Lire des ouvrages théoriques et critiques sur les arts visuels (cinéma, bande dessinée, jeux vidéo).

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TOP CINEMA

Voilà un ouvrage fondateur de "l'esprit critique" en cinéma tel que je le conçois et l'idéalise. André Bazin bat en brèche le dogmatisme et les idées reçues avec une série d'articles qui font la part belle aussi bien à l'analyse rigoureuse qu'à l'expression de sa cinéphilie. Il s'attarde d'abord sur l'origine du cinéma où il avance la primauté de l'idée sur la technique dans le processus d'invention du cinéma contrairement à ce que l'on pourrait croire. Il se fait ensuite avocat de causes qui pouvaient être considérées à l'époque comme "perdues", à savoir l'adaptation littéraire au cinéma ou le western, en avançant à chaque fois des éléments conceptuels qui permettent de dresser peu à peu sa vision globale du cinéma et la définition qu'il en donne. Un définition bien évidemment ouverte et inachevée, comme il l'annonce en préambule. Je n'ai pas tout lu, car il y a des critiques de films que je n'ai pas vu, mais que ce soit ses articles de 20 pages ou ses articles de 3 pages, il fait preuve d'une fluidité d'écriture très agréable, qui le rend encore aujourd'hui parfaitement lisible. Au vu de son amour du western, je ne peux que déplorer qu'il soit mort avant de découvrir le Nouvel Hollywood. Il aurait certainement adorer Cimino, Penn, Peckinpah et les autres. Et il aurait peut-être finis par raviser ses réticences à propos de l'érotisme et de la sexualité montrée à l'écran, qu'il conçoit déjà dans son article comme en partie injustifiable. Comme quoi, même lorsqu'il était moins pertinent, Bazin restait lucide.

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Contrairement à ce que laisse croire les différentes introductions à cette compilation de critiques publiées depuis les débuts de Positif jusqu'à la fin des années 90 qui tombent volontiers dans l'auto-érotisme malgré quelques remarques intéressantes, cet ouvrage n'est pas seulement un livre à la gloire de Positif inventé par les rédacteurs de Positif pour les lecteurs de Positif. C'est une synthèse intelligente qui résume "l'esprit" Positif, ouvert sur le cinéma international et populaire et perdant peu à peu de son aspect polémique pour proposer un caractère plus analytique. C'est aussi un témoignage historique, en témoigne notamment l'article "Cinéma et Politique" qui témoigne de l'importance du marxisme dans le champ de la critique cinématographique des années 60. Il permet enfin de goûter à quelques excellentes plumes, proposant d'excellents éloges de réalisateurs, à commencer par celui de Tarkovski.

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Jean-Michel Frodon propose avec ce petit livre de moins de 100 pages un regard conceptuel et historique sur le rôle de la critique cinéma en France. L'ouvrage pêche évidemment par sa brièveté, mais l'exercice synthétique est intéressant et va droit à l'essentiel. Les extraits d'articles importants de la critique française viennent achever la démarche de ce mini-traité qui veut moins porter un regard sur la critique qu'en proposer un panel condensé et sélectif. Parfait pour débuter dans la découverte du domaine, en somme.

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Je n'étais peut-être pas dans les meilleures conditions pour lire ce petit manuel des Cahiers du Cinéma sur les rapports entre cinéma et philosophie, lu dans un trajet en bus. Toujours est-il qu'au-delà de quelques passages très éclairants et du choix judicieux de nombres de références, j'ai trouvé l'enchaînement du propos un peu confus, les références trop nombreuses et abordées trop succinctement, et dans un mouvement général pas suffisamment réfléchi. De plus, on peut y voir un regard normatif pas toujours très subtil, défendant les rédacteurs de Cahiers les plus controversés (Bazin et Godard notamment) avec une ferveur qui tient presque du fanatisme.

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J'avais peur que l'ancienneté du livre (publié initialement dans les années 20) et sa focalisation sur le cinéma français et russe de cette époque que je connais mal rende la lecture fastidieuse. Il n'en est rien, tant Bela Balazs reste à un certain niveau de généralité et de lucidité qui sont un apport théorique indispensable, aussi bien concernant la forme cinématographique que concernant l'idéologie que le cinéma transmet. Malheureusement, l'épaisseur du livre et le laps de temps court qu'il m'est imparti avant qu'il ne soit en retard à la médiathèque m'empêche de le lire maintenant. Mais ce n'est que partie remise.

