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34 films

créée il y a 28 jours · modifiée il y a 17 jours
Freaks - La Monstrueuse Parade
8

Freaks - La Monstrueuse Parade (1932)

Freaks

1 h 04 min. Sortie : 7 octobre 1932 (France). Drame, Thriller

Film de Tod Browning

Annotation :

Freaks mise sur l’incarnation de personnages et d’un contexte hors normes, à l’époque comme aujourd’hui, dans une représentation plutôt classique. On voit ainsi les freaks mener leurs petites vies d’artistes itinérants sans grosses vagues, ne traversant dans un premier temps que de petits tracas plaisants à filmer : des querelles de cœur, des jalousies internes et, il est vrai, des moqueries. Même le final qui ouvre les portes à la bagarre propose au bout du compte un traitement assez banal, bien équipé en nains gangster aux chapeaux fedora et aux cigarettes brillantes dans la nuit.
Le nœud de l’affaire reste toutefois symptomatique de la condition des Freaks. Cléopâtre et Hercule rient d’eux, les méprisent et finissent par les déshumaniser au point de pouvoir les supprimer sans remords. La dimension « à part » des freaks resurgit alors dans l’étrange mais terrible sort réservé à Cléopâtre.

New York 1997
7.1

New York 1997 (1981)

Escape from New York

1 h 39 min. Sortie : 24 juin 1981 (France). Action, Science-fiction

Film de John Carpenter

Annotation :

A peu près tout, esthétiquement, fait présager dans New York 1997 l’ambiance des séries et des jeux vidéo des deux décennies à venir. Le scénario teubéoïde, le héros uber badass, le gang de méchants surnuméraires, paravent de méchants encore plus méchant… Outre cette place de précurseur, le film tire son épingle du jeu grâce à son rythme tendu, musclé et pourtant assez lent, prenant le temps de ménager ses grosses scènes et ses gros flingues, étirement plutôt nécessaire à tout bien y penser afin de rengorger cet univers pas trop croyable.
New York 1997 a ainsi pas mal de choses pour soi-même. On ajoutera en outre le décorum déchet – invasion des sacs poubelles, très estampillé apocalypse selon les années 80, et peut-être surtout son ambiance anarchique « par le détour ». Les objectifs de la mission, et donc du film, sont clairs – retrouver le président ! - mais vont passer par tout une kyrielle de péripéties et de rencontres dispensables dans la logique du scénario, pour aboutir finalement à une défiance absolue du pouvoir et de ses représentants. Lourd.

Le Testament du docteur Cordelier
6

Le Testament du docteur Cordelier (1959)

1 h 35 min. Sortie : 16 novembre 1961. Drame, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Jean Renoir

Annotation :

Relecture à la fronçaise de Docteur Jekyll et Mister Hyde, assez fidèle à l’original si mes souvenirs sont bons, notamment pour ce qui est de la controverse scientifique autour des métamorphoses de l’âme à l’origine de l’expérience. Bizarre toutefois d’avoir téléporté l’intrigue du XIXème siècle victorien aux contemporaines années 60, notamment pour toute cette « étude de la science de Dieu » en vogue il y a un siècle et demi, déjà beaucoup moins il y a 60 ans. Ça crée un décalage assez curieux à la fin du film où les personnages ont l’air de jouer des dialogues pas de leur époque.
On assume cela dit le divertissement en en faisant des tonnes sur Opale, le Mister Hyde, moche, violent, sanguinaire et poilu, et en ajoutant force scènes rocambolesques.

Silence
6.6

Silence (2016)

2 h 41 min. Sortie : 8 février 2017 (France). Drame, Aventure, Historique

Film de Martin Scorsese

Annotation :

Derrière ses atours grand public, Silence se veut un film assez pointu sur la foi et le prosélytisme. Les missionnaires jésuites, grimés en Jésus, en font des tonnes, contre vents et marées, pour christianiser un pays qui leur est radicalement hostile. Un petit côté survival s’installe ainsi dans la première moitié que le scénario va cependant vite cherché à dépasser. On entre dans le dur du film quand Rodrigues se retrouve amener à comparer sa mission avec celle du Christ. Est-il un véritable ambassadeur de la vraie foi ou seulement un pitre, un Européen persuadé de sa supériorité culturelle traqué comme un lapin ?
On aboutit alors à la problématique finale : doit-on renier sa foi quand cet acte même permet de la servir ? Si déjà le temporel s’impose ici lourdement – avec les fameuses scènes de torture raffinée – c’est à un obstacle tout spirituel sur lequel vient finalement s’écraser le jésuite de l’extrême.

