CIMINO Michael - Critiques & Annotations
4 films
créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a 4 moisLe Canardeur (1974)
Thunderbolt and Lightfoot
1 h 55 min. Sortie : 4 septembre 1974 (France). Comédie dramatique, Policier
Film de Michael Cimino
SimBoth a mis 8/10.
Annotation :
Pour son premier long-métrage, Cimino offre un road-movie picaresque où deux générations se lient d'amitié. D'un côté, Thunderbolt, braqueur vieillissant, un gaillard taiseux mais classe, et de l'autre, Lightfoot, un jeune homme frivole, animé par une désinvolture naïve et un appel à l'aventure. L'œuvre adopte un ton de virilité comique très fordien, une nonchalance lorgnant avec le burlesque, mais aussi avec des touches mélancoliques, notamment par cette exposition nostalgique d'un monde et d'un mythe perdus : ceux des bandits qui se regroupent pour abreuver leur soif de richesse, mais surtout de liberté, en traversant l'espace américain. Le cinéaste pose un regard moderne sur l'héritage des anciens et sur l'importance de l'identité américaine, avec son idéalisation, ses paradoxes et ses blessures. C'est une ballade distrayante, pleine de grandes respirations à la complétude harmonieuse, mais aussi mouvementée et narrativement variée, renforçant la fraîcheur énergique de cette amitié touchante. Le goût anachronique propre à Cimino et son style volontairement en retard sont déjà là, comme pour mieux embrasser cette parenthèse enchantée finissant dans une morbide solitude élégiaque.
Voyage au bout de l'enfer (1978)
The Deer Hunter
3 h 03 min. Sortie : 7 mars 1979 (France). Drame, Guerre
Film de Michael Cimino
SimBoth a mis 10/10.
Annotation :
Cette vision amplement romanesque, faisant le constat blessé d'une communauté déchirée, au sein même de son foyer, par le destin de trois soldats partis vers l'horreur des conflits vietnamiens, s'accomplit dans un puissant geste lyrique et bouleversant. Cimino déploie son récit en trois grandes parties, tel un grand opéra, qui nous intègre au cœur de cette collectivité d'une Americana industrielle. Comme chez Ford ou Visconti, l'auteur gère admirablement le souffle enthousiasmant des foules (la grande scène du mariage), mais ceci n'est qu'une parenthèse d'un présent déjà évaporé, montrant des signes prémonitoires de la tragédie intime à venir. Car cette idéalisation se confronte à la brutalité de la guerre que le film capte brièvement, mais suffisamment pour qu'elle soit éprouvante. De l'intensité insoutenable de la roulette russe, allégorie du suicide de la nation, à l'enfer des bas-fonds dantesques de Saïgon où ce jeu morbide continue, la fêlure est trop profonde, et le retour amer du chasseur de cerf (incroyable De Niro) en est plus qu'élégiaque. L'autarcie du groupe est brisée, mais Cimino garde de l'espoir pour préserver le mythe américain et son utopie au milieu de la majestuosité primitive de la nature et des montagnes.
Le Sicilien (1987)
The Sicilian
1 h 55 min. Sortie : 28 octobre 1987 (France). Drame, Policier, Historique
Film de Michael Cimino
SimBoth a mis 7/10 et a écrit une critique.
Sunchaser (1996)
The Sunchaser
2 h 02 min. Sortie : 29 mai 1996 (France). Drame, Policier
Film de Michael Cimino
SimBoth a mis 8/10.
Annotation :
Jusqu’à la fin, Cimino aura saisi les fractures sociales de son pays. Ici, en filmant un road-movie initiatique sur deux hommes intrinsèquement opposés, dressant deux constats d’une Amérique déchirée dans son essence. Le premier, un docteur bourgeois, archétype de l’individualiste capitaliste, mais traumatisé par la mort de son frère. Le second, un jeune prisonnier violent d’origine indienne en phase terminale d’un cancer, qui va prendre en otage Michael et le forcer à l’emmener dans une montagne sacrée navajo pour s’abreuver d’un lac soi-disant capable de guérir l’âme. Deux visions, deux façons de vivre différentes, qui vont d’abord se détester, puis apprendre à se connaître dans une fable mystique très en mouvement, qui est un éloge à la liberté, à l’aspiration spirituelle et à l’union de deux classes différentes. Ce remake caché du "Canardeur" touche par sa vision solaire d’une amitié qui fusionne, pas à pas, avec les origines utopiques d’une Amérique rêvée. "Sunchaser" tient un rythme soutenu pour mieux assouvir la soif de vivre d’un binôme ayant l’esprit en peine : pour l’un, c’est une leçon d’existence, pour l’autre, une mort atteinte dans un mirage devenant vrai pour qui veut le croire.


