Cover La 29e année

Liste de

29 livres

créee il y a plus d’un an · modifiée il y a 6 mois

Comment saboter un pipeline
7.7

Comment saboter un pipeline

Sortie : 19 juin 2020 (France). Essai

livre de Andreas Malm

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Loin d'être un précis de sabotage, Andreas Malm s'attaque au difficile débat sur la légitimité de la violence dans le militantisme écologiste. Face aux enjeux aussi importants que la survie de l'espèce humaine, menacée par un capitalisme triomphant, peut-on se contenter d'actions symboliques non-violentes ? En déroulant un argumentaire nuancé, Malm montre les intérêts des actions pacifistes à la Extinction Rebellion, mais aussi la complémentarité que représente une frange radicale : en élargissant le périmètre de ce qui est inacceptable, on rend acceptable ce qui paraissait radical auparavant. En faisant sauter les yachts et les pipelines, on donne aux mots d'ordres écologistes modérés un véritable marchepied dans le débat public. Mais plus qu'un moyen, ces actes doivent être des fins : il faut rendre invivable la planète à ceux qui la polluent, avant qu'eux ne la rendent invivable pour tous. Crever les pneus des SUV, détruire les excavatrices de lignite, aucune mobilisation ne peut aujourd'hui faire l'économie de la dégradation des biens du capitalisme. En revanche, la violence envers les personnes serait en tout point préjudiciable au mouvement selon lui.

Fantaisies guérillères
7.4

Fantaisies guérillères (2022)

Sortie : 18 août 2022. Roman

livre de Guillaume Lebrun

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Enfin mon hibernation d'agrégatif se termine, et je reprends avec un livre d'histoire ! Une écriture utopique (?) de la geste de Jeanne d'Arc, ici à travers une fable un peu absurde autour de Yolande d'Aragon, qui est missionnée par une espèce d'entité divine/démoniaque pour rassembler des jeunes vierges qu'elle nomme toutes Jehanne, et qui doivent accomplir des destins divins : certes, bouter les English hors de France, mais aussi faire advenir une espèce de millenium alternatif. Le livre est vraiment unique en son genre, de par cette histoire à mi-chemin entre Lovecraft et les Monty Python mais aussi par la narration qui assume l'ancien français mélangé au langage de la génération Z, ce qui le rend surprenamment lisible. C'est souvent drôle et inattendu, et l'ouvrage est assez bien rythmé, alternant entre le point de vue désabusé et extatique de Yolande et celui progressivement engagé de la Jehanne principale.

Le Dossier M - Livre 1
7

Le Dossier M - Livre 1

Après et pendant l'amour

Sortie : 16 août 2017 (France). Roman

livre de Grégoire Bouillier

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Une vraie épreuve que ce pavé de 872 pages, un récit qui démarre par le suicide d'un certain Julien, longuement décrit, et qui bifurque assez vite (au bout de 150 p ?) sur les rapports de l'auteur avec une certaine "M", a priori l'amour de sa vie, mais un amour impossible. Et en soi, l'histoire d'amour peut ne tenir que sur une centaine de pages, une cinquantaine en allant vite. Au milieu ? Une myriade de digressions, de récits alternatifs, d'anecdotes, de répétitions, de réflexions, de malaxage du récit. G. Bouillier essore son matériau jusqu'à plus soif, quitte à se répéter plusieurs fois. Il énonce ce qui a été, ce qui aurait pu être, ce qui ne sera jamais, ce qui serait éventuellement. C'est une écriture souvent improvisée, automatique, on a l'impression de suivre les déambulations de sa pensée. Et la plupart du temps cela se tient. Certes, on n'est pas chez Proust où la qualité de la prose nous donnait l'impression que le narrateur était dans notre tête, mais la multiplicité des situations rencontrées, les métaphores, les comparaisons choisies, sont suffisamment parlantes pour qu'on s'associe aux émotions, même les plus limites (prévoir de tuer le mari gênant !) Certains passages sont bluffants, et ceux qui ne le sont pas gagnent simplement à être appréciés tant qu'on les lit. C'est une épreuve tant pour le lecteur que pour l'auteur, car, si le livre se présente comme un récit a priori désordonné, il a dû en falloir du temps pour organiser tout cela et lui donner cette forme.

Vivre vite
6.4

Vivre vite (2022)

Sortie : 24 août 2022 (France). Roman

livre de Brigitte Giraud

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Pas inoubliable pour un sou, 'Vivre vite' relève d'un défi qu'on pourrait qualifier de malsain : imaginer tous les évènements qui, s'ils ne s'étaient pas produits, n'auraient pas eu comme conséquence la mort du mari de la narratrice. Retraçant les jours et les moments précédant son accident de moto, Brigitte Giraud montre la contingence des évènements, mais l'oeuvre semble assez vaine, tant le nombre de fils à tirer pour s'apercevoir qu'un même évènement est causé par une infinité de facteurs, est vertigineux. Le livre se lit bien, mais de là à comprendre qu'on lui ait décerné le Goncourt, surtout à la suite du Le Tellier et de Mbougar Sarr...

