Cover Le Giallo: Univers Etendu

Le Giallo: Univers Etendu

Le giallo: un genre magnifique avec des acteurs de cinq nationalités qui ne jouent juste dans aucune, du cul gratuit pas toujours si gratuit mais un peu quand même, des pensionnats de jeunes filles, des gants de cuir, et des geysers d'hémoglobine bien trop épaisse pour être honnête.

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66 films

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a environ 2 mois

Les Trois Visages de la peur
6.9

Les Trois Visages de la peur (1963)

I Tre Volti della paura

1 h 32 min. Sortie : 17 novembre 1965 (France). Épouvante-Horreur, Sketches

Film de Mario Bava

Eustacius Bingley a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film à sketches, dont seul l'un des trois segments ("Le Téléphone", le premier) relève du giallo, ou plutôt du proto-giallo, on est encore dans le bouillon de culture d'où il se matérialisera concrètement.

Malheureusement, c'est aussi le moins bon moment du film. Un peu réac sur les bords et très attendu. Par contre, c'est visuellement sublime, comme souvent chez Bava - chaque lumière et élément de décor est arrangé au diapason. Et le reste du film est très bon - surtout le segment central, "Les Wurdalak", que j'adore.

Six femmes pour l'assassin
7.1

Six femmes pour l'assassin (1964)

Sei donne per l'assassino

1 h 28 min. Sortie : 30 décembre 1964 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Mario Bava

Eustacius Bingley a mis 7/10.

Annotation :

Après avoir consolidé les fondations du genre, on peut en toute bonne foi considérer que Mario Bava crée le giallo avec ce film. D'un côté, ça implique que la mise en scène a assez marqué pour faire naître un mouvement qui a duré deux bonnes décennies, et c'est vrai que la plastique du film est absolument incroyable: la photographie, la composition, l'éclairage ... tout est à couper le souffle, chaque plan ou presque est un tableau (encore que ce ne soit pas son plus grand film lorsqu'il s'agit de la créativité et de l'inventivité des plans, malgré de nombreuses fulgurances, comme ce plan en miroir inversé).

De l'autre, il y a un côté un peu primitif: le film mise beaucoup plus sur son look que sur sa profondeur - les thématiques fondamentales du genre sont là, mais n'ont pas le venin et l'ambiguïté qu'elles sauront acquérir plus tard. Les personnages sont assez plats, et même s'il y a le début d'une réflexion intéressante sur l'exploitation des femmes (qui passent leur temps à donner et donner pour des personnages masculins sinistres et incompétents), les tentatives de développer un propos paraissent extrêmement creuses. Reste néanmoins un très, très bel objet visuel, et un film crucial dans l'histoire du cinéma de genre européen.

La Femme du lac
6.9

La Femme du lac (1965)

La donna del lago

1 h 25 min. Sortie : 25 novembre 1966 (France). Policier

Film de Luigi Bazzoni et Franco Rossellini

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

On est pas encore au moment où les grands principes de mise en scène du giallo se sont vraiment consolidés (ça viendra avec l'explosion de 1970), mais du coup, beaucoup de ces films de la première heure font preuve d'une très grande liberté formelle et esthétique: comme ici, où on est en fait beaucoup plus dans le film noir, mais en anticipant pas mal des obsessions du cinéma italien futur. Le travail esthétique est vraiment à tomber: le noir et blanc est sublime, les visions quasi-surnaturelles et les paysages naturels complètement sublimés dans une espèce de patine à la Eraserhead. Dommage que l'intrigue n'ait pas vraiment de souffle, avec sa voix-off très démonstrative, mais il y a une énergie lourde et oppressante très sympathique tout du long.

