Cover Lectures 2018 (commentées si j'ai pas trop la flemme)

Lectures 2018 (commentées si j'ai pas trop la flemme)

Liste de

34 livres

créee il y a environ 6 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes
7.8

Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes (1974)

Zen and the Art of Motorcycle Maintenance

Sortie : 1974 (France). Roman

livre de Robert M. Pirsig

VilCoyote a mis 5/10.

Annotation :

Les fans du livre me pardonneront, c'est juste pas pour moi. 500 pages d'essai philosophique bon sang... A la place du fiston du narrateur, je quittais la moto paternelle pour faire du stop dès la première station service, quitte à tomber sur le pick-up d'un serial-killer.

La Langue maternelle
6.8

La Langue maternelle

Sortie : 1995 (France). Roman

livre de Vassilis Alexakis

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Le narrateur papillonne, grec exilé qui redécouvre son pays et ses racines antiques, convoque la Pythie de Delphes tout en interrogeant sa propre histoire familale. Saveurs d'enquête cruciale et indolente à la fois, qui n'exclue pas de se laisser aussi porter par le hasard des rencontres, de se trouver de nouvelles petites lubies pour s'occuper. Le charme opère, Alexakis est bon dans ce style "je bavarde de tout et de rien, je passe du coq à l'âne, et parfois, l'air de pas y toucher, je décoche aussi de petites pensées qui ont du poids".

La Mezzanine
7.6

La Mezzanine (1988)

The Mezzanine

Sortie : 1990 (France). Roman

livre de Nicholson Baker

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Ça sort de l'ordinaire, on sourit, mais l'exercice de style finit par tourner à vide et devient un peu vain à mon sens. Peut-être que j'aurais préféré avec un squelette d'histoire articulant toutes ces digressions. L'ultra-attention aux objets et aux choses dont fait preuve Nicholson Baker est délirante bien sûr, mais elle reste trop désincarnée pour m'intéresser totalement.

Le Bison de la nuit
7.1

Le Bison de la nuit (1999)

El Búfalo de la noche

Sortie : 2005 (France). Roman

livre de Guillermo Arriaga

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Le triangle amoureux, la jeunesse écorchée, on a déjà lu ces histoires. Le cinéma les explore souvent aussi de son côté. Cette version mexicaine arrive cela dit à trouver sa voie, pas tant grâce à une couleur locale ultra affirmée (excepté ces motels pour amants typiquement du pays) que grâce à cette colère sourde palpable dans le rythme et le ton du narrateur. C'est brut, et il y a quelque chose d'assez cinématographique dans le récit également, la façon dont les décors sont plantés, l'importance des dialogues... et on n'est pas surpris d'apprendre que Guillermo Arriega est le scénariste des premiers Iñarritu et du Trois enterrements de Tommy Lee Jones.

Les Diaboliques
7.5

Les Diaboliques (1874)

Sortie : novembre 1874. Recueil de nouvelles

livre de Jules Barbey d'Aurevilly

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Le titre n'est pas à prendre au sens de "maléfiques". Ce que ces femmes ont en commun c'est plutôt un caractère puissant, entier, radical, et il y a toujours de l'admiration pour elles dans la voix des différents narrateurs. Barbey d'Aurevilly est un conteur très habile, dont les récits enchassés naviguent toujours entre l'histoire elle-même et le moment, le contexte dans lequel celle-ci est racontée. D'où un jeu de digressions bien troussées, d'alternance de pics d'intensité et de pauses jusqu'au dénouement. Avec ce fameux parfum de décadence, de dandysme et de symbolisme érudit qui infuse chaque texte et donne son unité de ton au recueil.

