Cover Les livres - 2024

Liste de

17 livres

créee il y a 5 mois · modifiée il y a 7 jours

Timor mortis

Timor mortis (1989)

Sortie : 2018 (France). Roman

livre de Slobodan Selenic

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

La Clôture
7.2

La Clôture (2001)

Sortie : 12 juillet 2004 (France). Récit

livre de Jean Rolin

Behuliphruen a mis 8/10.

Le Cheval blanc d'Uffington

Le Cheval blanc d'Uffington (2002)

Sortie : 2002 (France). Roman

livre de Anne Serre

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Justine
7.5

Justine (1957)

Le Quatuor d'Alexandrie - tome 1

Sortie : 1959 (France). Roman

livre de Lawrence Durrell

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

[Relu]

Ayant eu la chance de passer trois mois à Alexandrie, il y a quelques années, je m'étais lancé, juste avant de partir, dans la lecture du Quatuor de Durrell. J'en gardais un souvenir pénible, qui contraste singulièrement avec le plaisir pris à la relecture de Justine, véritable redécouverte donc. Je n'avais pas été sensible, comme je l'ai été cette fois-ci, à la nostalgie de cet exercice de remémoration ; comme s'il fallait également avoir vécu l'expérience de la perte et du deuil - celui d'Alexandrie, donc, et aussi d'une histoire d'amour - pour s'y retrouver. Séduisant par la forme fragmentée, le lyrisme sensuel de Durrell, mais surtout l'acuité de son regard, son art précis de la description, du portrait : il est remarquable aussi bien dans la miniature que dans la peinture de paysage, dans la notation colorée que dans l'introspection mélancolique. Et combien d'écrivains sont capables d'élever un tel monument à une ville, d'en fixer le mythe, toujours actif plus d'un demi-siècle plus tard ?

Saisir
7.1

Saisir (2018)

Sortie : 13 septembre 2018. Essai

livre de Jean-Christophe Bailly

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

(Lu seulement 3 des 4 essais : sur Thomas Jones, Sebald et le Pays de Galles des mineurs.)

L'Extrême centre ou le poison français
7

L'Extrême centre ou le poison français (2019)

1789-2019

Sortie : juin 2019. Essai

livre de Pierre Serna

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Le livre souffre un peu de son statut ambigu, entre essai historique et brûlot politique. Un peu difforme (il ressemble à la compilation, parfois hâtive, du récit des deux premières années Macron et de travaux antérieurs de Serna, sur le "girouettisme" entre 1789 et 1815 ou "l'extrême-centre"), le propos aurait sans doute mérité d'être resserré et la forme un peu plus soignée. Malgré tout, l'exercice de généalogie du macronisme est convaincant : l'approche comparative est utilisée à bon escient, dans le but de faire surgir du présent des formes déjà vues dans le passé. Serna a ainsi le mérite de "situer l'insituable" macronisme : dans une filiation qu'il dénomme "l'extrême-centre", c'est-à-dire une figure politique que l'on retrouve périodiquement au cours de l'histoire révolutionnaire - et, en vérité, jusque sous le Second Empire. La thèse de Serna est même que la spécificité française ne réside pas tant dans la bipartition du champ politique que dans l'existence de ce pôle omniprésent, quoique difficilement situable, en raison de sa faiblesse idéologique. Toutefois, plusieurs traits distinctifs permettent de le singulariser.
Le premier est la modération du discours, jamais exempt d'accents moralisateurs, prônant la vertu et diabolisant les extrêmes. Le second est l'opportunisme : l'extrême-centre doit réconcilier les modérés, attirer de nouveaux convertis, débaucher des girouettes qui se rallient à lui pour se poser en garants d'une République menacée. Le troisième est le primat accordé à l'exécutif sur le législatif : il est action, verbe performatif, exécution de la loi par le contrôle de la violence d'Etat. Il perçoit le dissensus comme un vice de la démocratie, non comme son moteur, tout en mettant en œuvre une république administrante, composée d'experts et de fonctionnaires apolitiques et dévoués, coupés de l'opinion populaire. Dès lors la dérive vers l'autoritarisme est inéluctable (avec le Bonaparte du 18 brumaire en point de fuite) - tout autant que la montée du populisme, qui compose avec le girouettisme un couple infernal et un poison démocratique.