La Mort a pondu un œuf
5.9

La Mort a pondu un œuf (1968)

La morte ha fatto l'uovo

1 h 41 min. Sortie : 26 novembre 1969 (France). Comédie, Épouvante-Horreur, Policier

Film de Giulio Questi

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Une bizarrerie - un polar d'auteur absurde, où anxiétés économiques (la mécanisation de la main d'oeuvre) et angoisses psychosexuelles s'expriment à travers le milieu hautement métaphorique de l'élevage aviaire. Le film est d'une rare confusion, et donne l'impression d'avoir au moins trois sous-intrigues de trop, mais son ambition artistique parvient quand même à garder l'intérêt du spectateur.

Hasta el viento tiene miedo

Hasta el viento tiene miedo (1968)

1 h 28 min. Sortie : 1968 (Mexique). Épouvante-Horreur, Fantastique

Film de Carlos Enrique Taboada

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Les genres, ça passe d'un pays à l'autre - ici on a une version mexicaine des codes du giallo - mâtinée d'une bonne dose de romance gothique, et baignant dans un côté un peu poussiéreux, vaguement Suspiria façon Les Malheurs de Sophie. Le film est pas génial, mais le côté kitsch et la vraie bonté dont il fait preuve face à ses personnages de jeunes filles lui donne un côté profondément sympathique - en plus de quelques chouettes idées de mise en scène, cf. l'utilisation du vent et des ombres.

La Poupée de Satan
4

La Poupée de Satan (1969)

La Bambola di Satana

1 h 30 min. Sortie : 12 juin 1969 (Italie). Épouvante-Horreur, Fantastique

Film de Ferruccio Casapinta

Eustacius Bingley a mis 2/10.

Annotation :

Pour être concis: c'est nul. Potentiellement intéressant comme un témoin du tour plus surnaturel pris par le thriller italien à partir de la fin des années 60 / début 70? Et y a quelques scènes qui sont franchement hilarantes dans un esprit nanardesque (nan mais toute la partie bondage est à mourir de rire)? Et la lumière / couleur est pas dégueu? Mais ... ouais, non, c'est nul. Genre téléfilm érotique du samedi soir rencontre le Club des Cinq. Ou Fantômette. C'est selon.

Perversion Story
6.4

Perversion Story (1969)

Una sull'altra

1 h 35 min. Sortie : 21 août 1970 (France). Drame, Policier, Érotique

Film de Lucio Fulci

Eustacius Bingley a mis 5/10.

Annotation :

On a un peu tendance à prendre le giallo tout d'un bloc, alors qu'en fait il comporte (avant l'émergence du giallo à tendance fantastique circa 74-75) deux sous-genre majeurs: le giallo à meurtres, qui se centre surtout sur la représentation graphique d'une série d'assassinats; et le giallo à conspiration, qui tend plus vers l'érotisme (parfois) et l'exploration Hitchcockienne d'une vaste entreprise psychologico-criminelle.

Ce film est un représentant-type de la seconde espèce - et c'est parfois dommage, tant on en vient à espérer qu'un meurtre vienne relancer le rythme franchement neurasthénique du machin, bourré de scènes de cul interminables. tendance Emmanuelle dans le Latium.

Cela dit, il n'est pas sans mérite - le dernier tiers a un vrai rebond de forme, et, en pillant allégrement Hitchcock, s'offre une énergie assez sympathique, avec notamment un dénouement délicieusement cynique. L'interprétation est aussi assez bonne, et surtout, Fulci est un des grands du genre: le film est remarquable formellement, entre ses split-screens, sa peinture de San Francisco, et quelques plans incroyables comme celui où la bouche d'un inspecteur est filmée à travers un alambic rempli de liquide, déformant ses traits. Dommage que le début soit aussi poussif ...

Le Duo de la mort
7

Le Duo de la mort (1969)

Femina ridens

1 h 48 min. Sortie : 24 août 1969 (France). Drame

Film de Piero Schivazappa

Eustacius Bingley a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je ne pense pas être capable de décrire ce film. Une ... satire féministe des codes du thriller à travers le prisme du pop art? On va dire ça. Regardez-le, c'est génial, et bizarre au dernier degré.

