LIRE
Pourquoi, comment lisons-nous ?
Voir aussi : Sur la lecture
https://www.senscritique.com/liste/sur_la_lecture/3325259
Lire :
https://www.senscritique.com/livre/Dictionnaire_du_desir_de_lire/10944234
(Illustration : René Magritte, La Lectrice ...
Liste de 32 livres
créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a 8 mois
Journal
Sortie : 15 mars 2001 (France). Correspondance
livre de Samuel Pepys
Annotation :
« '13 janvier [1668]'. - (...) je me suis arrêté chez mon libraire, où j'ai vu un livre français que je comptais faire traduire par ma femme, 'l'Eschole des filles' [note : De Hélot. En 1672, le livre fut brûlé sur la place publique et l'auteur lui-même brûlé en effigie.] mais, après y avoir jeté un coup d'œil, je vis que c'était l'ouvrage le plus licencieux, le plus impudique qui soit, encore pire (sic) que la 'Putana errante' [note : De l'Arétin]. Aussi, j'eus honte de le lire et je rentrai chez moi. »
« '8 février [1668]'. - (...) je suis allé dans le Strand chez mon libraire. J'y suis resté une heure et j'ai acheté ce vilain fripon de livre, 'l'Eschole des filles'. Je l'ai choisi avec une reliure fort ordinaire, bien décidé à le brûler aussitôt lu pour qu'il ne fasse pas partie de la liste de mes livres, ni qu'il puisse déshonorer ma bibliothèque si on venait à l'y trouver. »
« '9 février [1668] (jour du Seigneur)'. - Ce matin, au bureau, pour travailler et aussi pour lire un peu 'l'Eschole des filles'. C'est un ouvrage fort licencieux mais il n'est pas mauvais, pour un homme sérieux, de le parcourir, pour apprendre à connaître l'infamie du monde. Au dîner, nous avons eu M. Pelling et trois de ses amis. (...) Après leur départ, je suis monté dans ma chambre relire 'l'Eschole des filles'. Dès que j'eus terminé le livre, je l'ai brûlé, pour qu'il ne se trouve pas, à ma honte, dans ma bibliothèque. »
Réflexions et maximes (1971)
Sortie : 1971. Aphorismes & pensées
livre de Vauvenargues et Samuel S. De Sacy
Annotation :
« Il y a des hommes qui veulent qu'un auteur fixe leurs opinions et leurs sentiments, et d'autres qui n'admirent un ouvrage qu'autant qu'il renverse toutes leurs idées, et ne leur laisse aucun principe assuré. »
« Si on ne regarde que certains ouvrages des meilleurs auteurs, on sera tenté de les mépriser ; pour les apprécier avec justice, il faut tout lire. »
« Lorsqu'on entend pas ce qu'on lit*, il ne faut pas s'obstiner à le comprendre ; il faut, au contraire, quitter son livre ; on n'aura qu'à le reprendre un autre jour ou à une autre heure, et on l'entendra sans effort. La pénétration, ainsi que l'invention, ou tout autre talent humain, n'est pas une vertu de tous les moments ; on n'est pas toujours disposé à entrer dans l'esprit d'autrui. »
« C'est dans notre esprit, et non dans les objets extérieurs, que nous apercevons la plupart des choses** : les sots ne connaissent presque rien, parce qu'ils sont vides, et que leur cœur est étroit ; mais les grandes âmes trouvent en elle-mêmes un grand nombre de choses extérieures ; elles n'ont besoin, ni de lire, ni de voyager, ni d'écouter, ni de travailler, pour découvrir les plus hautes vérités ; elles n'ont qu'à se replier sur elles-mêmes, et à feuilleter, si cela se peut dire, leurs propres pensées. »
* Voir infra Michaux.