Vie de Henry Brulard
7.3

Vie de Henry Brulard

Sortie : 1980 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Stendhal

Behuliphruen a mis 8/10.

Pierre, ou les Ambiguïtés
7.7

Pierre, ou les Ambiguïtés (1852)

Pierre: or, The Ambiguities

Sortie : 1852 (États-Unis). Roman

livre de Herman Melville

Behuliphruen a mis 7/10.

Le Cinéphile
6.7

Le Cinéphile (1961)

The moviegoer

Sortie : 1961. Roman

livre de Walker Percy

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

J'en sors mitigé, alors que je m'y étais engagé avec plaisir. Le livre souffre peut-être, à mes yeux, d'un défaut de "ligne claire", qui suscite parfois l'ennui ou l'agacement (notamment les aventures sentimentales), même si cette déconcertante absence de but narratif est en parfaite adéquation avec l'errance du narrateur, Binx, lancé dans une "quête" mal définie. Quête de sens, doublement : d'une signification et d'une direction. Charme opaque et pénétrant de ce personnage qui pourrait reprendre à son compte cette phrase bouleversante de Pessoa : "Quel est cet intervalle qui se glisse entre moi et moi ?". Le livre est la chronique de cet étonnement devant la distance irrémédiable qui nous sépare du monde, lequel n'est qu'un inexorable concours de circonstances qui nous semble, lorsque la quête échoue (et c'est peu dire que Binx y progresse à l'aveuglette), si terriblement étranger. C'est dans cet intervalle que se loge le désespoir irrémédiable du personnage, qui, toutefois, est vécu avec une sensibilité douloureuse, un humour ironique - et des phrases fulgurantes, que l'on a envie d'écrire dans un petit carnet spécial, qui ne nous quitterait pas.

Voisins de passage

Voisins de passage (2023)

Une microhistoire des migrations

Sortie : 28 septembre 2023 (France). Essai

livre de Fabrice Langrognet

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

C'est drôle, en refermant ces "Voisins de passage", j'ai pensé au dernier film de Wang Bing. Car tout comme "Jeunesse", le livre de Fabrice Langrognet, en "partant du bas", de l'étude d'un lieu étroitement circonscrit (la vie d'un immeuble de la Plaine-Saint-Denis, entre 1870 et les années 1930), vient bousculer bon nombre d'idées hâtivement forgées, restituant, aux modestes habitants des 96-102 de l'avenue de Paris, leur puissance d'agir - leur "agentivité", pour reprendre un terme à la mode. Le parallèle n'est peut-être pas si absurde : dans les deux cas, ces ouvriers issus de l'exode rural ou de migrations plus lointaines (à La Plaine-Saint-Denis, ils viennent successivement d'Alsace-Lorraine, d'Italie du Sud, d'Espagne, puis des colonies pendant la guerre, enfin de Pologne) vivent dans la promiscuité, dans le transitoire, dans des conditions d'hygiène et de travail souvent déplorables.
Mais, dans les deux cas, on découvre que, loin d'être de simples pions ballotés par les remous de l'histoire (la Grande Guerre) ou la grande lame de fond du capitalisme mondialisé, ils se déplacent constamment, en aller-retours avec le lieu d'origine, ils agissent et interagissent (développant, par exemple, des stratégies pour échapper au service militaire) dans des réseaux de sociabilité à la fois plus complexes et subtils que des schémas prédéterminés par l'origine, le genre ou la classe - et aussi plus élémentaires, dans lesquels l'environnement immédiat de l'immeuble joue un rôle central (tout comme, chez Wang Bing, on pouvait suivre les vies entremêlées des compagnons de chambrée). J'en retiens aussi le rôle de l'intervention de l'Etat dans la formation des sentiments d'appartenance par l'origine nationale : l'épreuve de la Grande Guerre est déterminante en cela : en renforçant soudain le contrôle sur les étrangers, elle fait passer au premier plan une identification nationale qui n'était pas aussi prégnante qu'on aurait pu l'imaginer.

