Dans les salles en 2022

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Si on retrouve évidemment le maniérisme habituel de Paul Thomas Anderson, Licorice Pizza est résolument tourné vers la légèreté et c'est clairement dans la comédie qu'il se distingue. Lorsqu'il oppose ses deux jeunes protagonistes avec l'absurdité du monde des adultes, le film est en effet très plaisant et inventif, notamment lorsque Bradley Cooper et Sean Penn sont de la partie. La nostalgie qui plane sur le film est très douce et délicate, pas complètement détachée des réalités moins ostentatoire que celle de Once Upon A Time In Hollywood. Les deux acteurs - très moches, ça nous change - sont excellents et portent clairement le film. Là où j'entrevois certaines limites, c'est au niveau de la structure, qui finit par privilégier les sketchs indépendants à une réelle évolution des personnages, jusqu'à donner l'impression de tourner un peu au rond sur la fin. De la même manière, la mise en scène très pensée de Paul Thomas Anderson m'a tenu à distance au niveau émotionnel, surtout que la scène finale manque clairement d'enjeux à mon goût. Bref, quelques petites réserves sur ce qui reste tout de même un très beau moment de cinéma pour débuter 2022.

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Paul Schrader continue de déballer les traumatismes de l'Amérique avec cette approche unique, presque anachronique, à mi-chemin entre l'austérité et le psychédélisme. Un très beau film qui, derrière son atmosphère extrêmement sombre, laisse tout de même entrevoir la possibilité d'une rédemption. Et Oscar Isaac a rarement été aussi intense.

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Très difficile à noter comme expérience. Sur le moment, Memoria fut éprouvant, insaisissable, irritant, en particulier lorsque l'expérience se radicalise dans les dernières quarante minutes. Les sempiternelles questions sur la durée de certains plans, sur le caractère arbitraire de certains choix et sur l'opacité excessive du tout ne manqueront pas de ressurgir face à l'ennui parfois ressenti. Cependant, une fois l'expérience appréhendée dans son ensemble, difficile d'être insensible à la trajectoire humaniste et panthéiste dessiné par Weerasethakul, qui tente ici de renouer avec l'origine du monde elle-même. Le film regorge ainsi de mystère et de détails obscurs qui épaississent l'atmosphère étrange de l'oeuvre. Derrière l'apparente pose du long-métrage, il est aisé de discerner la sincérité et la spiritualité qui se loge derrière la démarche. Il va falloir que je vois d'autres films du metteur en scène pour préciser mon avis.

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Quel autre cinéaste, à l'heure actuelle, est capable de filmer aussi bien son univers, de rendre aussi saisissant chaque personnage, d'embrasser avec une telle sincérité le classicisme de sa tragédie ?

Alors qu'il semble ne plus y avoir grand chose entre la production indé U.S et le gros blockbuster sans âme, Del Toro m'apparaît comme un des derniers grands conteurs d'Hollywood. Son film témoigne d'un plaisir du romanesque qu'on ne retrouve plus nulle part ailleurs, le tout porté par la maîtrise visuelle habituelle du réalisateur. Bref, un très beau film qui renoue totalement avec les thématiques du cinéaste, comme la fascination pour le mal, l'importance des histoires et le tout encore une fois entouré par un contexte pertinent (ici la sinistre entreprise des zoos humains, entre autres). Et je suis très content de voir Del Toro revenir à la noirceur de ses premiers amours, alors que le succès de La Forme de l'Eau aurait pu l'inciter à poursuivre dans ce côté mièvre. Bref, un immense plaisir de cinéma.

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Le film n'est pas bon, c'est indéniable, mais je n'ai pas envie de taper dessus outre-mesure. Le gros problème vient évidemment de ses dialogues lourdement démonstratifs et sur-écrits, qui privent le film du moindre moment de justesse. Même les acteurs n'y peuvent pas grand chose. Le traitement du sujet confond régulièrement rêverie et niaiserie, et il est difficile de ne pas s'arracher les cheveux devant le ridicule de certaines scènes. Cependant, l'idée de base n'est pas si mal, il y avait sans doute quelque chose à faire de ce déni de la maladie et de la réalité. La mise en scène n'est pas loin de deux-trois petits instants de grâce et j'avoue avoir apprécié le personnage plus en retrait de Gregory Gadebois, qui semble être le seul à être en phase avec le texte. Bref, c'est très niais, sur-écrit, jamais subtil, mais je trouve que c'est tout de même agréable de voir le cinéma français tenter autre chose, Regis Roinsard n'est pas un génie mais il a le mérité d'avoir essayé quelque chose de différent dans le cinéma populaire.

