Cover Lectures 2025-2026

Lectures 2025-2026

Cette année : entrée en M1 à P1 en philosophie contemporaine avec un mémoire sur la question du réalisme dans l'oeuvre de Conrad-Martius. Deuxième année à Ulm. Moins de temps donc. Je fixerais la description à la fin de la période...

Liste de

18 livres

créée il y a 20 jours · modifiée il y a environ 21 heures
Locke

Locke

Sortie : 20 novembre 2000 (France). Essai

livre de Alexis Tadié

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Berkeley ne cesse de dialoguer avec Locke (voir liste précédente). Son oeuvre est un décalage assez subtil avec les grands principes de l'épistémologie lockienne. Grosso modo, il radicalise l'immanentisme lockien qui admet toujours un primat de l'idée.

Ce dialogue m'a poussé à me replonger dans Locke. Il y a toutefois un vrai problème avec l'EPEH, c'est un livre extrêmement long. On ne s'y plonge clairement pas comme cela. Sauf si on veut passer 2 semaines dedans, mais ce n'est pas mon cas. De plus, les éditions modernisées ne sont pas facilement trouvables en ligne, ce qui est assez étonnant. Etant en vacances, je me suis donc rabattu sur ce commentaire général de Tadié. Je suis souvent satisfait par les introductions des Belles Lettres.

Je pense que le livre remplit sa promesse. Il présente de manière relativement claire presque l'ensemble de l'oeuvre de Locke (il manque sur la question de l'éducation, et peut-être de la religion). Plus que ça, il propose une vision unifiée des deux aspects de la philosophie de Locke : l'épistémologie/métaphysique et la philosophie politique et juridique. Cette unification théorique est possible lorsque l'on se rend compte que Locke est avant tout un penseur de l'individu. C'est clairement ce qui fait sa modernité. Avec Locke, c'est le début du triomphe de l'individualisme.

Sur la philosophie politique, je ne trouve pas Locke très intéressant. Ce qu'il affirme, c'est clairement ce qui est devenu nos dogmes quotidiens. D'où un caractère assez évident et peu novateur pour nos yeux capitalistes. Je ne suis de toute façon pas très intéressé par la philosophie politique en général. Son contractualisme est clairement moins puissant théoriquement que celui de Hobbes. Il fait beaucoup moins peur. L'état de nature n'est pas un état de guerre... à partir de là, c'est moins drôle... Sur la tolérance, c'est sans doute plus aguicheur. Je trouve qu'on retrouve par bien des aspects le contractualisme faible de Rawls, qui admet toujours un primat de l'individu malgré le contrat. Ce qui implique de belles réflexions sur la désobéissance civile, le droit de résistance...

Sur l'épistémologie, Locke me parle bien plus. La recherche phénoménologique actuelle a bien saisi toute l'importance de la filiation entre empirisme classique et première phénoménologie. Ca constitue pour moi un très bon axe d'analyse pour la lecture de Locke, Berkeley et Hume, sans tomber toutefois dans l'anachronisme. Le retour au donné lockien est clairement prot

Traité du gouvernement civil
6.7

Traité du gouvernement civil (1690)

Two Treatises of Government

Sortie : 4 janvier 1999 (France). Essai, Philosophie

livre de John Locke

Holzfällen a mis 4/10.

Annotation :

Faute de pouvoir lire les EPEH, je me suis rabattu sur le second classique de Locke : le second traité du gouvernement civil. Honnêtement, j'ai rarement lu un livre aussi ennuyant et soporifique. Je n'ai lu que les chapitres qui me semblaient importants, et encore c'était franchement une purge. Ca ne m'a pas du tout intéressé. Sans doute parce que Locke délie complètement les questions anthropologiques des questions politiques, au contraire par exemple du Léviathan de Hobbes, bien qu'au final sa politique repose sur une anthropologie première. Mais celle-ci n'est pas explicitée.

Au moins, je pourrais dire que j'ai lu Locke...

Le Neveu de Wittgenstein
7.8

Le Neveu de Wittgenstein (1982)

Wittgensteins Neffe

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Thomas Bernhard

Holzfällen a mis 8/10.

