concept du stalker qui chasse les femmes les unes après les autres est pas mal, même si clairement on est parfois pas très éloigné du psychopathe ^^

Dommage qu'on voit si peu la ville de Montpellier (tout se passe en appartements) alors qu'elle est régulièrement mentionnée. Il doit y avoir un truc d'universel et d'intemporel dans la beauté des femmes de là-bas, j'en ai des souvenirs personnels assez émus par quelques journées de printemps ^^ Beaucoup de jambes et de robes légères ^^
(Bon en matière de séquence de filature de femme, faut bien admettre que De Palma a atomisé le game dans "Body double")

La Femme d'à côté
7
14.

La Femme d'à côté (1981)

1 h 46 min. Sortie : 30 septembre 1981. Drame, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

Enième variation chez Truffaut sur le thème de l'amour impossible et des rapports adultérins. Une sorte de synthèse entre "la peau douce" (tous deux concluant sur une violence inévitable), et "Adèle H" (en s'attardant sur la folie progressive d'une femme de plus en plus psychotique, et tout l'aspect ultra fiévreux).

Les acteurs sont bons (j'aime bien le basculement brutal du perso de Depardieu qui est tout éteint et soudainement active le mode King Kong qui lui va très bien), la mise en scène est présente mais discrète (avec des petites préciosités, du type une narration intra-diégétique qui s'assume, un truc habituel chez Truffaut, le narrateur veut se faire voir et entendre, tout ça n'est que du cinéma et de la fiction), mais je ne peux m'empêcher de trouver cela un brin longuet et un peu trop austère à mon goût.
C'est quand même vachement froid.

Après ce côté amorphe colle bien avec la représentation d'un environnement boboïsant (assez répulsif pour moi) complètement artificiel et dévitalisé. C'est parce qu'on est chez des bots aux réactions préprogrammées et aux routines de vie institutionnalisées, qu'il paraît cohérent qu'en réaction on suscite des élans de folie et de passions inassouvies.

L'Amour en fuite
6.5
15.

L'Amour en fuite (1979)

1 h 34 min. Sortie : 24 janvier 1979. Comédie, Drame, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

En soi revisiter le Truffaut cinematic universe ça me choque pas, c'est une démarche très lelouchienne, voire wachowskienne (cf le dernier matrix). Rebalancer des (longs) extraits des films passés, avec des autocitations de partout, pourquoi pas (jusqu'à même insérer dans la diégèse des films de Truffaut au cinéma, "une belle fille comme moi", c'est un peu l'angoisse ce monde truffaldien jusqu'au bout des ongles).

D'ailleurs, c'est pas un hasard si le film qui a la place la plus importance dans ces retours au apssé c'est le court-métrage "Antoine et Colette", il m'avait justement semblé que dans cette saga c'était à la fois le film le plus simple, le plus léger, le plus beau et le plus mystérieux grâce au personnage totalement indéchiffrable de Marie-France Pisier (et qui contribuait à créer une belle dynamique avec le côté ahuri de Léaud).

Là encore, Marie-France Pisier domine le game avec toutes les meilleures scènes (séquence très réussie dans le train, fine ambiance avec ce qu'il faut de tension, me rappelant par instant l'intro de "la cité des femmes" de Fellini, un des rares moments où Truffaut construit quelque chose d'un peu inédit dans le film, et là encore son goût pour les mises en abîmes avec le jeu savoureux autour du livre autobiographique du héros qui narre les aventures des films passés, un peu à l'image de ce qui se faisait dans "l'homme qui aimait les femmes" qui est extrêmement proche de ce film-ci en raison de l'agrégat de romances obsessives qui s'enchaînent).

Mais il y a une faute de goût néanmoins. Un peu comme prometheus qui vient ruiner le mystère des origines des alien, je ne vois pas l'intérêt d'explorer et d'expliciter rétrospectivement le caractère insaisissable du perso de Pisier, ce qui rompt singulièrement le charme. Toutes ses réactions du passé et du présent sont passées à la loupe d'une psychologie de bazar, et c'est un peu lourd et décevant.

Ca reste sympatoche et parfois assez original (avec une idée de narration qui me semble reprise par Tarantino lorsque Tim Roth raconte un faux récit dans reservoir dogs, et qu'on voit son personnage continuer de narrer son histoire même au sein de celle-ci - la scène des toilettes / Doinel qui raconte l'anecdote de la cabine téléphonique), mais pas sûr qu'on y gagne à vouloir tout revoir, tout expliquer sous toutes les coutures. Même pour la première fois eu le sentiment que le perso de Doinel m'indiffère globalement

La Mariée était en noir
7.1
16.

