Cover Elia Kazan - Commentaires

Elia Kazan - Commentaires

Grand cinéaste de l’identité américaine, de la contradiction et du tourment, dont l’expression à la fois romanesque et intime sont à l’origine de certains classiques du cinéma. Son œuvre a offert une vaste peinture de l’histoire de son pays, de ses problèmes sociaux et politiques, tout en montrant un ...

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16 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a 7 mois

Le Lys de Brooklyn
7.1

Le Lys de Brooklyn (1945)

A Tree Grows in Brooklyn

2 h 09 min. Sortie : 13 octobre 1948 (France). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Parce que, de toute évidence, l’histoire de cette famille d’immigrés irlandais tentant de préserver leur quotidien dans le quartier populeux de Brooklyn concerne directement le cinéaste, ce premier long-métrage est sans doute celui où il a mis le plus de lui-même durant sa période Fox. Il est de ces œuvres infiniment délicates que le moindre excès de sentimentalisme, le plus petit faux pas pourrait compromettre, mais qui se maintiennent miraculeusement en état de grâce. Entre le père idéal enchantant la vie et encourageant ses rêves et la mère courage qui lui inculque les nécessités de l’existence, la jeune héroïne accomplit un parcours initiatique baigné d’une immense chaleur humaine, dont la germination émotionnelle ne cesse de croître jusqu’à nous rincer de larmes. Un véritable trésor méconnu.
Top 10 Année 1945 :
https://urlz.fr/keg0

Le Mur invisible
6.7

Le Mur invisible (1947)

Gentleman's Agreement

1 h 58 min. Sortie : 24 septembre 1948 (France). Drame, Romance

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le ponte Darryl F. Zanuck avait à cœur de mener à bien ce projet potentiellement sulfureux sur un sujet sensible. En embauchant Elia Kazan pour le mettre en images, il a récolté les fruits d’une illustration sobre, sincère, engagée, quoique un peu lénifiante et manichéenne, qui a valu au film un Oscar. Il ne faudrait pourtant pas réduire à la simple et bête démonstration d’un film-dossier les qualités d’écriture et d’interprétation de ce constat sans aménité, qui démonte les rouages de l’antisémitisme ordinaire avec une force de conviction peu discutable. Et s’il provoque toujours indignation et questionnement, c’est parce que l’intelligence avec laquelle il dénude les racines d’un problème toujours actuel, particulièrement lors de la dernière demi-heure, assouplit son léger didactisme.

L'Héritage de la chair
6.5

L'Héritage de la chair (1949)

Pinky

1 h 42 min. Sortie : 30 juin 1950 (France). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le succès de l’opus précédent se devait d’être réitéré avec cette dénonciation du racisme dans les états du Sud. Ainsi son prestigieux producteur fit-il appel à Kazan suite au désistement de John Ford, qui le commença sans l’achever. Une fois admise l’excellente Jeanne Crain en "noire à la peau claire" et remis en place tous les indicateurs et référents de l’époque, l’œuvre impose une vigoureuse acuité, désamorce la plupart des poncifs édifiants qui la menacent sans chercher à éviter les recours habituels du procès à charge. La réussite est acquise par le soin apporté à l’atmosphère recréée en studio, par la sincérité d’un propos ne pliant jamais devant la rigueur qu’exige la mise en scène qui l’exprime, par la pondération d’un regard attentif à l’évolution des êtres et aux manifestations de leur ténacité.

Panique dans la rue
7.1

Panique dans la rue (1950)

Panic in the Streets

1 h 36 min. Sortie : 3 octobre 1950 (France). Film noir

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est au jour le jour et dans les rues mêmes de La Nouvelle-Orléans, en réaménageant le scénario au gré des décors et des idées quotidiennes, que Kazan a tourné ce film noir maîtrisé où il excelle à décrire le milieu interlope du port de la ville (ses docks embrumés, ses marins déshérités dépeints avec cette tentation du néoréalisme qui s’empara du cinéma américain pendant les années 50), et où le suspense naît d’un constante recherche de crédibilité. Le médecin libéral interprété par Richard Widmark s’y lance dans une traque haletante pour retrouver des assassins porteurs du virus de la peste : sur ce postulat fertile en interprétations, le cinéaste agence une course contre la montre et le mal corrupteur, et peaufine un style nerveux qui fait oublier les quelques scories métaphoriques. Tendu et captivant.