Annotation :

Un peu plus du mal à rentrer dans celui-là. Pourtant il reste extrêmement similaire tant d'un point de vue narratif que stylistique aux autres romans des années 1980 de Bernhard. Ce n'est sans doute pas dû au livre mais à une lecture trop fragmentée et trop éparse. En tout cas, ça confirme pour mon hypothèse de la nécessité d'une lecture entière, en une fois, pour rentrer dans la dynamique de Thomas Bernhard.

Peut-être que le thème m'a aussi moins intéressé que dans Maîtres anciens et Le Naufragé. Si on a toujours deux artistes/philosophes ici, il est moins question de l'autorité intellectuelle et culturelle. Il s'agit moins de démonter des idoles. Je trouve le livre un peu moins anarchiste dans son propos que les deux autres que j'ai lu récemment. Mais, ça reste très bien.

Empirisme et métaphysique

Empirisme et métaphysique (2003)

L'Essai sur l'origine des connaissances humaines de Condillac

Sortie : 2003 (France). Essai, Philosophie

livre de André Charrak

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Lu un peu rapidement comme entrée en matière dans l'oeuvre de Condillac et plus particulièrement de l'Essai de 1746, dans ses décalages et ses continuités avec le tournant des années 1750. André Charrak semble être un très bon spécialiste de la philosophie du 18e siècle, c'est indéniable.

C'est un bon commentaire car il n'est pas aisé à lire. La plupart des commentaires de livres de philosophie visent simplement à faciliter la lecture de livres difficiles à lire pour des novices. Ces commentaires ne sont en réalité pas très féconds, c'est assez évident. Je préfère les commentaires qui complexifient, qui contextualisent vraiment les livres ou les auteurs dont ils traitent. Le Mauss de Karsenti en est un excellent exemple selon moi. J'ai du le lire deux fois pour bien saisir toute sa richesse. C'est un peu pareil ici. Charrak ne se contente pas d'un simple traitement liénaire des questions que posent l'empirisme sensualiste condillacien. Il remet en question sans cesse le propos de l'abbé. C'est ce qui fait la richesse mais aussi la difficulté de ce livre. Les vacances ne m'ont toutefois pas motivé à le lire une seconde fois en fichant. Je le referais plus tard...

Essai sur l'origine des connaissances humaines

Essai sur l'origine des connaissances humaines (1746)

Sortie : 1 octobre 2014 (France). Essai, Philosophie

livre de Étienne Bonnot de Condillac

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

J'ai donc enchaîné avec l'Essai sur l'origine des connaissances humaines. Ce qui plaît directement dans ce livre un peu obscur, qu'on connaît, mais qu'on ne lit plus trop, c'est vraiment, selon moi, la radicalisation du projet lockien. Il s'agit vraiment d'en finir avec les relents métaphysiques du premier empirisme anglais. La remise en cause de facultés humaines innées a quelque chose de plaisant et de rafraichissant. On retrouve un peu la même filiation qu'entre la phénoménologie transcendantale husserlienne et le kantisme des trois Critiques. Husserl opère une véritable dépsychologisation des facultés kantiennes. Condillac lui rejette l'innéisme tacite de Locke. Mais, cela ne l'empêche pas de rester dans une approche psychologisante.

En fait, je crois que de manière plus générale, j'ai vraiment lu Condillac d'un point de vue phénoménologique. Selon moi, on retrouve bien l'idée d'un retour au donné chez Condillac qui sonne très proto-phénoménologique. De même, sur l'idée d'une certaine neutralité métaphysique qui fait très Recherches Logiques. Condillac le répète à plusieurs reprises : il ne s'agit pas d'expliquer comment il est possible, physiquement parlant, que des sensations corporelles se "transforment" en idées cognitives. L'origine sensitive des idées est un fait brut qu'il s'agit simplement de décrire sans aucune adhérence à une vision idéaliste ou réaliste.