L'Oiseau au plumage de cristal
7.1

L'Oiseau au plumage de cristal (1970)

L'uccello dalle piume di cristallo

1 h 32 min. Sortie : 20 juin 1971 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Policier

Film de Dario Argento

Eustacius Bingley a mis 8/10.

Annotation :

Probablement une des pierres fondatrices du genre, et à juste titre. Je l'avais pas apprécié à sa juste valeur la première fois que je l'avais vu, mais quand on s'y plonge, c'est vraiment un des Argento les plus riche, tant au niveau de la mise en scène (plastiquement sublime), du ton (le mélange de grotesque, d'horreur, et de franche comédie à certain moments) mais aussi du propos - il y a une vraie critique quand à la façon dont on perçoit et représente la violence cachée sous le côté baroque, et une satire sociale parfois assez féroce qu'Argento ne parviendra jamais à mettre en scène plus explicitement ("Ténèbres" se plantera un peu à ce niveau).

Photo interdite d'une bourgeoise
6.3

Photo interdite d'une bourgeoise (1970)

Le Foto Proibite di una Signora per Bene

1 h 35 min. Sortie : 10 mai 1972 (France). Thriller

Film de Luciano Ercoli

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Luciano Ercoli - à l'origine producteur, qui, pour sauver sa boîte, se lancera dans la réalisation avec ce film, un scénario qui traînait dans les cartons d'Ernesto Gastaldi, scribe en vogue de l'époque qui travaillera notamment sur Il Etait Une Fois en Amérique - est un des auteurs de gialli les plus sous-estimés. Il fera mieux après celui-là, qui est sur un modèle à conspiration très classique, et donc un peu convenu, mais ses qualités sont déjà bien représentées. Une réalisation fluide et élégante, avec travellings classieux et des transitions aussi improbables que rigolotes. Et une attention toute particulière aux personnages féminins, dont le potin de vue et les émotions structurent le récit.

Ce film-là, qui part d'un argument assez original de chantage sexuel (plutôt que le meurtre typique du giallo - et qui met donc bien en exergue le "méchant", visible dès le début, et joué par un Simon Andreu qui est très bien en pervers pépère), n'est après tout pas autre chose que le récit d'une émancipation féminine, voire même d'une course assurée et raisonnée vers le lesbianisme (vu cette scène de fin ...). On approuve!

Une hache pour la lune de miel
6.5

Une hache pour la lune de miel (1970)

Il Rosso segno della follia

1 h 28 min. Sortie : 19 juin 1974 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Mario Bava

Eustacius Bingley a mis 8/10.

Annotation :

Une espèce de relecture de Psychose d'Hitchcock passée à la moulinette avec deux tiers de giallo et un tiers d'humour bizarrement surréaliste très british dans l'esprit (les personnages sont anglais et y a une espèce de commentaire sur la morgue aristocratique du pays dedans, donc joli rapport forme/fond). C'est très unique, et ça marche franchement très bien, ne serait-ce que sur la mise en scène, qui aligne un peu près cinq idées super créatives par minute, notamment dans les transitions absolument magistrales et parfois franchement fendardes. Le film, sans pour autant négliger le fond, vaut surtout pour cet espèce de folie douce qui nous amène à trouver au final assez normal qu'un veuf trimballe les cendres de sa femme dans un sac à main et propose à des go-go danseuses de faire une partouze avec lesdites cendres (!).

Après il pêche un peu au niveau de l'écriture des personnages - le héros/meurtrier est le seul qui ait vraiment une épaisseur à ce niveau-là, mais les femmes qui l'entourent paraissent bien vides. Ce qui est franchement dommage, parce que vu l'inspiration que le film puise dans le romantique bien gothique, les personnages ça compte quand même pas mal, et le manque de profondeur psychologique empêche cette "Hache" d'être un chef-d'oeuvre. C'est quand même incroyablement divertissant.

