Chroniques du canapé (Vus/revus en 2017)

Annotation :

01/01

Annotation :

02/01

Deux ans avant Old Boy, Park Chan-wook faisait déjà sensation avec Sympathy for Mr. Vengeance, un thriller noir sur la spirale absurde de la vengeance. Ici, c'est la violence sociale (handicap, précarité) qui déclenche une cascade de sang qui n'épargnera personne. La grande idée du film est d'alterner les points de vue entre l'auteur d'un crime et le père de la victime, transformant tour à tour chaque bourreau en victime et chaque victime en bourreau ; en résulte une profonde confusion morale compensée par une narration au cordeau et une réalisation impeccable, chaque cadre venant compenser le mutisme général du métrage. Film témoin d'une vague sud-coréenne qui trouvait tout juste ses marques, Sympathy for Mr. Vengeance restera dans l'ombre de son éclatant successeur Old Boy, mais n'en est pas moins intéressant, loin s'en faut.

Annotation :

02/01

[Revu]

Premier long-métrage de Chaplin, The Kid est un film d'une infinie douceur ; sans doute pas le plus subtil de sa carrière mais plein de moments touchants et dont le caractère parfois pathétique est toujours contrebalancé par son énergie comique. La scène de bagarre burlesque alors que l'enfant est arraché à Charlot est à la fois drôle et déchirante, et c'est un équilibre qu'on retrouvera plus tard dans sa filmo, sans doute avec un meilleur dosage. Reste un Chaplin qui, une fois n'est pas coutume, s'écarte pour mettre en lumière l'incroyable Jackie Coogan, qui livre une prestation exceptionnelle du haut de ses cinq ans.

Annotation :

03/01

Malgré tous ses défauts, qu'ils soient de rythme ou de structure, il émane d'Adieu Berthe un charme fou et une douceur agréable. Dommage que le film se focalise sur le triangle amoureux entre Podalydès/Lemercier/Candelier là où les autres histoires (la truculente paire de croque-morts) recelaient un potentiel comique indéniable. L'apparition spectrale de Vimala Pons, le temps de trois petits plans, est un bonheur, comme à chaque fois. Une réflexion mignonne sur la difficulté à communiquer et la nécessité du choix ; rien d'inoubliable mais un très bon moment.

Annotation :

03/01

Qu'est-ce qu'on ferait pas pour 1h40 de Vimala Pons... Parce qu'au-delà du plaisir de voir la belle brune sous toutes les coutures, il ne reste pas grand-chose de la troisième itération de la seule histoire que semble capable de raconter Baya Kasmi - c'est-à-dire la sienne - après les sympathiques Le Nom des gens et J'aurais pu être une pute. Mauvais mélange des deux mâtiné d'une bonne grosse couche de guimauve bien coulante, Je suis à vous tout de suite n'est sauvé que par la pétillante Vimala qui parvient à compenser tant bien que mal les failles de cette mièvrerie. Pour ceux qui ne seraient pas sous son charme, le film est en revanche carrément inutile.

Annotation :

04/01

Un an avant Matrix sortait Dark City, un film sci-fi étonnamment proche du carton des Wachowski, que ce soit en termes visuels ou thématiques (jusqu'à retrouver un concept général et des séquences en particulier à la proximité parfois troublante). Et c'est très réussi, parfois même plus que Matrix ; les méandres d'une ville à la topographie aussi changeante que les identités de ses habitants sont le lieu d'un thriller certes classique mais passionnant. Dommage que le film se plante dans un final très nineties et complètement ridicule, c'était du tout bon jusque là.

Annotation :

04/01

Annotation :

06/01

[Revu]

Annotation :

06/01

Annotation :

09/01

[Revu]

Annotation :

09/01

[Revu]

Partenaire officiel des lendemains de cuite, Shaun of the Dead restera sans doute la meilleure collaboration du trio de Spaced, Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost, devant le réussi mais un peu longuet Hot Fuzz et le plus décevant The World's End. Relecture comique du film de zombies (sans jamais tomber dans le piège de la parodie), Shaun of the Dead est une lettre d'amour au cinéma de Romero impeccablement rythmée et référencée qui se pose en écrin idéal pour le sens de la mise en scène de Wright, sans jamais mépriser ou infantiliser son sujet, bien au contraire.

Annotation :

10/01

Annotation :

11/01

Difficile de cerner l'utilité de ce documentaire qui évoque l'excellent livre d'entretiens entre Hitchcock et Truffaut. Trop concis pour en être une illustration, trop superficiel pour proposer une analyse pertinente, le film hésite dans ses démarches et ne convainc dans aucune. C'est d'autant plus dommage que les intervenants sont souvent de qualité (Bogdanovich, Anderson, Fincher, Scorsese... bon y'a aussi Assayas mais chut), mais leurs interventions sont trop réduites pour apporter un quelconque plus au bouquin. Si ça peut donner à quelques-uns l'envie d'ouvrir le livre, c'est déjà une bonne chose, mais pris indépendamment, c'est très loin d'être suffisant.