La Mariée était en noir (1968)

1 h 47 min. Sortie : 17 avril 1968. Drame, Policier

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 6/10.

Annotation :

C'est pas fou en soi, mais ça reste une étrangeté pas inintéressante.
D'abord la poursuite d'un style hitchcockien à la sauce française, ça donne une bizarrerie pas déplaisante en soi (surtout quand on est fan de de palma et des retranspositions hitchcockiennes un peu hasardeuses).

Le gros du boulot est évidemment assuré par Bernard Herrmann (qui s'amuse notamment à transformer la mélodie traditionnelle du mariage) pour retranscrire cette atmosphère à la fois mystérieuse et onirique propre au style hitchcockien. Cette femme fatale aux multiples visages, multiples costumes, insaisissable, le tout dans une ambiance de ciné français avec des visages bien connus (Claude Rich, Brialy, Denner, Bouquet, Lonsdale & co), ça pourrait presque marcher.

Le récit arrive à être intrigant jusqu'à la révélation qui survient assez tôt, et sans trop de justification (pourquoi révéler à ce moment, vis-à-vis de tel perso et pas d'un autre), qui est assez grotesque. Le film devient un peu pénible, lent, assez peu prenant (en particulier toute la partie dans l'atelier de peinture de Denner qui n'en finit plus, même si la scène où la mariée pose avec un arc qui vise sa future victime est pas mal).
L'impression que Truffaut commence à filer un mauvais coton après les insipides "La Sirène du Mississippi" et "Fahrenheit 451".

On retrouve son obsession pour les femmes et en particulier son fétichisme des jambes (avec une scène sur un jeu de jambes quasi identique dans sa disposition à celle du photoshoot dans "la peau douce"), ces personnages d'amoureux éplorés et frustrés (Bouquet pas mauvais dans le rôle d'un quasi puceau).

Ce qui m'a intrigué c'est certains choix un peu lunaires (par exemple tout un travelling déroutant dans un jardin où l'on ne sait plus très bien ce que la caméra se met à suivre, et contribue à créer une petite impression de malaise quand la scène débouche sur une gamin qui court après son ballon pour se retrouver nez à nez avec la tueuse / quelques ellipses bien senties). Bref ici ou là il y a quelques idées qui sortent un peu du déroulement plan-plan.

Fahrenheit 451
6.9
17.

Fahrenheit 451 (1966)

1 h 52 min. Sortie : 15 septembre 1966. Fantastique, Science-fiction

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 5/10.

Annotation :

Sans grande surprise, c'est particulièrement raté pour plusieurs raisons pas forcément faciles à identifier.
En soi, j'aime bien cette esthétique britannique de sf/anticipation des 60's hyper kitsch. Un mélange entre des décors naturels (avec beaucoup de végétation, de pins, de vieilles chaumières) et des gadgets qui prétendent faire sf, ce qui donne un résultat assez hideux auquel je finis par trouver un charme assez malsain (c'est totalement ce qu'on trouve dans des films comme Zardoz, Woody et les robots, ou même la super série "le prisonnier", et même les séquences en intérieur de 2001).

Pour compenser cette esthétique un peu foireuse, il y a un ton, une ironie, un second degré, une folie.
Là, le hic à mon avis c'est le côté hyper 1er degré de l'entreprise (avec un récit assez bébête au demeurant et qui n'a vraiment pas la portée d'un film de long métrage), qui confine à la naïveté pour ne pas dire à la niaiserie.

Ne reste plus que la ringardise. Personnages complètement creux, où personne ne croit à rien (Oskar Werner en tête, c'est documenté), Truffaut qui se dépatouille comme il peut de ses tentatives avortées de créer un univers crédible qui ressemble surtout à un mauvais délire de playmobiles.
Il bénéficie pourtant comme toujours jusqu'à présent, d'une B.O. assez exceptionnelle de Bernard Herrmann (qui donne évidemment le cachet romantico-hitchcockien), qui lui permet au moins de réussir les toutes dernières scènes (je ne parle évidemment pas de la blague des patrouilles volantes, même Ed Wood rougirait devant l'horreur des FX), où on sent enfin un peu de poésie et de laisser-aller quand les "hommes-livres" récitent leurs livres appris par coeur en déambulant de gauche à droite, de droite à gauche, dans une forêt enneigée abritant un lac gelé. Enfin un peu de grâce.