François Truffaut
8.4

François Truffaut (1996)

Sortie : 1996 (France). Biographie

livre de Serge Toubiana et Antoine de Baecque

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Biographie de référence, d'abord par l'accumulation de sources qui retracent toute la vie de Truffaut, depuis son enfance chaotique entre des parents absents et une tendance à la délinquance, jusqu'à la succession quasi-ininterrompue de tournages entre 1959 et 1982. C'est peut-être juste ce que je peux reprocher à l'ouvrage : sans avoir vraiment de thèse, il est surtout un exposé exhaustif de la vie du cinéaste à travers sa correspondance, ses écrits, ses interview, les témoignages de ses proches... et doit peut-être davantage se lire au fur et à mesure qu'on regarde ses films pour en apprendre davantage sur le contexte de production, l'état d'esprit de Truffaut (qui par exemple appréciait particulièrement les films qui ont fait un gros flop), les relations qu'il entretenait avec ses actrices... Bref, un incontournable, mais peut-être pas aussi passionnant qu'il aurait pu l'être.

L'Univers élégant
7.9

L'Univers élégant

The Elegent Universe

Sortie : septembre 2000 (France). Essai

livre de Brian Greene

Alexandre G a mis 5/10.

Annotation :

Pour un livre de vulgarisation il faut quand même s'accrocher... j'ai péniblement atteint la moitié, mais dès qu'on a mis en place la physique quantique ça y est j'ai décroché. Vraiment pas destiné au profane, certes sans équation mais la gymnastique intellectuelle est beaucoup trop exigeante.

Lutetia
6.5

Lutetia

Sortie : juin 2006 (France). Roman

livre de Pierre Assouline

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Pas du tout désagréable à lire, 'Lutetia' est une prouesse de reconstitution de l'époque allant d'environ 1935 à 1945 à Paris. Les yeux du chef de la sécurité de l'hôtel Lutetia, seul palace de la rive gauche, permettent de voir en trois actes la période qui précède la guerre, semblable aux mondanités de l'univers de Proust ou d'Apollinaire, la période de l'Occupation et des complexités d'une période où collaborer et résister sont des activités parfois très proches, et de l'immédiat après-guerre, que le Lutetia vit particulièrement dans son volet de rapatriement des déporté.e.s. Là où Assouline excelle, c'est dans la succession infinie de ces portraits de personnages, tous mieux écrits les uns que les autres, et dont on pressent qu'il y a un univers derrière chacun d'entre eux : en ce sens, il n'a pas à rougir de la comparaison avec Balzac ou Zola, tant ces caractérisations créent quelque chose d'organique et de vraisemblable. Cela va des peintres de l'entre-deux-guerres aux aristocrates, des liftiers aux cuisiniers de l'hôtel, et le fait qu'on les retrouve à un moment ou un autre de l'histoire renforce cette entièreté de l'oeuvre. Mais le livre bute sur un problème majeur : à suivre la trame de l'Histoire, elle en oublie la trame de son histoire. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, en-dehors de la relation du narrateur avec Nathalie, une noble mariée, qui ressurgit toutes les 50 pages. Le livre dispose des épisodes les uns à la suite des autres, qu'on lit non sans plaisir, mais qui enlèvent à la lecture le sentiment d'unité que la caractérisation des personnages avait donné au lieu. Ainsi, avec une vraie histoire, 'Lutetia' aurait été un excellent roman.

La Tache
7.5

La Tache (2000)

The Human Stain

Sortie : 4 septembre 2002 (France). Roman

livre de Philip Roth

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Livre américain s'il en est, 'The Human Stain' prend le prétexte du fait divers universitaire, la démission du professeur de lettres classiques Coleman Silk d'une obscure université régionale à la suite d'accusations de racisme, pour dérouler sa vie, celle des personnes qui l'entourent durant sa rencontre avec le narrateur, et à travers ces histoires, des morceaux de l'histoire récente des Etats-Unis. Silk est un personnage ambigu, puisqu'il est tour à tour caractérisé comme Noir, Juif et Blanc. Il s'émancipe de sa famille pour garder le secret sur son activité de boxe dans sa jeunesse, s'engage comme GI et revient aux Etats-Unis pour devenir professeur d'université. Après son renvoi, il entame une relation passionnelle avec une femme de ménage de la fac, Faunia, qui va les consumer tous les deux. Faunia est d'ailleurs le 2e personnage développé par le narrateur, et le point fort du livre est vraiment cette attention marquée pour la caractérisation des personnages, toujours très complexes, jamais réductibles à leur profession ou des stéréotypes : Faunia est une manipulatrice, vit la vie par les deux bouts, peut à la fois sucer un gars dans une voiture et laisser ses enfants mourir d'asphyxie dans la maison, et les aimer comme personne. Le 3e personnage d'importance est l'ex-mari de Faunia, Lester, un vétéran du Vietnam que le narrateur accuse d'avoir tué le couple.
Le livre se lit de manière un peu fastidieuse, ce qui n'empêche pas d'apprécier ces réels efforts de caractérisation des personnages, miroirs des aspects les plus déprimants du rêve américain : le vétéran abandonné par la patrie, l'universitaire lynché par la moralisation de la vie publique, la femme de ménage oubliée du monde...