Ces princes
7.4

Ces princes (1955)

Sortie : 1955 (France). Roman

livre de Catherine Guérard

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Rien, dans le portrait d'un de ces jeunes hommes sans qualité, oisifs et désespérés, sur lequel s'ouvre le livre, ne laisse préfigurer la tragédie (amours proscrites et fatales sur fond de guerre) vers laquelle il se dirige. Sujet audacieux et langue elliptique et précise, qui, en oscillant entre le détachement et de soudains accès de lyrisme, semble prendre de court toute une littérature psychologisante sur la passion amoureuse. Rien ne peut mieux exprimer la force irrationnelle et souveraine de cette implacable histoire d'amour fou. Quelque chose de miraculeux dans ce livre bref, gracieux et insolite (et dans le parcours de Catherine Guérard, écrivaine fort discrète, découverte ici-même grâce à Chaiev !), qui m'a parfois évoqué Cocteau, sans l'encombrant bagage mythologique.

Glose
8

Glose (1988)

(L'anniversaire)

Glosa

Sortie : 1988. Roman

livre de Juan José Saer

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Quoi de neuf sur la guerre ?
6.7

Quoi de neuf sur la guerre ? (1993)

Sortie : 1993. Roman

livre de Robert Bober

Behuliphruen a mis 6/10.

Le Jardin des Finzi-Contini
7.7

Le Jardin des Finzi-Contini

Il Giardino dei Finzi Contini

Sortie : 1962 (France). Roman

livre de Giorgio Bassani

Behuliphruen a mis 9/10.

Annotation :

C’est un livre magnifique sur le rapport au temps : pas seulement au passé, au souvenir (comme l’indique à raison la 4ème de couverture), mais aussi à ce qui se passe sous nos yeux, et à ce qui est sur le point d’advenir. Plus qu’une simple entreprise de remémoration, le livre ressemble à un échafaudage temporel complexe : le temps de l’écriture, à la fin des années 50, le temps de l’intrigue principale (une année entre l’automne 1938 et l’automne 1939) et celui du souvenir inaugural (printemps 1929). Entre chacun de ces jalons, les événements ont creusé des gouffres : les lois raciales de 38 ; la guerre et l’extermination des juifs.

De la description de l'opulent monument funéraire édifié, en un temps prospère et plein d'espoir, par le patriarche, jusqu'à son anéantissement par le génocide, la destinée des Finzi-Contini, dont les membres semblent avoir nourri, à l’égard de la catastrophe à venir, un mélange d’aveuglement et de détresse, d’orgueilleuse insouciance et de fatalisme mélancolique, illustre avec une pénétrante mélancolie l’impuissance du cœur à savoir quelque chose sur « ce qui sera », comme le constait déjà la citation de Manzoni que Bassani avait choisi de placer en exergue de son roman.

(C'est aussi un livre de lieux, toujours enclos, protecteurs (même si les murs qui les enceignent (Ferrare derrière ses remparts, le fameux jardin derrière son mur d'enceinte et l'épaisseur de secret qui entoure les Finzi-Contini) se révèleront bien illusoires), une histoire de fantômes, d'occasion manquée et d'un amour inachevé, peut-être par lâcheté :
« Dans la vie, si l’on veut comprendre, comprendre vraiment ce que sont les choses de ce monde, il faut mourir une fois au mois. Et alors, étant donné que c’est là la loi, mieux vaut mourir jeune, quand on a encore beaucoup de temps devant soi pour se relever et ressusciter… »)