Condillac est aussi intéressant à lire en tant qu'il représente un peu un compromis bâtard entre représentationnalisme classique post-cartésien et un empirisme relativement radical. Ok, tout n'est que de la "sensation transformée" mais cela aboutit quand même à dresser une frontière entre moi et le monde, une image mentale au statut ontologique flou : l'idée. Cette fusion entre sémantique psychologisante et empirisme radical entraîne pas mal d'apories, plus encore que chez Locke. Sur ce coup là, je pense qu'il y aurait pas mal à tisser sur les liens entre la sémantique métaphysique de Bolzano, notamment sur le troisième livre de la WL et le sensualisme français... Reste une conception très instrumentale des signes et du langage qui n'est pas forcément compatible avec l'objectivisme sémantique du praguois...

Traité des sensations

Traité des sensations (1754)

Sortie : 1754 (France). Essai, Philosophie

livre de Étienne Bonnot de Condillac

Holzfällen a mis 6/10.

Annotation :

J'ai continué l'exploration de l'oeuvre de Condillac avec le Traité des sensations. Franchement plus aride, pour ne pas dire chiant, dans le style. Il s'agit vraiment de mettre en place une combinatoire analytique des cinq sens, ce qui n'est pas forcément le plus passionnant, du moins par moment...

L'entreprise reste relativement intéressante. L'idée d'un "Traité" des sensations est en fait très 18e siècle. Qui oserait affirmer maintenant pouvoir donner une vision synoptique et systématique des cinq sens. Il est clair que, face à la philosophie moderne, la philosophie contemporaine a renversé la polarisation de l'abstrait et du concret. Alors que pour Condillac c'est la division analytique des cinq sens séparés qui est le matériau le plus concret, la Gestalt la plus classique affirmerait que c'est la coordination circulaire des cinq sens qui est la donnée expériencielle la plus concrète.

L'expérience de pensée de la statue témoigne bien de cette recherche d'un concret abstrait ou d'un abstrait concret. Ce qui m'a pas mal plus, c'est l'idée d'immanence des quatre sens hormis le toucher. Il n'y a que le toucher qui permet une véritable transcendance, une véritable sortie de soi. Même la vue, comme dans la Théorie de la Vision de Berkeley, reste comme donnée simplement immanente. En résulte une nouvelle interpréter du problème de Molyneux, différence de celle de l'Essai. Alors que dans l'Essai, Condillac défendait une interprétation rationaliste du problème, il développe ici l'impossibilité d'un discernement des deux figures géométriques.

De manière plus oblique, les quelques paragraphes sur le bruit et le son m'ont aussi parlé, me rappelant vaguement ce qu'en disait Benoist dans Sans Anesthésie (je crois). La distinction du bruit et du son témoigne bien de la philosophie de la musique du 18e que les nouveaux réalismes d'aujourd'hui, anti-représentationnalistes, ne peuvent tenir.

L'ouvrage est quand même, sinon, assez chiant. J'ai abandonné au début de la troisième partie, j'avoue...

Traité des animaux
4.1

Traité des animaux (1755)

Sortie : 1755 (France). Essai, Philosophie

livre de Étienne Bonnot de Condillac

Holzfällen a mis 6/10.

Annotation :

Pareil pour celui-ci, j'ai fini par abandonner assez rapidement. Celui-ci m'a d'ailleurs posé plus de problèmes. J'ai eu plus de mal avec l'argumentation de Condillac contre Descartes et Buffon, et le réductionnisme mécaniciste en ontologie de l'animal. On voit bien quelles positions défend Condillac, mais j'ai trouvé son argumentation pas hyper convaincante.

Il faut toutefois bien voir en quoi cet ouvrage est un peu une oeuvre de percée. Contre Descartes et Buffon qui instaurent une séparation radicale entre l'animal et l'homme, Condillac restaure une continuité. En cela, on est plus proche de Leibniz. L'anthropologie philosophique pourra dès lors devenir une entreprise analogisante, qui pense l'humain comme l'animal différent, l'animal rationnel, l'animal plus un quelque chose. En cela, l'ouvrage est extrêment novateur. Reconnaître une âme aux animaux, ça reste très moderne.

Mobilisation totale

Mobilisation totale (2015)

Mobilitazione Totale

Sortie : 17 août 2016 (France). Essai

livre de Maurizio Ferraris

Holzfällen a mis 8/10.