Moby Dick
7.6

Moby Dick (1851)

(traduction Armel Guerne)

Moby-Dick; or, The Whale

Sortie : 21 mars 2011 (France). Roman

livre de Herman Melville

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Etrange sensation que celle de refermer ce livre : 730 pages, d'une longueur effroyable, mais que je n'ai pas abandonnées. Il faut attendre les 50 dernières pages pour voir enfin un peu d'action, tandis qu'on vient de subir 600p de descriptions de la carène d'un navire baleinier, de l'intérieur des tripes d'un cachalot, de la moindre action accomplie par le plus insignifiant membre de l'équipage du Péquod. C'est souvent trop long, trop didactique, à la manière de Jules Verne qui nous inonde de détails qu'on qualifiera au mieux de superflus. Mais la prose est belle, la caractérisation (essentiellement celle d'Achab mais aussi de ces seconds, des amis du narrateur Ishmael que sont Queequeg ou Pip) est poussée, et l'épique se mêle au tragique et au comique, dans une oeuvre ambitieuse. Le religieux est omniprésent, et il n'y a pas la plus petite action d'un personnage qui ne soit assimilée à celle d'un prophète de l'Ancien Testament. C'est intéressant, mais beaucoup trop laborieux à terminer.

La Route
7.5

La Route (2006)

The Road

Sortie : 3 janvier 2008 (France). Roman, Science-fiction

livre de Cormac McCarthy

Alexandre G a mis 9/10.

Annotation :

Comme dans toute l'oeuvre de McCarty, ce livre parle d'abord de famille : la famille nucléaire a éclaté (huhu), ne reste que ce père et son fils. Ce dernier n'a jamais rien connu que l'apocalypse, la survie dans un monde de cendres et de pillards cannibales et esclavagistes aux côtés de son géniteur. Sa mère est partie se suicider, désespérée d'un tel monde, quand il était bébé. Et le père tâche de survivre, de protéger son fils, ne peut l'empêcher de se poser des questions, d'être en contact avec les atrocités de cette vie : les nourrissons cuits à la broche, les cadavres ambulants entreposés dans des caves pour servir de stock de nourriture... Il essaye, mais il se rend compte qu'il ne sert à rien de le protéger de ces dangers : il doit les rencontrer pour s'endurcir et survivre une fois que lui ne sera plus là. Le livre est ainsi conçu comme une longue quête initiatique, celle de ce fils qui doit petit à petit se détacher de son père, dernier ancrage avant la mort. Les rencontres sont décisives : le mal et le bien sont souvent confondus, on ne peut se fier à personne, et pourtant le petit cherche toujours à aider alors que son père ne veut pas. Le propos est dur, l'adversité a remplacé toutes les coutumes sociales, et le père lui apprend sans cesse à être plus dur que les autres, qui feraient pareil dans leur position.
"The Road" brasse tant de thèmes, réussit dans tellement d'endroits (le mystère qui entoure cette apocalypse est si intense) qu'on peut sans peine en faire un sommet de sa littérature.

La Méprise
7.3

La Méprise (1934)

Отчаяние

Otchayanie

Sortie : 1939 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Un petit livre expérimental que ne renierait pas Italo Calvino, où l'expérimentation littéraire, psychologique et philosophique la joue à la fable humoristique. Hermann, un Russe émigré à Berlin dans les années 1920, rencontre opportunément un vagabond qui se trouve être son sosie parfait. Cela lui donne une idée d'arnaque aux assurances... On pourra s'attarder sur cette intrigue, finalement assez grotesque et prévisible, mais c'est surtout la narration qui fait tout le sel de cette courte oeuvre : l'auteur et le narrateur ont l'air de se battre pour raconter l'histoire, et les incursions du premier dans la narration sont nombreuses, spécialement en début de chapitre, pour éplucher les techniques du récit ou revenir en arrière sur la manière dont il a énoncé un épisode. C'est bien l'image du double qui est sans cesse déclinée, le double auteur/narrateur, narrateur/personnage, mais même quelques fois auteur/lecteur, bien que ce dernier exercice soit bien plus périlleux. Les personnages secondaires sont aussi bien écrits que dans un Dostoïevski, référence apparemment fortement assumée par Nabokov, même si on retrouve davantage du "Joueur" que du "Crime et châtiments" à mon avis.

Connemara
7.3

Connemara (2022)

Sortie : 2 février 2022. Roman

livre de Nicolas Mathieu

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

On n'a plus le coup d'éclat de 'Leurs enfants après eux' qui se présentait vraiment comme une fresque de la classe moyenne inférieure périurbaine de l'Est de la France, sur plusieurs années, des incertitudes de l'adolescence. Ici, ce sont deux personnages, Hélène et Christophe, au profil assez différent, mais dont les trajectoires se croisent alors que la quarantaine apporte son lot d'incertitudes, quant au mariage, quant au monde professionnel, quant aux enfants, etc. Si rien n'est vraiment hors du commun dans son traitement de l'histoire, Nicolas Mathieu reste un romancier de grand talent, dont les pages se dévorent. Les personnages sont merveilleusement écrits, leurs émotions et leurs pensées sont limpides, on les soutient dans toutes leurs réactions, et l'auteur semble avoir véritablement percé les mystères des quadragénaires.