L'Étrange vice de Madame Wardh
7

L'Étrange vice de Madame Wardh (1971)

Lo Strano vizio della signora Wardh

1 h 38 min. Sortie : 14 juin 1972 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Drame

Film de Sergio Martino

Eustacius Bingley a mis 8/10.

Annotation :

Excellent. Après c'est clair, on voit que le gros avantage d'Argento par rapport à quelqu'un comme Martino, c'est qu'il s'en fout d'expliquer ses intrigues - là, toute la dernière partie où l'on détricote les tenants et aboutissants du récit est quand même un peu longue et empêche le film de vraiment décoller. Pour autant que le film représente une synthèse assez brillante du genre "à meurtres" et du "à conspiration", il se traîne tout de même certaines des lourdeurs du second.

Mais en dehors de ça, presque tout est réussi - Wardh est une des héroïnes de giallo les plus intéressantes et mieux écrites du genre, et toute la thématique autour du BDSM (même si évidemment caricaturale) donne lieu à plein de scènes plastiquement sublimes, renforcées par une des meilleures bandes-son de giallo, ce qui n'est pas peu dire. C'est un peu tout l'attrait du genre, les scènes de cul sur du verre pilé alors qu'un Dies Irae au synthé retentit dans les esgourdes du spectateur: un attrait de niche certes, mais c'est très bon pour ce que c'est.

https://www.youtube.com/watch?v=K6RqmhEzUfg

Le Chat à neuf queues
6.5

Le Chat à neuf queues (1971)

Il gatto a nove code

1 h 52 min. Sortie : 9 août 1971 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Dario Argento

Eustacius Bingley a mis 7/10.

Annotation :

Il faudrait que je le revoie - j'en garde le souvenir d'un Argento plutôt mineur, avec quelques obsessions thématiques et visuelles sympathiques (tout le truc autour de la vision, de la photographie, etc. ...) et une fin cynique en diable pas désagréable, mais qui n'atteint pas vraiment les cimes de ses autres oeuvres de (relative!) jeunesse.

Le Venin de la peur
6.9

Le Venin de la peur (1971)

Una lucertola con la pelle di donna

1 h 44 min. Sortie : 21 juillet 1976 (France). Épouvante-Horreur, Policier

Film de Lucio Fulci

Eustacius Bingley a mis 5/10.

Annotation :

A revoir aussi. De mémoire: vaut surtout pour les scènes d'hallucinations, qui sont pour le coup de vrais morceaux de bravoure, et toutes les thématiques LGBT autour de ça. Autrement, ça fait le job mais c'est pas exactement inspirant.

La Queue du scorpion
6.7

La Queue du scorpion (1971)

La Coda dello scorpione

1 h 34 min. Sortie : 4 octobre 1973 (France). Épouvante-Horreur, Policier, Thriller

Film de Sergio Martino

Eustacius Bingley a mis 5/10.

Annotation :

Le deuxième giallo de Sergio Martino, après L'Etrange Vice de Madame Wardh. C'est ... intéressant? Martino a clairement beaucoup de talent, il y a plein de plans absolument sublimes (l'espèce de balancier avec les images à l'envers, ou le jeu sur les points de vue sur l'île à la fin), les acteurs sont assez inspirés, et le scénario a le mérite d'être franchement imprévisible, ce qui est ma foi sympathique. Mais le film ne décolle jamais vraiment, n'a pas du tout le souffle de son prédécesseur (ou des Dario Argento, auxquels ils pique allégrement quelques scènes), et se perd dans une intrigue franchement labyrinthique qui se concentre sur les aspects policiers les moins intrigants de "L'Etrange Vice ...", en les redoublant au passage. C'est honorable et bien fichu, mais ça se distingue pas vraiment de la masse.

Journée noire pour un bélier
6.5

Journée noire pour un bélier (1971)

Giornata nera par ariete

1 h 28 min. Sortie : 1971 (France). Thriller

Film de Luigi Bazzoni

Eustacius Bingley a mis 7/10.