** Wagner : « Celui qui est noble s'évoque le monde de l'intérieur ; pour l'être banal et stupide, seul, le monde s'évoque de l'extérieur. »
Dictionnaire d'un polygraphe (1978)
Textes de L. S. Mercier (établis et présentés par G. Bollème)
Sortie : 1978. Aphorismes & pensées
livre de Louis-Sébastien Mercier et Geneviève Bollème
LeBouquiniste a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Qu'est-ce qu'un 'livre' ? C'est un 'lecteur'. »
« Rien ne dispense de juger les ouvrages par soi-même, non pour prononcer, mais pour accuser son sentiment. »
« Tant que les hommes s'attacheront à des syllabes harmonieuses, ils ne verront pas ce qu'ils ont sous les yeux (...). »
« On ne devine rien, tout s'apprend, s'apprend lentement, avec effort, et par une foule de méthodes successives. »
« Si un homme n'est pas toujours un livre, un livre est toujours un homme. Comprenez-vous bien ceci ? »
« Je comprends [cet auteur] à ma manière, d'autres le comprendront à la leur. »
« Pour faire des découvertes dans un art, il est plus avantageux de n'y entendre rien d'abord et d'y marcher seul, que d'être conduit et dirigé par la marche et l'exemple des autres : on s'ouvrira une route inconnue, en s'abandonnant sans guide ; on ne fera que passer par la porte commune, en observant les pas de ses prédécesseurs. Voilà pourquoi les méthodes, les règles, les poétiques ont gâté et gâtent tous les jours les esprits les plus inventifs. Animés par la nouveauté des objets et fiers d'oser eux-mêmes, ils auraient ouvert la carrière d'une manière qui leur eût été propre, en recevant la carte de la route, ils ne voient plus les objets que sous le même aspect ; et de là naissent tristement les mêmes résultats : au lieu de creuser, ils passent légèrement sur les mines les plus fécondes ; au lieu de créer les réflexions, ils les reçoivent toutes façonnées par la main des préjugés (...). Le vulgaire croit que l'art se perfectionne, parce que les copies se multiplient ; c'est une abondance indigne, et cette fausse richesse ôte jusqu'à l'idée d'en acquérir une réelle. »
Richard Wagner à Mathilde Wesendonk, Journal et Lettres 1853 - 1871
Sortie : septembre 1986 (France). Correspondance
livre de Mathilde Wesendonk et Richard Wagner
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« Cependant j'ai un ami qui me devient toujours de plus en plus cher. C'est mon vieux Schopenhauer, si grognon d'apparence, et pourtant si profondément aimant ! Lorsque je suis arrivé au paroxysme de la sensibilité, quel réconfort absolument unique, en ouvrant ce livre, de me retrouver tout à coup entièrement, de me voir si bien compris et si clairement exprimé, (...) dans un langage (...) qui rapidement fait de la douleur un objet de la connaissance, et qui, de la sensibilité, transpose tout dans la froide, marmoréenne et consolante intelligence ; mais dans l'intelligence qui, en même temps qu'elle me découvre à moi-même, me découvre le monde entier ! »
Sylvie et Bruno (1889)
Sylvie and Bruno
Sortie : 1992 (France). Roman
livre de Lewis Carroll
Annotation :
« Nous gaspillons la moitié des plaisirs que la vie pourrait nous donner, par manque d'attention. Prenez n'importe quel exemple : peu importe l'insignifiance du plaisir, le principe est le même. Imaginons A et B en train de lire le même médiocre roman emprunté à une bibliothèque. A ne se préoccupe nullement de comprendre les rapports entre les personnages, dont dépend peut-être tout l'intérêt de l'histoire ; il saute toutes les descriptions de paysage, tous les passages qui paraissent un peu mornes ; il ne prête qu'à moitié attention aux passages même qu'il lit ; il continue sa lecture, simplement parce qu'il ne se décide pas à trouver une autre occupation, alors que depuis des heures il aurait dû poser le livre ; et il arrive à la fin dans un état complet de découragement ! B, lui, est tout entier à ce qu'il fait, suivant le principe que '' tout ce qui vaut la peine d'être fait vaut la peine d'être bien fait'' ; il comprend en profondeur les liens des personnages ; il évoque avec ''les yeux de l'esprit'' de vrais tableaux en lisant les descriptions de paysages ; et surtout, il ferme résolument le livre au bout de quelques chapitres, quand son intérêt est encore en éveil, et il s'occupe d'autre chose ; ainsi, quand il s'offre une nouvelle heure de lecture, il est comme un homme affamé qui se met à table ; et à la fin du livre, il retourne à son travail quotidien, ''tel un géant régénéré'' !
Mais supposez que le livre soit vraiment nul... qu'il n'y ait là rien qui vaille la peine d'être lu ?