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C'était possible d'avoir encore moins de point de vue sur son sujet ?
Le film parle quand même d'un ministre haut-placé francophone qui est incarcéré dans une prison flamande pour avoir tué son épouse. Et le réalisateur ne parvient pas à installer le début d'un angle d'attaque sur cette histoire. Comment est-ce possible, avec un tel pitch, de ne parler ni de violence conjugale, ni de la politique (on comprend à peine s'il est de gauche ou de droite), ni même de parler du traitement des politiciens vis-à-vis de la justice. Stephane Streker préfère faire un pseudo-thriller à base de flash-backs et de doutes, le tout avec un peu de taule, mais la sauce ne prend, le tout est dépourvu d'axe fort. Il manque une vraie mise en scène car ici le cinéaste se repose beaucoup trop sur deux-trois éclairages jolis. Et puis ces dialogues ce n'est pas possible, entre ce truc et Bojangles mes oreilles n'ont pas entendu grand chose d'agréable au cinéma ces derniers temps. L'unique élément vaguement intéressant est de placer la question de la langue au centre de la résolution du procès et de certaines scènes, là on parvient à ébaucher le début d'un propos sur l'incompréhension entre belges. Mais c'est tout. Et puis cette fin qui se la pète en mode "pas de résolution", alors que le film n'a pas été capable de raconter une histoire correctement, faut se calmer.

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Je suis un peu déçu. J'attendais vraiment ce film, la bande-annonce avec son atmosphère nocturne et enneigée m'avait charmé et j'adorais la tête des deux acteurs. Alors, heureusement, l'atmosphère est effectivement une réussite. La caméra à l'épaule qui navigue entre les espaces étroits du train, la beauté des environnements traversés, le ressenti du froid...Tout ça fonctionne admirablement, en plus d'être soutenus par une photographie très travaillée. On ressent vraiment cette idée d'un long voyage au bout du monde. Malheureusement, la romance entre les personnages est moins convaincante, la relation passe beaucoup trop vite de la méfiance à l'affection, sans qu'on comprenne la transition. C'est d'autant plus dommage que le point de départ était engageant, avec cette jeune universitaire perdue qui se retrouve coincée dans 5 mètres carrés avec un rustre alcoolique. Et que retenir de cet interminable épilogue hors du train, qui dit en 25 minutes ce qui pouvait être résumé en 5 ? Bref, une réussite au niveau de l'ambiance mais l'écriture est assez moyenne, malgré de bons acteurs.

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Audrey Diwan réalise ici un beau numéro d'équilibriste, entre simplicité du dispositif et narration assumée, entre film-choc et distance pudique, entre film d'auteur et véritable thriller. Le film est sobre mais foudroyant d'efficacité, difficile de ne pas finir en eaux à la fin. Et au-delà de la thématique très bien abordée de l'avortement clandestin, j'y vois surtout un grand film sur la frustration sexuelle de toute une génération condamnée. Lion d'or mérité pour une cinéaste très prometteuse.

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Brizé a parfois la main un peu lourde, c'est indéniable, entre une certaine tendance à l'accumulation et le systématisme de la musique.

Pourtant, son film reste doté d'une force de frappe sidérante. Rares sont les films capables de montrer avec autant de justesse l'aliénation au travail, le dessèchement progressif des valeurs et des relations sous couvert de profit. Cette chaîne infernale où chaque dirigeant semble ne plus comprendre son subordonné, où l'on vire des centaines d'employés pour "envoyer un message". Le personnage de Lindon est très bon, ni bienfaiteur sans défaut, ni patron cynique, il est sur cette ligne de crête où il est déjà en dehors des réalités sans toutefois abandonner toutes ses valeurs.