Le Jour de la chouette
7.6

Le Jour de la chouette (1961)

Il giorno della civetta

Sortie : 1986 (France). Roman

livre de Leonardo Sciascia

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

La mafia rurale des années 50, garantie 0% glam, où Leonardo Sciascia élude le romanesque pour une approche quasi-documentaire. Les villages impliqués ne sont signalés que par des initiales car ça pourrait se passer dans n'importe quel patelin, ce qui compte ici, c'est l'analyse des mécanismes de corruption, de violence, d'omerta, d'impasses juridiques. Le pourquoi, le comment, avec intelligence et sobriété, à travers une étude de cas ayant valeur d'exemple représentatif. Belle figure aussi que ce capitaine de police fraîchement débarqué de Parme, pugnace et courtois à la fois, tout en force tranquille, qu'on peut rapprocher de l'homme qu'était Sciascia, pétri de convictions avec lesquelles il ne transigeait pas.

Les Anneaux de Saturne
8

Les Anneaux de Saturne (1995)

Die Ringe des Saturn

Sortie : 1999 (France). Récit

livre de W.G. Sebald

VilCoyote a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je sais pas pourquoi, je craignais le grand livre qui malheureusement me laisserait un peu froid. Du coup ça restait une idée de lecture dans un coin de ma tête, sans grande impatience non plus. Et bien j'avais tort. Les anneaux de Saturne est une succession de pages superbes, animées d'une authentique curiosité pour tout, cette curiosité communicative qui peut transformer n'importe quel sujet en histoire intéressante. Anonymes ou grandes figures (Conrad, l'impératrice Cixi, Châteaubriand, ...) peu importe, Sebald nous entraîne dans chacun des vagabondages de son esprit, fluidité et élégance sous la plume. Et tout paraît se relier sans effort, comme si c'était simple et évident. Grand talent.

Critique en dessous si mon avis vous intéresse.

Sous des cieux étrangers
7.3

Sous des cieux étrangers

Sortie : février 2010 (France). Recueil de nouvelles

livre de Lucius Shepard

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Cinq nouvelles de 100 pages chacune, ce Shepard est généreux et aime développer ses univers. Il y en a pour tous les goûts : du néo-noir, du lovecraftien, du réaliste-étrange façon The Leftovers, du space opera... avec des variantes de la figure du marginal protecteur en premier rôle. Chaque histoire démarre dans son genre assigné, avant de se nourrir d'une sève fantastique qui va aller crescendo et redéfinir l'intrigue. Inégal car ce recueil est une sélection de récits écrits à plusieurs années d'intervalle, mais Shepard a le mérite d'une certaine ambition dans l'écriture et s'en sort plutôt bien de côté là, à quelques passages ampoulés près.

Temps glaciaires
7.2

Temps glaciaires (2015)

Sortie : 4 mars 2015. Roman

livre de Fred Vargas

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

J'aime bien retrouver de temps en temps le lunaire Adamsberg, le puit de connaissances Danglard et le reste de la clique. Pas le meilleur Vargas, mais toujours ce flair pour dessiner des personnages avec les détails qui les rendront uniques et "réels", ce sens de la répartie aussi. Comme toujours sans surenchère morbide, la noirceur est présente en filigrane. Je l'avais pris pour occuper un trajet en train et c'est parfait pour ça, même si ce genre de compliment sonne toujours péjoratif alors qu'en l'occurrence ce n'est pas le but.

Bunker anatomie
8.2

Bunker anatomie

Sortie : 15 octobre 2004 (France). Roman

livre de Claro

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Un court livre de 150 pages ultra découpées, ou la rencontre d'une Méduse moderne et d'un "ghost-sniper" associal. Plus encore qu'avec "Tous les diamants du ciel", il y a la sensation que Claro est moins intéressé par la construction d'une histoire proprement dite que par la fulgurance des mots et leurs téléscopages, autant pour la sonorité du texte que pour faire fuser ses traits d'esprit. Ce n'est pas un simple exercice de style, car il y a toujours un regard sur les gens et sur les choses, simplement Claro refuse de les expliquer en long en large et en travers afin de tout rendre limpide. Au lecteur de capturer ce qu'il voudra/ce qu'il pourra dans ce magma bouillonnant et vaporeux à la fois.