Stella Maris
7.6

Stella Maris (2022)

Sortie : 6 décembre 2022 (États-Unis).

livre de Cormac McCarthy

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Première partie de l'ultime diptyque de Cormac McCarthy, 'Stella Maris' est un long dialogue, égrainé sur 7 séances de psychanalyse, entre Alicia, prodige de 20 ans internée en psychiatrie dans les années 1970, et son médecin. Tous deux dissertent sur les mathématiques et leur réalité (et l'idée finale selon laquelle les mathématiques seraient faites de la même matière que les rêves, c'est à dire une émanation de l'inconscient qui précède le langage et qui ne parvient donc pas tout à fait à être exprimée par des mots ou des chiffres), mais aussi sur la vie d'Alicia, ses rapports avec son frère, ses parents, etc. C'est l'occasion d'exprimer quantité de complexités sur les relations familiales, chose que McCarthy a fait tout au long de sa carrière. Alicia est folle amoureuse de son frère Bobby, en a eu des fantasmes et les assume. Elle a une admiration particulière vis à vis de son père, qui a participé au projet Manhattan, et qui est mort d'un cancer des suites des essais nucléaires dans le Pacifique-Sud. L'entremêlement de ces deux intrigues est difficile à rationaliser : en quoi les mathématiques sont-elles un élément important des relations familiales d'Alicia ? Peut-être McCarthy s'est-il juste fait plaisir, et a produit une belle réflexion sur la pensée mathématique, qu'il a introduit dans une intrigue qui questionnait la rationalité elle-même. Est-on folle quand on comprend mieux les mathématiques que le monde ? A tel point qu'on outrepasse les interdits fondamentaux de la civilisation humaine, qu'on devient lucide sur tout ce qui sous-tend la société, ou bien au contraire qu'on en voit tellement les fils qu'on ne discerne plus ce qui est légitimement interdit ou répréhensible ?
Un ouvrage intéressant qui se lit d'une traite.

L'Homme de Berlin
7.2

L'Homme de Berlin

The Man from Berlin

Sortie : 14 octobre 2015 (France). Roman

livre de Luke Mccallin

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

'L'homme de Berlin' (bien mal nommé ?) est une enquête policière du capitaine Reinhardt, de l'Abwehr, la police interne de l'armée allemande, qui doit démêler le meurtre d'une journaliste croate et d'un officier SS à Sarajevo, en 1941. Relativement réussi, ce roman nous donne d'abord à voir les abords d'un front qui nous échappe souvent en Europe occidentale, celui de l'Etat croate indépendant de la Seconde Guerre mondiale, dirigé par les fascistes oustachis et leur chef, Ante Pavelic, ainsi que l'écheveau d'ethnies et d'allégeances variées entre Partisans, tchetniks et musulmans. Au milieu de tout cela, les SS et la Wehrmacht qui essaient tant bien que mal d'assurer l'arrière du front soviétique. Le livre se lit vraiment bien, le noeud de l'affaire est bien amené et le personnage de Reinhardt s'immisce remarquablement bien dans les jeux d'influence et les ambiguïtés liées à ces meurtres. Le tout est un peut-être un peu classique et on a l'impression que Luke McCallin a cherché à cocher toutes les cases qui permettraient de bien rendre compte de la période, d'autant qu'il a pris assez peu de risques : en prenant le point de vue de soldats nazis, il en a tout de même fait des quasi-résistants au Führer, sans jamais nous présenter un SS pur jus qui soit un minimum intéressant.

De l'inconvénient d'être né
7.5

De l'inconvénient d'être né (1973)

Sortie : 1973 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de Emil-Michel Cioran

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

On me l'a activement conseillé, me présentant Cioran comme un poète désabusé, philosophe de la fin ou en tout cas du non-être. En effet, Cioran regrette à tout jamais d'avoir été né, et voit dans cette détestation du début le signe d'une supériorité morale. C'est dédaigneux, c'est hautain, c'est trop souvent moralisant. Et derrière cela, la langue y est vraiment très moyenne. Certains aphorismes sont des truismes sans réelle épaisseur, d'autres auraient pu être écrits par mon moi ado émo des années 2008.

Son odeur après la pluie
7.6

Son odeur après la pluie (2023)

Son odeur après la pluie

Sortie : 29 mars 2023. Roman

livre de Cédric Sapin-Defour

Alexandre G a mis 9/10.

Annotation :

D'une poésie rare, qui devrait parler à toutes celles et ceux qui ont une fois partagé la vie d'un chien, 'Son odeur après la pluie' est un récit de la vie qu'a partagé l'auteur, Cédric Sapin-Defour, avec son bouvier bernois Ubac, depuis le moment où il s'est dit que, sur un coup de tête, il lui faudrait un chien, au moment où il a fini d'accepter sa mort et que sa présence resterait permanente malgré l'absence. Viennent entre deux tous les épisodes qui rythment ce lien insondable entre l'homme et l'animal, la proximité charnelle et affective, qu'on aurait du mal à transposer entre humains. L'auteur excelle dans l'art de faire vivre en quelques mots seulement les instants fugaces qui forment le corps de l'amitié chien/homme : "Je ris de sa candeur mais j'envie sa conviction, celle d'estimer que chacun de nos éblouissements mérite que le monde se fige afin que nous en disposions." Cédric Sapin-Defour a sa propre patte littéraire, manie superbement la langue, détourne le sens des mots (non, en fait, les redonne à leur sens d'origine) et surprend le lecteur. On a souvent envie de pleurer, tant devant le bonheur que devant la tristesse du récit, mais on se retient : son histoire est belle, et il faut la lire les yeux secs pour ne pas manquer telle figure de style bien sentie, telle tournure adéquate.

