François JULLIEN
* François Jullien est un célèbre philosophe, helléniste et sinologue. Je m'intéresse à son parcours ces dernières années et j'assiste à certaines de ses conférences, cours et séminaires (BnF, Maison des sciences de l'homme, Patronage laïque Jules Vallès).
Commencée fin 2019, cette liste est ...
16 livres
créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a 14 joursDe la vraie vie (2020)
Sortie : 2020 (France). Philosophie
livre de François Jullien
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* Un soupçon s’est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu’on vit. Que cette vie qu’on vit n’est plus peut-être qu’une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la «vraie vie».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s’enlisent sous l’entassement des jours. Elles s’aliènent sous l’emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent «chose», sous tant de recouvrements.
Or, qu’est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La «vraie vie» n’est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l’a vantée la sagesse.
Elle n’est surtout pas dans les boniments du «Bonheur» et du développement personnel qui font aujourd’hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu’une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c’est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l’enjeu crucial – mais si souvent délaissé – de la philosophie. (François Jullien).
La grande image n'a pas de forme (2009)
Sortie : mars 2009. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* La conquête de l'objectivité est une avancée théorique de l'Occident. C'est à penser sa possibilité que s'est attachée la philosophie ; c'est elle qui a permis le succès vérifié de la science; c'est à sa représentation que s'est vouée passionnément, y quêtant l'illusion du vrai, la peinture classique. Mais cette construction rationnelle de l'objet n'a-t-elle pas enseveli d'autres possibilités de cohérence ressurgissant génialement, par effraction, notamment dans la peinture moderne et dans la poésie ? C'est au désenfouissement d'une telle intelligence qu'invitent de leur côté, en toute sérénité, les Arts de peindre de la Chine ancienne que nous abordons ici: en traitant d'une image qui ne se laisse pas cantonner dans l'exiguïté de la forme, mais se transforme par respiration du vide et du plein, et écrit dans les polarités du paysage l'incitation qui tend la vie.
De l'intime (2013)
Loin du bruyant Amour
Sortie : 2013 (France). Essai, Philosophie
livre de François Jullien
Annotation :
* Que n'avons-nous accordé bruyamment à l'« Amour » ? Mais « je t'aime » réduit l'autre à n'être qu'un objet, fait de la passion un événement qui bientôt s'use et d'abord en appelle à la « déclaration » pour s'annoncer.
Or je préférerais être attentif au cheminement discret de l'intime – lui qui laisse tomber silencieusement la frontière entre l'Autre et soi, fait basculer d'un dehors indifférent dans un dedans partagé et vit inépuisablement des « riens » du quotidien, y découvrant l'inouï de l'être auprès. Intimus, dit le latin, ou « le plus intérieur ». Mais on ne promeut de plus intérieur de soi qu'en s'ouvrant à l'extérieur de l'Autre, montre Augustin.
Façon donc de se débarrasser de l'éternel du « cœur » humain, puisque nous aurons à suivre, d'Augustin à Rousseau (et Stendhal), comment cet intime en vient à se transporter de Dieu dans l'humain en Europe – est-ce ce qui fait « Europe » ? – et peut servir de départ à la morale.
Gageure aussi pour la philosophie. Car ce que nomme ainsi l'intime n'est-il pas, de droit, ce qui résiste le plus farouchement à la prise du concept ?
Philosophie du vivre (2011)
Sortie : 2011 (France). Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition - être en vie - et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais - pleinement - à y accéder. Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'elle appellera, le projetant dans l'Etre, la " vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin ". Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas - hélas! - imprudemment laissé en friche ?
Nourrir sa vie (2005)
A l'écart du bonheur
Sortie : 2005 (France). Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Notre expérience s’est pensée, en Europe, à partir d’une séparation de plans : vital/moral/spirituel ; même ce verbe le plus élémentaire, « nourrir », a été pris dans la scission du concret et du symbolique : nourrir son corps ou nourrir son âme (dans Platon et les Pères de l’Église).
