Cover MELVILLE Jean-Pierre - Critiques & Annotations

MELVILLE Jean-Pierre - Critiques & Annotations

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2 films

créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a 3 mois
Le Doulos
7.3

Le Doulos (1962)

1 h 48 min. Sortie : 8 février 1963. Policier, Thriller

Film de Jean-Pierre Melville

SimBoth a mis 7/10.

Annotation :

Souvent considéré comme le premier polar à la Melville, "Le Doulos" est une œuvre au récit alambiqué et compliqué, afin de définir le double jeu, la perception changeante et les faux-semblants de ses personnages. C’est le cas de Jean-Paul Belmondo, en indic de police, qui aide Maurice (joué par Serge Reggiani), un ex-prisonnier ayant assassiné le tueur de sa femme et poursuivant des tentatives de cambriolage pour son compte. Le spectateur ne sait jamais sur quel pied joue Silien, métaphorisant tout le propos du cinéaste sur l’ambiguïté morale, l’imposture, les apparences et la porosité du monde criminel et policier. Tout le récit, en bifurcation elliptique et en circonvolution sinueuse, se destine à une tragédie fataliste, où le tout est enrobé dans un envoûtement très raffiné et dans une stylisation en noir et blanc inspirée du film noir américain. Melville y met aussi sa patte en insérant un personnage mystique, car Silien est un être opaque et difficile à saisir, mais moins qu’un Jef Costello, car plus goujat et cynique que son héritier. Le jeu underplay et minimaliste de Reggiani accentue aussi le futur univers melvillien, comme ses concours de circonstances, de malentendus et de hasard, son pessimisme et sa réflexion sur le destin humain.

Le Samouraï
7.6

Le Samouraï (1967)

1 h 45 min. Sortie : 25 octobre 1967. Film noir, Policier, Thriller

Film de Jean-Pierre Melville

SimBoth a mis 10/10.

Annotation :

"Le Samouraï" est une œuvre marquante pour toute une génération de cinéastes qui reprennent les codes de ce polar emblématique, déjà par son personnage mutique et froid, un tueur à gages qui respecte les lois d’honneur et les règles de son milieu, mais surtout par le mystère qu'incarne cet homme solitaire, sans passé ni futur. Ensuite, pour sa poésie noire qui stimule une profonde solitude faite d’errances urbaines dans un Paris fantasmé et irréel.

La photographie métallique, avec sa dominante bleue glaciale, appuie sur cette ambiance froide et mélancolique qui fusionne avec les lieux classieux et souvent nocturnes d’une ville grisâtre évoquant l’Hollywood des années 1930, avec son jazz, ses longs imperméables et ses chapeaux feutres. Le cinéaste apporte un soin maniaque dans sa direction artistique, mais aussi dans les gestes hiératiquement méticuleux que fait Jef Costello, qui rappellent évidemment le cinéma de Bresson.

En effet, le film aime se concentrer sur les habitudes d’un homme qui respecte les principes de son Bushido. Mais, frappé par la foudre amoureuse, il se confronte au monde des adultes et de ses règles iniques, et fonce, par conséquent, tout droit vers la mort. Par choix mystique ? Par amour pour la mort ou la pianiste ? Parce qu'il n'accepte pas de vaciller dans ses codes moraux ? Là se tient toute l’ambiguïté melvillienne, appuyée par cette prodigieuse scène où le commissaire découvre que l'arme de Costello n’était pas chargée.

Alain Delon, en samouraï traqué comme un tigre dans la jungle, est au summum, avec son regard d’acier et impénétrable. C'est pour moi son rôle ultime, celui où il incarne le plus cet héroïsme abstrait qui lui sied tant : un être entre la vie et la mort, un spectre à la fois insaisissable et tragique. Enfin, le film ne serait pas le chef-d’œuvre qu'il est s’il n’y avait pas la musique de François de Roubaix, avec ses mélodies mystérieuses et entêtantes qui subliment l’atmosphère chimérique de la ville et l’énigme de son sujet.

SimBoth

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