Annotation :

12/01

Une comédie policière joyeuse et enlevée qui n'a rien à envier à ses équivalents américains. C'est léger, brillant, drôle, ça envoie de la punchline que n'aurait pas reniée Michel Audiard, et ça a le mérite d'un format resserré qui n'accuse aucune fausse note. Excellent.

Annotation :

13/01

J'étais passé franchement à côté d'A Single Man qui ne m'avait pas séduit en dehors de qualités plastiques indéniables ; je l'avais trouvé froid, banal et superficiel. Me voilà nettement plus séduit par un Nocturnal Animals qui pourtant soulève ici et là des critiques similaires, et pas totalement sans raison. Pourtant, la mécanique narrative qui se met en place par l'enchâssement de trois récits (la lecture du roman, les événements de celui-ci et les flashbacks du couple) est une belle trouvaille, même si Tom Ford aurait pu nous épargner ce dernier, qui ne vient qu'expliciter et alourdir à outrance ce qui aurait pu découler de manière plus subtile des liens entre les deux premiers.

Annotation :

13/01

Ce serait mentir que d'affirmer que je n'ai pas ri devant MacGruber ; je me suis même franchement bidonné devant certaines séquences (celle du céleri notamment) puisque plutôt client de ce genre d'humour. Mais comme nombre de productions affiliées à la grande bande du SNL (Lorne Michaels himself est ici producteur), MacGruber donne trop souvent dans la facilité, dans l'humour bite-cul-prout pour convaincre, surtout que la plupart de ses situations sont piochées allègrement dans des films déjà parodiques, on pense à Hot Shots en référence absolue. Un veine plus subtile en contrepoint du lourdingue aurait pu donner une dimension autrement plus intéressante au film et aux talents comiques indéniables du cast, Will Forte et Kristen Wiig en tête.

Annotation :

14/01

Annotation :

15/01

Deux ans après l'époustouflant Whiplash, Damien Chazelle s'attaque à la comédie musicale hollywoodienne avec La La Land. Un exercice casse-gueule dont il se sort avec sérieux et brio, sur un ton léger mais jamais ironique servi par une forme virtuose et un duo plein de charme. Un peu trop sucré à mon goût pour égaler la puissance brute de Whiplash, mais une très belle énergie qui devrait cartonner aux Oscars (Hollywood adorant se renifler le popotin, ça n'aurait rien de surprenant), sans que ça n'ait rien de scandaleux ; quoi qu'on pense du genre, il y a tout de même bien plus de cinoche là-dedans que dans l'académisme figé d'un Spotlight.

Annotation :

21/01

[Revu]

Annotation :

21/01

[Revu]

Annotation :

22/01

Un joli film sur le deuil, qui gagne en subtilité et en mesure ce qu'il perd en originalité. Il y a quelque chose de désarmant chez Lee, paumé antipathique qui se laisse vivre après un drame insupportable qu'il va devoir affronter après de longues années à l'occasion d'une nouvelle perte. Le pitch n'a rien de très innovant et effectivement, le coup du paumé qui reprend goût à la vie au contact d'un jeune fragile on nous l'a déjà fait (Before I Disappear, Rudderless, Garden State...). Lonergan évite les effets de manche et à l'exception d'une musique appuyant parfois un peu trop le pathos, il trouve la bonne mesure pour laisser exister ses personnages. Lucas Hedges, aperçu chez Wes Anderson, est notamment très convaincant ; un ado écrit comme un être humain et non un monceau de clichés ça vaut la peine de le souligner. Dommage que le personnage de Kara Hayward, elle aussi vue dans Moonrise Kingdom, soit autant en retrait. Le film ne s'évite pas des défauts de rythme, l'enchâssement des récits n'est pas toujours très pertinent et le tout manque d'une patte qui sépare les bons films des excellents, mais l'ensemble est de très bonne facture.

Annotation :

24/01

Le livre était sans doute trop frais dans ma tête pour que j'apprécie à sa juste valeur A Monster Calls. C'est principalement le travail d'adaptation de Bayona qui m'a occupé pendant le visionnage et le résultat est, sans être catastrophique, loin de se montrer à la hauteur du bouquin de Ness. Le film manque globalement d'ambition visuelle malgré quelques bonnes idées (le monstre est plutôt convaincant) ; on a souvent l'impression de se retrouver devant un simili-Harry Potter alors que le sujet aurait sans doute mérité un traitement formel plus fouillé (mention spéciale aux scènes à l'école, particulièrement ratées). Mais si A Monster Calls pèche quelque part, c'est bien dans sa bande-originale, foirée de bout en bout. C'est rare que ce soit un élément déterminant dans mon évaluation d'un film, mais là, la partition de Fernando Velazquez est un tel enchaînement de dégueulasseries sorties du plus fadasse des Spielberg, qui viennent surligner péniblement chaque émotion et gâcher un nombre incalculable de séquences qu'il est impossible de ne pas l'évoquer. Le film n'est pas mauvais en soi, le casting est impeccable à l'exception de Lewis MacDougall (on pardonnera le pauvre gosse qui aura eu à chouiner pendant les trois-quarts du film devant un fond vert) et nombre de ceux qui découvrent l'histoire devraient se laisser séduire.