Or, en suivant cette expression commune en Chine de « nourrir la vie », nous voici conduits à remonter à l’inséparation de ces plans ; comme, en lisant le grand penseur de l’Antiquité chinoise, Zhuangzi, à creuser l’écart avec l’idéal grec de la connaissance ainsi qu’avec l’idée du bonheur, conçu comme finalité. Le Sage est sans destination et même sans aspiration ; il « évolue » dans le tao, est-il dit, « tel le poisson dans l’eau »…
Certains de nos partis pris les plus massifs s’en voient ébranlés, et d’abord ceux de l’« âme » et du « corps » : si nourrir sa vie peut se dire de façon unitaire, c’est d’abord qu’on nourrit le plus foncièrement en soi le « souffle énergie ». Se profile alors une autre intelligibilité — à sortir du mysticisme suspect dans lequel les marchands du « développement personnel » voudraient aujourd’hui nous plonger.
Ou de ce que le zen est plus intelligent que ce que nos panneaux publicitaires en ont fait.
Une seconde vie (2017)
Sortie : 15 février 2017. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Quand on avance dans la vie, il est une question qu’on ne peut plus, peu à peu, ne pas se poser : pourquoi est-ce que je continue de vivre ?
Cette question, on peut la maintenir au niveau bas du développement personnel, affublé en « sagesse », et du marché du bonheur. Ou bien l’affronter philosophiquement pour y chercher une issue plus ambitieuse qui soit la promotion d’une « seconde » vie.
Une seconde vie est une vie qui, du cours même de la vie, se décale lentement d’elle-même et commence de se choisir et de se réformer.
Pour y accéder, il faudra penser ce que sont des vérités, non pas démontrées, mais décantées à partir de la vie même ; ou comment, de l’expérience accumulée, on peut à nouveau essayer ; ou comment la lucidité est ce savoir négatif (de l’effectif) qui nous vient malgré nous, mais qu’on peut assumer ; ou comment la vie peut ouvrir, non sur une conversion, mais sur une vie dégagée.
Ou comment un second amour, fondé, non plus sur la possession, mais sur l’infini de l’intime, peut débuter.
Puis-je, non plus répéter ma vie, mais la reprendre, et commencer véritablement d’exister ?
Du temps (2012)
éléments d'une philosophie du vivre
Sortie : 18 avril 2012. Essai, Philosophie
livre de François Jullien
Annotation :
* Fallait-il penser le « temps » alors qu’on sait, depuis les Grecs, que sa division selon les temps de la conjugaison rend son existence insaisissable ? Et que, surplombant le cours de la vie, il nous porte à ne pouvoir imaginer celle-ci que comme une traversée nous tournant d’emblée vers sa fin ? En dépit de l’invitation des poètes : « Cueille le jour ! », nous ne concevons toujours pas ce que peut être de vivre au présent… C’est pourquoi j’ai tenté, en passant par la pensée chinoise, de sortir de ce grand pli du « temps ». Car la Chine a pensé le « moment » saisonnier et la « durée » des processus, mais non pas une enveloppe qui les contienne tous deux et qui serait le temps homogène, abstrait. Ce faisant, elle nous invite à relire la formule de Montaigne : vivre, non pas au présent, mais « à propos » ; ainsi qu’à nous pencher sur ces notions courantes, mais que la philosophie n’a guère explorées : l’opportunité du moment et la disponibilité opposée au devancement. Je prendrai donc ici le parti de la sagesse : si vivre était à penser selon l’occurrence du moment, autrement que comme intervalle, et par conséquent à sortir du grand drame « existentiel » que la philosophie, érigeant le « temps », a si puissamment organisé ?
Entrer dans une pensée (2012)
ou Des possibles de l'esprit
Sortie : 1 mars 2012. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Qu'est-ce qu'entrer dans une pensée ? Qui ne souhaiterait par exemple entrer, le temps d'une soirée, dans une pensée aussi extérieure à la nôtre que la chinoise ? Mais on ne peut y entrer en tentant de la résumer, ou d'en présenter des notions, ou d'y distinguer des écoles, voire en en traçant l'histoire. Car on reste toujours dépendant, pour le faire, de nos perspectives implicites et de nos concepts. On n'a pas encore quitté sa pensée. Donc on n'a pu entrer dans l'autre. C'est pourquoi je proposerai ici, à titre de travaux pratiques, de commencer par lire une simple phrase de chinois : les premiers mots du Yi King sur le commencement. De la lire du dedans : dans son énoncée et dans son commentaire. Comme aussi du dehors, qu'il soit de la Bible, de la Grèce et de nos prochains et plus lointains Orients. S'érige alors progressivement un seuil qui fait entrer. Du même coup, se répartissent, de part et d'autre, divers possibles de la pensée. Et surgit soudain devant nous une tâche immense : concevoir une histoire de l'avènement de l'esprit qui ne relève plus de la seule Europe.