Un tramway nommé désir
7.4

Un tramway nommé désir (1951)

A Streetcar Named Desire

2 h 02 min. Sortie : 28 mars 1952 (France). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Malgré une théâtralité marquée par son époque, le film tient bien la route en vertu du matériau puissant qu’il adapte, avec ses affrontements psychologiques entre névrosés chauffés à blanc. Le dialogue est très écrit et littéraire mais Kazan le transcende grâce à l’expressivité "réalisme poétique" des images, les lumières indirectes filtrée par les lampions, le jeu d’ombre des ventilateurs, les lampadaires d’une nuit qui, à la Nouvelle Orléans, appartient aux morts. De ce décor moite et vénéneux, de ces personnages mus par des instincts animaux, des interprétations fiévreuses de Vivien Leigh, en vieille fille saisie par le délire, et de Marlon Brando (avec son fameux T-shirt troué), le film, qui pousse assez loin les curseurs de la sauvagerie pulsionnelle et de la perturbation mentale, tire une troublante sensualité.

Viva Zapata !
6.9

Viva Zapata ! (1952)

Viva Zapata!

1 h 53 min. Sortie : 19 septembre 1952 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La terre brûlée du Mexique nourrit de sa lumière aride les veines de cette fausse biographie historique, scénarisée par John Steinbeck sur une idée personnelle de Kazan lui-même. Influencé par le cinéma soviétique, mû par une admiration nuancée pour l’utopie révolutionnaire, le cinéaste refuse les idées préconçues, les raccourcis manichéens, et développe une passionnante réflexion sur le pouvoir qui finit toujours par corrompre, en même temps qu’une incitation à l’insurrection permanente. Actions de terrain, intrigues politiques, pièges de la volonté idéologique et relativité de la démocratie sédimentent l’admirable complexité d’une épopée de plus en plus désenchantée, à travers laquelle Marlon Brando, en hérault paradoxal de la lutte populaire, impose un charisme assez monstrueux.
Top 10 Année 1952 :
http://lc.cx/ZUDv

Sur les quais
7.7

Sur les quais (1954)

On the Waterfront

1 h 48 min. Sortie : 14 janvier 1955 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

"I coulda been a contender, I coulda been somebody." On a souvent attribué ces regrets au réalisateur, qui n’a jamais contesté que cette histoire de culpabilité et de rédemption, s’achevant sur une marche douloureuse en forme de chemin de croix, reflétait son propre destin. Narré avec une efficacité dramatique éprouvée dans les bons sentiments comme dans les mécaniques éthiques qu’elle met en jeu, le drame brille par la sensibilité avec lequel il restitue les dilemmes d’un héros tenaillé entre des sentiments contradictoires et des contraintes extérieures, par l’alternance savante entre action, discours et transitions contemplatives, par son aisance à exprimer en termes intelligibles la richesse d’une quête de conscience à laquelle acteurs et scénario confèrent une distinction, un impact étonnants.

À l'est d'Eden
7.5

À l'est d'Eden (1955)

East of Eden

1 h 55 min. Sortie : 19 octobre 1955 (France). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Passage à la couleur et au Cinémascope, exploité en de savants jeux dynamiques de plans penchés, de lignes diagonales, horizontales et verticales. Et première œuvre véritablement lyrique du cinéaste, qui reprend le thème d’Abel et de Caïn et élève à une envergure presque biblique cette poignante histoire de filiation blessée et de rivalité fraternelle. Dans un rôle proche de celui qu’il tient dans "La Fureur de Vivre", James Dean compose une figure mémorable d’adolescent révolté, déchiré, en quête d’amour paternel. La sérénité des champs de maïs s’oppose aux tourments des personnages, le mal-être d’une génération se heurte à l’incompréhension des géniteurs, le long d’une intrigue aux enjeux tragiques et aux images très expressives, qui progresse en intensité jusqu’à un final surpuissant.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