The Master
6.6

The Master (2012)

2 h 18 min. Sortie : 9 janvier 2013 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Annotation :

Pas mal de grosses idées, notamment la représentation de la guerre du Pacifique en colonie de vacances empoissée. Le tableau des États-Unis post WWII se montre convaincant dans sa variété et sa mise au jour des marges : les ouvriers immigrés dans les plantations, la secte chelou déguisée en société guindée…
On retrouve sinon la thématique du double, cher à Anderson. Là où dans Phantom Thred l’un des membres du duo devait s’affirmer face à l’autre, on a plus ici une fusion-répulsion entre deux contraires qui finissent par se retrouver dans leur perversité, la violence pour Freddie, la manipulation pour Lancaster.
Malgré ça, il faut bien avouer que j’ai trouvé le film un peu chiant à la longue, comme Phantom Thread en fait.

Invasion Los Angeles
7.2

Invasion Los Angeles (1988)

They Live

1 h 33 min. Sortie : 19 avril 1989 (France). Action, Science-fiction, Thriller

Film de John Carpenter

Annotation :

John est un brave Américain, mais fauché. Un jour, il met la main sur une paire de lunette lui faisant voir le vrais messages des pubs ainsi que d’immondes extraterrestres habillés en riches parmi la population. Il décide donc de prendre le premier canon scié à sa portée et de flinguer tout et tout le monde !
Pas de grosses prises de tête dans ce Carpenter. New York 1997 avait un scénario de l’espace mais parvenait à donner chair à son univers de l’improbable. Pas de telles précautions ici. On a des armes, y a des méchants, boum boum sur leurs gueules. Une lecture politique très souple – contre les puissances difformes de l’argent - peut à la rigueur se dégager, d’autant plus piquante dans les années 80 de Reagan, mais elle vient surtout justifier le défouloir, sans se prendre au sérieux.
Outre le final bien marrant, on repérera quelques séquences de gunshot dans les couloirs renvoyant indubitablement aux FPS début 90, Doom notamment.

Dernier train pour Busan
7.2

Dernier train pour Busan (2016)

Busanhaeng

1 h 58 min. Sortie : 17 août 2016 (France). Action, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Yeon Sang-Ho

Annotation :

Variation sur le thème étriqué de l’invasion zombie. Au lieu de se planquer dans un super U, on se retrouve enfermé dans un train lancé à toute vitesse à travers une Corée en cours de zombification. L’originalité aurait pu s’arrêter là si le film ne s’accrochait pas avec ténacité à la naissance de la horde. Les villes du pays sombrent les unes après les autres, accompagnées par tous les refuges envisagés. On obtient ainsi une super tension, constamment alimentée par un nouveau twist, de nouvelles difficultés pour les survivants… La mise en scène parfois un peu normative se permet parfois des folix visuelles (le dévoré en ombre chinoise derrière la porte vitrée).
On retient : être un gros connard égocentrique n’est pas une bonne idée en cas d’épidémie cannibale. On sent fatalement l’influence de Walking Dead et autres zombiemania des 2010’ dont Dernier train pour Busan s’impose comme un excellent échantillon.

Histoire de ma mort
6.3

Histoire de ma mort (2013)

Historia de la meva mort

2 h 28 min. Sortie : 23 octobre 2013 (France). Drame

Film de Albert Serra

Annotation :