L'inouï (2019)
Ou l'autre nom de ce si lassant réel
Sortie : 16 janvier 2019 (France). Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* L'histoire que je raconte ici est celle de tout le monde... Car qui ne s'est pas trouvé lassé, au fil des jours, du spectacle si merveilleux du ciel, ou du visage de l'Amante, et même d'abord d'être en vie ? On s'en lasse parce qu'on n'en attend - on n'en entend - plus rien. Ce qui s'étale, revient toujours, s'enlise en effet dans sa présence et dans sa récurrence et n'émerge plus, n'apparaît plus. On ne pourra y accéder qu'en découvrant ce qui s'en est enfoui d'in-ouï. Non par dépassement dans un Au-delà, mais par débordement de notre expérience. C'est-à-dire en ouvrant une brèche dans ses cadres constitués et normés, libérant ainsi ce qui s'y révèle autre et qui se donne alors à rencontrer. Aussi rendre ce si lassant réel à ce qu'il contient en soi d'inintégrable et donc de vertigineux, proprement inouï, est, en amont de toute morale, autour de quoi se jouent - basculent - nos existences. L'inouï en devient ce concept premier, ce concept clé, ouvrant un minimum métaphysique où s'opère, ici et maintenant, un tel renversement. Car que peut-on attendre d'autre - espérer entendre d'autre - que l'inouï ?
De l'écart à l'inouï (2019)
Un chemin de pensée
Sortie : 16 janvier 2019. Essai, Philosophie
livre de François Jullien
Annotation :
* François Jullien revient ici sur son chemin de pensée dans un dialogue avec son alter-lecteur. Il fait jouer la pensée chinoise comme un opérateur théorique pour ébranler dans leurs fondements les choix faits par la philosophie et ouvrir celle-ci à de nouveaux questionnements. Les principaux concepts de son chantier sont éclairés à la lumière de son cheminement. Propension, tension et transition ; compossibilité et processualité ; allusif et oblique ; écart et entre ; essor et étale ; transformation silencieuse, ressource et secondarité, connivence ou dé-coïncidence ; intime et inouï ont infiltré, par-delà la philosophie, les champs de la psychanalyse et de l'éducation, de l'art et de la critique, du management et du politique, et jusqu'à la réflexion du droit et de la science.
Les Transformations silencieuses (2009)
Chantiers I
Sortie : mars 2009. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* « Grandir, vieillir ; mais également l'indifférence qui se creuse, jour après jour, entre les anciens amants, sans même qu'ils s'en aperçoivent ; comme aussi les Révolutions se renversant, sans crier gare, en privilèges, ou bien le réchauffement de la planète : autant de modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu'on ne les perçoit pas. Mais on en constate soudain le résultat – qui nous revient en plein visage. Or si cette transformation continue nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque, pensant en termes de formes déterminées, échouait à capter cette indéterminable de la transition. De là l'intérêt à passer par la pensée chinoise pour prêter attention à ce même : celui de « transformations silencieuses » qui, sous le sonore de l'événement, rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'Histoire tout autant que de la Nature. De notion descriptive, on pourra alors en faire un concept de la conduite, stratégique comme aussi politique: face à la pensée du but et du plan, qui a tant obsédé l'Occident, s'y découvre l'art d'infléchir les situations sans alerter, d'autant plus efficace qu'il est discret. » (François Jullien).
Cette étrange idée du beau (2010)
Chantiers II
Sortie : 17 mars 2010. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* François Jullien poursuit ici sa confrontation de la pensée occidentale avec la pensée chinoise en s'interrogeant sur la notion de beauté. Le "beau" trône en effet dans la culture européenne sans qu'on se soit enquis des partis pris qui l'ont porté. Or le "beau" ne va pas de soi et la pensée chinoise ne l'a pas isolé. François Jullien le rend ainsi à son étrangeté.