Et parce que je ne peux pas me lasser de ces formulations :
"C'est ainsi qu'elle récure, l'absence, loin des songes lyriques sur l'amour et la mort, mais une croûte de gruyère à la main, anéanti de ne pas savoir qu'en faire."

La Religion
7.6

La Religion (2006)

The Religion

Sortie : mars 2009 (France). Roman

livre de Tim Willocks

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Enorme pavé de 950 pages cherchant à rivaliser avec les classiques du genre, 'La Religion' de Tim Willocks aborde avec précision un épisode historique souvent obscurci par son grand-frère, le siège de Constantinople de 1453 : le siège de Malte par les Ottomans de Soliman en 1565. C'est le théâtre d'une débauche de détails sur ce qu'est une guerre en général, et ce dans quoi Willocks excelle : un maelström d'odeurs répugnantes, de liquides nauséabonds, de cris fanatiques ou tragiques, de vies fauchées, de misère, de faim, d'intrigues... Rarement je n'ai lu avec autant de crudité et d'acuité ce qu'était la guerre, ici dans son contexte médiéval. Les combats sont précisément retranscrits, même si parfois on a du mal à se représenter la scène.
Mais l'intrigue du roman tourne autour du personnage emblématique de Mattias Tannhauser, dont la vie est parfaite : jeune fils de forgeron des Carpates, il voit sa famille décimée sous ses yeux par des soldats ottomans, avant d'être recueilli par les Janissaires turcs qui l'élèvent soldat du sultan. Adulte, il quitte l'ordre militaire pour devenir une sorte de mercenaire : ce qui l'amène à Malte, c'est le contrat qu'il a lié avec Carla, une noble italienne qui a fui l'île jeune en abandonnant son enfant, fruit d'une union de jeunesse avec Ludovico. Celui-ci est devenu inquisiteur sanguinaire. Mattias et Carla tentent d'aller à Malte pour retrouver ce jeune garçon et sont donc pris dans l'engrenage du siège, des allégeances et des intrigues. Mais c'est en partie ce qui manque : les intrigues, les jeux d'influence. Willocks paraissait vouloir le faire : Ludovico intrigue à Malte pour placer à la tête de l'Ordre un Italien qui appuierait l'accession au pontificat de Ghisleri, un cardinal italien puissant pour qui travaille Ludovico. Mais toute cette intrigue est complètement éclipsée par trop d'épisodes romantiques assez futiles. Et Tannhauser est too much : rien ne peut l'atteindre, il est tout le temps parfaitement intelligent, a une hauteur de vue, anticipe... C'est trop, on ne veut plus forcément s'attacher à lui. La rédemption finale de Ludovico est appréciable, mais son portrait a toujours été noir.
Quelques faiblesses d'écriture en somme.

L'Avancée de la nuit
7.4

L'Avancée de la nuit

Sortie : 24 août 2017 (France). Roman

livre de Jakuta Alikavazovic

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Roman indéniablement poétique, 'L'avancée de la nuit' souffre d'une prose parfois trop lourde et s'attarde sur des éléments dont on peine à voir l'utilité narrative. L'histoire d'amour entre Paul et Amelia est belle, tortueuse, et entremêlée avec l'histoire de la famille d'Amelia et celle de la guerre de Yougoslavie. Les révélations successives, quoiqu'un peu artificielles, font leur effet et le tragique de la situation est intéressant. Mais j'ai eu du mal à me sentir concerné par le désespoir de l'une et de l'autre.

Boussole
6.6

Boussole (2015)

Sortie : 19 août 2015 (France). Roman

livre de Mathias Enard

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

'Boussole', prix Goncourt 2015, c'est l'histoire d'amour manquée entre Franz, orientaliste viennois, et Sarah, chercheuse en études arabo-irano-indiennes parisienne. Lors d'une nuit d'insomnie, Franz se rappelle toutes ces fois où leurs trajectoires ont convergé sans jamais proposer autre chose que des instants ambigus ou de franches amitiés. Ce faisant, Franz déploie toute la solide connaissance orientaliste de Mathias Enard, dans l'oeuvre somme qu'il attendait certainement d'écrire. Car l'auteur en connaît un rayon, et va nous perdre allègrement dans les méandres de l'orientalisme allemand du XIXe siècle, la poésie arabo-persane du Moyen Âge et ses représentations dans l'art occidental à partir du XVIIIe siècle, etc. Et bien que cela puisse paraître rebutant au premier abord, on ne s'y perd que rarement, et on prend plaisir à cette écriture mi-érudite mi-sentimentale, qui traduit si bien la douce mélancolie de la poésie orientale telle que fantasmée par l'Occident. C'est un sans faute dans le catalogue : tous les attendus et les inattendus de l'orientalisme y passent, et M. Enard se plaît à nous rappeler que la quasi-totalité de notre répertoire musical ou littéraire classique est inspiré de l'art arabe ou persan. On lit donc avec Spotify sous la main pour enregistrer toutes ces musiques européennes, bosniaques ou syriennes, et bien que le livre ne soit pas non plus un sommet d'empathie et d'immersion, on ne trouve pas le temps long.