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Voici une très bonne synthèse d'analyse du cinéma, qui mêle les approches esthétiques aux approches plus analytiques, donnant un beau panel de références tout en restant accessibles. J'ai lu quelques chapitres, m'y suis référé pour un travail, mais j'approfondirais la lecture en tant voulu.

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L'ouvrage ne semble pas d'une très grande portée analytique, mais il a le mérite d'une certaine rigueur thématique et l'ambition d'embrasser l'ensemble de la production du studio comme un tout cohérent semble réussite. Surtout, il est un bon moyen de se consoler de la fin plus ou moins proche du studio, tant il problématise avec pertinence la question : Ghibli peut-il survivre à Miya et Taka ?

A lire entièrement quand j'aurais le temps.

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Comme son nom l'indique, cet ouvrage a une fonction surtout pratique : démontrer comment on peut relier chaque grand thème de la philo à un film. Une trentaine de thèmes relient un texte de philo à un film, dans un souci d'exhaustivité qui semble globalement nuire à la profondeur des analyses, qui ne durent que quelques pages par chapitre. Nous voilà donc devant de très bonnes notes d'intention qui n'ont pas du tout pour vocation d'exploiter à fond chaque question, mais de les effleurer chacune en invitant le lecteur à prolonger la réflexion. Voilà un ouvrage introductif donc plutôt recommandable, bien que je ne sais pas si je m'y replongerais, qui doit être surtout très pratique pour caler des références et parfaire sa méthodologie de la dissertation.

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TOP BD

Groensteen fait le bilan du statut et la légitimité culturelle de la bande dessinée en France lors de la publication de l'essai au milieu des années 2000. Il faut donc remettre les choses dans leur contexte, puisque la situation a grandement évoluée depuis (au point d'ailleurs que Groensteen a publié un autre ouvrage sur le sujet en 2017 "la bande dessinée au tournant"). Cependant la lecture de cet essai n'est pas inutile pour autant loin s'en faut, car l'argumentaire aiguisé parvient à démontrer avec justesse les ambiguïtés du médium bande dessinée qui le traversent toujours aujourd'hui. A chaque chapitre, l'auteur adopte un point de vue différent pour expliquer pourquoi la bande dessinée est encore souvent stigmatisée et bien moins légitime qu'un autre art comme celui du cinéma, pourtant apparu après elle. Il va ainsi analyser en quoi l'histoire de la bande dessinée (qui s'adressait presque exclusivement aux enfants jusque dans les années 50) les stratégies commerciales des éditeurs, le statut social des auteurs, le traitement médiatique des nouveautés ou bien encore le regard académique effarouché contribuent chacun à leur manière à rabaisser le statut de la bande dessinée auprès des autres objets culturels. La thèse est nuancée, car il s'adonne à une critique aussi bien des acteurs extérieurs qu'intérieurs au monde de la bande dessinée (quitte à ne pas se faire que des amis). Surtout, au milieu d'une production en pleine réinvention et en pleine expansion depuis plus de 20 ans, sa réflexion permet de remettre les pendules à l'heure, en évitant de verser dans l'optimisme outrancier : contre la standardisation et pur faire valoir ses qualités artistiques, la bande dessinée a encore du chemin à parcourir.

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Philippe Sohet propose ici un état des lieux des outils d'analyse de la bande dessinée en les appliquant à un récit d'Edmond Baudoin. Se voulant à l'usage des profanes, l'essai est court, très accessible et surtout très instructif pour qui voudrait se jeter à corps perdus dans l'étude théorique et analytique du neuvième art.

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Thierry Groensteen livre un ouvrage prétendant délivrer une introduction accessible à l'analyse théorique de la bande dessinée. En tant qu'universitaire, il ne rempli évidemment pas cet objectif à la perfection, tant l'ouvrage pullule de références et de maniérisme universitaire habituel. Cependant on voit qu'il s'efforce d'être clair, concis et pédagogue, et s'il s'adresse au lecteur connaisseur plutôt qu'au néophyte il ne s'adresse pas uniquement à la sphère universitaire, ce qui est déjà remarquable. Le cheminement argumentatif de l'essai tend plus à une revue des différentes pistes de réflexion possible qu'à une thèse particulière, mais c'est exactement ce qu'on attend de lui. Il va donc passer en revue sans prétention à l'exhaustivité mais avec exigence les registres, dynamique de récit, du dessin narratif, pour esquisser en creux ce qui fait la spécificité du médium bande dessinée. La partie sur le jugement esthétique est moins intéressante, mais la conclusion sur le plaisir spécifique à la lecture de la bande dessinée l'est nettement plus, parvenant à formuler en quoi le texte et l'image sont indissociables plus que dans n'importe quel autre art.