Du mal / Du négatif (2004)
Sortie : septembre 2006 (France). Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Le mal et le négatif désignent la même chose (la violence, la maladie, la mort, etc.), mais sous deux angles opposés : le mal fait l'objet d'un jugement, qui est d'exclusion ; tandis que le négatif fait l'objet d'une compréhension qui l'inclut de façon logique. Le mal nuit / le négatif coopère. Entre eux deux se choisit la sagesse ou la sainteté. Dans un monde aspirant au " tout positif ", François Jullien appelle à désenfouir le négatif pour lui retrouver une fécondité. Au mal, dont le bienfait est d'avoir découvert à l'homme sa liberté, François Jullien propose de substituer le laid (comme jugement immanent ne s'appuyant plus sur un ordre des valeurs) ; l'abject (comme réaction d'" humanité ") ; le douloureux (l'affect n'est pas à rejeter de la morale).
Chemin faisant, connaître la Chine (2007)
Sortie : janvier 2007. Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* La Chine est ailleurs, est-elle « autre » ?
Cet ailleurs de la Chine se constate dans la langue comme dans l’Histoire. Quant à l’altérité, elle est à construire patiemment en nouant le dialogue entre deux cultures, la chinoise et l’européenne, qui se sont développées si longtemps sans contact entre elles.
C’est à ce travail que se livre François Jullien, essai après essai, ou chemin faisant, sans postuler d’altérité ni d’identité de principe. À la fois pour fournir des concepts à la connaissance de la Chine et relancer la philosophie en l’interrogeant du dehors chinois.
À l’occasion de cette Réplique, François Jullien présente de façon simple le chemin parcouru, ou sa « méthode », et les résultats acquis. Il montre du même coup comment, à partir du dévisagement réciproque des cultures, ouvrir la voie d’un auto-réfléchissement de l’humain qui nous délivre de l’humanisme mou et de sa pensée faible.
La transparence du matin
Sortie : 18 janvier 2023 (France). Essai
livre de François Jullien
Annotation :
* Dans son choix grec, la philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre ; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd’hui en retrait. De là que vivre soit laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme ; et que prospèrent le Développement Personnel et le marché du Bonheur vendant vivre comme du « tout positif ».
Or vivre est paradoxal, s’étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions : être en vie ; et l’aspiration de toutes nos aspirations : vivre enfin ! Nous sommes en vie, mais nous n’accédons pas pour autant à vivre. Car la vie d’elle-même rabat la vie. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie – ou que « la vraie vie est absente ».
Or, c’est à travers cette inanité même de « la vie » que nous pourrons voir transparaître à l’envers l’inouï de vivre débordant le déjà vécu et l’ouvrant à de l’« in-vécu », quitte à s’y heurter à de l’Invivable ; et, puisque vivre n’est, au fond, qu’ouvrir des possibles, nous pourrons alors rouvrir des possibles dans nos vies, au lieu de les laisser s’étioler.
Car répéter qu’il faut « cueillir le jour », « profiter de la vie », n’a pas prise sur la vie. Traçons donc plutôt, pour nous y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre.
Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son « matin », dégagé de ce qui l’enlisait, au fil des jours, et l’emmurait.
Telle est la « transparence du matin », en amont de tous les enseignements de la morale.
Contre François Jullien
Sortie : avril 2006 (France). Essai
livre de Jean-François Billeter
Annotation :
* Les ouvrages de François Jullien, qui rencontrent aujourd'hui un large écho, véhiculent une image de la Chine à la fois fausse et dangereuse. Selon François Jullien, la Chine est un monde complètement différent du nôtre. De même, il existerait une "pensée chinoise", éternelle et immuable, qui serait l'exact opposé de la "pensée occidentale". Après avoir montré comment cette conception est née en Europe au 18e siècle, notamment sous l'influence des Jésuites, Jean-François Billeter explique comment ce mythe de la "pensée des lettrés est une conception idéologique délibérément forgée par le pouvoir politique chinois deux siècles avant notre ère afin de préserver la stabilité de l'empire. Aujourd'hui encore, les autorités chinoises entretiennent l'idée de cette "culture chinoise" afin de se dérober à tout examen critique. Pour Jean-François Billeter, il faut partir de la démarche radicalement inverse. C'est en posant l'unité de l'expérience occidentale et orientale que l'on pourra vraiment saisir véritablement ce qui unit et ce qui distingue ces deux cultures. En supposant leur altérité absolue, on s'interdit de comprendre l'une et l'autre. La position de Jean-François Billeter n'a rien d'une pétition de principe. C'est au contraire en s'appuyant sur les textes, sur les problèmes concrets de traduction qu'il affirme son propos