Bien, supposons (…). A ne découvre jamais que le livre est nul, mais se leurre jusqu'à la fin, essayant de se persuader qu'il s'amuse. B ferme tranquillement le livre, quand il a lu une douzaine de pages, part pour la bibliothèque, et l'échange contre un meilleur ! »
La Moelle de la vie
Aphorismes & pensées
livre de Henry David Thoreau
Annotation :
« Lisez d'abord les meilleurs livres*, de peur de ne les lire jamais. »
« Ce n'est pas dans les livres savants que nous apprenons le plus, mais dans les livres vrais, sincères et humains, dans les biographies** franches et honnêtes. »
« Ce qui peut être exprimé par des mots peut être exprimé dans la vie. »
« Le livre qui sera accepté sans être réduit à sa portion congrue n'a pas encore été écrit. »
« Entretenez les feux de la pensée, et tout ira bien. »
* Cependant, voir Vauvenargues, supra : « (...) pour les apprécier avec justice, il faut tout lire. » Et pourquoi « d'abord » ? Lirez-vous ensuite les moins bons, les bons mauvais livres (Orwell), pour finir par les mauvais ?
** Voir Léautaud (ses goûts), infra.
Billy Budd, marin (1924)
(traduction Pierre Leyris)
Billy Budd, Sailor
Sortie : 1924. Nouvelle
livre de Herman Melville
Annotation :
« (...) [le capitaine Vere] avait un penchant marqué pour tout ce qui est intellectuel. Il chérissait les livres et n'allait jamais en mer sans une bibliothèque réapprovisionnée à neuf, compacte, mais des meilleures. Les loisirs solitaires, parfois si fastidieux, qui échoient de temps en temps aux capitaines de vaisseau, même pendant une expédition guerrière, n'étaient jamais lassants pour le capitaine Vere. Sans avoir aucunement ce goût littéraire qui s'attache moins à la matière transmise qu'au véhicule, ses préférences allaient à ces livres pour lesquels tout esprit sérieux et d'ordre supérieur occupant une position active et influente dans le monde a une inclinaison naturelle : livres traitant d'hommes et d'événements réels de n'importe quelle époque - histoire, biographie, et ces écrivains sans rien de convenu, comme Montaigne, qui, libres de tout préjugé et de tout interdit, philosophent honnêtement, dans le droit fil du sens commun, à propos de choses réelles. Dans cette ligne de lecture, il trouvait la confirmation de ses propres pensées secrètes - confirmation qu'il avait vainement cherchée dans des entretiens avec ses semblables - de sorte que, touchant les questions fondamentales, s'étaient établies peu à peu en lui des convictions positives dont il sentait qu'elles demeureraient siennes sans se modifier essentiellement aussi longtemps que son intelligence resterait intacte. »
Mimes (1964)
suivi de 'La Croisade des enfants', 'L'Étoile de bois', 'Il Libro della mia memoria'
Sortie : 1964 (France). Recueil de contes
livre de Marcel Schwob
Annotation :
« Le vrai lecteur construit presque autant que l'auteur : seulement il bâtit entre les lignes. Celui qui ne sait pas lire dans le blanc des pages ne sera jamais bon gourmet de livres. La vue des mots comme le son des notes dans une symphonie amène une procession d'images qui vous conduit avec elles. » (Il libro della mia memoria)
Oreiller d'herbes (1906)
(traduction Ceccatty & Nakamura)
草枕
Sortie : 1987 (France). Roman
livre de Natsume Sōseki
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« Il me sera plus facile d’entreprendre de belles actions qu’à ceux qui ne connaissent ni la poésie ni la peinture ni l’art. »
Journal. Une anthologie
(1889-1949)
Sortie : 2 février 2012 (France). Journal & carnet
livre de André Gide
Annotation :
« À lire (...) on acquiert cette sagesse de se sentir un peu plus sot qu'avant. »
« Il est certains auteurs que je ne lis que le plus lentement possible. Il me semble que je cause avec eux, qu'ils me parlent, et je m'attristerais de ne savoir pas les retenir longtemps près de moi. »
« Par instants il m'apparaît, et comme dans un éclairement soudain, que je n'ai plus que peu de temps à vivre ; et que c'est pour cela que je prends à tout ce que je lis un tel intérêt, que toute chose que je vois me paraît si belle et que je goûte à vivre tant de joie. »
« On croit que j'ai pris d'eux cette pensée [que je cite] ; c'est faux ; cette pensée est venue à moi d'elle-même ; mais j'ai plaisir, et plus elle est hardie, à penser qu'elle habita déjà d'autres esprits. Quand, les lisant plus tard, je reconnais en eux ma pensée (...) je vais criant partout leur nom et divulguant ma découverte. On me dit que j'ai tort. Peu m'importe. J'ai trop grand plaisir à citer, et me persuade, comme Montaigne, que ce n'est qu'au regard des sots que j'en parais moins personnel. »
