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Fernando Di Leo - Vus & Annotations

Films vus : 3 - Annotations : 3

Liste de

3 films

créee il y a 7 mois · modifiée il y a 6 mois

Milan Calibre 9
7.2

Milan Calibre 9 (1972)

Milano calibro 9

1 h 37 min. Sortie : 10 juillet 1974 (France). Action, Thriller, Gangster

Film de Fernando Di Leo

Annotation :

Avec son premier volet de la Trilogie du Milieu et comme d’autres poliziottesco de cette époque, le cinéaste prend le pouls des années de plomb en Italie. Il dépeint de Milan une atmosphère sombre et une délinquance sordide dans une dynamique carrée et en ligne droite qui s’intéresse à la destinée tragique de son personnage. À peine sorti de prison, ce personnage mélancolique et melvillien, quasi mutique et au visage figé, ambigu dans son honnêteté, se voit tiraillé entre deux mondes : la mafia moderne peu valeureuse où les ficelles sont tirées dans l’ombre capitaliste et la mafia ancienne - prêt à disparaître - plus noble ayant gardé son code de l’honneur et de l’amitié. Par ce prisme, Di Leo constate la déshumanisation du monde moderne et donne une vision anti-romanesque et sans fantasme de la mafia, lui faisant atteindre un pessimisme amer et nihiliste d’une société corrompue où la police gueule ses idées, mais reste derrière ses bureaux. Il en tire un jeu désabusé et ironique d'apparence, de coïncidence et de trahison qu’il mêle avec un rythme sec, musical et à la répétition chorégraphique ainsi qu'avec une réalisation asphyxiante se tendant vers une violence fulgurante et brutalement anarchiste.

L'Empire du crime
6.6

L'Empire du crime (1972)

La mala ordina

1 h 35 min. Sortie : 1972 (France). Action, Thriller, Gangster

Film de Fernando Di Leo

Annotation :

Dans son deuxième opus, le cinéaste traite d’un maquereau frimeur et raté qui va progressivement devenir un héros. Vu d’abord comme un être peureux et minable, il devient un animal traqué pris dans une machination. Pour survivre, il doit devenir une bête déchaînée et à mesure que s’abat sur les lui les obstacles, la violence se fait de plus en plus sans limites jusqu’à atteindre une forme d’absurdité hystérique et de folie acharnée. En effet, la progression du personnage se fait en réaction aux attaques qu’il subit sans cesse. Par conséquent, il est dans une montée tenace d’adrénaline, à l’instar du rythme devenant plus intense. Cette animalité se ressent dans l’espace de Milan qui s’étend jusqu’à ses frontières, mais il y a une limite qui enferme le sujet dans un cercle infernal et une cage sans issue. Sa fureur bestiale et son désespoir émotionnel sont en contraste avec l’impassibilité des deux tueurs à gages américains à sa poursuite. Convaincus de leur invisibilité, ils incarnent une Amérique arrogante et séductrice, mais ils ne sont que les pions d’un pouvoir mondialisé contrôlé secrètement par les hautes strates criminelles. C'est donc un polar aux airs de western homérique, un David vs Goliath dans un monde pourri et aliéné où l'on s'assassine aveuglément.

Le Boss
6.4

Le Boss (1973)

Il Boss

1 h 32 min. Sortie : 22 mai 1974 (France). Action, Thriller

Film de Fernando Di Leo

Annotation :

Pour le dernier film de la Trilogie, Di Leo exporte son récit à Parlerme en radicalisant son approche antipathique et monolithique de ses personnages en ne filmant que des crapules impassibles sans aucune fascination. Il insiste sur le fait que personne n’est sympathique dans l’ascension de cet homme de main, prêt à trahir sans scrupules son boss, pour s’élever progressivement dans la hiérarchie de la mafia. C’est de nouveau la constatation d’un basculement dans les codes d’honneur entre passé et modernité. On tue son boss pour prendre sa place et la vieillesse se fait remplacer par la jeunesse. Du bandit à la police, en passant par l’avocat, tout le monde cherche son propre intérêt pour survivre et chacun se trahit sans empathie pour chercher sa place dans le jeu du pouvoir. Plus confus et bavard, "Le Boss" reste un film démontrant toute la crasse humaine dans un style à l’efficacité brute, volontairement exagéré et à la violence baroque. Sans faire dans la dentelle, Di Leo capture avec cynisme l’air du temps, celle d’une jeunesse souillée par une forme d’invasion économique contemporaine, mais surtout, il expose une Italie étant la même du Nord au Sud, manipulée par des puissants véreux qui se détrônent constamment.
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On notera la scène d'ouverture où le personnage principal explose littéralement une salle de cinéma diffusant un porno, regardé et commenté par une bande de mafia vieillissante et vicieuse. Comme si avec ironie, Di Leo voulait punir moralement une forme de décadence perverse de son temps, sachant qu'il flirte lui-même avec l'érotisme par moment, démontrant ainsi toute l'ambiguïté morale de ses films.

Simon

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