Annotation :

Lire Ferraris m'a fait du bien après pas mal de lectures assez maussades... La stylistique philosophique du 18e siècle a en effet de quoi ennuyer certains, dont moi...

Ferraris écrit énormément depuis les années 1990. Il a pas mal évolué sur ces thématiques et ses positions donc c'est assez compliqué de savoir par où commencer son oeuvre. Je me suis porté sur Mobilisation totale pour plusieurs raisons : (1) Il est traduit en français et facilement trouvable sur Internet (2) Il fait partie de sa période néo-réaliste et il est censé illustrer les percées théoriques du Manifeste et de Documentalité (3) Il concerne la question du web et de son rapport à la réalité sociale. J'ai trouvé donc ça assez légitime comme entrée dans l'oeuvre de cet auteur qui est quand même une des grands stars de la philosophie actuelle...

Lecture aussi importante pour moi pour mon mémoire. J'espère en effet pouvoir faire toute une partie sur la confrontation entre la phénoménologie de la réalité de Conrad-Martius et les nouveaux réalismes de Benoist, Ferraris, Gabriel et autres (pourquoi pas Garcia et les ontologies orientées objets, le réalisme wittgensteinien de Conant et Diamond...). Je pense néanmoins que Ferraris ne sera pas l'auteur le plus facile à mettre en parallèle. La question de fond de son oeuvre récente porte quand même sur la réalité sociale, plus que sur la réalité comme thèse métaphysique, mais à voir...

Histoire de la philosophie
7.6

Histoire de la philosophie

Sortie : 15 juillet 2004 (France). Essai, Histoire, Philosophie

livre de Emile Bréhier

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Sans doute LE manuel de philosophie en France. Ca fait plusieurs années que je travaille avec, lors de révisions, de découverte d'un auteur... Comme je suis sur le 18e siècle, je me suis dit que j'allais aller retravailler un peu le Bréhier.

Bréhier découpe la période en trois. 1700-1740, 1740-1775 et 1775-1800. Dans la première période, il range les sentimentalistes moraux (Shaftesbury, Hutcheson), Berkeley, Wolff, Vico et Montesquieu. Dans la seconde, on retrouve Condillac, Hume, Smith, Vauvenargues, les matérialistes français, Buffon, Diderot et les encyclopédistes, Voltaire et Rousseau. La troisième période est marquée par un déclin du rationalisme. On retrouve donc tous les sous-courants mysticistes, Lessing, Herder, mais aussi Thomas Reid et enfin un vaillant, qui continue : Condorcet. La période s'achevant en beauté dans l'oeuvre de Kant.

Bréhier est comme toujours très clair. J'ai pu cerner ce qui me donnait plus ou moins envie de lire dans ce que je n'ai pas lu. Je pense aller travailler très prochainement Thomas Reid, c'est vraiment l'auteur qui m'intéresse le plus sur cette période. Vico et Montesquieu m'intéressent aussi pas mal, mais entrer dans leurs oeuvres me semble plus compliqué que pour Reid, et aussi plus éloigné de mes thématiques de recherche...

Manifeste du nouveau réalisme

Manifeste du nouveau réalisme (2012)

Manifesto del nuovo realismo

Sortie : 16 septembre 2014 (France). Essai, Philosophie

livre de Maurizio Ferraris

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Je voulais lire sur Thomas Reid mais le livre en question est introuvable ! J'ai donc continué avec la star de Turin de la philosophie.

Plus qu'avec Mobilisation totale, on a vraiment ici la meilleure introduction à l'oeuvre de Ferraris, en plus de lire une oeuvre extrêmement marquante pour l'histoire actuel et à venir de la philosophie européenne (et occidentale ?). Comme dans MT, le propos est très clair et structuré. L'arsenal conceptuel est toutefois moins développé. Il n'y ait pas encore question d'émersion... Le projet de Ferraris est en fait double : (1) Réfuter le "postmodernisme"dans toutes ses formes possibles (2) Proposer une philosophie réaliste relativement simple.

