GIOVANNI José - Vus & Annotations

Annotation :

"Dernier domicile connu" est un polar anti-spectaculaire qui veut avant tout pointer l’aspect méticuleux et éreintant de l’enquête. En effet, ce duo à l’opposé et mal assorti doit ensemble trouver une aiguille dans une botte de foin, seuls contre tous, alors qu’ils ont très peu d’indices, peu de moyens et des tueurs à leur trousse. Lino Ventura est un flic hargneux qui reste intègre à son métier malgré l’injustice qu’il a vécue. Marlène Jobert est une novice qui, malgré son innocente fraîcheur, est une femme déterminée et courageuse. L’enquête de ces héros ordinaires est une croisade idéaliste sur la mission d’un policier, mais aussi un conflit contre un système judiciaire au fonctionnement bureaucratique déplorable et pourri. Le cinéaste témoigne des métamorphoses de la capitale de l’époque : elle devient un pavé de bitume et de béton, et un chantier qui démembre le vieux Paris, dans lequel le duo doit constamment marcher et s’empresser. Tableau pessimiste, avec un sentiment de tristesse, de colère et d’abandon, le film nous attache pourtant aux deux policiers qui, dans leur effort commun, voient leur relation évoluer, ouvrant au passage des brèches émotionnelles à un homme rigoureusement fort, mais écorché et dans l'inaptitude d'établir une relation, comme l'expose cette fin pleine d'amertume.

Annotation :

"Deux hommes dans la ville" est un film faisant écho au cinéaste, car il s'est retrouvé lui-même dans le couloir de la mort pour avoir collaboré pendant la guerre, avant d’être gracié. Alain Delon incarne un antihéros tragique et au passé criminel opaque, poursuivi par une malchance et un hasard qui le destinent à être guillotiné. Le film parle de la difficulté de se réinsérer dans la société après une longue peine de prison, alors que le personnage souhaite trouver une honnête stabilité, autant amoureuse que sociale. Aidé par son éducateur, interprété par Jean Gabin dans un jeu au calme olympien et d’une impériale sérénité, ce dernier sert à avertir de la mauvaise condition des prisonniers pendant et après leur incarcération. Mais avant d’être une réflexion sur les rouages d’une justice nuancée (à la fois protectrice et vicieuse, représentée par Michel Bouquet en Javert moderne qui s’acharne à faire tomber le protagoniste) et sur la peine de mort, l’œuvre est un dur et brut mélodrame, suivant une ligne droite latente à la fois austère et fatale, et porté aussi par une sobre tendresse ponctuée par de légères envolées de bonheur. C’est enfin un film rauque dans son style, qui souligne cette amère rédemption et la paix impossible pour un ex-voyou.