Les dialogues sont vraiment très justes, j'aurais pu en reprendre pour deux heures. Et Lindon est évidemment excellent.

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En réalité, ce film souffre avant tout d'être un Batman de plus, ce qui comporte désormais un nombre de passages obligés plutôt pénibles ; une romance avec Catwoman, une relation père-fils avec Alfred, un nouvel ennemi à la fin, une voix-off torturée...Ces éléments m'apparaissent comme autant de figures figées, qui sont présentes parce qu'elles doivent être présentes, sans que le cinéaste trouve quelque chose de stimulant à faire avec - c'est ici surtout le cas pour Catwoman et Alfred. De plus, il est indéniable que le film est trop long, alors que paradoxalement le scénario se laisse aller à quelques facilités, la narration est perfectible. De même, on sent parfois la noirceur de l'ensemble se heurter aux impératifs du film de studios ; la violence semble parfois censurée, les personnages censés mourir survivent un peu trop à mon goût et le film n'ose pas aller jusqu'au bout dans son intrigue du père Wayne.

Pourtant, une évidence s'impose après la vision du film ; il y a trop de beaux moments dans ce Batman pour rejeter l'oeuvre. D'abord, là où plus de 90% de la production de blockbusters semble être sortis d'une usine, la patte de Reeves procure un plaisir monstre. Esthétiquement, le film est splendide, la photographie de Greg Fraser fait feu de tout bois, peut-être encore plus que dans Dune, pour donner vie à ce Gotham poisseux tout droit sorti d'un polar chinois. De même, la mise en scène de Reeves est inspirée, tantôt iconique, tantôt sèche et réaliste, le réalisateur ne se perd jamais dans une avalanche de spectaculaire mais préfère des scènes d'actions brèves mais intenses. Il y a un plaisir évident pour l'emphase - qu'on trouvait déjà dans Supremacy- on sent le cinéaste est ravi d'étirer au maximum certaines scènes pour créer de l'attente et du suspens, il en résulte quelques moments d'authentiques frissons dans la salle, ça m'avait manqué.

Même au niveau du scénario, le film avance des choses intéressantes. J'ai beaucoup aimé le Riddler, qui amène une belle déconstruction du personnage de Batman. Les motivations de Wayne sont finalement assez vaines, on le perçoit davantage comme un privilégié qui justifie son besoin de sang par une pseudo-quête de justice héritée de son père que comme un super-héros réellement utile à la société. Le Riddler le reconnecte finalement à la réalité, à la véritable souffrance des individus, et surtout, il le confronte à la conséquence de ses caprices de super-héros.

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Jamais désagréable, Belfast est surtout cruellement anecdotique et oubliable. Là où Cuaron et Sorrentino partaient de leur vécu pour atteindre une oeuvre universelle, sur la maternité ou sur le deuil, le petit projet de Kenneth Branagh ne dépasse jamais le récit autocentré et replié sur lui-même. Le réalisateur évacue ainsi tout le contexte politique et historique - pourtant passionnant et rarement mis en avant au cinéma - au profit d'un enchaînement de saynètes un peu vaines, sans véritable progression. Il faut également noter quelques égarements stylistiques, où Branagh se met à filmer la guérilla urbaine comme Michael Bay, avec des ralentis esthétisés inappropriés et le sound-design d'un Nolan, difficile de prendre tout ceci au sérieux.

Tout n'est cependant pas à jeter ; quelques dialogues sont amusants, la mise en scène parvient parfois à créer une certaine ambiance et le couple des grand-parents réussit à être un peu touchant. C'est malheureusement trop peu pour ne pas oublier le film

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Michael Bay reste donc ce type complètement fou, toujours capable de ce cinéma titanesque, indigeste mais fascinant, toujours à la frontière du rejet sans jamais que je perde cette petite envie d'y revenir. Que les détracteurs soient rassurés ; on retrouve tout l'aspect complètement gogol du cinéma de l'auteur, à savoir une intrigue bourrée d'incohérence, un récit réduit au minimum, des personnages taillés à la tronçonneuse, un montage plus frénétique que la frénésie, et évidement une fascination douteuse sur les militaires et les gros calibres. On peut rajouter ici quelques vagues plans mélodramatiques sur l'enfance des héros, particulièrement embarrassants.

