HERZOG Werner - Critique & Annotations
2 films
créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a 3 moisNosferatu - Fantôme de la nuit (1979)
Nosferatu: Phantom der Nacht
1 h 47 min. Sortie : 17 janvier 1979. Épouvante-Horreur
Film de Werner Herzog
SimBoth a mis 9/10.
Annotation :
Avec ce magnifique hommage au film de Murnau, Herzog traite à sa manière la mythologie du vampire tout en gardant cette forte influence du romantisme allemand. Le film est stylisé mais aussi immersif, avec une caméra portée omniprésente, des décors authentiques et une lumière naturelle, donnant une valeur archéologique et un réel magnifié à l'œuvre. Construit par une esthétique picturale et expressionniste jouant sur les clairs-obscurs et un onirisme bleuté, la plongée dans la psyché de ce vampire torturé par sa solitude - brillamment interprété avec terreur par Klaus Kinski - est à la fois magistrale et glaciale.
Pour Herzog : « Il est prophète de changement dans un monde bourgeois qui doit changer. » La dimension transcendantale et sublime, invite à la contemplation et nous fait entrer dans un état somnambulique, à l'image de Bruno Ganz qui contemple les immenses montagnes germaniques sous L’Or du Rhin de Wagner. Cauchemardesque, mais bizarrement joyeux, le poids du temps, de la mort, une coexistence entre profane et sacrée, et une sorte d’ironie imprègnent l'œuvre.
L'apparition soudaine d'imagerie ténébreuse avec ses momies filmées en ouverture avec la musique planante de Popol Vuh, les morsures sensuelles du vampire, la blancheur fantomatique d'Adjani, l'étrangeté funeste du château, le cortège gargantuesque du cercueil et la messe noire anarchique et festive poussée par la Peste qui montre une population n’ayant plus peur de la mort, rythment cette célèbre reprise du vampire.
Family Romance, LLC (2019)
1 h 29 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Drame
Film de Werner Herzog
SimBoth a mis 7/10.
Annotation :
À partir d’un sujet réel, celui d’un homme qui dirige une agence au Japon où il est possible de louer un « ami » ou un « membre manquant de la famille », Herzog réalise un long-métrage au propos universel. Tout porte à croire que le film est un documentaire, à cause de son dispositif minimaliste, des regards caméra, du naturel des personnages ou encore de l’impression d’instantanéité des situations, mais l’œuvre est bien une fiction. Une fiction qui questionne la disparition de l’humanité au profit des faux sentiments et de la nouvelle technologie, telle que la robotique, summum de l'étrangeté. Herzog décrit un monde absurde avec une pointe d’ironie et d’humour, mais surtout avec émotion, à l'exemple de cette fausse relation père-fille entre Yuichi et Machiro, qui touche par l'honnêteté des sentiments naissants entre eux. L'homme, tel un caméléon, change de costumes jusqu’à se perdre lui-même dans sa réalité, remplie de faux-semblants, et remet en cause la véracité de sa propre famille. C'est pourquoi, en éternel explorateur de la condition humaine, Herzog fascine par la poésie troublante de son jeu de dupe illusoire.