Les Vitamines du bonheur
7.9

Les Vitamines du bonheur

Cathedral

Sortie : juin 1989 (France). Recueil de nouvelles

livre de Raymond Carver

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Carver puise ses bouts d'histoire dans la banalité du quotidien, celle des problèmes de couple et des défauts universels, sans volonté d'en faire ressortir une paradoxale beauté cachée. Aucune lumière ne jaillit, aucune noirceur exagérée non plus cela dit. Ce qui suinte de ces êtres maussades et résignés, c'est une sorte de véracité crue, inconfortable, dans laquelle Carver parvient malgré tout à distiller de la compassion. Elle est pudique, absolument pas démonstrative, mais on la devine. Après, je n'ai pas trouvé ça non plus à la hauteur de l'immense réputation du bonhomme.

Maximum Bob
7.7

Maximum Bob (1991)

Sortie : 2 janvier 1996 (France). Roman

livre de Elmore Leonard

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

C'est sympa, le genre de polar décomplexé "qui se lit vite" sans tomber non plus dans la grosse facilité écrite avec les pieds. C'est moins déjanté ou gouailleur que ce que je pensais mais les personnages sont bien croqués, les dialogues fonctionnent, et l'auteur joue avec humour sur la beauferie des magistrats ou des truands bas-de-gamme aussi cons qu'un carton à pizza. A priori pas de quoi faire de Leonard un auteur culte sous prétexte qu'il a été adapté par Tarentino et consorts, mais comme bouquin de série B ça l'effectue.

L'Équipée malaise
7.4

L'Équipée malaise

Sortie : 1986 (France). Roman

livre de Jean Echenoz

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Il y a une belle dose de malice dans la façon dont Echenoz joue avec des éléments policiers comme la filature et le kidnapping mais dans une veine dilettante, toute en distanciation amusée. On sent bien que ce sont avant tout les interstices de l'intrigue qui attisent sa plume, les petits moments anodins en apparence qui racontent des choses plus "vraies" et essentielles à ses yeux que les grands rebondissements. Bien sûr, ces mini digressions lunaires ne font pas toujours totalement mouche et le flegme cool peut parfois virer à l'indolence... mais l'esprit presque BD qui plane au dessus de ces personnages, la touche personnelle et décalée dans le vocabulaire, font qu'on reste toujours avec plaisir dans le sillage de cette équipée.

La Tache
7.5

La Tache (2000)

The Human Stain

Sortie : 4 septembre 2002 (France). Roman

livre de Philip Roth

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

J'ai trouvé le début laborieux, puis quelque chose s'est mis en place au bout de 60-70 pages. Roth écrit pour ausculter sa nation, la questionner, et croise les sujets de société avec un maîtrise de chef d'orchestre. Ici le thème majeur c'est le désir farouche d'indépendance, de sortir du carcan (avec l'individualisme et l'égoïsme en pentes glissantes) vs. le groupe et ses possibles effets pervers comme la bêtise moutonnière, l'hypocrisie du politiquement correct, les chasses aux sorcières, la crainte du regard des autres. Parfois radoteur ou décortiqueur à l'excès, Roth a néanmoins ce vrai sens de la narration qui happe le lecteur dans les ambivalences intimes de ses personnages. Ces derniers, on les "comprend" plus qu'on ne s'attache à eux, l'écriture restant toujours plus analytique que poétique ou sensorielle, mais leur densité est indéniable.

Les Nuits de laitue
6.4

Les Nuits de laitue (2013)

Noites de Alface

Sortie : 20 août 2015 (France). Roman

livre de Vanessa Barbara

VilCoyote a mis 4/10.

Annotation :

Je n'avais jamais lu de roman brésilien ni de livre édité chez Zulma, voilà les deux raisons un peu fumeuses qui m'ont porté vers cette laitue sans vinaigrette. Du coup c'est chiant, je peux insulter personne pour me l'avoir conseillé. Je pensais que ce serait léger (sans sous-entendu péjoratif), c'est en fait anecdotique, nuance. L'auteure cherche très fort à mettre du loufoque à chaque page, le souci c'est que c'est si téléphoné et scolaire que la plupart des idées tombent à plat, et que celles qui sont bonnes finissent usées jusqu'à la corde (le pharmacien obsédé par les effets indésirables des médocs). Quelques petites réflexions amusantes, pas plus.