Mais décidément je n'arrive jamais à lui en vouloir à ce bon Michael car il tente des choses et il en réussit certaines. Ici, l'adrénaline atteint parfois des sommets, notamment grâce à un jusqu'au boutisme dans la démarche frénétique qui parvient à créer des sortes de blocs d'intensité ininterrompus, où la caméra virevolte entre les buildings, passe d'un personnage à un autre, le tout servi par un sound-design extenuant et un montage hystérique. Comme dans les bons Greengrass, la compréhension et la lisibilité finissent par moins importer que l'état de transe que Bay atteint, où le spectateur n'a plus rien d'autre à faire qu'avaler ces milliers d'images tournoyantes qui défilent devant ces yeux et à profiter de ce chaos primitif et jubilatoire où l'espace lui-même se plie à la mégalomanie d'un pyromane fou. C'est éreintant mais pas dépourvu de bons moments.

Je note tout de même que Bay a fait quelques efforts, malgré l'indigence globale du script. Le personnage féminin est convaincant et jamais sexualisé, l'humour beauf a quasiment disparu et on sent un début de dénonciation dans son propos. Bref, de quoi faire passer la note des allergiques de 2 à 3. Bref, j'ai plutôt bien aimé, malgré le mal de tête.

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Regarder Drive My Car, c'est avant tout se plonger dans une philosophie éminemment japonaise de l'intériorisation, du silence et de la dissimulation. Il faudra en effet presque trois heures pour tenter de mettre des mots sur le drame silencieux d'un prologue qui ne révélera jamais tous ses secrets - la patte de Murakami est ici très visible. Le parcours est lent, difficile, et tout se joue en sous-texte ; il fallait évidemment prendre le temps de raconter tout cela et les trois heures ne paraissent jamais excessives. Un beau film, dont la nature intrinsèquement renfermée de la mise en scène pourra laisser parfois à distance au niveau de l'émotion mais qui mérite les éloges dont il a fait l'objet.

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Un film qui me laisse mitigé, malgré la singularité du projet. D'un côté, l'impression de voir la réification d'un certain cinéma indé et arty un peu ronflant. Kogonada se repose beaucoup trop sur les clichés de ce genre de production, avec cette omniprésence du piano, ces personnages exagérément passifs ainsi que sa mélancolie un peu fabriquée. Le problème, c'est que tout ceci n'est malheureusement pas soutenu par une narration assez solide, l'écriture des personnages s'effaçant rapidement devant une simple mosaïque de souvenirs.

De l'autre côté, difficile d'être complètement insensible devant les pistes abordées par After Yang, notamment dans la représentation de la solitude hyper-moderne et dans son rapport à la multiculturalité. De même, Kogonada parvient à créer un univers visuel original, où la nature et la modernité coexiste en permanence, le tout pour un résultat singulier et parfois fascinant. Et l'émotion a beau être surlignée, le film parvient à toucher juste à certains moments.

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Très impressionnant. L'enfance est décidément un monde à part et The Innocents en est la parfaite métaphore. Ici, tout se joue dans le silence et la clarté du jour ; pourtant, les adultes n'auront jamais accès à cette lutte et resteront à l'écart tout du long. Au niveau purement fantastique, Eskil Vogt fait très fort, parvenant à rendre tangible les différentes confrontations avec une économie d'effets qui force le respect. Tout passe par ce sound-design étouffant, cette froideur des actes et ce travail de montage qui relie les enfants entre eux, le tout jusqu'à atteindre quelques sommets de tension. D'autant que le film est assez cruel, n'hésitant pas à montrer le vrai visage des marmots, quitte à offrir son lot d'images franchement déplaisantes. A noter également une très belle représentation des troubles du spectre autistiques et de l'ouverture à l'autre, au milieu de toutes ces horreurs.