« Quand « ça ne vient pas », je marche de long en large dans la chambre, puis, par impatience un peu, je saisis presque au hasard un livre de ma bibliothèque (non point un de ces livres qui gisent sur ma table de nuit et que je suis « en train de lire », mais un de ces vieux compagnons constants, qui sont toujours là, que je retrouve à travers tout) et je l'ouvre vraiment au hasard. Ce « hasard » me ferait croire au diable ou à la providence, car je tombe à pic, presque à coup sûr, sur la page, sur la phrase, ou les mots, dont j'ai précisément besoin pour rebondir. C'est ainsi que, hier, Browning m'a offert un court poème que je n'avais encore jamais lu : « The Lost Leader », qu'il semblait qu'il eût écrit pour moi spécialement, et précisément pour l'heure présente. (Ce n'est pas la première fois que Browning me soutient et me conseille. )»
« Vérifier ses admirations. Était-ce vraiment si remarquable ? Quelle fut la part de l'étonnement ? Ce livre, à présent qu'il a cessé de nous surprendre, reprenons-le. À relire certains livres, je m'étonne de mon premier étonnement. Je m'étonne de n'avoir pas été d'abord assez surpris par certains autres. »
De la révolution (1963)
On Revolution
Sortie : 23 mai 2013 (France). Essai, Politique & économie, Philosophie
livre de Hannah Arendt
Annotation :
« Si Robinson Crusoé sur son île avait eu la Bibliothèque d’Alexandrie et la certitude de ne jamais revoir un visage humain, eût-il jamais ouvert un livre ? » (John Adams).
Voyage sentimental en France et en Italie
(traduction Léon de Wailly)
A Sentimental Journey Through France and Italy by Mr. Yorick
Sortie : 1768 (France). Roman
livre de Laurence Sterne
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« Douce flexibilité de l'esprit humain, capable tout d'un coup de s'abandonner à des illusions qui trompent les longs ennuis de l'attente et du chagrin ! – depuis longtemps – depuis longtemps vous auriez terminé mes jours, si je n'en avais passé une si grande part sur ce sol enchanté : lorsque le chemin est trop rude pour mes pieds, ou trop raide pour mes forces, je le laisse pour quelque doux sentier velouté, que l'imagination a semé des roses naissantes du plaisir ; et après y avoir fait quelques tours, je reviens plus fort et plus frais – Quand mes maux me pressent sans relâche, et qu'il n'y a point de retraite où leur échapper en ce monde, alors je prend une autre voie – je le quitte – et comme j'ai une idée plus claire des champs élyséens que du ciel, j'y pénètre (...) de force – (...) je perds tout sentiment de mes maux (...)
Pour moi, je puis dire en toute assurance que je n'ai jamais su vaincre une seule sensation pénible de mon cœur aussi décisivement qu'en recrutant au plus vite quelque autre sensation plus douce et plus aimable, qui la combattît sur son propre terrain. »
Lettres à sa femme et à ses amis
Sortie : octobre 2003 (France). Correspondance
livre de Paul Gauguin
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« Je lis plus que la couverture du livre, plus que le titre du chapitre, plus que toutes les lignes. Entre les lignes. »
« (…) lorsque je lis, l'auteur à ce moment ne s'adresse qu'à moi – à moi tout seul. C'est alors que toute ma nature, mes instincts, la vie que je mène viennent aider l'auteur à m'émouvoir. »
« Lire dans les bois sauvages, ce n'est pas lire à Paris. »
Les Poésies de A.O. Barnabooth (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Valery Larbaud
Annotation :
« Oh ! tout apprendre, oh ! tout savoir, toutes les langues ! / Avoir lu tous les livres et tous les commentaires ; / Oh, le sanscrit, l'hébreu, le grec et le latin ! / Pouvoir se reconnaître dans un texte quelconque / Qu'on voit pour la première fois ! et dominer le monde, / Par la science, de la coulisse, comme on tiendrait / Dans un seul poing les ficelles de ces pantins multicolores. / Sentir qu'on est si haut qu'on est pris de vertige, / Comme si quelqu'un murmurait les mots : / « Je te donnerai tout cela », sur la montagne ! »
(À M. Tournier de Zamble)
Sur la lecture : suivi de Journées de lecture
Essai
livre de Marcel Proust
Annotation :
