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Jean Rouch - Commentaires

Documentariste d’une importance cruciale dans l’histoire et l’évolution du cinéma français, Jean Rouch a toujours traité des individus, des sociétés et de l’anthropologie au sens large, revendiquant son droit à la subjectivité, estimant impossible de se borner à un simple travail d’enregistrement du ...

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5 films

créée il y a environ 10 ans · modifiée il y a 10 mois
Les Maîtres fous
7.5

Les Maîtres fous (1955)

28 min. Sortie : 24 août 1955.

film de Jean Rouch

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Avec ce document étonnant sur les rites de possession de la secte des Haoukas, au Niger, Rouch associe aux images de pratiques incompréhensibles pour des non-initiés la précision et l’objectivité d’un commentaire explicatif qui en interdit toute interprétation "raciste". Les transes sanglantes et saisissantes des possédés, leurs identifications aux figures de la colonisation laissent ainsi percevoir l’impact des données sociales importées par l’Occident en Afrique noire. Elles permettent aux yeux européens, tentés de les mettre au compte d’une quelconque sauvagerie primitive, de mieux connaître ce que d’habitude ils ignorent ou méprisent. Quant aux imperfections techniques, elles ne comptent guère lorsqu’au milieu de cinéastes qui croient avoir tant à dire surgit un homme qui a beaucoup à montrer.

Moi, un noir
7.1

Moi, un noir (1959)

1 h 10 min. Sortie : 11 mars 1959. Drame

Film de Jean Rouch

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ils se font appeler Edward G. Robinson, Eddie Constantine ou Dorothy Lamour, ils habitent les faubourgs populaires d’Abidjan, ce sont des jeunes gens frais sortis de la brousse nigérienne, déjà acculturés aux stéréotypes de la civilisation occidentale, et dont les rêves de réussite se fracassent sur les barrières du quotidien. Faisant surgir du réel la part d’imaginaire dont il est tissé, Rouch remet en cause l’opposition, canonique depuis Lumière et Méliès, entre documentaire et fiction. Représentants symboliques du sous-prolétariat urbain secrété par les grandes métropoles du monde, les héros de ce film-miroir témoignent pourtant d’un appétit de vivre qui les rend capables de réenchanter l’existence. Le film est à leur image, aussi lucide que généreux, vibrant à l’unisson de leur tendance poétique.
Top 10 Année 1958 :
http://lc.cx/Zw9w

La Pyramide humaine
7.5

La Pyramide humaine (1961)

1 h 30 min. Sortie : 19 avril 1961 (France). Drame

Film de Jean Rouch

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le réalisateur multiplie ici les directions de regard et pratique une expérience d’ethnologie mixte dans une classe du lycée d’Abidjan, où Africains et Français se côtoient sans se fréquenter. Le psychodrame scénarisé en évolution aléatoire croise les jeux subtils du langage, de l’appartenance au groupe, de l’amitié désirée et concrétisée. La douceur romantique de Nadine, la formidable sagacité médiatrice de Denise, les ardeurs généreuses des garçons qui les entourent, l’intelligence, la fraîcheur, l’humour qui émanent de ces jeunes gens extrêmement attachants composent, en dépit même des gemmes racistes, des préjugés sociaux et des automatismes culturels mis en lumière, le plus convaincant des chants pour l’ouverture, la curiosité et l’enrichissement mutuel. Rouch est décidément très fort.
Top 10 Année 1961 :
http://lc.cx/BMA

Chronique d'un été
7.7

Chronique d'un été (1961)

1 h 25 min. Sortie : 20 octobre 1961 (France).

Documentaire de Edgar Morin et Jean Rouch

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

En appliquant aux rues et aux habitants de Paris, le temps d’un été, ses principes du cinéma-vérité, Rouch passe de l’anthropologie à la sociologie. Les problèmes, les soucis, les joies et les peines de chaque intervenant composent une mosaïque bouleversante qui interroge le vécu et l’intimité de chaque spectateur et le pousse à s’impliquer au sein même des témoignages. Marceline, Marie-Lou, Angelo, Jean-Pierre et les autres nous touchent, nous interpellent, nous rappellent ce que sont vivre en cette société et être perméable aux existences de nos prochains. La dernière partie en forme d’autodissection vertigineuse, qui réfléchit le procédé du documentaire en appelant chaque participant à s’exprimer sur la manière dont les images filmées ont été perçues, entérine définitivement la modernité de cette œuvre magistrale.
Top 10 Année 1961 :
http://lc.cx/BMA

Jaguar
7.1

Jaguar (1967)

1 h 33 min. Sortie : 3 septembre 1967 (France).

Documentaire de Jean Rouch

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le journal de bord de trois amis nigérians partant vers la Côte d’or pour tenter d’y amasser une petite fortune. Tourné en 1954, c’ est une sorte de brouillon de "Moi, un Noir", une élaboration plus proche du reportage conditionné que d’une invention pleine et entière d’où jaillirait une observation critique du réel. Attaché à un paysage fermement et discrètement imposé, il décrit et explique, réfléchit et prouve. Qu’il s’agisse des douaniers de la Gold Coast, de l’étui pénien des Sombas, de précisions sur la vertu des bois, des techniques du devin lanceur de cauris ou de Damouré décrivant avec complaisance sa réussite sociale, la verve et les mots sont toujours justes. Le film offre ainsi une autre déclinaison de cette forme de création commentée par les protagonistes eux-mêmes, avec leur accent de conteurs truculents.

Thaddeus

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