Annotation :

En termes purement visuels, c'est incroyable, un des plus somptueux visuellement de tous les gialli: les décors sont majestueux, la photographie superbe, et il y a au moins une idée de plan à se retourner le cerveau toutes les cinq minutes. Malheureusement, Luigi Bazzoni (déjà réalisateur de La Dame du Lac) n'est pas aussi pertinent lorsqu'il s'agit de mettre en place son intrigue, à la fois labyrinthiquement complexe et bâclée - cependant, même lorsqu'on se perd un peu dans les méandres du film, le rythme est soutenu, et Franco Nero (le Django italien, qui ici passe son temps à balancer de magnifiques mandales) est très bon.

L'Iguane à la langue de feu
5.5

L'Iguane à la langue de feu (1971)

L'Iguana dalla lingua di fuoco

Sortie : 24 août 1971 (Italie). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Riccardo Freda

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Un très bon petit giallo, celui-là - ce qui est rare pour un film qui s'appuie beaucoup sur l'aspect policier du genre. La qualité est probablement due à la présence de Riccardo Freda, un vieux, vieux briscard du cinéma de genre italien, qui signe un film à la fois bien bis quand il faut, mais aussi étonnement propre et soigné. La lumière est très belle, les décors (surtout naturels) sont magnifiques, et les personnages forment une galerie de tronches surprenamment intéressante et bien interprétée. Mais il y aussi des effets gores absolument ridicules, une fin qui plagie bizarrement Psychose (mais juste pour une scène), et du meurtre sauvage de chats en peluche. C'est exactement le bon dosage de talent et de nawak, en fait. Un très bon moment. Oh, et Luigi Pistilli (La Baie Sanglante, Ton Vice [...], ...) est très, très bien. J'aime Luigi.

La Baie sanglante
6.4

La Baie sanglante (1971)

Reazione a catena

1 h 24 min. Sortie : 3 avril 1973 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Mario Bava

Eustacius Bingley a mis 8/10.

Annotation :

Un film qui a toute la noirceur du giallo mais très peu de sa poésie macabre, de sa pensée complexe ou de son esthétisme (c'était une petite production cheap et bâclée, que Bava a essentiellement faite pour éponger ses arriérés de dette), et c'est assez difficile à supporter: il y a vraiment moyen de trouver le film complètement imbitable et gratuit (c'est d'ailleurs ce que pensait Christopher Lee, ancien collaborateur de Bava, et se faire tailler par Christopher Lee, ouch). Mais, alors que les pièces de l'intrigue s'emboitent, je trouve que quelque chose clique vraiment - une espèce de fatalité lourde et étouffante, où tous les personnages sont déjà condamnés. Le plan central du film, à mon sens, c'est ce moment où une des victimes, pourtant inconsciente de la présence du tueur, s'agenouille et présente sa tête comme devant un bourreau, les plis de sa robe rendant déjà son cou rouge sang. Lorsqu'on combine ça à la métaphore centrale de la Baie comme microcosme de l'Italie ... mais surtout du cinéma italien de l'époque (couleur local, vieilles familles - à la merci d'une mondialisation et industrialisation mercantile), on en arrive sur un constat désespéré, qui annonce la perdition d'un pays dans un individualisme néolibéral, et d'un cinéma face à la marche implacable des blockbusters américains, où tout le monde s'entre-déchire en attendant la fin. Bava annonce déjà la fin du giallo, en fait. Et c'est pas joyeux. Mais c'est intéressant. Sauf les passages avec les touristes allemands. Ceux-là sont juste un peu nuls.

Un papillon aux ailes ensanglantées
6.2

Un papillon aux ailes ensanglantées (1971)

Una farfalla con la ali insanguinate

1 h 35 min. Sortie : 10 septembre 1971 (Italie). Fantastique, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Duccio Tessari

Eustacius Bingley a mis 2/10.