Histoire de ma mort orchestre la rencontre sale entre la pensée rationnelle et émancipatrice des Lumières, incarnée par le très bavard et pas mal bouffon Casanova, avec l’Europe obscure des sortilèges et de la magie noire, gouvernée par un Dracula barbu qui gueule des AAAAH après la vidange faite de ses victimes. Le tout est captée par un rythme très lent, laissant une place importante au domestique de Casanova et plus largement à la trivialité, à la banalité. Le film s’arrête ainsi sur des problèmes tout bêtes de l’époque, par exemple à l’obscurité des grands palais sans système d’éclairage particulièrement élaboré, ou encore sur les lieux de commodités. Petit à petit, la figure de Casanova, omniprésente et bavarde à plus en pouvoir au début, s’efface au profit d’une pièce à plusieurs têtes où plane toujours un peu plus l’ombre mauvaise d’un mal difficilement identifiable, s’étalant avec la nuit (d’où l’insistance, à l’opposée, sur les grandes demeures des Lumières si difficiles à éclairer ?)
Histoire de ma vie sinon, c’est le titre de l’énorme autobiographie de Casanova. A voir ce que Serra est venu piocher dans ce texte.

Margin Call
6.9

Margin Call (2011)

1 h 42 min. Sortie : 2 mai 2012 (France). Drame, Thriller

Film de J.C. Chandor

Annotation :

Askip le film canonique sur Wall Street et la crise des subprimes. Faut dire que Margin Call exhibe une belle carrosserie avec surtout son exposition d’une hiérarchie infinie, tout le monde est le chef de tout le monde mais a lui même un chef au dessus de lui. Or, plus on monte, moins on y comprend quelque chose à la finance et on se repose sur autrui ou sur la magouille. On se perd très vite dans les impératifs et responsabilités de chacun et pourtant on comprend l’essentiel, personne ne maîtrise grand chose, et les décisions se font à l’aveugle. Pas de héros pour sauver quoi que ce soit, que des boss plus ou moins autoproclamé incapables d’endosser de si grosses responsabilités et qui n’ont pour tout loisir qu’à creuser une distance supposée entre eux et le commun des mortels.

Les salauds dorment en paix
8

Les salauds dorment en paix (1960)

Warui yatsu hodo yoku nemuru

2 h 31 min. Sortie : 4 septembre 1960 (Japon). Film noir

Film de Akira Kurosawa

Annotation :

Un Kurosawa somme toute classique sur le plan moral. Un monde pourri, qui se donne bien du mal pour se donner une forme de respectabilité mais qui est gouverné par les vices les plus bas : lâcheté, cupidité, bêtise crasse. Au milieu du tas de fumier, une âme pure qui veut révéler la petitesse et les crimes derrière l’honneur singé, mais qui va fatalement se retrouver quasi seul contre tous (à part deux trois alliés de circonstance). La taille du film et son côté orchestral donne un côté épopée au bousin, un peu le Kurosawa alpha. Le revers est qu’il manque une touche d’originalité à ses salauds qui dorment en paix : on n’a pas la mise en scène tendue et ludique d’un Yojimbo, le jeu narratif d’un Rashomon, la chute sévère d’Entre le ciel et l’enfer...

Lady Vengeance
7.1

Lady Vengeance (2005)

Chinjeolhan Geumjassi

1 h 55 min. Sortie : 16 novembre 2005 (France). Thriller, Drame

Film de Park Chan-Wook

Annotation :

J’ai eu du mal, j’avoue, avec ce règlement de compte hyper maniéré, jamais loin de Tarantino mais qui le dépasse sans cesse avec sa surcharge. Que ce soit la mise en scène très étirée (tout le film n’est en fait qu’une longue montée en puissance), le découpage explosé certes virtuose mais beaucoup pour la montre, les filtres d4rk ou la musique classique bien choisie pour faire distinction, il y a un fond qui sonne faux et creux dans cette affaire.
Reste la scène de l’exécution, avec son « tribunal populaire », pas trop mal vu, mais qui encore une fois s’étale et surjoue.

La Mort aux trousses
8

La Mort aux trousses (1959)

North by Northwest

2 h 16 min. Sortie : 21 octobre 1959 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Annotation :

J’avoue avoir été moyennement emballé par cette « comédie d’espionnage » certes très assurées de ses effets mais qui accuse un sensible coup de vieux. L’humour se fait rocambolesque pouet pouet et la prestation de Cary Grant, très portée sur le cabotinage, mettra les nerfs à rude épreuve. Marrante sinon, cette façon d’évoquer la guerre froide en permanence mais jamais explicitement, toujours à demi-mots.
Les premières minutes du film me semblent les plus réussies. Hitchcock a le coup pour incarner les foules et y glisser à l’intérieur ses protagonistes, ses éléments clefs, ses méchants épiant dans l’ombre...