Le Vin de longue vie
7.8

Le Vin de longue vie (1931)

Vinul de viata lunga

Sortie : décembre 2012 (France). Roman

livre de N.D. Cocea

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

J'inaugure ici encore un nouveau pays littéraire dans ma collection : la Roumanie. L'ambiance n'est ni aux comtes amateurs de smoothies saveur hémoglobine ni aux personnages sous valium de Cristian Mungiu, plutôt à l'hédonisme champêtre. 120 pages dont le ton est celui de la fable, délivrant une philosophie empreinte de bon sens facétieux. Rien de révolutionnaire, hein : profiter de la vie, esquiver les cons de tout poil. C'est bien écrit et un peu suranné à la fois, teinté de l'enthousiasme ingénu du jeune narrateur qui reçoit la leçon. Les grands cyniques ne crieront pas au génie, les autres apprécieront ce vieux bougre qui a su garder son âme de jeunesse, tout comme la dernière partie plus ardente dans laquelle le secret du fameux vin de longue vie est révélé.

Regain
7.5

Regain (1930)

Sortie : 1930 (France). Roman

livre de Jean Giono

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Toujours chez Giono ce mélange de poésie et de parler rural, dans lequel les silences et les non-dits sont également importants. Toujours cette personnification puissante de la nature qui nimbe certains lieux d'une aura de mythologie, je pense ici à l'inquiétant plateau. Dans les autres Giono que j'ai lu (Un roi sans divertissement, et Le chant du monde), le récit plonge les personnages principaux dans une mission précise, mission qui leur insuffle une force et une trajectoire qui se répercutent dans les pages. Regain est un peu plus sédentaire, il palpite, crépite, d'une chaleur contenue. L'enjeu c'est le foyer à créer, le cocon, et le village. Son mouvement essentiel est d'ordre symbolique, celui d'un passage de l'hiver au printemps, celui d'un renouveau.

Demain dans la bataille, pense à moi
7.5

Demain dans la bataille, pense à moi

Mañana en la batalla piensa en mí

Sortie : 3 avril 1996 (France). Roman

livre de Javier Marías

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Le narrateur soliloque beaucoup, ce qui peut donner au départ l'impression d'un récit en vase-clos. Le bougre est assez verbeux aussi, parfois un poil trop sentencieux. Et pourtant, si l'on accepte de se laisser entraîner dans ces longues phrases qui reproduisent les méandres de l'esprit, où une pensée en appelle sans cesse une autre, où le caractère obsédant des ces dernières devient palpable, alors les questions existencielles de cet homme sauront vous saisir. Javier Marias s'interroge sur l'éphémère (des vies, des rencontres), avec en corollaire la mémoire et la trace que l'on laisse auprès des autres. Sur le hasard et ses conséquences, les coïcidences et ce qui échappe à notre contrôle. Les cas de conscience, leur écho qui résonne en nous. Le tout compose un drame feutré, qui ne martèle pas de grande force romanesque mais qui a des choses à dire.

Néfertiti dans un champ de canne à sucre
7.5

Néfertiti dans un champ de canne à sucre

Sortie : 2000 (France). Roman

livre de Philippe Jaenada

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

On se marre souvent dans ce récit d'un premier grand amour. Il y a un sens de la formule, des punchlines, une ironie sans misanthropie qui naît d'un oeil amusé et débonnaire sur ce qui l'entoure. Une bonne grosse dose d'auto-dérision aussi. Bref un narrateur attachant. De quoi passer l'éponge sur les scènes de cul trop nombreuses (c'est jamais dément en littérature je trouve) et un goût pour le trash scabreux qui parasite parfois le récit. Sachant que Jaenada montre aussi du talent lorsqu'il conte les épisodes plus nuageux de cette relation bizarre. On lui découvre alors un ton juste, une certaine sensibilité sans grands violons, et la faculté d'instaurer du spleen et du malaise au fur et à mesure. Alors oui, j'ai parfois pensé que l'éditeur aurait du couper tel ou tel détail, mais finalement le livre est peut-être fait pour être comme ça, bancal et sans filtre, avec ses imperfections et ses outrances mêlées à ses fulgurances.