Je m'en vais
6.9

Je m'en vais (1999)

Sortie : 7 septembre 1999. Roman

livre de Jean Echenoz

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Je n'ai juste pas compris ce roman : récit croisé de la trajectoire de Ferrer, marchand d'art parisien, et de Baumgartner, escroc qui tente de subtiliser des oeuvres d'art. Il ne se passe pas grand chose, les personnages sont fantomatiques, leurs péripéties m'ont laissé de marbre. Clairement je ne m'en souviendrai pas comme d'une lecture haletante.

Sœur
7.4

Sœur (2019)

Sortie : 21 août 2019. Roman

livre de Abel Quentin

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Peut-être pas le plus original, mais un roman sur la radicalisation religieuse qui a le mérite de jouer la franchise, la subjectivité et la compréhension plus que l'émotion, le pathos ou la haine. A travers la descente aux enfers de Jenny-Chafia, Abel Quentin proposait un premier roman ambitieux et intéressant. Le basculement vers le djihadisme se fait sans réelle transition, marquant la continuité entre l'exclusion sociale d'une adolescente de toute façon en rupture de ban, et l'exclusion civique. Jenny s'isole peu à peu de toute communauté, le lycée où elle se parle toute seule, sa famille à qui elle n'adresse plus que des insultes, et le reste du monde lorsque, durant ces quelques jours précédant son attentat à Paris, elle n'a plus de contact qu'avec un téléphone prépayé relié aux djihadistes syriens qui la commandent. En parallèle, la narration suit la trajectoire du vieux président Saint-Maxens, dont on pressent rapidement qu'il sera la victime de l'attentat : en bout de course, battu avant l'heure par son ministre Benevento, il évoque ce Chirac du 2nd mandat qui a joué avec le feu en propulsant Sarkozy sur le devant de la scène, mais aussi le Hollande de mi-mandat qui participe aux bombardements en Syrie-Irak. Les dimensions politiques de l'intrigue sont un peu anecdotiques, la réflexion n'étant pas démesurément intéressante. Mais le cheminement idéologique de Jenny et surtout sa progressive entrée dans un monde de certitudes et d'éléments rassurants sont une bonne fenêtre vers ce que doit être le fanatisme religieux.

Un brillant avenir
7.3

Un brillant avenir

Sortie : août 2008 (France). Roman

livre de Catherine Cusset

Alexandre G a mis 9/10.

Annotation :

Goncourt des Lycéens 2008, Catherine Cusset offrait avec "Un Brillant avenir" une très belle histoire de femme, celle d'Elena/Helen, sur deux temporalités : d'abord, sa vie new-yorkaise où, de ses 50 ans à ses 70 ans, elle apprend à vivre avec sa belle-fille, la Française Marie, qui lui prend son fils Alexandru et lui rappelle tout son parcours de vie chaotique, celui qu'elle aimerait oublier ; car, en alternance avec chacun de ces chapitres, Helen redevient Elena, une femme roumaine grandissant sous la dictature de Ceaucescu, face aux injonctions de la société soviétique (ne pas se marier avec Jacob parce qu'il est juif, devenir une grande scientifique alors qu'elle aime la littérature, ne pas pouvoir voyager ou émigrer...) Ces deux histoires en regard sont toujours orchestrées de main de maître : la jeunesse d'Helen est toujours écrite en lien avec ses relations tumultueuses avec Marie, et les épisodes relatés sont toujours finement connectés. La caractérisation est précise, Helen apparaissant comme une femme perdue au milieu de ses propres préjugés, prisonnière de son passé crispé et ressemblant parfois à sa mère qu'elle refuse de retourner voir en Roumanie, mais qu'Alexandru visite de temps à autre, et qui nous montre une société immémoriale, engoncée dans ses traditions archaïques.
Le livre de Catherine Cusset est souvent touchant, nous donne à voir une biographie agitée, entre la Roumanie communiste et Israël sous les bombes, depuis l'agitation de New-York à celle de Paris, et pourtant on reste dans l'intimité de la vie d'une femme, de ses soubresauts les plus simples à ses épreuves les plus dures, et c'est une vraie gageure que de pouvoir présenter ces multiples temporalités dans une cohérence et une harmonie si fine.

