Cover BURTON Tim - Critiques & Annotations
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4 films

créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a 5 mois
Beetlejuice
7

Beetlejuice (1988)

1 h 32 min. Sortie : 14 décembre 1988 (France). Comédie, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Tim Burton

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Toute la patte burtonienne est dans "Beetlejuice", celle d'une poésie macabre et d'une dimension horrifique avec sa touche subversive dissimulée sous une comédie familiale. En dévoilant l'envers du décor de la mort, après le décès d'un couple venu de la campagne, Burton titille un humour noir où le monde des morts est une société bureaucratique, à la fois contraignante et chargé d'obligations, faisant le parallèle avec le monde des vivants. Mais elle est surtout empestée par une entité surexcitée et outrancière : Beetlejuice. Ce dernier incarne la partie obscure d'un film devant être à l'origine plus immoral et cauchemardesque, mais préféré par une ambiance, obligée par les studios, plus candide. Pourtant, le personnage distille une jubilation dans cette histoire de fantôme inversée (le couple-fantôme est positif et se fait oppresser par des vivants hypocrites et pédants, excepté leur fille ténébreuse) en pointant du doigt le conformisme consumériste des années 1980. Sa grossièreté enclenche toute cette tendresse baroque d'une inventivité extravagante et aux effets authentiques. L'œuvre est un tourbillon excentrique qui foisonne d'idées délirantes et parle du détachement matériel pour trouver le bonheur et son nid familial, même après la mort.

Batman
7.1

Batman (1989)

2 h 06 min. Sortie : 13 septembre 1989 (France). Action, Fantastique

Film de Tim Burton

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Le film de super-héros, sous la patte de Burton, devient un carnaval géant, complètement fou et extravagant, comme le démontre déjà ce Gotham qui se transforme en mégalopole pleine de charme dans son design artisanal entre studio et carton-pâte. Cette excentricité, on la doit ensuite à un Joker pimpant, avec son costume violet, ses gadgets loufoques et son goût pour l’art. Nicholson l’interprète avec sophistication et rajoute de la couleur à cet être dément et fêtard. Son némésis, Batman, fait l’hybridation entre cette joyeuseté pop et fantaisiste qui exalte tout au long du film et l’esprit plus ténébreux et gothique planant dans l’atmosphère expressionniste composée par le cinéaste. L’opposition est iconique, et Vicky, la journaliste qui tombe sous le charme de Bruce, rajoute du piment, car la rivalité entre les deux personnages va au-delà d’une idée idéologique : elle est une rivalité charnelle. Joker, sous son sourire sadique, cache un profond désir, comme en témoigne cette danse dans la cathédrale lugubre, digne de La Belle et la Bête. L’œuvre a donc un esprit schizophrénique dans ses personnages, son ambiance, son esthétique, sa musique et ses scènes : des choix reflétant la double identité qu’a toujours incarnée la mythologie batmanienne.

Edward aux mains d'argent
7.6

Edward aux mains d'argent (1990)

Edward Scissorhands

1 h 45 min. Sortie : 10 avril 1991 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de Tim Burton

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Le film culte de Burton peut être vu comme un parallèle clair avec celui-ci : Edward est un créateur qui sculpte avec ses mains, ne sachant faire la distinction entre le Bien et le Mal, un être resté trop longtemps isolé et un enfant sauvage qui n’arrive pas à s’impliquer dans la norme. L’œuvre est également un hommage à Vincent Price, acteur ayant été à la source de l’envie pour l’auteur de faire du cinéma. Ne laissant rien au hasard, Price joue le créateur qui a façonné Edward. Enfin, Burton est un artiste tourmenté qui veut parler au plus grand nombre, mais il ne sait pas communiquer sans faire peur, à l’image d’Edward, qui ne peut pas tendre ses mains ciselées sans blesser autrui et sans paraître bizarre aux yeux des gens.

Ensuite, l’œuvre est un conte faisant la satire d’une bourgeoisie archétypale ayant l’imagerie des banlieues américaines des années 1950 : l’American way of life par excellence. L’auteur caricature volontairement ce milieu dans une esthétique criarde et acide, très colorée dans ses teintes et dans une topographie urbaine où tout se ressemble, comme si tout était cloné. Il filme toutes ces familles avec un burlesque froid qui contraste avec l’expressionnisme gothique du château isolé où habite Edward.

Ce dernier est un monstre de Frankenstein naïf et innocent qui a peur des absurdités matérialistes de cette norme. Utilisé comme un objet récréatif pour beaucoup au début de sa vie dans cette communauté, il est ensuite exclu pour ne pas être le compromis de cette dernière. Pourtant, Burton ne pointe pas du doigt et ne juge pas cette communauté, il en dévoile seulement le profond enracinement dans l’ordinaire et la banalité. On le voit par la tendresse et la gentillesse de la famille qui accueille le personnage.

Ainsi, le cinéaste assume toute l’outrance visuelle de son œuvre pour en faire un pur conte de fées faisant côtoyer la beauté délicate du merveilleux et son versant sombre à la fois cruel et inquiétant. Être un artiste, pour le réalisateur, c’est donc se placer au-delà de la norme et de la morale, mais le prix à en payer est celui d’être placé en dehors du monde.

Batman - Le Défi
7.2

Batman - Le Défi (1992)

Batman Returns

2 h 06 min. Sortie : 15 juillet 1992 (France). Action, Fantastique

Film de Tim Burton

SimBoth a mis 9/10.

Annotation :

Amoureux des monstres, Burton porte une tendresse infinie pour ces derniers. C’est le cas dans la suite de son "Batman" avec le Pingouin, composé d'un corps difforme et trapu, d'un long nez, de mains palmées et d'une peau poisseuse. Abandonné dès sa naissance, rejeton de la société vivant avec sa cour et ses animaux dans les égouts, il cherche à atteindre une quête identitaire troublante, entre empathie et chaos. Cette recherche s’entrave chez Batman mais aussi chez Selina, alias Catwoman : d’abord une secrétaire bêta, elle est rejetée par la gent masculine et se métamorphose en une héroïne sulfureuse et vengeuse. Wayne, lui aussi orphelin, se bat pour ne pas succomber au mauvais sort et se laisse entraîner dans sa confrontation sensuelle avec la femme-chat. L’auteur sécrète une poésie macabre, faite de freaks et de fantasmagorie, dans un ton de conte de Noël qui se transforme en un Halloween funèbre. Burton instaure une dimension tragique et torturée, tout en gardant un ton décalé très circus show pour exposer une politique véreuse représentée sous les traits vampiriques du vrai bad-guy, Max Schreck. Sombre et envoûtant, funeste et drôle, ce film est un beau conte de fées héroïque dès plus burtonien.

SimBoth

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