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Se voulant comme une sorte d'état des lieux du statut culturel et des évolutions du médium bande dessinée 10 ans après "Un objet culturel non identifié", ce nouvel opus de Groensteen se veut nettement moins ambitieux que son prédécesseur, cataloguant une série de réflexions sur ce que devient la bande dessinée en France ces dix dernières années. Le ton se veut résolument plus optimiste, puisque l'auteur vient constater que certains manques qu'il déplorait il y a dix ans, comme l'absence de rééditions d'ouvrages classiques de la bande dessinée, ou bien le manque de légitimité de la bande dessinée aux yeux des institutions, sont en grande partie résolus. Il se réjouit d'autre part que la bande dessinée investisse à fond des contrées comme celle de l'autobiographie, le reportage ou la bd-essai. Il valorise d'autre part très bien le rôle encore prépondérant des maisons d'éditions alternatives pour proposer des bandes dessinée au langage hybride, métissé, là où leur valorisation d'une bande dessinée d'auteur a depuis déjà pas mal de temps été largement récupérée par les grosses maisons d'édition.

Finalement, sa critique de l'aspect marchand de la bande dessinée et des conditions de travail des auteurs aurait pu donner un véritable contrepoint à cette vision positive si elle n'était pas trop succincte. En effet, si Groensteen conclue bien sur la nécessité d'une transformation du secteur pour une meilleure rémunération des auteurs, il ne rentre pas suffisamment dans les détails pour aller au bout de la démonstration qu'on était en droit d'attendre avec un tel titre annonciateur. Il ne questionne par exemple pas assez le statut d'auteur de bande dessinée : si celui-ci a évolué vers une précarisation croissante, ne faudrait-il pas envisager la création d'un statut tel que celui dont bénéficie les intermittents du spectacle ? Bien d'autres questions restent en suspens.

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Ce numéro hors-série de Cinémaction aborde les rapports entre bande dessinée et cinéma en long, en large et en travers, sur le plus d'angles possibles. Un ouvrage de référence donc, qu'il va forcément falloir que j'aborde longuement un jour ou l'autre.

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Celui-ci est plus concentré sur des études de cas de frictions entre cinéma et bande dessinée, bien que la première partie soit un essai à caractère plus général. Il serait une très bonne lecture complémentaire au numéro de Cinémaction.

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L'ouvrage est très complet, il balaye toute la carrière de l'auteur en rythmant les chapitres par de beaux témoignages de ses nombreux collaborateurs. Lorsqu'on connaît bien Trondheim, on apprend pas tant de choses nouvelles, mais les nombreux anecdotes et détails plus ou moins cachés de son oeuvre permettent de l'approfondir avec enthousiasme.

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Benoit Peeters propose un condensé d'analyse riche et accessible, tant et si bien qu'il aligne parfois quelques généralités un peu dispensables. Je n'ai pas tout lu, j'y reviendrais en temps voulu.

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Le jargon universitaire de cet ouvrage collectif est parfois un peu usant (j'ai sauté beaucoup de passages) mais il a le grand mérite de remettre à plat beaucoup de chantiers de réflexion, à commencer par le statut culturel de la bande dessinée. Prenant acte de la légitimation accomplie de la bande dessinée en France, il montre qu'aujourd'hui la difficulté pour le médium est de faire accepter et vivre de manière simultanée toute la diversité de ses propositions, du "roman graphique" de 800 pages en noir et blanc au sempiternel 48 planches cartonnées, en passant par des propositions à la lisière de l'illustration et d'autres de la littérature ou des arts numériques. L'ouvrage contient aussi un article incontournable retraçant l'histoire des théories de la bande dessinée, qui est considéré à ce jour comme l'un des plus complets. Certes, l'apport des théories de la communication qui est mis en avant dans le livre n'est pas toujours heureux (il l'est parfois). La démarche met complètement de côté l'aspect esthétique de la bande dessinée, et parfois sans vraiment gagner en pertinence. Il n'empêche que cette ambition de défricher des pans peu explorés des théories de la bande dessinée, notamment celui dans la continuité des cultural studies, est salvateur.

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Dispo. A LIRE

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dispo.

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DISPO

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CINEMA

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ça tombe bien, je vais assister à un cours sur Bergson au prochain semestre.