« Les personnes médiocres croient généralement que se laisser guider par les livres qu'on admire, enlève à notre faculté de juger une partie de son indépendance. « Que peux vous importer ce que sent Ruskin : sentez par vous-même. » Une telle opinion repose sur une erreur psychologique dont feront justice tous ceux qui, ayant accepté ainsi une discipline spirituelle, sentent que leur puissance de comprendre et de sentir en est infiniment accrue, et leur sens critique jamais paralysé. Nous sommes simplement alors dans un état de grâce où toutes nos facultés, notre sens critique aussi bien que les autres sont accrues. Aussi cette servitude volontaire est-elle le commencement de la liberté. »
Dits et contredits (1924)
Sprüche und Widersprüche
Sortie : 1975 (France). Aphorismes & pensées
livre de Karl Kraus
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« Le souhait que j'ai formulé, qu'on lise mes choses deux fois, a soulevé une grande indignation. A tort ; le souhait est modeste. Car je ne demande pas qu'on les lise une fois. »
Passe-temps (1928)
Sortie : 1928. Essai, Récit, Aphorismes & pensées
livre de Paul Léautaud
Annotation :
« À vrai dire, je lis peu. Je ne lis que les ouvrages qui rentrent dans le genre auquel me porte, pour mon compte personnel, mon goût comme ma nature d'esprit, les 'Mémoires', les 'Correspondances', les 'Journaux intimes', les 'Biographies', les 'Autobiographies', etc. (que je place au premier rang de la littérature). »
« Je suis d'avis que les livres n'apprennent rien. Ils nous aident seulement, quelquefois, à nous formuler de façon plus précise ce que nous pensons*. »
« C'est une profonde jouissance, quand on aime les lettres, de penser à ces hommes qui ont écrit ces belles choses humaines, sensibles et vraies, qu'on a si grand plaisir à lire. »
* Voir Orwell, infra.
Refuges (1942)
Sortie : 1942.
livre de Léon-Paul Fargue
LeBouquiniste a mis 8/10.
Annotation :
« (...) lire ne saurait être pour le cerveau, sous aucun prétexte, une question de temps ou de circonstances. Et ce précieux madrépore a bien ses exigences aussi, même et surtout dans les jours sombres. Il a besoin de nouveaux polypes, et il lui faut de la lumière. »
(Lire et relire)
Journal d'un écrivain (1953)
A Writer’s Diary
Sortie : 5 octobre 2000 (France). Journal & carnet
livre de Virginia Woolf et Leonard Woolf
Annotation :
Mercredi 4 octobre 1922 : « Il devient évident que mon projet de lire deux livres en même temps est réalisable, et j'aime avoir un but quand je lis. »
Vendredi 15 août 1924 : « Et maintenant, aujourd'hui, je suis allongée et je réfléchis. À propos, pourquoi acquiert-on le goût de la poésie si tardivement ? Quand j'avais vingt ans (…), je n'aurais pas pu lire Shakespeare par plaisir, pour un empire. Maintenant je me réjouis, tout en me promenant, à la pensée de lire deux actes du Roi Jean dans la soirée ; et de lire ensuite Richard II. C'est de poésie que j'ai envie maintenant – de longs poèmes. Je crois même que je vais lire Les Saisons [poème de James Thomson (1700-1748), 1730]. Je veux de la concentration et du merveilleux, et des mots agglutinés ensemble, jaillissant et rayonnant. Plus de temps à perdre à lire de la prose ! (…) Maintenant c'est la poésie que je veux(...). »
« Ajax ? Ce Grec, en dépit de mon ignorance, s'est insinué en moi. »
Jeudi 22 décembre 1927 : « Pour (…) oublier sa propre, intense, absurde petite personnalité, sa réputation et tout ce qui s'ensuit, il faudrait lire (…). »
Mercredi 20 juin 1928 : « (…) j'ai presque entièrement perdu le pouvoir de lire. (…) J'ai pris Proust après dîner et je l'ai remis en place. Ce fut un moment terrible et cela m'a donné des idées de suicide. Il me semble qu'il n'y a plus rien à entreprendre. Maintenant, je n'ai plus qu'à m'observer pour voir comment je remonterai le courant. Je crois quand même que je vais lire quelque chose. Peut-être la vie de Goethe. »
Les livres tiennent tout seuls sur leurs pieds
Sortie : 14 septembre 2017 (France). Culture & société
livre de Virginia Woolf
Annotation :
« (...) le seul conseil que l'on puisse donner à propos de la lecture est de ne demander aucun conseil, de se fier à son intuition, de penser par soi-même, d'en arriver à ses propres conclusions. »