Trois femmes puissantes
5.9

Trois femmes puissantes (2009)

Sortie : 20 août 2009. Roman

livre de Marie Ndiaye

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Prix Goncourt 2009, "Trois femmes puissantes" est le récit de trois histoires intégrant à chaque fois une femme qu'on devine Africaine : Nora, qui retrouve son père au Sénégal, lui qui avait enlevé son frère Sony quand ils étaient jeunes, préférant assurer un avenir à son seul fils et laisser sa femme et sa fille se débrouiller seules. Ensuite, Fanta, qu'on ne connaîtra qu'à travers le regard de son ex-mari Rudy, et qui interroge l'importance qu'elle a sur sa vie et également sur sa vision de son enfance et de son passé. Enfin, Khady Demba, une jeune femme ballottée entre une famille conservatrice qui la renie quand elle ne peut pas avoir d'enfants, et les routes des migrations qui maltraitent son corps et sa dignité. Le récit est déséquilibré, la 2e histoire étant la plus volumineuse et pourtant la moins intéressante : la prose est hachée, le personnage de Rudy est peu intéressant. On est bien plus emporté par la dernière histoire, le récit torturé de cette fière Khady Demba, qui, subissant presqu'entièrement toute sa vie, contrôlée par les femmes de sa famille, son mari, puis sa belle-famille, le passeur, Lamine... finit enfin par se réapproprier sa dignité et sa morale quand elle doit subir les assauts des clients de cette arrière-cour d'une ville du désert : elle se rappelle sans cesse qui elle est, et ce pour quoi elle fait ce qu'elle fait. Marie Ndiaye sait trouver les mots qui mettent en avant cette dichotomie entre l'humiliation continuelle et la dépossession qu'elle vit au quotidien, et le courage et la fierté qu'elle éprouve juste en conservant son individualité. Simple rappel mais qui peut être utile à répéter : les femmes, peu importe ce qui leur arrive, sont des êtres humains, des singularités, qui vivent, ont des émotions et des volontés.

Fortune de France, tome 1
7.9

Fortune de France, tome 1 (1977)

Sortie : 1977 (France). Roman

livre de Robert Merle

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Dans les années 1550-1560, la châtellenerie protestante Mespech, dans le Périgord, voit les vicissitudes de la France du début des guerres de religion bouleverser son quotidien. A travers les yeux du fils d'un des châtelains, Pierre de Siorac, nous sommes immergés dans ce qu'a dû être la France rurale de la fin du Moyen Âge, où les tradition seigneuriales sont encore bien vivaces, mais de plus en plus confrontées à ce séisme anthropologique qu'a constitué pour l'Occident la partition de la chrétienté entre catholiques et protestants, et de manière privilégiée en France où l'unité du royaume a toujours prévalu face aux dissensions religieuses. En alternant les récits plus généraux sur l'histoire politique de la France du milieu du XVIe siècle et les récits quotidiens, un peu à la roman d'apprentissage, du jeune Pierre, ce tome 1 nous permet d'appréhender les personnages et l'écriture de Robert Merle, qui a réadapté le langage d'époque pour qu'il paraisse authentique. C'est donc très naturellement que cela se lit, quand bien même une bonne partie de ce qui y est raconté n'est pas d'un intérêt transcendant. Quelques épisodes surnagent : l'attaque du château par les Roumes, la virée à Sarlat au moment de la peste et bien sûr la mort de la petite Hélix. C'est donc une lecture divertissante mais sans rien de génial non plus.

1Q84 : Livre 1
7.1

1Q84 : Livre 1 (2009)

Ichi-kyū-hachi-yon

Sortie : 20 septembre 2011 (France). Roman, Fantastique

livre de Haruki Murakami

Annotation :

Le point fort de ce roman reste son rythme. A la manière de Victor Hugo, Murakami nous emmène quelque part, mais aucun des premiers chapitres ne laisse présager où. A travers le récit de deux personnages, Tengo et Aomamé, on suit deux intrigues qui semblent à première vue radicalement différentes : respectivement la réécriture du roman d'une adolescente prodige et le travail mystique de vengeance des femmes contre des violeurs. Les points communs transparaissent, subrepticement, distillés au compte-goutte tout au long du livre, et l'auteur ne nous prend pas par la main. Si on loupe un indice, il ne réapparaîtra plus avant un moment, et il s'agira de ne pas le louper la 2e fois, Murakami ne prévient pas. Tout commence à faire sens un peu plus tard dans le tome, mais on pressent bien que les tomes suivants rajouteront du mystère, feront de nos certitudes passées des fausses pistes, et c'est ce qui rend cette prose si intéressante, et ce roman si agréable à dévorer.

Le problème avec Jane
6.4

Le problème avec Jane

Sortie : 25 août 1999 (France).