Au bord du monde
7.5

Au bord du monde (2013)

1 h 38 min. Sortie : 22 janvier 2014 (France).

Documentaire de Claus Drexel

Annotation :

Documentaire sur les SDF parisiens, surtout ceux du VIIème arrondissement, qui prend la forme d’une suite d’entretiens, le réalisateur se contentant de poser de discrètes questions pour laisser s’exprimer les interviewés. Tout est tourné la nuit, sous une photo très léchée, faisant ressortir les lumières et donnant la part belle aux plans fixes panoramiques. On obtient alors une atmosphère légèrement hallucinée, prenant pieds dans un Paris reconnaissable mais vide, où se dessine des trajectoires de vie.
La question de l’hyper esthétisation se pose quand même. Claus Drexel la défend, argumentant qu’elle met en valeur, en « conditions de beauté », les SDF généralement ignorés. Néanmoins, l’irréalité qui s’impose à parfois tendance à brouiller quelque peu le milieu qu’ils occupent. Drexel ne crache pas non plus sur le symbolisme, en particulier avec Henri, largement incarné comme un néo Diogène.

Elephant
7.3

Elephant (2003)

1 h 21 min. Sortie : 22 octobre 2003 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Gus Van Sant

Annotation :

Elephant propose un partie pris assez original – parce que rare – de représenter l’adolescence. On s’installe ainsi pendant 1h30 dans une longue contemplation de la vie lycéenne in United States, avec intercalés ici ou là, et jusqu’au générique, de judicieux plans sur l’indifférence du grand ciel bleu. Tout ça est bien sûr téléguidée, à travers les deux tueurs qui jouent aux FPS de guerre et surtout l’alternance des points de vue, toujours malin au demeurant, mais assure l’exhumation du gros malaise jeune derrière les cadres prévus pour les kidos (le lycée, mais aussi la famille, les amis…). Ça pète de conséquence plusieurs fois, avec la fusillade finale bien sûr mais aussi dès le début avec le blond qui conduit la bagnole de son père bourré pour aller en cours, ou plus loin avec trois gamines, les tchoins classiques du lycée, qu’on découvre hantées par l’anorexie.

Dracula
7.3

Dracula (1992)

Bram Stoker's Dracula

2 h 08 min. Sortie : 13 janvier 1993 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Francis Ford Coppola

Annotation :

Kitchissime adaptation qui doit certainement une kolossal dette au Nosferatu de Lang (les jeux d’ooooommmbres). C’est parfois bien sympa avec toutes les fantaisies que se permet la mise en scène : des yeux dans le ciel, des visions subjectives en mode prédateur, des variations d’échelles faisant paraître des corps plus petits que des têtes… mais ça pèse lourd bien souvent. J’ai l’impression qu’il faut vraiment se laisser embarquer par l’orgie d’images, de costumes festifs et de grimaces tordues pour apprécier. Ça n’a malheureusement été qu’imparfaitement mon cas.
Néanmoins, on a peut-être ici l’adaptation la plus fidèle possible au bouquin de Bram Stocker et aux draculeries en général. On veut du gothique sombre + ? une aristocratie décadente et tout son panel de débauches ? Du tape-à-l’œil jusqu’à l’éborgnement ? Coppola nous livre tout ça sans lésiner sur les pucelles en détresse et les grosses taches de rouge, sang ou vin confondus.

La Nuit des masques
7.2

La Nuit des masques (1978)

Halloween

1 h 31 min. Sortie : 14 mars 1979 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de John Carpenter

Annotation :

Une grosse partie du génie d’Halloween tient dans « le-détail-qui-fait-tout » glissé subrepticement dans l’angle de la caméra. Une fois le décor posé, on passera une bonne heure à essayer de repérer le masque blanc de Michael Myers dans l’arrière-plan, sa respiration de chimpanzé venant de se taper un marathon ainsi qu’un petit tressautement de cordes pour accompagner musicalement nous rappelant qu’il est dangereusement proche.
Pour que la mayonnaise prenne, Carpenter a décidé de prendre tout son temps avant de larguer les meurtres et les horreurs. Aussi il ne serait pas blasphématoire de trouver qu’Halloween souffre de longueurs. Cela dit, le twist fantastique déjà un peu égrainé au fil du long-métrage - Michael Myers, figure invincible et omniprésente du Mal, surtout dans les banlieues pavillonnaires – donne un dernier sursaut d’angoisse.