« Ne donnez pas d'ordre à votre auteur ; essayez de devenir lui. Soyez son compagnon de route, son complice. Si vous commencez par reculer, émettre des réserves, des critiques, vous vous privez de tirer tout le bonheur possible de ce que vous lisez. En revanche si vous essayez d'avoir l'esprit le plus libre possible, des indices d'une subtilité presque imperceptible aux tours et détours des premières phrases vous mettront en présence d'un être humain qui ne ressemble à aucun autre. Imprégnez-vous, familiarisez-vous avec cela, et très vite vous comprendrez ce que votre auteur vous offre, ou essaie de vous offrir. Les trente-deux chapitres d'un roman – si nous commençons par le roman – sont une tentative de bâtir quelque chose d'aussi harmonieux et maîtrisé qu'une maison ; mais les mots sont plus impalpables que les briques ; lire est bien plus complexe que regarder. »
« Vous devez être capable non seulement d'une grande finesse de perception mais d'une audacieuse imagination, si vous voulez mettre à profit tout ce que le romancier – le véritable artiste – vous offre. »
ABC de la lecture (1934)
ABC of Reading
Sortie : 6 octobre 2011 (France). Essai, Poésie
livre de Ezra Pound
Annotation :
« Mais, monsieur le professeur, ne devrions-nous pas lire... Wordsworth ?
Mais si mes enfants, vous pouvez et vous devez lire ce que vous voulez. Mais plutôt que d'attendre que moi ou quelqu'un d'autre dise ce qu'il y a dans telle ou telle page, lisez-les d'abord vous-même. »
Mes inscriptions 1943-1944 (1945)
Sortie : novembre 2007 (France). Poésie, Essai
livre de Louis Scutenaire
LeBouquiniste a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Je lis un ouvrage pour mon compte et non pour celui de son auteur. »
« Devant l’impossibilité de tout savoir, la plupart ont choisi de ne savoir rien. »
Mille neuf cent quatre-vingt-quatre (1949)
(traduction Celia Izoard)
Nineteen Eighty-Four
Sortie : 14 janvier 2021 (France). Roman
livre de George Orwell
LeBouquiniste a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
« (...) cette lecture l'avait conforté dans l'idée qu'il n'était pas fou. »
« Les meilleurs livres (...) sont ceux qui vous disent ce que vous savez déjà. »
Passages (1950)
Sortie : 1950 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
LeBouquiniste a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Quand je ne comprends pas quelque auteur, et si loin que le temps et l’espace et le climat et la culture le mettent de moi, ou sa situation sociale ou nationale, jusqu’à m’être complètement fermé, je m’en bats l'œil d’abord, puis m’en fiche encore ou m’en humilie, mais enfin le mettant mentalement en réserve, je me le garde et ne désespère pas, quelque jour, à la faveur d’un métabolisme différent, d’une humeur changée (…), de comprendre le fermé, le mystérieux et insipide d’à présent.
Et cela m’arrive, en effet, quelquefois…»
Les Livres de ma vie
The Books in My Life
Sortie : mai 2006 (France). Roman
livre de Henry Miller
LeBouquiniste a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Le désir de lire un livre est souvent provoqué par l'incident le plus inattendu. Pour commencer, tout ce qui arrive à un homme fait partie d'un tout bien défini. Les livres qu'il choisit de lire ne font pas exception à cette règle. (...) Parmi les milliers de titres que l'on rencontre, dès les plus jeunes années, comment se fait-il que tel individu se dirige vers certains auteurs et celui-là vers d'autres ? Les livres qu'un homme lit sont déterminés par ce qu'il est lui-même. Si on laisse un homme seul dans une chambre avec un livre, un seul livre, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il le lira parce qu'il n'a rien de mieux à faire. Si le livre l'ennuie, il le laissera tomber, même si l'inaction le conduit au bord de la folie. Certains hommes, quand ils lisent, prennent la peine de consulter toutes les références citées en notes ; d'autres n'ont pas un regard pour ces mêmes notes. D'aucuns entreprendront de longs et pénibles voyages pour lire un livre dont le titre les a intrigués. (...) une remarque faite en passant par un ami, une rencontre accidentelle, la lecture d'une note, une maladie, la solitude, quelque caprice de la mémoire, bref, mille et une raisons peuvent nous lancer à la poursuite d'un livre. Parfois, l'on est sensible à la moindre suggestion, à l'allusion la plus détournée. »
« Coleridge établit un classement en quatre catégories « parmi les gens qui lisent (...) :
1. Les éponges, ceux qui absorbent tout ce qu'ils lisent et le restituent pratiquement dans le même état, seulement un peu sali.
