En 2021, problèmes récurrents sur le RER et lecture font toujours aussi bon ménage. - Mes lectures de 2021.

Annotation :

J'ai lu ce livre par curiosité et par volonté de parfaire mes connaissances techniques en cinéma, et disons que j'y ai trouvé à boire et à manger. Souvent complexe par sa technicité, il souffre de pas mal de défauts pour un livre qui se présente comme scolaire.

Pour résumer mon opinion, disons que j'y ai trouvé quelques éléments intéressants qui pourront peut-être me servir dans mes futures analyses de films, notamment en termes de vocabulaire et de précision des termes à employer pour désigner chaque élément d'une séquence cinématographique (les différents types de raccord, de mouvements de caméra, de styles narratifs, etc..) encore que cela fasse très listing. Mais globalement, le livre souffre d'un gros problème de pédagogie, avec l'emploi d'un style très pédant, ce livre étant pourtant destiné aux élèves de licence en cinéma qui préparent les concours : pas sûr qu'il les aide si bien que ça dans la réussite de leurs études.

Les exemples et les anecdotes donnés sont souvent pertinents et intéressants, on est à chaque fois heureux de retrouver des films que l'on connait, mais le livre reste très prise de tête en définitive.

Annotation :

Pas le meilleur Gary que j'ai lu mais cela reste un livre brillant, brisant le tabou de la crainte de la perte de virilité chez l'homme vieillissant et de son déclin sexuel. Son héros fait évidemment penser à Romain Gary lui-même, qui s'est donné la mort cinq ans plus tard, par peur de s'éteindre à petit feu. Même si les personnages secondaires sont peu développés, on retrouve toutes les thématiques chères à l'auteur : l'angoisse du vieillissement, l'évocation de la Résistance, les références à la prostitution, et un humour discret et métaphorique à l'image du titre du roman.

Annotation :

En fait, ce n’est pas compliqué d’écrire un livre passionnant : il suffit d’avoir eu une vie passionnante. » Passionnante » est même un euphémisme, tant la vie d’Ingmar Bergman fut mouvementée et extrêmement remplie.

Le génie qu’on lui connaît pour ses films transparaît totalement ici à travers sa plume, étonnamment franche et honnête et gardant toujours une certaine distance avec les événements qui ont bouleversé sa vie. Bergman parle sans aucun tabou, reconnaît aussi bien ses torts et ses erreurs que ses réussites et ses coups d’éclat qui l’ont propulsé au rang des plus grandes figures du septième art. C’est cela qui rend le livre si intéressant : le cinéaste suédois ne cherche pas à montrer que le meilleur de lui-même, mais au contraire, se livre comme peu le font dans ce genre d’exercices. Il assume par exemple être un infatigable coureur de jupons, ce qui a fait voler en éclat plusieurs mariages, et dans de très beaux passages il évoque sa famille (ses parents, son grand frère et sa petite soeur) avec qui les liens ont malheureusement été trop distendus.

Finalement, le seul regret qu’on pourrait avoir c’est qu’il ne parle pas tant que cela de ses films, malgré des anecdotes croustillantes sur les dessous de certains tournages et sur certains artistes. La structure du livre non chronologique a de quoi déstabiliser également. Mais finalement, on ne peut que s’incliner devant une telle vie.

Annotation :

Le Temps scellé est un ouvrage du réalisateur Andreï Tarkovski où celui-ci partage ses réflexions sur le cinéma et l’art en général. Il nous transmet sa vision des choses et nous donne les raisons qui l’ont poussé à orienter ses films dans tel sens plutôt qu’un autre, notamment en opposition à ce qu’il nomme le cinéma commercial, qui s’éloigne totalement de sa conception du rôle de l’art et de l’artiste. Face au déclin de la civilisation occidentale, mue désormais par des considérations matérialistes, Tarkovski croit encore à l’importance du spirituel, et il en va de la responsabilité de l’artiste de faire le lien entre l’être humain et cette spiritualité. Le cinéaste soviétique revient aussi sur sa vision des aspects plus techniques du cinéma et de sa spécificité par rapport aux autres arts.

Dans ce livre, on retrouve ainsi une plume très précise avec de jolies tournures de phrases par laquelle l’auteur se permet de nous livrer sa vision unique et singulière du cinéma et assez éloignée des considérations en vogue à l’époque où il écrivait, ce qui rend l’essai passionnant. Je me suis beaucoup retrouvé dans ses opinions en tout cas.

Annotation :

Un peu déçu de cette lecture. En fait, ce livre partage plusieurs points communs avec le roman d’Alice Zeniter, sorti aussi à la rentrée littéraire 2020 (Comme un Empire dans un Empire), et tout d’abord son sujet : le constat de l’échec de l’engagement de la jeunesse qui souhaitait changer le monde, mais qui se heurte dans les deux cas à un système beaucoup plus fort qui semble plus que jamais inamovible. Mais j’ai largement préféré Comme un Empire dans un Empire, resserré sur un nombre plus restreint de personnages. Ainsi, il possède une trame bien plus claire de ce fait, moins confuse. Les styles d’écriture se rapprochent aussi beaucoup, on reconnaît bien là celui des auteurs contemporains populaires du moment. Mais là encore, Alice Zeniter a su plus me toucher, notamment dans ses ultimes pages. On voyage beaucoup plus dans Le Grand Vertige, qui nous propose un véritable tour du monde ; néanmoins, la promesse d’un roman qui prend à bras le corps le problème brûlant du réchauffement climatique n’est qu’à moitié tenue.