Annotation :

25/01

[Revu]

Annotation :

27/01

[Revu]

Annotation :

27/01

Un thriller dont la dimension culte peine à occulter le caractère finalement assez banal. Basic Instinct se veut surtout un écrin pour l'affolante sensualité de Sharon Stone, objet de fascination et centre absolu de toutes les attentions. Au-delà de ça, on retrouve certaines obsessions de Verhoeven (la duplicité, la dualité brune/blonde, la profusion de miroirs) qu'il partage avec De Palma ; on a tout de même souvent l'impression d'être dans une relecture au rabais d'un Dressed to Kill.

Annotation :

28/01

Une comédie sur des travailleurs humanitaires qui s'attaque à l'absurdité de la guerre et du sens des priorités. C'est rarement hilarant mais souvent bien vu, surtout que l'humour ne sert pas tant à occulter les problématiques sérieuses qu'à les mettre en lumière. Les acteurs sont très bons (petit bémol pour Mélanie Thierry, qui ne se montre pas plus à l'aise que Cotillard ou Laurent avec la langue de Shakespeare), Tim Robbins en tête.

Annotation :

28/01

Une bouillabaisse hystérisante qui n'a même pas le mérite de la sincérité, tant ses saillies d'"émotion" sont toutes plus fabriquées les unes que les autres. Autant dans le cadre mélodramatique de Mommy ça fonctionnait du tonnerre, autant en adaptant un texte aussi difficile la forme putassière de Dolan dépasse souvent les limites du ridicule. Son Grand Prix glané à Cannes face à l'autrement plus costaud "Elle" en témoigne ; on a pas fini d'être indulgent avec le petit prodige.

Annotation :

29/01

Découvrir Les Ogres à peine 24 heures après avoir subi Juste la fin du monde est particulièrement cruel pour ce dernier. S'il existe des points communs entre les deux œuvres (la famille, l'autodestruction, la difficulté du "nous", le théâtre), Léa Fehner les aborde avec infiniment plus de justesse et, disons-le, de talent. La forme du road-movie n'est jamais prétexte au feel-good movie gnangnan, et quand on replie le chapiteau on peut être assurés que les emmerdes y seront encore lorsqu'on le replantera. La place de chacun, le deuil, la jalousie, tout est toujours prêt à exploser entre des personnages qui ont du mal à exister en tant qu'individus tant la structure de la troupe est intégrée dans chaque comportement, tant chaque "je" prononcé sonne comme une menace au fragile équilibre du "nous". Une opposition qui trouve un écho lorsque Fehner balade sa caméra sur scène puis dans les coulisses, d'un même mouvement, mettant en lumière une porosité sans cesse augmentée entre les comédiens et les personnages, entre la scène et la vie. Remarquablement écrit et interprété, Les Ogres est un très beau moment de cinéma.

Annotation :

29/01

Cinq ans avant l'inoubliable Anthony Hopkins, Hannibal Lecter (ici curieusement orthographié "Lecktor") apparaissait à l'écran dans la première adaptation de Red Dragon de Thomas Harris. Un film devenu culte, peut-être en partie par esprit de contradiction avec la réputation sans doute un peu trop flatteuse de The Silence of the Lambs ; car à moins d'être particulièrement séduit par l'esthétique 80s dans ses attraits les plus vieillots, rien ne transpire de particulièrement brillant de Manhunter. Ni dans son aspect visuel directement nourri de Miami Vice et consorts, ni dans sa structure narrative très inégale, ni dans ses monologues qui auraient pu, avec un peu plus de subtilité, jouer de manière bien plus convaincante avec le principe de la voix-off.

Annotation :

30/01

Difficile ne peut commencer à définir Le Papier ne peut pas envelopper la braise, documentaire qui évoque la question de la prostitution au Cambodge. Pourtant, rien de vraiment racoleur ; nuits, passes et clients ne sont jamais montrés, c'est bien des journées des filles qu'il s'agit. Psychologiquement détruites (lorsque ce n'est pas physiquement), ces filles discutent entre elles de leur condition devant la caméra silencieuse de Rithy Panh. Des témoignages glaçants et une absence de perspective d'avenir qui l'est tout autant. Il faut être en forme.