La Poupée de chair
7.3

La Poupée de chair (1956)

Baby Doll

1 h 54 min. Sortie : 31 décembre 1956 (France). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

S’il a toujours été traversé d’un courant bouffon, l’univers de Tennessee Williams ne s’était jamais autant ouvert à l’allégresse. C’est que le concert de chambre vire ici à la comédie pure et dure, tandis que Karl Malden gesticule comme un fou, tourné en bourrique par sa jeune épouse et son rival matois qui jouent aux fantômes dans la maison. Féroce, sarcastique et désopilante, la satire démolit un à un les codes d’une morale dépassée, battue en brèche par des pulsions qui transforment les maris frustrés en coqs déplumés, et la prise de pouvoir d’un patronat conquérant et progressiste issu de l’immigration. Quant au climat de lourde sensualité, il doit beaucoup à la virginale fraîcheur de Carroll Baker – à cet égard, la scène de séduction sur la balançoire demeure un sommet d’érotisme moite.
Top 10 Année 1956 :
http://lc.cx/Zwm2

Un homme dans la foule
7.6

Un homme dans la foule (1957)

A Face in the Crowd

2 h 06 min. Sortie : 28 mai 1957 (États-Unis). Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est dans une veine d’engagement et de dénonciation un peu appuyée que le cinéaste brocarde ici le milieu frelaté de la politique et du show-business, faisant le procès à charge de la démagogie rampante et de la folie publicitaire à travers le parcours édifiant d’un homme du peuple autoproclamé leader d’opinion, gangrené par le cynisme du système médiatique. Bien que solidement écrit, le film n’hésite pas à charger la mule, souffre d’une certaine raideur démonstrative que n’arrange pas la prestation tonitruante d’Andy Griffith. Il arrive même que l’admiration des scènes soit compromise par une perfection insuffisante parce qu’elle sent l’huile, la sueur et l’effort. Mais la critique sociale est d’une telle virulence que la plupart de ses facilités sont ingérées par la vigueur de sa logique pamphlétaire.

Le Fleuve sauvage
7.6

Le Fleuve sauvage (1960)

Wild River

1 h 50 min. Sortie : 2 mai 1962 (France). Drame, Historique, Romance

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

L’affontement du progrès et de la nature, de l’ancien et du nouveau, formulé à travers l’opposition entre un fonctionnaire chargé d’exécuter la politique du New Deal et une vieille paysanne qui veut rester sur ses terres. Une histoire simple, biblique, avec laquelle Kazan oublie l’agitation des films précédents au profit d’une sérénité contemplative. Dans ce drame rural et paysan où tout le monde se bat pour ses convictions, depuis le gouvernement et son représentant jusqu’aux autochtones régressistes, l’humanité se caractérise par une profonde ambivalence, et les éléments tour à tour menaçants et pacifiés soulignent les états de crise et de passage, de stabilité et de permanence. Le regard de Clift, le beau visage de Lee Remick, les paysages de province américaine en font un film absolument superbe.
Top 10 Année 1960 :
http://lc.cx/BMf

La Fièvre dans le sang
7.8

La Fièvre dans le sang (1961)

Splendor in the Grass

1 h 59 min. Sortie : 31 janvier 1962 (France). Drame, Romance

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Cette inspiration est ici magnifiée, mais dans un style flamboyant qui tranche avec les accents fordiens du précédent. La fin tourmentée des années 20 sert de toile de fond à une déchirante analyse des rapports générationnels, du hiatus entre les pratiques d’une société corrompue par l’argent et la morale dépassée qu’elle prétend perpétuer, et surtout à une passion fiévreuse que le lyrisme de la mise en scène porte à un degré d’incandescence absolu. Le destin individuel s’inscrit dans l’histoire collective, le temps qui passe souligne l’importance du choix et la douleur de l’indécision amoureuse, jusqu’à une conclusion des plus poignantes. Warren Beatty, fragile, névrosé, et Natalie Wood, jeune fille hypersensible et perturbée aux brusques élans de tendresse, y sont les figures inoubliables d’une relation manquée, brisée par le poids des normes sociales.
Top 10 Année 1961 :
http://lc.cx/BMA