Usual Suspects
7.8

Usual Suspects (1995)

The Usual Suspects

1 h 46 min. Sortie : 19 juillet 1995. Policier, Thriller

Film de Bryan Singer

Annotation :

Le noir au cinéma très cachet 90’ j’ai l’impression. Des braquages, des voyous très voyous mais surentraînés, et qui surjouent pas mal. Du twist qui se tord dans tout les sens à force de twister. Une ambiance paranoïaque et mondialisée avec un poupette masteur germano-turc (Keyser Söze !) en guerre contre des Hongrois pour liquider un un dealer-indic argentin. Beucoup de manipulations donc, qui qui qui ment, où quelle est la vérité.
Pas totalement convaincu par la dernière chute de masque. Ça arrive un peu vite, et on y croit pas trop à ce boiteux (boiteux comme le diable… eurêka !) qui joue la comédie et entube tout le monde de A à Z. Cela dit, bon move narratif de raconter pendant 1h30 une affaire de braquage qui ne s’est finalement pas du tout déroulée ainsi. On aurait donc suivi une fiction dans la fiction ? La scène où le flic découvre le pot aux roses, avec tout les noms importants affichés dans son bureau, reste pas mal.

Paranoid Park
6.7

Paranoid Park (2007)

1 h 25 min. Sortie : 24 octobre 2007 (France). Drame

Film de Gus Van Sant

Annotation :

Toujours le gros malaise de l’adolescence, lancinant, omniprésent, à moitié corrupteur (c’est pas forcément mieux de devenir adulte) mais établit autour de la passion du skate et de ce que ce sport peut relever de marginal. Cette dimension est incarnée par l’éponyme Paranoid Park, mi parce mi squat, dans lequel Gus Van Sant prend beaucoup de soin et de ralentis pour filmer la valse des figures et des cassages de gueule.
Le film propose aussi une manière originale de tourner autour de l’accident, multipliant les scènes de remords, de crises, de paniques avant d’en arriver à l’exposition des faits (le sciage en deux d’un bonhomme quand même). Malgré l’horreur de la scène, le procédé permet de la raccorder à une misère plus générale, plus plate, qui restera à jamais, comme le poids d’un mort sur la conscience.

La colline a des yeux
5.8

La colline a des yeux (1977)

The Hills Have Eyes

1 h 29 min. Sortie : 20 juin 1979 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Wes Craven

Annotation :

C’est marrant de voir à qual point certains films d’horreur – et en particulier ceux de Wes Craven et de ses émules – se piquent d’une analyse morale. Au contact du danger, la proprette famille de middle class américaine se change en massacreurs tous fusils et machettes dehors. L’ultime plan fondu dans le rouge sang le suggère sans détours.
Après le film se regarde largement sans passer par ce prisme, préférant se concentrer sur ses grands espaces où rode l’indicible menace ou sur son kitsch horrifique symbolisé par la tête de Michael Berryman, incontournable sur les affiches alors qu’il n’occupe qu’un rôle secondaire.

Boogie Nights
7.6

Boogie Nights (1997)

2 h 35 min. Sortie : 18 mars 1998 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Annotation :

Jamais loin de la scorseserie, bien que sans voix off, Boogie nights se propose de retracer l’émergence et l’évolution de l’industrie pornographique à la jonction des années 70 et 80 à travers la trajectoire d’un lambda en quête de reconnaissance, frayant avec d’autres quidams pris dans les mêmes inquiétudes. Certes glissé en arrière-plan, l’aspect documentaire emballe néanmoins le film notamment quand celui-ci revêt une envergure orchestrale.
Une grosse partie du jeu de Boogie Nights tient dans le décalage de normalité, voire de respectabilité, qu’entendent incarner tous ces personnages, et le caractère crado de leur buisness pas toujours assumé. On fréquente ainsi le réalisteur de porno gras rêvant de sa masterpiece, du technicien refusant de tolérer outre mesure la réalité du marché auquel il participe ou encore Eddie Adams/Dirk Diggler, sorte de grand gamin « so stupid » pour sa mère, portrait finalement universel de la starlette nourrie aux paillettes.

