Cover Les turbo films 2023
Liste de

6 films

créée il y a environ 1 mois · modifiée il y a environ 1 mois
Pacifiction - Tourment sur les îles
7

Pacifiction - Tourment sur les îles (2022)

2 h 45 min. Sortie : 9 novembre 2022. Drame

Film de Albert Serra

Annotation :

Le gros move de Pacifiction est de miser à fond sur la suggestion, la mise en doute et, par effet dominos, sur la paranoïa qui vient s'incruster un peu partout. Filtre de lecture forcément un peu délavé (Bolano, en littérature, l'a beaucoup appliqué), il permet ici à Albert Serra de déployer un véritable comique grotesque, alimenté par de Rollers engoncé dans son improbable costume blanc, enfermé dans sa limousine blanche, et cerné par tout un tas de persos en plein jeu d'espions et de dignitaires qui font de grosses taches dans ce décor de tropiques du paradis. Même les « antagonistes », l'agent américain sournoisement sournois ou le petit amiral à la voix de fausset, ne produisent qu'une menace inconsistante, qui semble lointaine, étrangère à ces îles, et qui s'est pourtant révélée bien réelle avec les essais nucléaires, se profilant de nouveau à l'horizon.
Tout cela donne un visage très évanescent au MAL. Ce n'est pas les conquistadors ou les buldozers qui vont détruire ces îles, mais une corruption beaucoup plus discrète et rampante, qu'on ne peut pas vraiment identifier, et dont on aura du mal à évaluer l'ampleur.

Requiem for a Dream
7.4

Requiem for a Dream (2000)

1 h 42 min. Sortie : 21 mars 2001 (France). Drame

Film de Darren Aronofsky

Annotation :

Dans la droite lignée du mood décadence – dernier homme – fin du rêve occidental, très bien représenté déjà en littérature avec Bukowski, Hubert Selby, Easton Ellis, sans oublier le Houellebecquos tricolore. Sans doute aussi bien ancré dans le cinéma (Taxi Driver) mais je connais moins les références.
Requiem for a dream tire cela dit son épingle du jeu grâce à une esthétique inventive, très clipesque et intensive, jouant beaucoup sur les bruitages et le surjeu des acteurs, qui lui permet de ne pas reproduire benoîtement les poncifs du genre.

The Social Network
7

The Social Network (2010)

2 h. Sortie : 13 octobre 2010 (France). Biopic, Drame

Film de David Fincher

Annotation :

Un biopic finalement assez sage, peut-être avec une grosse touche de Scorsese dedans (les dialogues ou monologues en continu pour expliquer la situation et détailler les points de vue). On a surtout affaire à un film d'entrepreneur type, sans doute un peu plus sombre que la moyenne : le type est rejeté / a un caractère de merde au début, lance son truc de génie, devient célèbre, devient riche, noue des partenariats, arnaque, rencontre des gens chelous, se débauche, devient multimilliardaire mais a peut-être vendu son âme au passage (ici, il a plus d'amis, alors que Facebook permet d'avoir des « amis » –) IRONIX). Le refus d’insister sur le côté « révolutionnaire » de Facebook, de montrer en quoi ça a transformé nos vies à tout jamais de la vie du monde, évite au film de prendre soudainement un gros coup de vieux, plus de 10 ans après, âge où Facebook est coude à coude avec la concurrence et où la matrix numérique reste encore à construire.

Ocean's 8
5.2

Ocean's 8 (2018)

1 h 50 min. Sortie : 13 juin 2018 (France). Action, Comédie, Gangster

Film de Gary Ross

Annotation :

Déjà je suis doublement con, je l’ai regardé en pensant que c’était le premier de la quadrilogie (8<11/12/13) alors que c’est le dernier (ça reste toutefois compréhensible). Ensuite, je croyais que c’était un film de Steven Soderbergh alors que c’est un film de Gary Ross, inspiré des films de Soderbergh.

Sinon, un film de casse très carré. Phase 1 : le casting des braqueuses, leurs spécialités et leurs personnalités. Phase 2 : le plan du casse et son environnement (le monde de la mode et des musées). Phase 3 : le casse, très réglé. Les imprévus ne le sont pas tellement. Et le bonus : la huitième braqueuse en la personne de la braquée et le vilain débile en arrière-plan mouché.
Le romanesque à gros sabots galope à balle (la hackeuse qui a fatalement une petite sœur de 15 ans maîtresse serrurière, la braquée qui est aussi une actrice hors pairs). Faut parfois éteindre le cerveau, mais ça se regarde.

Girlfriend Experience
5.5

Girlfriend Experience (2009)

The Girlfriend Experience

1 h 25 min. Sortie : 8 juillet 2009 (France). Drame

Film de Steven Soderbergh

Annotation :

Premier Soderbergh pour moi donc, avec un film aux premiers abords très éloigné des Ocean. Ici on a une étude quasi documentaire, quoiqu’un peu fabriquée (pas dans l’ordre chronologique) de la psychologie et de la réalité économique d’une jeune courtisane de luxe dans le New York de la fin des années 2000. Qu’est-ce que ça fait de travailler pour des très très riches very busy ? Comment mener sa vie de couple à côté ? Comment percer dans ce milieu à la fois élégant et glauque à mort ? Ce sont les questions qui circulent dans le film, qui les traite de façon froide, sans tambour ni trompette.
Plus largement, on a ici accès aux portraits d’un jeune couple ambitieux et aux dents longues travaillant dans une forme de service à la personne (elle est prostituée, lui est coach sportif), jonglant avec l’altruisme plus ou moins chiqué qu’implique leur métier, la lutte acharnée à mener contre la concurrence, leur projet de carrière et le versant sentimental induit par la vie entre collègue et en ménage.

Profils paysans - Chapitre 1 : L'Approche
7.7

Profils paysans - Chapitre 1 : L'Approche (2001)

1 h 28 min. Sortie : 9 mai 2001.

Documentaire de Raymond Depardon

Annotation :

Vu toute la grosse trilogie des « derniers » paysans, qui est celle aussi de l’approche de Raymond Depardon avec cet univers qu’il a quitté jeune et qu’il tente de redécouvrir la soixantaine passée. Cet angle personnel se laisse transparaître tout au long de l’œuvre, dans les dialogues avec les vieux agriculteurs toujours au travail vingt ans après la retraite et surtout avec les exploitants de son âge, des reflets de lui-même séparés uniquement par une pellicule de vie citadine.
On tombe parfois dans une espèce de sensationnalisme involontaire, avec l’enterrement d’un vieux paysan, avec Paul Argaud le semi ermite. Le documentaire parvient à gérer ces imprévus grâce à sa grande inventivité formelle et en traitant avec humanité, parfois humour (la négociation interminable, à coup de pastis, pour le veau entre un vieux couple et un maquignon), peu d’enrobage explicatif ou contextuel, qui fait peut-être défaut à certains moments, tant ce monde peut sembler éloigné du Français urbain du XXIème siècle. Surtout, on évite la mise en scène tapageuse du pittoresque et du bon air de la campagne. Sans focaliser dessus, on raccroche aux conditions socio-économiques, souvent habitées par une misère rampante, menaçante, faite d’endettement et de solitude. Pas de mélo ouin-ouin pour autant.

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