America, America
7.9

America, America (1963)

2 h 54 min. Sortie : 17 juin 1964 (France). Drame, Historique, Biopic

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ce film, l’un des plus personnels de Kazan, est l’incarnation moderne par excellence du récit d’apprentissage, où se franchissent leurs épreuves physiques et morales qui forgeront un être pour sa dernière forme. C’est le drame d’une conscience que la vie a peu à peu salie, d’un homme qui n’a jamais pu dominer l’éclatement des sources de son existence. La longue odyssée de la diaspora gréco-arménienne du début du siècle se dessine en une enquête sur les racines de l’auteur, figure l’éternel rêve américain mais sur un mode dénué d’exaltation, un style quasi documentaire qui refuse les effusions de lyrisme. L’approche se veut réaliste, fidèle à une actualité immédiate, et l’ampleur de l’épopée se dévoile au fil d’une narration attachée à filtrer le temps qui passe et la nature complexe des êtres.

L'Arrangement
7.5

L'Arrangement (1969)

The Arrangement

2 h 05 min. Sortie : 20 mai 1970 (France). Drame, Romance

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’autodafé de Mr K. : en s’immolant corps et bien sur l’autel de la civilisation agonisante, le cinéaste élève son drame et celui de quelques hommes fiers qui lui ressemblent à la dimension d’une ténébreuse tragédie. Il poursuit sa quête introspective sur ses origines et son pays électif en évoquant à nouveau le miracle corrupteur de cette Terre promise où tous les sentiments, toutes les aspirations s’évaluent en termes de dollars. L’argent, le matriarcat, l’obsession du pouvoir et de la célébrité y sont analysés avec une lucidité amère : le héros y brûle la maison paternelle pour abolir son enfance et se reconstruire en tant qu’écrivain. Le rêve américain s’incline progressivement face à une réflexion fiévreuse sur les compromissions et les ambiguïtés de la réussite, à un stade de vie qui appelle à la remise en question.
Top 10 Année 1969 :
http://lc.cx/2iy

Les Visiteurs
7

Les Visiteurs (1972)

The Visitors

1 h 28 min. Sortie : 17 mai 1972 (France). Policier, Thriller, Drame

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Budget minuscule, tournage en 16mm dans sa propre maison et sur un scénario de son fils : Kazan n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers, et affiche une étonnante jeunesse. Rien de surprenant à le voir se démener comme un beau diable dans les rets de la mauvaise conscience et établir cet impitoyable diagnostic selon lequel l’homme ne peut échapper au péché originel de la culpabilité. Si, par son agencement scénographique, sa tension latente, son inexorable montée vers une décharge finale de brutalité, le film rappelle "Les Chiens de Paille", il préfigure surtout de plusieurs années les témoignages amers sur le Vietnam à travers un huis-clos qui analyse froidement les mécanismes de la violence et les ravages d’une guerre ayant déréglé les curseurs de la morale chez ceux qui l’ont faite.

Le Dernier Nabab
6.9

Le Dernier Nabab (1976)

The Last Tycoon

2 h 03 min. Sortie : 13 avril 1977 (France). Drame, Romance

Film de Elia Kazan

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En contraste total avec le film précédent, le dernier ouvrage de Kazan pouvait laisser croire à une fresque imposante aux atours flamboyants : une distribution de malade, les fastes du Hollywood de l’âge d’or. C’est compter sans l’apport d’Harold Pinter, qui adapte Fitzgerald avec un art consommé de l’intériorisation. L’évocation du monde du cinéma, la description des studios et le rapport à l’institution sont comme recouverts d’un voile de mélancolie feutrée. A travers l’histoire de ce producteur idéaliste pris au piège d’une passion sans lendemain, le cinéaste médite sur l’écart entre l’illusion et la réalité, rend hommage aux rêves procurés par les songes de celluloïd, tout en privilégiant une distanciation étrange, crépusculaire, sans doute très proche de l’expression fitzgeraldienne.

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