Michel Gondry - Commentaires

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Loin des formalistes creux recyclant leur imagerie sans l’inféoder à la logique d’un récit, à la vérité des personnages, Gondry met ici toute son inventivité visuelle (et elle est débordante) au service de l’histoire qu’il raconte. Non exempte de cruauté mais vibrant d’une croyance naïve en la permanence du couple et de l’amour, cette comédie romantique bariolée capte une profonde vérité de l’évolution du sentiment amoureux, dans ses instants d’euphorie, son étiolement progressif, sa persistance mémorielle, avec une poésie, une imagination, une tendresse couvertes d’un voile de mélancolie. Car sans bas pas de hauts, et sans heurts pas de bonheur possible : refuser les mauvais moments d’une relation, c’est comme aimer à moitié. Le film est ébouriffant et les deux acteurs très touchants.

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On est exactement dans la même veine, un soupçon de virtuosité et de grâce en moins. Gondry se fait plus que jamais fabriquant artisanal, inventant tout un bric-à-brac de collages poétiques, de carton-pâte et d’animations pour illustrer l’imaginaire enfantin, légèrement régressif, d’un type aux rêveries lunaires, en prise avec la peur que lui inspirent l’engagement et la maturité. Sa science des rêves modélise tout un laboratoire de créations sentimentales et émotionnelles, transformant les situations d’un vaudeville en une série de déprimes dues à une multitude de quiproquos et d’actes manqués. Là encore, le ton malicieux et chaleureux de Gondry fait plutôt mouche, touchant quelque chose d’assez juste dans les joies, les doutes, les hésitations du rapport affectif.

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Premier moyen-métrage du programme consacré à la capitale nippone, ce charmant petit conte fantastique témoigne de la faculté de son auteur à nicher ses préoccupations dans des projets qui ne lui appartiennent pas. À travers les recherches d’un artiste bohème qui triture la réalité, cherche à la plier à son imagination et enfume une salle de cinéma pour faire ressentir son œuvre, et surtout à travers la mésaventure d’une fille timide et angoissée qui s’évanouit littéralement dans le paysage urbain grouillant et finit par trouver sa place en se métamorphosant en chaise (!), le cinéaste questionne la nature du bonheur en faisant progresser sa fantaisie loufoque de l’angoisse sourde vers une étrange forme de poésie apaisée. Le volet le plus doux et le plus lumineux du triptyque.

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S’il fallait à Gondry un sujet qui convienne parfaitement à son art de la bricole et du bidouillage, c’était celui-ci. Car l’histoire illustre littéralement ce pour quoi le réalisateur semble être né : réinventer le déjà fait, construire des choses brinquebalantes avec les moyens du bord, y injecter l’artisanat le plus excentrique et voir comment elles prennent vie. Il fait ainsi l’éloge de la créativité, du passage de génération, de la solidarité communautaire, en dressant la chronique d’une banlieue new-yorkaise défavorisée où fleurit le même élan d’improvisation et d’enthousiasme. Un tel hommage au cinéma et à ses vertus est éminemment sympathique (d’autant que le fan de "SOS Fantômes" que je suis a de quoi jubiler pendant cinq minutes) mais le résultat, drôle et humble, est aussi inégal et assez brouillon

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En investissant le cadre d’une grosse production, qui plus est celui d’un film de super héros, le réalisateur y apporte une fraîcheur bienvenue. Le spectacle s’éloigne des approches initiatiques ou existentielles (souvent un peu lourdingues) habituelles et privilégie une légèreté floconneuse, retrouvant l’esprit charmeur des séries d’antan, avec ses gadgets délirants, ses figures pop, ses personnages colorés. Le divertissement est très plaisant, dopé par l’humour d’un duo de héros complémentaires qui érigent la chamaillerie canaille et l’amitié pudique en art de vivre. Mais c’est surtout la fin de l’adolescence comme horizon qui intéresse Gondry, cette maturité à la fois crainte et désirée et que la fantaisie et le décalage cherche toujours à retarder, pour mieux en accuser l’inéluctabilité.

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Gondry est français, et cette insertion surchauffée à la tchatche et à la chambre dans une bulle de jeunesse du Bronx un soir d’été a beau se dérouler dans un cadre totalement américain, c’est à certaines récentes expériences hexagonales que l’on pense en premier lieu : celles de Cantet ("Entre les Murs"), Kechiche ("L’Esquive") ou Letourneur ("La Vie au Ranch"). Pas une seconde de répit en tout cas, une attention, un plaisir et un intérêt sans cesse relancés par la circulation des affects et des jeux d’influence, par la célérité d’une mise en scène qui joue des effets rapides et concentrés, des micro-récits autonomes. Surtout, un éclairage très juste de la vie en groupe et de son intégration dans l’espace social, avec ce qu’il comporte d’émulation et de résilience, de tendresse et de cruauté.

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C’est un vrai plaisir de voir Gondry s’emparer du teen-movie et le peler de ses peaux habituelles pour n’en garder que ce qui fait sa personnalité : une bonne dose de bricolage, pas mal de candeur, une grosse louchée de fantaisie et beaucoup de tendresse. Son road-movie au ralenti sur les routes d’Yvelines désamorce les détails graveleux ou potaches qui dictent généralement les chroniques adolescentes et privilégie au contraire une tonalité lunaire, rêveuse, en accord avec les personnalités complémentaires de deux jeunes héros particulièrement débrouillards et attachants. Et si le cinéaste n’évite pas la gravité du réel (voir la conclusion douce-amère), c’est sa faculté à exprimer les choses sans vraiment les dire qui constitue le charme de cette ballade estivale, drôle et touchante ode à l’amitié.