Annotation :

Si on était taquin, on dirait que ce machin est un giallo avec une intrigue policière bien construite et tout le mauvais goût excisé chirurgicalement, et donc d'un intérêt proche du néant. Après, ça se regarde, comme un téléfilm policier le soir sur M6. La scène de fin est très réussie, aussi.

La Tarentule au ventre noir
6

La Tarentule au ventre noir (1971)

La tarantola dal ventre nero

1 h 29 min. Sortie : 19 juillet 1972 (France). Policier, Épouvante-Horreur, Drame

Film de Paolo Cavara

Eustacius Bingley a mis 3/10.

Annotation :

Le succès de L'Oiseau ... d'Argento a immédiatement fait école, d'où toute une palanquée d'imitateurs animaliers plus ou, en l'occurrence, vraiment moins inspirés. Ici, on a quelques décors sympathiques et deux ou trois idées de mise en scène qui marchent (la scène des mannequins, vraiment marquante et clairement au-dessus de tout le reste), mais dans l'ensemble c'est un décalque basique qui reproduit des clichés sans les comprendre. Même avec Morricone à la musique et une palanquée d'ex- (ou futurs) acteurs de James Bond au casting, tout est saboté par ce côté à la fois cheapos (mannequins en mousse et moustaches s'enchaînent allégrement) et mal branlé. Le montage, surtout, est une horreur, qui tue toute velléité de rythme en assemblant des bouts d'intrigue mal écrite de la façon la plus confuse et molle possible. Niveau thématique, c'est aussi le néant complet, avec même un côté réac assez rance sur certains aspects. Pas grand chose à sauver.

Je suis vivant !
6.7

Je suis vivant ! (1971)

La corta notte delle bambole di vetro

1 h 37 min. Sortie : 19 novembre 1999 (France). Épouvante-Horreur, Policier

Film de Aldo Lado

Eustacius Bingley a mis 8/10.

Annotation :

Un (premier!) film vraiment intéressant, qui préfigure beaucoup Suspiria, mais est sorti quelques six ans avant. L'esthétique giallo se mêle ici à une petite dose d'épouvante gothique, mais surtout à une espèce de polar occulte et complotiste, prenant la guerre froide et la place particulière des pays d'Europe de l'Est dans l'échiquier politique mondial comme toile de fond pour un chouette propos sur le conflit générationnel et la violence du conformisme. Il y a quelques lenteurs, et je suis pas convaincu par l'interprète principal, mais l'environnement est splendide (Prague est une ville magnifique, et Lado la filme superbement) et surtout, la conclusion est absolument dantesque, un monument baroque et dérangeant. Très bon!

La Victime désignée
6.9

La Victime désignée (1971)

La vittima designata

1 h 45 min. Sortie : 21 août 1971 (France). Thriller

Film de Maurizio Lucidi

Eustacius Bingley a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L'année 71 est décidément pleine de succès pour Aldo Lado - il ne réalise pas ce film, mais en signe l'assez bon scénario, qui décalque avec talent l'Inconnu du Nord-Express dans une espèce de remake transalpin beaucoup plus baroque que l'original, montrant bien aussi les thèmes récurrents de l'auteur, sur le rôle pervers d'une élite aristocratique qui cherche à dominer un monde qui va plus vite qu'eux. Le film vaut beaucoup pour l'extraordinaire prestation de Pierre Clémenti dans le rôle de l'antagoniste, un dandy aussi machiavélique qu'homosexuel (le sous-texte queer du film ... n'est vraiment pas un sous-texte) - dès qu'il est à l'écran, le film s'embrase d'une espèce de poésie sombre, qui manque un peu aux passages plus routiniers du héros qui se perd dans la méandres de la conspiration (car on est bien dans le giallo "de conspiration") dressée contre lui. Ca ne fait pas du film un échec: ces moments sont assez nombreux et puissants, portés par une très belle musique de Luis Bacalov, pour porter la réussite du métrage sur eux.