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Le film est un bordel monstrueux, un empilement de saynètes plus absurdes et jouissives les unes que les autres qui plongent le spectateur dans un univers au carrefour de tous les genres (comédie, science-fiction, drame, fantastique, musical). Avec quelqu'un de moins talentueux, j'aurais certainement décroché au bout d'une demi-heure mais Serebrennikov est tellement fort dans sa mise en scène qu'il parvient à créer un vrai pouvoir de fascination avec le spectateur. Il y a toujours une idée qui fonctionne, une réplique qui fait rire ou un plan qui émeut, ce qui fait finalement de la déambulation grippée et alcoolisée de Petrov une odyssée de cinéma d'une force rare, quand bien même le propos politique nous passe au-dessus. On dirait presque que le cinéaste a pris les scènes les plus folles de Leto et qu'il a décidé de les étirer sur un film entier, avec toujours cette utilisation fracassante de la musique.

Le petit problème, c'est que le film est tout de même très long et que ce magma incessant d'images folles finit par perdre l'émotion en chemin, sans compter que l'expérience se radicalise encore dans la dernière demi-heure. Là, j'ai personnellement trouvé que Serebrennikov en demandait un peu trop au spectateur, mais j'imagine que ce sera à la subjectivité de chacun. Très bon moment de cinéma tout de même.

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Un film qui résume très bien les qualités et les défauts de Fabrice Du Welz. Encore une fois, le cinéaste belge se révèle très doué pour bâtir une atmosphère prenante, transcendant son banal thriller psychologique via un décorum gothique parfaitement mis en scène, à base d'une image très texturée et d'une photographie jouant habilement de l'obscurité. Toute la mise en place est donc assez réussie, on sent Welz poser ses pions avec jubilation, supporté qui plus est par une distribution plutôt impeccable.

Malheureusement, une fois que l'intrigue commence à se dénouer, le scénario se révèle assez décevant. Inoxerable ne dépasse jamais vraiment son statut de home-invasion manipulateur, prisonnier d'un déroulé extrêmement mécanique qui manque de fulgurances. La pauvreté des personnages et surtout la prévisibilité des twists finissent d'enfoncer le clou, jusqu'à donner l'impression d'avoir vu un film bien tenu mais très vain.

Bon, je ne vais pas être trop dur car pour un film belge qui joue le jeu du genre sans mépris et qui a été tourné avec uniquement 2 millions - cachet de Poelvoorde compris - cela reste tout à fait honorable.

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On aurait pu croire que le passage à l'anglais allait ouvrir le cinéma de Bouli Lanners, c'est finalement l'inverse qui survient. Nobody Has To Know est un film mutique, intériorisé, parfois même franchement mollasson dans sa narration. Mais la destination vers laquelle il tend vaut indéniablement le détour ; à travers sa romance maladroite, ses cadres figés et ses personnages enfermés, c'est progressivement une émancipation qui se fait jour, jusqu'à un final qui laisse enfin éclater toute l'émotion retenue avec l'apparition du morceau éponyme. Un beau film, réellement émouvant et qui tire très grand parti des terres désolées de l'Ecosse pour nourrir sa mélancolie.

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Un film très actuel, autant dans ses atouts que dans ses nombreux défauts. The Northman en fait trop et semble complètement obsédé par sa propre performance. Cela donne parfois l'impression d'une oeuvre appliquée mais désincarnée, incapable de capter les oscillations de ton et de rythme inhérentes à tout bon récit structuré. Cette emphase constante annihile tout attachement aux personnages, et le scénario qui cache sa pauvreté derrière le prétexte de la chanson de geste n'arrange rien.

On pourrait donc aisément rejeter ce film un peu poseur et finalement assez pauvre au niveau dramaturgique. Ce serait oublier l'immense spectacle qui s'offre à nous ; à défaut d'émouvoir, Eggers sidère. Son film est un carnage absolu, un blockbuster d'une radicalité rarement vue sur grand écran qui repousse constamment les limites du kitsch et de l'excès. Ses scènes de rite, la férocité de ses affrontements et la beauté de son iconographie en attestent ; The Northman est un fantasme, celui du film de vikings ultime, avec tout le plaisir régressif qui va avec. Dans ses meilleurs moments, le film de Eggers est semblable à un métal issu d'une véritable forge mythologique que rien ni personne n'arrêtera. Dommage que ses fulgurances n'aient jamais l'appui d'un récit assez solide pour réellement transcender le projet.