La Lettre écarlate
7.2

La Lettre écarlate (1850)

(traduction Marie Canavaggia)

The Scarlett Letter

Sortie : 1977 (France). Roman

livre de Nathaniel Hawthorne

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Il faut se fader les 70 premières pages, sorte de longue intro assez facultative à mon sens. On entre ensuite dans le vif du sujet, ce milieu lugubre fait d'intransigeance, de déshonneur, d'expiation. Il ne se passe pas 10 millions de choses, car c'est un roman où l'immuable des jugements moraux fige les positions et où ce qui bout est indicible, mais le peu de vrais évènements pèsent lourd. On peut regretter que cette société puritaine soit un bon gros bloc de moralisme uniforme, car le climat manque un peu de contradictions (Hawthorne évoque à peine l'hypocrisie probable de villageois aux péchés dissimulés). La complexité provient plutôt de cette enfant si ambivalente, toujours sur le fil, tout comme de la perfidie de la vengeance ourdie, plus toxique qu'un combat frontal à visages découverts. L'écriture aux mots savamment pesés, un peu sage au départ, gagne en puissance à mesure que la tragédie étend son ombre sur les protagonistes.

Stasiland
8.1

Stasiland

Sortie : mars 2004 (France). Récit

livre de Funder et Anna

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Les confessions d'ex de la Stasi ne sont pas les plus intéressantes. Sans doute l'effet de cette bureaucratie gigantesque et du cloisonnement de l'information au sein même de l'organisation. Si vous cherchez de l'espionnage exaltant, oubliez. J'ai préféré les témoignages de citoyens, ces vies polluées par la perversité (et l'absurdité !) de cette surveillance absolue, la paranoïa généralisée... Il y a une pudeur à se raconter donc ce n'est pas une enquête qui fourmille toujours de détails, mais Anna Funder a l'oeil pour déceler et traduire certains non-dits. Davantage qu'un effet "la RDA comme si vous y étiez", le livre vaut pour son état des lieux quelques années après la chute du mur. L'envie d'oublier des deux côtés est assez marquante, et l'on comprend les décalages et les séquelles parfois enfouies qui font que la réunification sociétale ne pouvait pas se faire en un claquement de doigts.

L'Homme foudroyé
7.6

L'Homme foudroyé

Sortie : 1945 (France). Biographie

livre de Blaise Cendrars

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

La vie de Blaise Cendrars est plus intéressante que la votre.
Et il la raconte mieux, en plus !

La Fille aux cheveux étranges
7.9

La Fille aux cheveux étranges (1989)

Girl With Curious Hair

Sortie : janvier 1997 (France). Recueil de nouvelles

livre de David Foster Wallace

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

DFW varie les registres, s'essaie même au pastiche, donnant parfois l'impression de lire un recueil écrit par des auteurs différents. Le liant c'est cet esprit brillant, ce recul sur les choses, déjà palpables dès cette oeuvre de jeunesse. J'ai beaucoup aimé "John Billy" et "Lyndon", où la figure d'un homme mythique nous est racontée par des tiers. L'histoire autour de Jeopardy arrive à créer de l'émotion dans ce cadre en toc de jeu TV, une belle réussite également. Mention aussi à "Ici et là-bas" et sa mélancolie subtile. En fait, ce sont les nouvelles où j'ai senti la plume réellement en empathie avec ses personnages, où le ton distancié révèle malgré tout l'intime. D'autres textes m'ont moins emballé, ceux dans lesquels DFW m'a paru un peu trop conscient de ses effets, à des fins d'exercice de style. La longue nouvelle méta, censée être l'apothéose, m'a finalement assez gonflé malgré ses indéniables étincelles.