livre de Catherine Cusset

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Roman à la narration originale, 'Le problème avec Jane' peut se présenter comme un polar dans la mesure où l'histoire qu'on lit est lue à travers les yeux de son personnage principal, Jane Cook, une universitaire états-unienne spécialiste de Flaubert et qui reçoit le livre que vous avez entre les mains par colis, anonyme. Elle lit son histoire (réécrite par quelqu'un) en même temps que nous, et se demande à la fin de chaque chapitre qui a bien pu lui envoyer ce colis, dans la mesure où il s'agit de détails personnels de sa vie, qu'elle-seule est censée connaître dans sa globalité. Le suspense est ainsi savamment entretenu, alors qu'une bonne partie du roman n'est pas consacré à cette tâche : il s'agit de montrer l'évolution de ses relations sociales, amoureuses, amicales et professionnelles, dans les Etats-Unis des années 1990. De son mariage avec Eric, aux multiples rencontres plus ou moins durables qu'elle fait, de ses certitudes à ses doutes, Catherine Cusset déploie toutes les dimensions de l'instabilité émotionnelle que constitue une vie sentimentale. Les personnages qui entourent Jane peuvent être intéressants, bien que pas toujours très bien caractérisés : Lynn, la voisine lesbienne excentrique qui harcèle littéralement le harceleur de Jane ; Allison, la meilleure amie au couple parfait que Jane prend soin d'évacuer de son quotidien alors qu'elle revient toujours la voir ; Bronzino, le patron ambigu... Bien souvent, c'est d'ailleurs la position de femme qui est sous-entendue dans tout ce qui lui arrive : la peur de rentrer seule, la vulnérabilité, le plafond de verre, etc.
SPOILER : quand, in fine, on découvre que le corbeau est le harceleur qui l'a trompée en se faisant passer pour un étudiant par mail, on se rend compte nous aussi qu'on a été dupé. Que la lecture depuis le début, bien qu'on avait nos doutes comme Jane, n'a été que subterfuge pour emprisonner Jane et la faire se précipiter dans la gueule du loup. C'est un twist final assez intelligent, qui clôt correctement une histoire d'enquête bien rythmée.

La Familia grande
7.3

La Familia grande (2021)

Sortie : 5 janvier 2021. Récit

livre de Camille Kouchner

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Récit devenu culte sur la rupture de l'omerta liée à l'inceste, 'La familia grande' est une narration par Camille Kouchner, fille de Bernard et surtout d'Evelyne, puisque c'est de ce côté de la famille que se déroulent les faits. L'inceste n'apparaît qu'incidemment, au bout de plusieurs chapitres au cours desquels on a pu découvrir cette grande famille, qui paraît pétrie de liberté, au point que les parents se baladent à poil, qu'on fume et qu'on boit allègrement devant les enfants, qu'on les fait sortir en boite, et que quelque chose semble clocher. Camille Kouchner ne porte pas de réel jugement sur ces aspects-là, on ne sait pas trop si on doit aborder un angle un peu nostalgique d'une époque où l'éducation n'était pas une ouate aseptisée mais où tout le monde profitait de sa vie en élevant très accidentellement ses enfants. Oui, mais cela laisse place aux débordements : jusqu'à quel point peut-on être libre avec ses enfants ? Est-ce que faire découvrir la sexualité à son beau-fils de 11 ans, cela rentre dans l'apprentissage de la liberté ?
La 2e partie du récit bascule dans cette spirale infernale qu'est l'inceste, mais aussi et surtout le silence glaçant qui s'en dégage. Car la plus grande terreur de la victime et de son entourage qui sait et qui subit, c'est de voir tout cet édifice qu'est une famille, ce cocon rassurant quand bien même on y voit des failles, s'effondrer parce qu'on aura parlé. Et dès que Camille et surtout Victor son frère parlent, la famille s'écroule : la mère les accuse, les autres parents trouvent des excuses. Le livre est à charge, mais donne surtout un point de vue : il faut parler, aussi douloureux que ce soit.

1Q84 : Livre 2
7.1

1Q84 : Livre 2 (2009)

Ichi-kyū-hachi-yon

Sortie : 25 août 2011 (France). Roman, Fantastique

livre de Haruki Murakami

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Davantage de longueurs que dans le tome 1 mais Murakami prend clairement son temps et continue à nous lancer sur des pistes qui ne font sens que tard, ou qui ne font clairement pas encore sens. On pressent que cette trilogie questionne beaucoup le rôle de l'écriture et plus généralement de la littérature dans le monde, par ce jeu sans cesse grandissant entre ce que Tengo et Fukaéri ont écrit et la réalité de ce qu'ils vivent. Est approfondie aussi la question de l'emprise religieuse au Japon, à travers cette secte des Précurseurs et son leader, qu'Aomamé doit assassiner et dont elle se rend compte que lui-même était sous emprise et n'était pas libre de commettre les atrocités qu'il commettait. Enfin, l'histoire parallèle des deux personnages semble enfin converger, dans ce qui peut commencer à devenir une belle histoire d'amour, que le tome 3 va venir chambouler ou concrétiser. C'est encore un bel opus de réalisme magique, divertissant et qui nourrit quelques ambitions.

1Q84 : Livre 3
6.8

1Q84 : Livre 3 (2009)

Ichi-kyū-hachi-yon

Sortie : 1 mars 2012 (France). Roman, Fantastique

livre de Haruki Murakami

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Bon, il ne se passe quand même pas grand chose pendant les deux bon tiers du livre... On voit les parallèles narratifs que dresse Murakami entre les 3 personnages (Aomamé, Tengo et Ushikawa), que ce soit dans les thèmes de l'attente, de l'espionnage, de la filature, de l'observation des lunes, etc. Mais cela dure beaucoup trop longtemps, et à trop vouloir distiller les rares informations importantes dans le flot ininterrompu de pensées et de réflexions des personnages, l'auteur a tendance à nous ennuyer. Le dénouement est très beau, et comme durant les 2 premiers tomes, l'univers narratif est complètement diffus dans les centaines de pages. C'est donc surtout un livre qu'on apprécie pour la caractérisation de ses personnages principaux, qu'on connaît de façon très approfondie, mais trop peu pour l'épaisseur narrative.

Alexandre G

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