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Gaspar Noé ne m'intéresse pas vraiment, on va dire que mon visionnage d'Irréversible et quelques interviews ont suffi. Il a cependant ici fait un véritable effort pour renouveler son cinéma. Même avec un dispositif aussi radical que le split-screen, un constat s'impose ; le film cherche avant tout une certaine sobriété, et cela fait du bien. Ce qui m'a surtout plu, outre le jeu du couple d'acteurs, c'est avant tout le courage de Noé, qui affronte la mort et le vide dans toute sa dimension déprimante sans jamais faire machine arrière ni détourner le regard. C'est ce jusqu'au-boutisme de la démarche qui permet aux cinq dernières minutes d'être aussi terrifiantes.

Bon, le film n'est pas parfait non plus, le focus sur le fils me paraît superflu et on sent que certains choix sont un peu arbitraires mais c'est la première fois que Noé a su m'intriguer.

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Les facilités scénaristiques, le manque criant d'enjeux, la laideur de l'image ou les incohérences par rapport au reste du MCU sont encore une fois présents et dérangeants. Il faut cependant avouer que ce Multiverse of Madness sait se montrer parfois réjouissant. A défaut de s'investir complètement, Raimi a apporté certains de ses jouets préférés dans l'équation, ajoutant ce qu'il faut de zombies, de possessions démoniaques et de mouvements de caméra jubilatoires pour fournir un honnête divertissement.

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Très bon slasher, qui ne renouvelle certes pas la structure du genre mais qui s'avère soigné en tout point de vue. La grande idée de Ti West reste de fusionner le canevas très classique de Massacre à la tronçonneuse avec une vraie étude sur le désir sexuel et la décrépitude des corps. Cela donne à X une vraie originalité qui lui permet de régulièrement transcender son jeu de massacre, déjà fort bien orchestré. Le film profite également de l'esthétique rugueuse et brute de West, qui s'échine davantage à retrouver la sobriété du style des 70's plutôt qu'à se vautrer dans une nostalgie creuse à base de néons et d'effets ostentatoires. Le tout est servi par une chouette galerie de personnages, chacun représentant une certaine idée de l'Amérique. Seul petit bémol, la musique, un poil sur-utilisée à mon goût.

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Le film souffre de nombreux défauts, à commencer par une dramaturgie assez faible qui se disperse dans trop de personnages pour finalement offrir à son héroïne un parcours de résilience plutôt mince, dépourvu de vrais obstacles et d'enjeux solides. Le rapport au père est symptomatique de ces carences ; complètement superficiel pendant tout le film, le personnage revient à quinze minutes de la fin pour représenter le principal vecteur d'émotion du climax. Le résultat est malheureusement très maladroit, donnant l'impression de greffer une nouvelle motivation à l'héroïne à quelques pas de la fin. Le long-métrage souffre d'autres petits problèmes, comme certains personnages qui occupent une trop grande place (François Civil) ou quelques dissertations un peu stériles sur la danse.

Néanmoins, le film reste suffisamment solide sur d'autres aspects pour ne pas couler. D'abord, il y a Marion Barbeau, aussi charismatique et attachante en tant que personnage qu'impressionnante dans les scènes de danse. Ensuite, il y a toujours le talent de Klapisch pour mettre en scène les groupes ; le rythme du metteur en scène ne faiblit jamais, il y a toujours des idées de réalisation, une blague qui fait mouche ou un instant de complicité qui fonctionne. De même, son talent de réalisateur explose lors des scènes de danse, très intenses, ce qui place tout de même le cinéaste très au-dessus de la plupart de ces contemporains du cinéma populaire. Bref, si le scénario déçoit, l'énergie de Klapisch et de ses comédiens parvient à en faire un film plaisant.

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Très étonné par l'accueil bienveillant de la critique. Top Gun Maverick n'est pas dénué d'un certain charme old-school et le film a pour lui quelques séquences de voltige sympathiques. Reste que l'égo de Tom Cruise devient sincèrement problématique et que voir un film tout entier rivé à la gloire d'un acteur n'est pas tout à fait ma vision d'une œuvre intéressante. L'égo-trip est tel qu'il écrase tout sur son passage ; ni la bande de pilotes, ni les enjeux de la mission, ni la romance ne semblent réellement investis, ce qui débouche rapidement sur un détachement total du spectateur. Le résultat est un film finalement très plat, dont le scénario est si fonctionnel et programmatique qu'il étouffe toute véritable emphase. Même Kosinski, dont la patte disparaît instantanément une fois sorti des F-16, ne parvient pas à apporter de la vie au tout.

