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2 films

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Mais ne nous délivrez pas du mal
6.9

Mais ne nous délivrez pas du mal (1972)

1 h 42 min. Sortie : 26 janvier 1972. Drame, Épouvante-Horreur

Film de Joël Séria

Annotation :

Oubliez Salo, les pitreries malsaines de l’andouille Noë, ou les machines esthétisantes qui ont pullulé à la fin des années 90 : le film le plus subversif du monde (qu’a probablement vu Von Trier) ne serait-il pas cet effrayant brûlot français, premier long-métrage de Séria, dont l’incandescence et la force de provocation demeurent totalement intactes près de cinquante ans après ? Portée par deux actrices fascinantes dont le visage poupon revêt merveilleusement une ingénuité maléfique trouble (et d’autant plus qu’elle est inexplicable), cette succession de perversions extrêmement cruelles répugne autant qu’elle fascine, et le soin que manifeste Séria à toujours adopter la distance nécessaire devant les horreurs qu’il filme frontalement témoigne d’une rigueur extrême de mise en scène. Le film est court, sans aucun gras, et tout à fait éprouvant : c’est une plongée dans la perversité nue, parfaitement rendue et pensée (avec de magnifiques poèmes), jamais vulgaire, et dont l’érotisme empoisonné affermit l’horreur capiteuse. Bousculant les mœurs chrétiennes complaisantes, l’arrogance bourgeoise et démontant les habitudes du machisme primaire, Séria tire sur tout et met dans le mille à chaque coup. Il s’autorise également quelques scènes en apesanteur, étonnamment poétiques, où la beauté vénéneuse des images exacerbe le romantisme vicié de sa vision ; Les Chants de Maldoror n’y sont décidément pas cités par hasard. Excellentissime, et assurément inoubliable.

Quelle drôle de carrière que celle de Séria : cette œuvre fondamentale en guise d’incipit, une poignée de films très controversés sur les mœurs conservatrices dans les années 70 (toujours avec Jeanne Goupil), et puis plus rien, ou presque (les titres, tels que San Antonio Ne Pense Qu’À Ça, n’incitent pas à l’optimisme).

Les Galettes de Pont-Aven
6.8

Les Galettes de Pont-Aven (1975)

1 h 45 min. Sortie : 20 août 1975. Comédie dramatique

Film de Joël Séria

Annotation :

S’il faut reconnaître à Séria un réel talent (et même une certaine finesse) pour croquer le ridicule et l’hypocrisie d’une France bigote, autant bouffée par l’indécence misogyne que par l’effroyable continence chrétienne, il est néanmoins plus difficile de pardonner ces nombreuses scènes de la deuxième partie, pénibles et excessives, où il semble plus en roue libre qu’en contrôle. Ivresses exagérées, désespoirs grotesques, dialogues ramenards, gaudriole lourdement raillée, on y nage en pleine vulgarité provocante de ces années-là. Les toutes dernières scènes sont d’un meilleur acabit, car elles reviennent à la simplicité (et donc à la crédibilité) des toutes premières. C’est un film curieux, plus caustique que vraiment potache, et qui doit beaucoup à la direction d’acteurs but en blanc de Séria ; Fresson y est absolument monstrueux.

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