Les lunettes d'or / Gli occhiali d'oro
7.9

Les lunettes d'or / Gli occhiali d'oro

édition bilingue

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Giorgio Bassani

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

J'y découvre la poésie de Bassani : derrière le voile de mélancolie, c'est bien comme une scrupuleuse enquête qu'apparaît l'entreprise de remémoration du narrateur : éclairer les logiques de l'exclusion, élucider ce qui apparaît si facilement, a posteriori, comme inéluctable. En l'occurrence, cette chronique dépeint Ferrare au moment tragique des lois raciales de 1938. Le destin du docteur Fadigati, que son homosexualité met progressivement au ban de la société "bien-pensante", adhérente au parti fasciste, se lit nécessairement, à travers le prisme de la remémoration, comme une métonymie du sort de l'importante communauté juive de Ferrare, dont Bassani était issu, et qui sera au cœur du Jardin des Finzi-Contini.

Cinéma muet avec battements de coeur
8.2

Cinéma muet avec battements de coeur

Culture & société

livre de Dezső Kosztolányi

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Même ressenti qu'après la lecture d'Alouette, formidable roman du même Kosztolanyi, sur lequel j'avais noté, dans ma liste de l'an dernier : "la vie y apparaît simultanément comme un insupportable fardeau et comme une plaisanterie dérisoire ; l'émotion naît précisément de cette nature indécidable de l'existence, qui oblige l'auteur à marcher sur des œufs, l'écriture à se tenir sur un fil, avec une simplicité et une économie de moyens parfaites."
Economie et simplicités d'autant plus sensibles ici que ce "Cinéma muet avec battements de cœur" (quel titre !) est une sorte de journal de bord, de carnet de croquis, un album d'éclats, de bribes et de micronouvelles. L'écriture y est rapide, précise (très beau texte d'ailleurs sur l'art de l'écrivain comme art de l'élagage), soulignant la vivacité des contrastes, des contradictions, de "l'immense discordance de la vie" que Kosztolanyi ne cesse de déceler tout autour de lui. Il y déploie son ironie attendrie, elle-même déconcertée par la formidable inventivité de l'existence, jamais avare de surprises, de dissonances, d'enthousiasmantes perplexités. Et, sous la plume de Kosztolanyi, ce journaliste amusé des incohérences enchanteresses du réel, l'humour prend bien souvent des reflets mélancoliques d'une vertigineuse profondeur.

Les Émigrants
8.1

Les Émigrants (1992)

Die Ausgewanderten

Sortie : janvier 2001 (France). Roman

livre de W.G. Sebald

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

[relu]

Relu avant d'assister à l'adaptation, plutôt décevante, qu'en propose Krystian Lupa à l'Odéon. Adaptation qui a toutefois eu le mérite - outre, donc, celui de me faire relire "Les Émigrants" - de faire ressortir, en creux, toute la puissance et la singularité de Sebald. J'ai en effet été bien en peine, durant ces quatre heures de spectacle, d'éprouver ne serait-ce qu'un dixième de la beauté, de la mélancolie, de la gravité de ces textes extraordinairement denses, qui se trouvent, sur le plateau de l'Odéon, comme effilochés, désarticulés - et aussi, et c'est plus grave, un peu trahis. La beauté élégiaque, si poignante, des récits de Sebald, tient précisément à l'impossibilité de parfaire l'entreprise de restitution du passé, au silence sur lequel celle-ci achoppe nécessairement. Les vies brisées, hantées, de ses personnages sont insaisissables, la remémoration ne consistant jamais qu'à remuer des cendres froides. Cette matière lacunaire, muette, Lupa est bien obligé de l'exhiber, de l'habiller de mots et d'images qui sonnent trop souvent faux, qui crissent à l'oreille et à l’œil - bien loin de la démarche à la fois extraordinairement précise et extraordinairement pudique de Sebald, chez qui la forme du récit, et le statut indécis des photographies qui l'accompagnent, s'attachent à dessiner, avec le plus d'application possible, les contours d'une brèche, sans tenter de la remplir de vaines images ni d'inutiles bavardages.

Behuliphruen

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