Le Pavillon d'or
7.8

Le Pavillon d'or (1956)

Kinkaku-ji

Sortie : 1961 (France). Roman

livre de Yukio Mishima

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Mishima orchestre savemment un fiévreux climat d'attente : on sait que le Pavillon d'or va flamber, on ne sait ni quand ni comment, et l'on assiste aux prémices, aux signes avant-coureurs. Cette fièvre malsaine qui monte lentement mais sûrement en température est celle d'un jeune moine complexe et complexé, socialement inadapté, qui répète sa "fierté de ne pas pouvoir se faire comprendre". Un homme étranger aux autres donc, bien différent cependant du sybillin et résolu Meursault imaginé par Camus. Mizoguchi au contraire doute sans cesse et se questionne beaucoup, taraudé par ses désirs contraires et contrariés, son rapport ambivalent à la beauté et à la pureté. Malgré sa confession méticuleuse, parfois trop analytique à mon goût dans cette manière d'exposer sa psyche comme on décompose une équation, on ne le comprendra jamais totalement.

Selon Vincent
7.1

Selon Vincent

Sortie : 20 août 2014 (France). Roman

livre de Christian Garcin

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Christian Garcin alterne les narrateurs et les types de récit : le présent est conté à tour de rôle par deux amis, le passé ressurgit sous la forme d'une longue lettre, de journaux de bords, et d'un carnet griffonné. Une façon d'aérer son histoire et de la dynamiser qui fonctionne bien. Le motif de la fuite au coeur de cette histoire apparaît plutôt disproportionné et ne convainc donc qu'à moitié, d'autant plus que la véritable clé du récit reste longtemps floue. En revanche il y a une une belle force dans ce cadre de la Terre de feu, prodigieux décor de fin du monde - dans tous les sens du terme - et terre de peuples décimés auxquels Christian Garcin rend un sensible hommage. Pas de grave reproche à faire à l'ensemble, si ce n'est que l'écriture est habile mais manque un peu d'aspérité pour nous communiquer pleinement ce qu'il se passe dans les tripes du fameux Vincent.

Un bonheur parfait
7.3

Un bonheur parfait (1975)

Light Years

Sortie : 1975. Roman

livre de James Salter

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

James Salter aime ses personnages. Il y a une tendresse et une compréhension manifestes pour leurs doutes, leurs fautes, leurs déclins. Le roman ne verse jamais dans le grand mélo, sa mélancolie diffuse vient plutôt de sa conscience du caractère fugace des choses, quand bien même le fugace peut durer des décennies. Un adultère ou un accident sera présenté de façon détachée et philosophe, en quelques phrases seulement, Salter préférant créer la résonnance par l'accumulation de moments plus anodins en apparence, dîners, discussions, bribes de vie familiale paisible. Le quotidien et la routine (de la semi-bourgeoisie cultivée) dans ce qu'ils révèlent de l'âme profonde des gens. A lire de toute façon pour son style si personnel, celui d'une écriture duelle, à la force palpable sans être ostentatoire, mêlant les phrases courtes épurées à de belles images transposées sur le papier avec sensibilité et délicatesse. Sensation, trompeuse ou non, d'un auteur au talent inné qui ne nécessite pas beaucoup de réécriture, d'une main sereine qui se laisse guider par sa plume et sait que des éclats brillants surgiront régulièrement d'eux-mêmes sans avoir à snober le réalisme et une certaine forme de simplicité pour celà.