La réfutation du postmodernisme est assez convaincante, bien que mobilisant parfois des schèmes argumentatifs assez évidents ou déjà travaillés. Ce qui vraiment la richesse du réalisme de Ferraris, c'est qu'il en fait une réponse politique à un certain mal-être. Il s'acharne donc à montrer toutes les conséquences réactionnaires, conservatrices voire fascistes du postmodernisme le plus classique, pourtant développé par des intellectuels de gauche. Si le postmodernisme constructionniste/idéaliste mène à la guerre, il faut donc y renoncer, ou du moins le limiter.

A partir de là, Ferraris présente les grands traits de son "réalisme" : tripartition des objets entre naturels, sociaux et idéaux ; la distinction fondamentale de l'épistémologie et de l'ontologie ; le caractère absolument non cognitiviste de l'expérience esthétique et de la perception (inspirée par la gestalt italienne) ; réfutation de l'ontologie sociale intentionnaliste par une théorie de la documentation et de l'enregistrement... Sans revenir sur les thèses, le Manifeste présente donc un point de vue vraiment synoptique et programmatif sur les livres de Ferraris. Documentalité, Le monde extérieur, Âme et Ipad... sont largement cités.

Le livre reste parfois un peu rébarbatif, ça se répète un peu, surtout vers la fin et les arguments ne sont pas parfois les plus fins possibles. Mais, c'est normal, c'est un manifeste...

Le Monde extérieur

Le Monde extérieur (2001)

Il mondo esterno

Sortie : 2021 (France). Philosophie

livre de Maurizio Ferraris

Holzfällen a mis 8/10.

Annotation :

J'ai continué Ferraris avec son premier livre véritablement réaliste de 11 ans antérieur au Manifeste. J'avais aussi dans l'optique que c'était celui qui pourrait être le plus proche de la perspective de Conrad-Martius. Et, en effet, il y a beaucoup de rapprochements à faire. Le traducteur Cyril Crignon affirme d'ailleurs qu'il y a filiation entre la philosophie autrichienne / le meinongianisme et la gestalt italienne qui est vraiment à la source de cet ouvrage. Bref, on a bien une filiation entre le néoréalisme de Ferraris et le meinongianisme tardif de Conrad-Martius. C'est encourageant comme rapprochement !

Comme le dit bien Benoist dans Réalismes anciens et nouveaux, ce qui fait la richesse de l'ouvrage, c'est la manière dont Ferraris prouve de différentes manières à quel point notre expérience perceptive est une expérience factive. C'est-à-dire que la perception est irréductible à toute prise doxastique ou conceptuel. Avant le concept, il y a le monde extérieur, dans toute sa facticité. D'où le titre de l'ouvrage. Le monde extérieur n'est pas une extériorité par rapport à une intériorié psychologique, comme le voudrait le réalisme un peu bancal de la philosophie moderne. C'est l'extériorité par rapport à nos schèmes conceptuels et à la science. Le concept d'extériorité me semble d'ailleurs être un point intéressant pour caractériser les nouveaux réalismes non spéculatifs. Gabriel, Benoist et Ferraris travaillent vraiment sur une refonte de la distinction de l'intérieur et de l'extérieur. Benoist par l'idée, mise en avant depuis Concepts, que le réel intervient autant en amont qu'en aval. Gabriel par une relecture de Frege qui essaye d'extérioriser et de publiciser encore davantage son objectivisme sémantique. Et Ferraris qui reprend un concept d'extériorité qui chercher à rendre compte de la différence irréductible entre épistémologie et ontologie...

Ce qui permet d'ailleurs cette différence, c'est ce que Ferraris nomme l'inamendabilité du réel. Concept tout à fait central, extrêmement intéressant, et encore une fois assez proche des vues de Conrad-Martius. L'auto-position décrite comme seconde condition du réel dans la Realontologie, n'est-ce pas à peu près la même idée ? Au contraire de la science, toujours révisable, qui se prend toujours dans une dynamique de tradition et d'innovation, de progrès en somme, Ferraris argue pour le caractère inamendable, non révisable de l'expérience du réel. Il s'appuie pour cela sur l'hyperréalisme gestaltiste de

La philosophie de Thomas Reid

La philosophie de Thomas Reid (2024)

Sortie : 2024 (France). Philosophie

livre de Angélique Thébert

Holzfällen a mis 8/10.