Ressources humaines
7.1

Ressources humaines (1999)

1 h 40 min. Sortie : 15 janvier 2000. Drame

Film de Laurent Cantet

Annotation :

Film social très français, un brin didactique, avec quelques dialogues dissertatifs. Ressources humaines réussit toutefois son pari d’incarner un transfuge de classe, ce qu’il gagne et surtout ce qu’il perd à passer de l’autre côté. Les représentations du milieu ouvrier se veulent les plus franches possibles, sans misérabilisme ni idéalisation, mais avec une insistance assez tranchée sur la soumission au travail et à la machine. On fraye moins (mais cela tient à un choix logique) avec les cadres et le patron, perçu surtout comme l’antagoniste torve et veule. Un zoom est opéré sur le baratin managérial, mais il ne perce pas la croûte de ce genre de discours. Passer plus de temps avec le DRH notamment aurait pu être ici intéressant.

Ghost in the Shell
7.7

Ghost in the Shell (1995)

Kôkaku kidôtai

1 h 23 min. Sortie : 29 janvier 1997 (France). Animation, Science-fiction, Action

Long-métrage d'animation de Mamoru Oshii

Annotation :

Outre le techno-thriller maintenant habituel de la super IA se voulant vivante, c’est surtout la contemplation d’un tableau d’une société cyberpunk que nous convie Ghost in the Shell the movie. Les longues séquences sortant du scénario, où on se contente d’enchaîner les plans d’un néo-Tokyo quotidien mais de l’hyper turfu, souvent accompagnés de la bande-son qui va bien de Kenji Kawaii (le type qui a aussi composé la musique d’Apocalypse la seconde guerre mondiale !) permettent de rentrer dans l’univers. Mine de rien, le film se fait assez contemplatif, malgré quelques grosses scènes d’actions ou de fat révélations. Le choix d’une diégèse pas trop éloignée de la nôtre, avec de l’informatique à visage encore à peu près humain, participe également au projet.

The Witch
6.5

The Witch (2016)

The VVitch: A New-England Folktale

1 h 32 min. Sortie : 15 juin 2016 (France). Épouvante-Horreur, Drame, Fantastique

Film de Robert Eggers

Annotation :

Paradoxal est le cinéma de Robert Eggers, d’un côté solidement contextualisé, dans une colonie de Quakers (sans doute) en plein Nouveau Monde encore nimbé de mystère non européen. La difficile installation de la petite famille en proie aux aléas agricoles et perclus de foi bien démonstrative en témoigne. Le rendu de la sorcellerie, emplie de bouc noir et de vieilles femmes à poil, se veut aussi fidèle aux représentations mentales d’une époque donnée. En même temps, on a le droit à du gothique qui tache, s’excusant d’autant plus qu’il se prétend incarné par la période. On est pas encore au niveau de The Northman, mais les fondations sont creusées.
Toujours aussi paradoxal, on suit un récit d’horreur mesuré dans ses effets, sans gros jump scars et torture porn (où alors limitée) et ce malgré l’écrin gothique tout en satanisme.

L'Histoire de Souleymane
7.6

L'Histoire de Souleymane (2024)

1 h 33 min. Sortie : 9 octobre 2024. Drame

Film de Boris Lojkine

Annotation :

Usage malin du naturalisme en le circonvenant à une situation ramassée dans le temps. En deux jours, il arrive sur la tête de l’infortuné Souleymane une quantité difficilement chiffrable de merdes caractéristiques qu’affronte le sans papier moyen. Si le réalisme en pâtit certainement, on profite quoi qu’il en soit d’une peinture riche et pourtant claire d’un individu dominé par son contexte.
Autre entorse au naturalisme plus conventionnel, tout va trop vite, tout est cuté à la mort, car le protagoniste est pris dans des rebondissements incessants rendant impossible toute stabilité. Il faudra attendre le grand final, où on découvre enfin la vraie vie de Souleymane, pour se poser.
Ça fonctionne. On frise souvent le documentaire et l’émotion est là.