La Constellation du chien
7.9

La Constellation du chien (2013)

The Dog Stars

Sortie : mai 2013 (France). Roman

livre de Peter Heller

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Post-apocalyptique dans le Colorado, pour un page-turner comme les américains savent le faire. Les quatre personnages principaux restent globalement des archétypes, il y a des moments qu'on voit venir à l'avance, mais malgré ces limites et un univers assez confiné ça reste sympa à lire, dans une écriture efficace qui par moments vaut même mieux que ça. Des grands espaces, de l'action, de l'introspection qui distille un peu de poésie sans aller jusqu'à risquer de coller la migraine au lecteur : on visualise très bien l'adaptation au ciné que ça pourrait donner (j'annonce Casey Affley en premier rôle). Pas un chef d'oeuvre, mais le genre de bouquin qui se conseille très bien aux gens qui ont peur de Dostoïevski mais ne veulent pas non plus se taper la honte dans les transports en lisant le premier roman de Steven Seagal.

Les Onze
7

Les Onze (2009)

Sortie : 24 avril 2009. Roman

livre de Pierre Michon

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

J'ai retrouvé cette prose en cascades découverte dans "Vies minuscules", ce goût pour étirer les phrases, cette envie de raconter par détails successifs en rebondissant d'élément nouveau en élément nouveau. C'est précisement ce talent là qui "fait" Pierre Michon, et c'est en même temps un peu trop prolixe parfois, lorsque le cheminement de la phrase finit par désarçonner. Le réel et la fiction se marient ici parfaitement en tout cas. Michon réussit son pari de donner une âme et une portée à ce tableau fictif, moins dans sa description picturale (qui en l'occurence n'est pas minutieuse) que dans sa génèse, et la très rusée manoeuvre pour laquelle il a été commandé. Ainsi la toile "Les onze" n'est pas l'oeuvre d'un artiste engagé, mais elle est pourtant une manifestation parfaite de l'art en prise avec son lieu et son époque, par opposition à quelques jolis coups de pinceaux qui resteraient déconnectés de tout contexte.

L'Empire des lumières
6.8

L'Empire des lumières

Sortie : 7 avril 2011 (France). Roman

livre de Kim Young-ha

VilCoyote a mis 5/10.

Annotation :

J'étais curieux de démarrer mon premier roman sud-coréen, qui plus est contemporain, pour voir si on y retrouvait la vitalité de leur cinéma post 2000, cette manière d'aborder des oeuvres de genre, avec d'éventuels excès mais aussi un mélange de tons bienvenu et la volonté de questionner des aspects sombres de leur pays. Ici le thème est LE sujet constitutif de cette nation : le rapport au frère ennemi du Nord. Avec, dans le cas d'un agent double, ce que celà pourrait générer comme tiraillements identitaires, idéologiques, intimes. Pas de bol, on se rend compte très vite que l'écriture impersonnelle n'élèvera jamais le récit, ne décrira jamais avec une puissance particulière les vies pourtant si chamboulées de cette famille jusqu'ici banale. Kim Young-Ha ficelle correctement son intrigue, les pages se tournent vite, mais tout est raconté de façon tellement plate...

Les Chronolithes
7.2

Les Chronolithes (2001)

The Chronoliths

Sortie : 2003 (France). Roman

livre de Robert Charles Wilson

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Mes souvenirs de Spin du même Robert Charles Wilson remontent à quelques années, mais il me semble qu'il y faisait preuve de plus de maîtrise que dans ce roman. Ici le pitch a beau être attrayant, et le contexte de paradoxes temporels plutôt stimulant pour l'esprit (la lecture est active, on se prend à émettre des hypothèses), le climat d'ensemble reste trop maussade à mon goût. C'est une SF sombre - comme souvent dans le genre - une parabole dénonciatrice de certains maux de notre monde réel - comme souvent aussi - à laquelle il manque une dose de "sense of wonder" supplémentaire pour rééquilibrer la balance. A noter ce pari de clore l'histoire en laissant plusieurs zones d'ombre, et sans apporter de réponse claire au mystère majeur de l'intrigue. En théorie ça peut marcher, voire insuffler de l'ampleur à l'histoire par le biais de l'imagination des lecteurs, mais dans ce cas précis le procédé divisera forcément.

VilCoyote

Liste de

Liste vue 523 fois

4
4