Annotation :

Thomas Reid me fait de l'oeil depuis déjà bien longtemps. La sortie de ce Repères Vrin avait encore plus égayé mon intérêt pour la chose. Son utilisation pour penser le post-représentationnalisme (cf le séminaire de Benoist après la représentation) témoigne vraiment de la fécondité de Reid pour la pensée contemporaine... Bref, beaucoup de raisons pou lire ce Repères, malheureusement indisponible dans toutes les grandes bibliothèques universitaires parisiennes (hormis l'ENS, mais elle est fermée...). J'ai donc rusé : je suis allé à Gibert et j'ai dégainé mon téléphone pour scanner un peu subrepticement les 190 pages de cette excellente introduction...

Je suis très content d'avoir fait ça. L'introduction de Thébert est vraiment très bonne. Le format Vrin est très plaisant à lire je trouve avec cette tripartition entre vie / thèmes / oeuvres. Beaucoup de choses m'ont plu chez Reid, et je tarde de lire dans le texte les Recherches et les deux Essais.

Il y a tout d'abord la critique de la théorie représentationnelle / idéelle de l'esprit, théorie qui traverse absolument toute la philosophie moderne, des empiristes aux rationalistes. Il faut souligner le courage intellectuel de Reid de remettre en question ce lieu commun de toute la philosophie de son temps. Il faudrait d'ailleurs tirer une généalogie de cet anti-représentationnalisme car j'ai du mal à voir de qui Reid s'inspire (je n'ai scanné la première partie biographique sur Reid, faute de temps, malheureusement...). La théorie des idées est vraiment la grande erreur philosophique qui a éloigné pour très longtemps la philosophie occidentale d'un réalisme (non pas métaphysique mais interactionniste, au sens où l'homme est pensé d'une manière réaliste avec son environnement). Le transcendantalisme kantien et son versant hégélien n'est que l'enfant bâtard de la voie des idées. En ce sens, Reid est fondamental pour penser les nouveaux réalismes...

D'autres choses sont aussi extrêmement intéressantes. Son pluralisme incessant par exemple. Contre une tentative réductionniste de faire émerger ou survenir les facultés de l'esprit humain sur une seule base, par exemple sur le modèle de la perception externe et sensible chez Hume, Reid affirme sans cesse l'irréductibilité de nos différentes facultés. La mémoire n'est pas un type dérivé de la perception sensible, par exemple. Elle a son mode de donnée propre, ses compétences propres... Cette attention fine aux différents modes de données de la conscience a quelqu

L'Homme sans qualités, tome 1
8.3

L'Homme sans qualités, tome 1 (1930)

Der Mann ohne Eigenschaften

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de Robert Musil

Holzfällen a mis 9/10.

Annotation :

Je crois que je vais faire une pause, peut-être abandonner. L'homme sans qualités est vraiment un livre formidable. Mais sa richesse théorique, stylistique, narrative... me tue. C'est un roman vraiment difficile à lire, qui prend beaucoup de temps, qui est très long. J'ai lu 400 pages et j'ai trouvé cela formidable mais j'ai besoin de lire autre chose. J'espère reprendre dans l'année.

Certains passages sont vraiment magnifiques. Rien que le chapitre 4 est extrêmement intéressant en ce qu'il propose une sorte de phénoménologie des modalités, de la réalité (Wirklichkeit, encore que je n'ai pas vérifié le terme allemand traduit par Jacottet) et des possibilités. Théoriquement, ça m'intéresse beaucoup... Puis, tous les chapitres aux alentours des 60 sur la question de la vie idéale, utopique où l'homme excellerait dans sa vie comme l'on excellerait dans son métier, c'est aussi très beau.

La profondeur psychologique que met en place Musil est assez hallucinante. Par exemple sur la relation triadique entre Walter, Clarisse et Ulrich. Musil est le plus grands des philosophes de l'émotion. L'histoire incestueuse de Clarisse est vraiment extrêmement intéressante...