Annotation :

Un excellent essai, très documenté, écrit par un sociologue, mais qui fait appel à plusieurs sciences pour soulever les questions qui se posent à une époque où notre temps de cerveau disponible n'a jamais été aussi élevé. Face au temps libre dont disposent les êtres humains qui est plus important que jamais dans l'histoire de l'humanité, encore faut-il que l'usage que l'on fasse de cette disponibilité continue à nous amener vers le progrès. Pessimiste mais réaliste, l'auteur brasse plein de sujets qui gravitent autour de ce thème central comme notre usage des réseaux sociaux, la diminution du temps de travail, notre rapport au capitalisme et son expansion, la désintermédiation entre les politiciens et le peuple avec en point d'orgue le néo-populisme... Tout est très bien traité, précisément et dans un style facile d'accès malgré la rigueur scientifique. Certaines de ses conclusions sont assez évidentes et ont déjà été portées à notre connaissance par d'autres biais, mais la lecture fut très rapide et passionnante.

Annotation :

Une déception, j'ai largement préféré le film.

Annotation :

A travers le récit d’un condamné à mort qui se souvient de ses vies antérieures, Jack London en profite pour égratigner l’espèce humaine et les exactions dont elle est capable envers ses prisonniers. Le héros, maltraité et violenté en prison, se trouve comme seule échappatoire la possibilité de revivre ses existences précédentes : à travers ces séquences oniriques, la narration s’emballe et permet de vivre des péripéties épiques bienvenues, tant la diversité des vies vécues par Darrell Standing offre un panorama historique intéressant. Mais c’est quand l’âme du prisonnier est de retour dans sa cellule que la plume de Jack London se fait la plus acerbe, se permettant de prendre position sur la peine de mort et donnant un écho à son propre vécu, lui-même ayant été emprisonné pendant une courte durée. Finalement, ce sont ces parties en prison que j’ai préférées, et c’est dommage qu’elles se fassent de plus en plus rares à mesure que le récit avance.

Annotation :

Un joli roman d'amour, très facile à lire et assez court mais pourtant pas dénué de style. Le charme de cette histoire, c'est qu'elle se déroule sur fond de séparation provoquée par la catastrophe de Tchernobyl, et rend le tout plus touchant et parfois éprouvant. Je l'ai dévoré.

Annotation :

J'abandonne à la moitié, ça ne me passionne pas des masses. Espérons que la série de Michael Mann sera meilleure !

Annotation :

Un petit essai passionnant sur l'art du montage au cinéma, plus traité d'un point de vue historique que technique. Il explique très bien comment on est passé d'un montage encadré par des règles très précises à une liberté quasiment totale qui prévaut aujourd'hui, en revenant sur les manières dont ont été montés les films à travers les époques.

Annotation :

L'épilogue de La Montagne Magique, c'est l'un des meilleurs que j'ai pu lire toute littérature confondue.

Un livre exigeant mais qui me marquera par ses digressions sur le temps et par sa capacité à parler avec précision de la vie en évoquant pourtant la maladie et la mort.

Annotation :

Par la grâce d'une écriture incisive et très inspirée, Feu de Maria Pourchet réussit le pari de rendre un sujet passe-partout en littérature (l'adultère) palpitant. Un style qui claque et qui justifie à lui seul la lecture de cette oeuvre sélectionnée pour le Goncourt 2021.

Annotation :

Un immense classique qui a su combler mes attentes. Stylistiquement, il n'y a rien à redire tant son écriture condense le meilleur du XIXe siècle, déjà au sommet. Mais sur le fond, j'ai trouvé cette lecture tout aussi passionnante. Flaubert n'a aucune pitié pour ses personnages principaux : le pathétisme y flirte avec la satire du romantisme. Charles Bovary est si médiocre qu'on a du mal à le plaindre tout le long du roman, mais la fin, très réussie, parvient à inverser cette tendance, malgré une émotion retenue. Il y a des passages très drôles, comme la partie du livre qui montre à quel point ce personnage est un mauvais médecin (l'opération ratée), mais ce sont les romances adultères vécues par Emma qui m'ont le plus passionné, la menant tout droit vers l'abîme.

Annotation :

Maupassant, ce génie capable d’écrire un premier roman d’une telle qualité… Une Vie, comme son joli titre l’indique, se focalise sur la vie d’une femme aristocrate qui a tout d’ordinaire dans cette France du XIXe siècle. Mais ce sont justement toutes les turpitudes de son existence et les multiples désillusions et déconvenues auxquelles elle fera face au gré de sa vie qui rendent ce roman à la fois terriblement beau et universel. On s’attache immédiatement à la jeune Jeanne : dès les premières pages, sa naïveté, sa sensibilité, sa joie de vivre nous la font l’aimer. Mais autour d’elles gravitent un certain nombre de personnages malveillants (mais toujours décrits avec subtilité et nuance), qui vont parvenir à lui gâcher son existence et ses promesses de félicité. Mais la vie n’est jamais un long fleuve tranquille.

Au retour de son voyage de noces, la suite du roman bascule en effet dans un registre beaucoup plus tragique. Passés les premières trahisons et autres malheurs qui s’abattent sur elle, on a du mal à décrocher car on souhaite à tout prix qu’elle s’en sorte, tant Jeanne est un magnifique personnage. Les sources de réjouissance se font de plus en plus rares et éphémères pour elle à mesure que sa vie avance, mais n’est-ce finalement pas le destin de tout un chacun ? Sa vie a-t-elle été si malheureuse que cela alors qu’elle n’a jamais travaillé tout en vivant de ses rentes ? La fin du roman permet de remettre en perspective le constat pourtant jusqu’alors évident du sort qui s’acharne sur l’héroïne, et nous fait réfléchir sur nous-mêmes également.