2. Les sabliers, ceux qui ne retiennent rien et qui se contentent de prendre un livre pour passer le temps.
3. Les chausses à vin, ceux qui ne gardent que la lie de ce qu'ils ont lu.
4. Les purs diamants, ceux aussi rares que précieux qui profitent de ce qu'ils lisent et qui savent en faire aussi profiter les autres.
La plupart d'entre nous appartiennent à la troisième catégorie, sinon aussi à l'une des deux premières. Rares sont les purs diamants ! »
« Plus je découvre mon passé tel qu'il se révèle dans les livres que j'ai lus, plus je discerne dans ma vie de logique, d'ordre et de discipline. »
Codine · Mikhaïl · Mes Départs · Le Pêcheur d'éponges (1930)
La Jeunesse d'Adrien Zograffi
Sortie : 1930 (France). Roman
livre de Panaït Istrati
Annotation :
« Oui, maintenant il le voyait nettement : le monde n'était pas seulement cette débauche de matérialisme vulgaire (...). Non. Il y avait aussi son monde à lui, le monde de ses livres et de ses rêves de toujours, le monde de son cœur. Il était restreint, ce monde, il était presque introuvable, mais comme son emprise, sa puissance, devenaient irrésistibles devant les forces aveugles de l'ignorance ! »
Le Ruban au cou d'Olympia (1981)
Sortie : 1981 (France). Essai
livre de Michel Leiris
Annotation :
« J'aime assurément à lire (...) une œuvre dans laquelle l'artifice semble avoir été dépassé et qui – à cause de l'émotion singulière que j'en ressens, à la fois touché en un point des plus secrets et soulevé, si je me fie à mon impression, par une douce houle que modèlerait le souffle de l'universel – m'apparaît comme faisant tomber sous le sens que l'homme peut – à l'inverse des autres bêtes, incapables de sortir de leurs rails – atteindre à cette seconde vie qui n'est pas une victoire sur la mort mais, tel un élan amoureux, une façon de vivre plus intensément en croyant mourir un peu (à tout le moins cesser d'exister à médiocre hauteur d'état civil). Toutefois, je ne serai comblé que si l'œuvre, éventuellement des plus modestes, émane directement de moi, produit non frelaté exprimant – d'où que je sois parti et à quelque ordre de réalité que je me sois attaché – ce que pour un temps trop limité je suis, et non réponse à mes goûts que le génie d'un autre veut bien m'apporter. »
Le Livre à venir (1959)
Sortie : 1959 (France). Essai
livre de Maurice Blanchot
Annotation :
« (Mais peut-être faut-il le rappeler : la lecture est un bonheur qui demande plus d'innocence et de liberté que de considération. Une lecture tourmentée, scrupuleuse, une lecture qui se célèbre comme les rites d'une cérémonie sacrée, pose par avance sur le livre les sceaux du respect qui le ferment lourdement. Le livre n'est pas fait pour être respecté, et « le plus sublime chef-d'œuvre » trouve toujours dans le lecteur le plus humble la mesure juste qui le rend égal à lui-même. Mais naturellement, la facilité de la lecture n'est pas elle-même d'un accès facile. La promptitude du livre à s'ouvrir et l'apparence qu'il garde d'être toujours disponible (...) ne signifie pas qu'il soit à notre disposition, signifie plutôt l'exigence de notre complète disponibilité.) »
Les plaisirs de la littérature (1938)
The Pleasures of Literature
Sortie : 4 mai 1995 (France). Essai
livre de John Cowper Powys
LeBouquiniste l'a mis en envie.