Cinémas d'Asie, d'hier et d'aujourd'hui
6.5

Cinémas d'Asie, d'hier et d'aujourd'hui

Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine, Hongkong

Sortie : 6 mai 2015 (France).

livre de Frédéric Monvoisin

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Lu ce petit manuel pour me reposer un peu. C'était sympathique, sans plus. Beaucoup de name-dropping, normal, c'est un manuel Armand Colin. Que demander de plus ? Ca m'a permis un peu de me rendre compte que les réalisateurs que j'estimais assez inconnus sont parfois des stars, et inversement...

Ce qui est intéressant avec le cinéma asiatique, c'est la continuité qu'il admet avec des formes d'art traditionnelles. Tout ce qui est spectacle de lumière, de lanterne magique, d'ombres... Cette continuité, où le cinéma apparaît comme prolongement technologique d'une tradition ancestrale, est beaucoup moins présente en Occident. Ca pose d'ailleurs de vrais questions ontologiques et esthétiques sur la matérialité du cinéma...

Recherches sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun

Recherches sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun (1764)

Sortie : 6 décembre 2012 (France). Essai, Philosophie

livre de Thomas Reid

Holzfällen a mis 7/10.

Annotation :

Reid a récemment été retraduit par les spécialistes des écossais : Malherbe, Le Jallé, Etchegaray, Thébert... Ici, c'est la traduction du patron, Michel Malherbe dans la belle collection Analyse et philosophie. J'aurais préféré lire les Essais sur les pouvoirs intellectuels mais la traduction tarde à être publié. Tant pis, l'Inquiry est plus courte et plus facile de lecture. C'est une bonne introduction à la méthodologie de Reid. Je lirais les Essais quand la traduction sera disponible (vraiment pas le courage de lire de l'anglais du 18e, même si ça se fait en vrai).

Reid se lit vraiment bien, mieux que Hume ou Berkeley je trouve. Je pense aussi que Malherbe a fait un très bon travail de traduction. C'était vraiment chouette à lire, très fluide. J'ai bien retrouvé tout ce que Thébert avait excellement présenté. La réfutation du "système idéal" comme Reid l'appelle, est vraiment bonne, même si on peut contester comme trop globalisante l'interprétation que fait Reid de toute l'histoire de la philosophie de l'esprit antérieure. Ce refus du système idéal s'accompagne toujours d'un refus du scepticisme (qui est sa conclusion logique) et d'un retour du sens commun. On trouve de belles pages qui confrontent la philosophie (qui s'absolutise dans le scepticisme) et le sens commun. Entre les deux, Reid veut signer un traité de paix perpétuelle - en faveur du sens commun, il faut bien l'avouer.

Depuis quelques temps, je m'interroge pas mal sur les implications politiques de la philosophie du langage ordinaire. C'est en fait en travaillant sur les éthiques de la vertu que j'ai compris à quel point le retour au sol raboteux de l'ordinaire pouvait avoir quelque chose de réactionnaire. Car il est clair que cela favorise clairement le non-interventionnisme, le quiétisme, la stagnation... voir le retour à un temps mythologique (MacIntyre, tu es visé). Je crois que c'est un peu pareil sur le sens commun. Même si j'admire vraiment le descriptivisme philosophique, on voit bien la liaison entre onto-théologie et retour au sens commun chez Reid. D'ailleurs, son utilisation chez les fondamentalistes analytiques (Plantinga, Wolterstorff) clairement un signe du caractère potentiellement réactionnaire de sa pensée.

Il est clair que le chapitre le plus fécond reste celui sur la vue. L'idée de la réalité des apparences visibles, de leur rapport géométrique avec la réalité tangible, l'idée d'un espace non euclidien de la vue rétinienne, tout cela est fort fécond...

La Chouette aveugle
7.9

La Chouette aveugle (1936)

Sortie : août 1989 (France). Roman

livre de Sadegh Hedayat

Montesquieu

Montesquieu

Liberté, droit et histoire

Sortie : 1 avril 2010 (France). Vie pratique

livre de Céline Spector

De l'esprit des lois

De l'esprit des lois

De l'esprit des lois Tome 2

Sortie : 22 septembre 1995 (France).

livre de Charles-Louis de Secondat Montesquieu et Laurent Versini

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