JIA Zhang-ke - Critiques & Annotations
2 films
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a 3 moisPlaisirs inconnus (2003)
Ren xiao yao
1 h 53 min. Sortie : 22 janvier 2003 (France). Comédie dramatique
Film de Jiǎ Zhāng-Kē
SimBoth a mis 7/10.
Annotation :
"Plaisirs inconnus" est le constat d’un pays en pleine transition : de l’idéalisation du communisme au capitalisme dans lequel la Chine s’avance. Pour parfaire cette radiographie, le cinéaste situe son action dans la ville industrielle de Datong, avec son atmosphère de vieille usine à l’architecture dégradée, inutile et quasi abandonnée, à l’image de ses deux personnages issus de la génération de l’enfant unique. Deux jeunes adultes perdus, essayant de satisfaire leur vie à travers le flânage, l’errance, la moto, mais surtout les filles : une chanteuse-danseuse sous l’emprise d’un petit malfrat et une étudiante plus correcte. Le cinéaste capte avec attention et réalisme le temps, l’attente et le silence, trois éléments faisant naître les blessures et les secrets de ces jeunes qui convergent difficilement à s’aimer. Ils se confrontent à la nouvelle consommation occidentale, au choix de partir, surnagent dans les infos mondiales et locales de la télévision et cherchent un but dans cette nouvelle culture influencée. Ne sachant quel chemin choisir pour leur vie, l’avenir est incertain et se conclut dans un petit crime déplorable, faisant fuir l’un et emprisonner l’autre. Une chanson bien triste de la jeunesse chinoise.
A Touch of Sin (2013)
Tian Zhu Ding
2 h 13 min. Sortie : 11 décembre 2013 (France). Drame, Sketches
Film de Jiǎ Zhāng-Kē
SimBoth a mis 7/10.
Annotation :
Jia Zhang-ke détourne astucieusement le genre du wu xia pian dans une œuvre puissante qui dénonce l’injustice sociale et la corruption au travers d’un voyage en Chine moderne. De Shanxi au Canton du Sud, le cinéaste articule quatre histoires différentes entre elles pour former une multi-représentation d’hommes et de femmes qui succombent à une violence cathartique à cause de leur situation alarmante. Les personnages sont sans issue face au pouvoir du capitalisme local et mafieux ; leur rébellion n’est que temporaire et inutile, car elle se conclut toujours dans le désespoir, et ce propos est appuyé par le suicide du jeune travailleur dans la dernière histoire. Dans l’oppression donnée par un pays en crise, l’auteur ajoute une pierre évidente au fatalisme d’un peuple au bord du gouffre. Il offre ainsi une autoréflexion sur son cinéma, pleine de tension et de rage. Le film coule limpidement, travaille la trajectoire et le destin de ses protagonistes dans un parcours qui expose toutes les mutations (économiques, sociales, géographiques) de la Chine d’aujourd’hui, et reste d’une violence sèche sans jamais tomber dans le passionnel ou le pathétique.