La Sirène du Mississipi
6.8
18.

La Sirène du Mississipi (1969)

2 h 03 min. Sortie : 18 juin 1969 (France). Policier, Drame, Romance

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 5/10.

Annotation :

Quand même bien soporifique. Le polar est vraiment utilisé comme un vulgaire prétexte pour raconter une relation de couple claudicante et complètement molle du genou.
Deneuve y est terriblement atone et monocorde (au contraire d'un autre film de 68, la chamade, où elle dégageait vraiment une énergie et de la personnalité).
Pas un plaisir. Par contre rigolo de voir que Truffaut tourne des plans quasi identiques dans les mêmes décors de montagne que dans la fin de "tirez sur le pianiste" (là aussi situés à la fin). Sans parler de la réplique "une joie mais aussi une souffrance" qui reviendra dans le dernier métro.
Le type met en place mine de rien son Truffaut cinematic universe qui s'alimente en auto-référence. Mais bon faudrait faire des films un peu plus excitants que ça tout de même.

La Chambre verte
6.4
19.

La Chambre verte (1978)

1 h 35 min. Sortie : 5 avril 1978. Drame

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 3/10.

Annotation :

Le film le plus con de Truffaut ?
De base le concept me chauffe pas des masses, mais même sur un postulat de départ pourri (un type qui aime les morts et souhaite les honorer, au secours), t'as toujours moyen de restituer de façon inédite, originale, audacieuse une obsession qui confine à la folie.
Truffaut a déjà su le faire, même si je suis pas fondamentalement fan du film, il parvenait à atteindre ce but dans "Adèle H", bien aidée par la prestation d'Adjani, mais pas que. Les déambulations finales, la destructuration d'un récit faussement classique, ça participait à créer cette atmosphère propre à la folie.

Là on part avec un hic majeur : Truffaut acteur. Son jeu faux/ultra neutre peut passer dans des films ultra réalistes quasi documentaires (comme c'est le cas dans "L'enfant sauvage"), mais dans un drame austère c'est plus possible, avec un final qui tourne au grandguignol quand il se met à jouer le type mourrant qui pousse un dernier râle, on est sur du 8/10 sur l'échelle du malaise du carrefour de Villejuif.

Une belle photo, une musique pas trop mal ne suffisent plus à palier l'absence d'idée narrative ou formelle, ou le jeu d'acteur moisi. Ne reste donc plus que le concept en carton pâte. Une battle du "qui a les meilleurs morts" avec des scènes de confrontation franchement gênantes entre Truffaut et Baye. Ne restent plus que l'austérité, l'insipidité, et l'emmerdement maximal pour un film qui ne dure même pas 1h30.
Tendu.

Les Deux Anglaises et le Continent
6.8
20.

Les Deux Anglaises et le Continent (1971)

2 h 10 min. Sortie : 18 novembre 1971 (France). Romance, Drame

Film de François Truffaut

KingRabbit a mis 2/10.

Annotation :

Comment expliquer mon désarroi ?
Trauma d'enfance qui confirme que j'avais déjà des goûts bien affirmés à l'âge de 10 ans. Peux pas croire que j'ai pu regarder ce machin jusqu'au bout à l'époque, impossible.
Fascinant de constater à quel point on peut rapidement cerner qu'un film sera une profonde souffrance.

Du dandysme imblairable, avec intrigues sentimentales type amour, gloire & beauté type "je t'aime, je ne t'aime plus, si je t'aime, non je t'aime plus, je ne peux pas vivre sans toi, si je veux vivre sans toi", trio d'acteurs qui jouent comme des patates (les deux gourdes sont évidemment insupportables, et Léaud est plus faux que jamais - histoire de rigoler, repenser à Daniel Day Lewis et Michelle Pfeiffer dans l'âge de l'innocence de Scorsese, c'est quand même autre chose en matière d'amour impossible), stylisation ennuyeuse à crever, mollesse généralisée, aucun style, aucun souffle, aucune idée, un rythme terriblement plat et monocorde, un monstre froid de classicisme et de dispositifs de mauvais théâtre d'auteur (on en vient à salement regretter la qualité française pour le coup).

Je sais pas bien quel était le projet, je pense que pour ce type de récit terriblement casse-gueule et chichiteux, il faut le talent et l'ambition d'un David Lean pour y insuffler de la vie et de la vérité.

J'arrive même à ressentir l'ennui profond de Delerue dans son accompagnement musical (et pourtant il en a du talent).

KingRabbit

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