It Follows
6.9

It Follows (2014)

1 h 40 min. Sortie : 4 février 2015 (France). Épouvante-Horreur

Film de David Robert Mitchell

Annotation :

On reste globalement en territoires horrifiques conquis avec It Follows : même banlieue pavillonnaire de middle classe américaine, même jeunes adultes un peu concons et mêmes capacités de la créature à jaillir dans les angles morts ou à se planquer dans le décor. La référence à Halloween est vivace, y compris à travers le rythme lent, s’imposant même à la démarche de la chose.
Pourtant, le film parvient à imposer son style grâce – et pas au détriment de – à son caractère hautement cheap. La bête, s’est finalement un bête être humain multiforme qui marche pas vite et qui, contrairement à une veuve décharnée en haillon ou un turbo démon à huit têtes, passe presque inaperçu, demeurant d’ailleurs invisible à presque tout le monde. Moins convaincu cela dit par la ludicité sexuelle de la malédiction - on pense au sida fatalement – ni par l’environnement étrangement rétro-futuriste – des télés des années 50 mais des portables so high tech.
J’ai pas les réfs, mais j’ai aussi l’impression que ça reprend beaucoup à des films de fantômes japonais.

La Mort de Louis XIV
6.7

La Mort de Louis XIV (2016)

1 h 45 min. Sortie : 2 novembre 2016. Drame, Biopic, Historique

Film de Albert Serra

Annotation :

En proposant un film lent, construit sur de longues scènes illustrant toujours à peu près le même chose, Albert Serra fait le pari quasi documentaire de la représentation de l'agonie, sale et dégradante presqu'à l'horreur. On voit la mort infiltrer le petit roi soleil à petites touches, d'abord l'immobilité, puis la gangrène et la totale impuissance, la panique et la douleur qui reviennent bien souvent. Même si le film se pique d'une certaine exactitude historique il tend tout de même vers une universalité du long, du pénible et du dépriment trépas qui attend les rois comme les sujets.
Tout est condensé dans l'immense perruque bouffante, ternie et bientôt pourrie.

La Zone d’intérêt
7.2

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Mars Express
7.4

Mars Express (2023)

1 h 29 min. Sortie : 22 novembre 2023. Animation, Science-fiction

Long-métrage d'animation de Jérémie Périn

Annotation :

Mars Express vient piocher dans tout un bric-à-brac SF alimenté depuis maintenant des décennies. On retrouvera donc empiler les uns sur les autres la condition robotique, la technologie organique, le turbo hacking le transport spatial, les réseaux sociaux du futur, la mégacorporation… sans qu’aucun de ces concepts ne soit introduit dans les formes. C’est ce qui donne tout le rythme du film, enchaînant à grand galop les références dans la déferlance de son action souvent endiablée. Le spectateur peut saisir la référence, ou pas, mais ça passe quoi qu’il en soit.
Le tout prend vie dans un graphisme un brin rétro SF pas loin du trait d’Ugo Bienvenu en BD, contribuant encore à faire de Mars Express un vaste hommage au genre tout en tenant son propre cap en tant qu’œuvre de fiction axée thriller.

L'Orphelinat
6.7

L'Orphelinat (2007)

El Orfanato

1 h 46 min. Sortie : 5 mars 2008 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de J. A. Bayona

Ni juge, ni soumise
7.5

Ni juge, ni soumise (2017)

1 h 39 min. Sortie : 7 février 2018 (France). Société

Documentaire de Yves Hinant et Jean Libon

Annotation :

Un peu décontenancé par l’approche documentaire à la Strip Tease, que je connais que de loin : beaucoup de travail sur l’image, les prises de vue, des zooms, des plans d’ensemble… La caméra a toujours vocation à suggérer quelque chose, à intensifier une émotion et souvent à chercher l’humour. Une approche donc détachée, car sans voix-off, sans présentation, mais volontairement pas neutre. Askip les réalisateurs ont toujours voulu fonctionner comme ça pour ne pas faire du documentaire synthétique mais plus une « saisie de la vie. »
Faut dire aussi qu’Anne Gruwez prend beaucoup de place à l’écran avec son personnage, sa deudeuche, sa manière d’incarner son boulot de juge. Innocent que j’étais, je me suis demandé au début si c’était un documentaire ou une fiction.

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