La Mort marche à talons hauts
6

La Mort marche à talons hauts (1971)

La morte cammina con i tacchi alti

1 h 45 min. Sortie : 26 février 1976 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Luciano Ercoli

Eustacius Bingley a mis 7/10.

Annotation :

Un autre Ercoli, et un très bon moment. Commence sur un portrait de femme très pop, puis change complètement d'épaule et devient un puzzle policier - les deux aspects très bien réussis. Le scénario est d'une qualité rare dans un giallo, avec des retournements de situation et des set-up/pay-offs super bien gérés; et la réalisation est sans faute. Quelques moments qui ont pas bien vieillis (genre la danse en blackface au bout de cinq minutes de film, c'est violent), mais on est dans le haut du panier.

Quatre mouches de velours gris
6.7

Quatre mouches de velours gris (1971)

Quattro mosche di velluto grigio

1 h 44 min. Sortie : 21 juin 1973 (France). Thriller

Film de Dario Argento

Eustacius Bingley a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très sous-estimé, un des meilleurs Argento pour moi, que je préfère peut-être même au pourtant adoré Frissons de l'Angoisse. Des trois films de la "trilogie animale", c'est peut-être celui qui fait le preuve du plus d'inventivité visuelle, qui préfigure limite le virage du genre vers le fantastique dans ses brusques ruptures de ton (le Hallelujah de Haendel qui retentit lorsqu'un gros type en chemise hawaïenne se pointe, le plan final, le masque du voyeur, le rêve récurrent du héros) crée vraiment une atmosphère oppressante et irréelle, qui enserre le héros dans un questionnement assez cinglant sur sa masculinité. Très chouette.

Et puis y a quand même Jean-Pierre Marielle en détective gay, excusez du peu.

Meurtre par intérim
6.3

Meurtre par intérim (1971)

Un posto ideale per uccidere

1 h 30 min. Sortie : 2 février 1975 (France). Policier, Thriller

Film de Umberto Lenzi

Eustacius Bingley a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Umberto Lenzi, pas exactement un réalisateur légendaire, signe pourtant un des meilleurs films de l'histoire du giallo avec ce "Meurtre par Intérim". Il voulait un road movie à la Easy Rider qui dégénère en marasme meurtrier et psychosexuel, et la promesse est bien tenue, avec une subtilité et une finesse dans le jeu (deux très grandes actrices, Irène Papas et Ornella Muti) qu'on ne retrouve que très rarement dans le genre. Même les scènes de comédie rajoutées par les producteurs sont finalement assez intéressantes, dans leur espèce de critique de la vacuité d'une contre-culture que le film rend pourtant assez sympathique et s'intéressant à fond à ce thème essentiel du giallo, le conflit entre générations, rarement aussi bien rendu.

Au-delà de ça, la mise en scène est impeccable, sauvage, rapide et bien rythmée; la musique est très belle; et le personnage de Papas, cette grande bourgeoise qui accueille sous son toit des hippies à la fois pour des raisons sinistres et bassement matérialistes ... et en même temps par désir d'une vraie libération - est un des plus beaux du genre. Petite perle.

Folie meurtrière
6.6

Folie meurtrière (1972)

Mio caro assassino

1 h 45 min. Sortie : 6 octobre 1973 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Tonino Valerii

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Un giallo (très) classique et (relativement) efficace, qui a tout de même deux grands atouts à faire jouer. D'abord, George Hilton, éternel compagnon d'aventure du fan de giallo, dans un de ses meilleurs rôles - un peu à contre-emploi en flic de film noir genre Columbo sauce marinara. Et ensuite, un sens de la fulgurance poétique qui sort de nulle part, qu'il doit sans doute à son scénariste, Roberto Leoni, qui signera quand même plus tard le script de Santa Sangre de Jodorowsky, et à un réalisateur qui fut l'élève de Leone. Le film est souvent quelconque, mais est traversé de morceaux de bravoure: la première scène surtout, aussi puissante que surréaliste, qui combine méditation sur la nature et décapitation à la pelleteuse.