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Un petit film qui souffre hélas de tares assez usuelles dans ce genre de production ; un rythme un peu trop lent, une photographie terne ainsi qu'un filmage forcément un peu limité. Néanmoins, le film arrive à tirer son épingle du jeu dans le rapport très particulier qu'entretient la protagoniste avec la nature. Plus le film progresse, plus cette histoire d'émancipation religieuse et sexuelle prend la forme d'une relecture du mythe de la sorcière. De même, la simplicité avec laquelle la réalisatrice exploite la dimension symbolique de son histoire permet au film quelques séquences fantastiques étonnantes et réussies. Pas mal.

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Par le biais d'un futur magnifiquement filmé, entre Ballard et K. Dick, Cronenberg dissèque l'évolution progressive vers une nouvelle chair, plus cohérente avec les dérives de notre monde, le tout entouré d'une réflexion méta sur son travail d'artiste. Les thématiques sont passionnantes et Les Crimes du Futur réserve quelques scènes troublantes.

Néanmoins, Cronenberg semble un peu vieillissant au niveau de la narration et ses concepts ne parviennent jamais à faire corps avec une dramaturgie efficace et prenante. Le film souffre ainsi d'un refus du récit qui provoque un véritable détachement pour le spectateur. Le genre de film qu'il est plus intéressant d'autopsier que de regarder, malgré ses indéniables qualités.

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Enième film belge sur la maladie qui pense qu'un bon casting et un bon sujet justifient une absence de mise en scène et d'écriture. Le fossé entre ce que le réalisateur croit raconter et ce qu'il raconte réellement est énorme. Un film que tout le monde oubliera très vite.

Annotation :

Enième accident industriel qui témoigne de l'incapacité de ces revivals à viser un cap clair et cohérent. Ce troisième opus ne ressemble pas à grand chose, entre une première partie absurde qui tente de rejouer Mission Impossible avec des dinos et une deuxième sous forme de remake mou du premier opus, le film ne trouve jamais son identité. La stupidité du scénario, la fadeur des personnages et la platitude de la mise en scène finissent d'achever le spectateur, qui ne demandait pourtant pas grand chose à Trevorrow. Bon point néanmoins pour le bestiaire, qui a le mérite d'être varié et porté par des effets spéciaux plutôt honnêtes. Maigre consolation.

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J'ai toujours perçu Garland comme un excellent scénariste, capable de créer des univers singuliers, d'aborder des thématiques éculées via un nouveau traitement ou d'offrir des personnages surprenants et bien caractérisés. Ces éléments faisaient à mon sens tout l'intérêt d'Ex Machina et de Devs, tout deux dans le pinacle de la science-fiction de ces dernières années. Avec Men, Garland s'écarte de ce chemin et tente une démarche beaucoup plus atmosphérique et formaliste. Le projet a du bon mais souffre aussi d'évidentes limites. Ainsi, le minimalisme de l'intrigue finit par jouer contre elle et l'aspect allégorique ôte progressivement tout enjeux à l'ambiance cauchemardesque. Garland était trop confiant dans un concept de base qu'il n'essaye jamais de dépasser. Les symboles sont donc trop visibles et le long-métrage échoue à les enrober de véritables personnages. L'exemple le plus frappant est évidemment le climax où l'héroïne est ballotée d'une saynète à une autre sans aucun besoin narratif, uniquement manipulée par Garland pour qu'il déploie artificiellement tous ses concepts. C'est d'autant plus dommage que le film regorge de belles idées. Garland bâtit en effet une imagerie horrifique fascinante, entre Body et Folk Horror, et donne finalement naissance à quelques scènes vraiment dérangeantes. C'est suffisant pour faire de Men un film plaisant mais on sait le cinéaste capable de mieux.