Mais... qu'avez-vous fait à Solange ?
7

Mais... qu'avez-vous fait à Solange ? (1972)

Cosa avete fatto a Solange ?

1 h 47 min. Sortie : 1 mars 1973 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Massimo Dallamano

Eustacius Bingley a mis 4/10.

Annotation :

Il se tape une réputation plutôt élogieuse, que j'ai ... assez moyennement comprise, je dois bien dire, j'ai trouvé ça franchement chiant dans l'ensemble, et pourtant ma tolérance pour le côté un peu daté des objets filmiques gialloesques est généralement des plus hautes. Bon, c'est filmé plutôt correctement, notamment au niveau des scènes de meurtre, et y a quelques pistes thématiques pas inintéressantes, mais c'est quand même bien plan-plan.

Les Rendez-vous de Satan
6.4

Les Rendez-vous de Satan (1972)

Perché quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer ?

1 h 34 min. Sortie : 7 mars 1979 (France). Thriller

Film de Giuliano Carnimeo

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Un film intéressant - produit par la boîte de Sergio Martino, et reprenant deux des acteurs principaux de L'Etrange Vice ... (George Hilton, mais surtout Edwige Fenech, aka Wardh elle-même, en premier rôle), on a à la fois droit à une exécution très fidèle des codes du genre, qui empreinte beaucoup à son modèle évident (le passé trouble du personnage féminin principal, son amant jaloux, etc, etc) ... et à un détournement subtil de ces mêmes codes, voulu par le réalisateur. L'environnement est urbain, la mise en scène beaucoup plus sobre et moins expressionniste qu'à l'accoutumée (même s'il y a de très, très beaux plans ici et là), et ce surcroît de réalisme vient avec une bonne dose d'humour noir franchement réussi, avec deux policiers franchement attachants qui relancent une intrigue souvent assez pesante. Ce qui est le problème du film - il a de bonnes idées, mais jamais le souffle esthétique ou la finesse d'écriture pour vraiment s'imposer comme une référence. Mais il reste assez agréable, et la scène de fin, tout en ambiguïté, ajoute un surcroît de mystère et de progressisme plutôt sympathique.

La dame rouge tua sept fois
6.6

La dame rouge tua sept fois (1972)

La dama rossa uccide sette volte

1 h 39 min. Sortie : 21 janvier 1973 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Emilio Miraglia

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Un giallo pour le coup archi-classique. Mise en scène surprenamment plate et sage, mais l'intrigue policière est au-dessus de la moyenne et les petites touches de gothique font plaisir.

Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clef
6.7

Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clef (1972)

Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave

1 h 36 min. Sortie : 18 août 1972 (Italie). Thriller, Drame, Épouvante-Horreur

Film de Sergio Martino

Eustacius Bingley a mis 6/10.

Annotation :

Martino, troisième. Cette fois-ci, il adapte très librement Le Chat Noir d'Edgar Allan Poe tout en retrouvant une grande partie du ton et de l'équipe créative de "L'Etrange Vice ..." , et le résultat est un de ses gialli les plus convaincants. Qui a pas mal de défauts, notamment une intrigue assez inexistante, et un traitement assez peu convaincant de certaines de ses problématiques sur la violence entre les genres, mais qui se rattrape dans ce que le giallo fait de mieux: le portrait pervers de personnage étrange et des relations de pouvoir qui les unit. Les trois personnes principaux du film (une aventurière, un libertin et sa femme battue) sont tous des dégueulasses concentrés de névroses, et les relations de plus en plus glauques qui les unissent donnent au film une vraie ampleur dramatique (Luigi Pistilli et Edwige Fenech dans deux des trois rôles principaux, ça aide aussi, vu leur infini capital sympathie). Une des meilleures bande-sons du genre (composée par Bruno Niccolai) et quelques morceaux de bravoure visuels viennent compléter une expérience très intéressante.

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