Monteurs menteurs : quand le monteur s'en mêle, le sens se taille.

Annotation :

Une scène de viol par les blancs sur une jeune cannibalette a été coupée. Mais pas celui des cannibales sur la blanchette.
Résultat, d'un film coup de poing à vocation de dénonciation du colonialisme, on bascule vers la bisserie gratuite qui tache, la cannibalxploitation digne d'un Lenzi (par exemple, hein).

Annotation :

Scène de séduction sensuelle à travers les murs, dernière épreuve, dernière tentation du héros, qui, en résistant, prouvera sa droiture.
Remontage, et hop, cette scène se retrouve au début, avec en plus, le lendemain, la belle soubrette qui vient lui dire "je vous ai appelé hier à travers les murs", au cas où ce ne serait pas clair.
Un véritable gâchis. Heureusement, le film est assez puissant pour survivre à ce remontage des plus douteux.

Annotation :

Chez Eurociné, c'est une tradition, tous les films sont montés et remontés, un vrai plaisir pour les maniaques collectionneurs.
Malheureusement, le résultat pour cet excellent film est que la plus belle scène du film, le sacrifice de Christina à la Reine de la Nuit, intense, sensuelle, appuyée par un morceau de rock digne du Can des débuts, a été remplacée par une minable scène de zombies nazis filmée à la va-vite par Rollin. Et c'est cette version qui circule le plus.

Annotation :

Etrange cas où la version censurée dit quelque chose d'intéressant.
Le massacre final est montré dans la version complète, brutal, cru.
Mais dans la version censurée, après que Kinski ait dit "xxx dollars par tête, morts ou vifs...", ça coupe.
Et on voit Kinski au petit matin, le regard un peu mélancolique partir à cheval avec les autres gredins. Un plan sur la fenêtre qui reflète les chevaux s'éloignant, effet de focale et on aperçoit par transparence le tas de morts à l'intérieur.
A noter que, comme pour Blade Runner treize ans plus tard, les studios on imposé à Corbucci de tourner une autre fin car l'originale était trop sombre.
S'exécutant un sourire en coin et la rage au ventre, il accouche d'une patalonade digne du comique de geste d'un film de Chaplin, avec une image accélérée, où l'on voit d'un coup Trintignant shooter à tout va, éliminer tous les méchants à grands renforts de roulades et de gestuelle caricaturale. Comment a-t-il fait ? Mais grâce à une main mécanique, évidemment!!
Devant tant de mauvaise volonté, et un tel massacre, les studios ont laché l'affaire, tout simplement. Ridley Scott, par contre, a courbé l'échine et filmé une séquence crédible éclairant d'un espoir illusoire un film particulièrement sombre.

Annotation :

Exemple célèbre s'il en est un, une petite scène finale qui fait tout basculer.
Lors de la resortie de son film dans les années 90, Ridley Scott a d'ailleurs pu remonter la fin à sa guise, et donc couper la scène "en trop", magnifiant le final du film et assombrissant le film. Donc pas de happy end dans la vraie version, juste une indétermination glaçante pleine de sous entendus, une voix off lorsque Harrison Ford trouve l'origami.

Annotation :

Deux des scènes les plus extrêmes de ce long-métrage gore ont disparu de la plupart des bandes, laissant un vide maladroit à la place.
Ainsi, une jeune fille vomissant l'intégrale de ses viscères de façon très explicite disparait. Et le jeune homme qui se fait transpercer la tête en gros plan passe aussi à la trappe.
Du coup, ça laisse un arrière goût d'arnaque et de maladresse, toute la scène étant tendue vers son final absent.
Ca ne change pas spécifiquement le sens du film, mais ça reste un exemple de massacre notoire, car le film obéit à une structure onirique qui passe déjà souvent pour de la maladresse, alors si en plus on lui ajoute des coupes franches pour nourrir les détracteurs, rien ne va plus!

Annotation :

Exemple intéressant de film écorché par les projectionnistes!
En effet, tout le film est tendu vers son ultime scène. On a donc un beau film en noir et blanc avec un sous-texte sexuel très présent, et beaucoup de mystère autour d'une crypte et de ce qui s'y déroule, des cadavres de jeunes filles étant retrouvés tout le long du film.
Seulement voilà, à l'époque, les scènes aussi sulfureuses ne courraient pas les rues.
La légende veut que les monteurs, afin de préserver leurs spectateurs, ou simplement pour garder un souvenir, un bout de téton, auraient, parfois d'un coup, parfois petit à petit, fait disparaître cette scène où une femme se fait fouetter à mort, hurlant, mais dont seuls retentissent avec beaucoup d'écho les bruits de la lanière de cuir tressé, l'image brumeuse et l'excellente photographie accentuant le coté surréaliste et l'impact de la scène.
Légende urbaine, censure bienpensante de la part des cinémas de quartier ? Reste que même l'édition Mad Movies annonçant fièrement une version intégrale n'a pas su restituer la scène.
Pourtant, un DVD espagnol sorti quelques années avant a réussi l'impossible et a restauré le film, permettant aux fans de Jess Franco d'admirer cette magnifique scène qu'ils avaient longtemps imaginé à partir des quelques photos circulant.

Annotation :

Comme bon nombre des films de Franco, celui-ci "bénéficia" de plusieurs montages différents, afin de se soustraire aux foudres de la censure espagnole.
Ici toutes les scènes trop explicites, que ce soit en terme de violence ou de sexe, ont été amputée.
Sachant qu'une bonne part du climat de tension et du sentiment de désespoir provient de la violence ambiante le film se trouve réellement amoindri.
Pour compenser tout ça, Franco, à tort ou à raison, décide de raconter la version espagnole sous forme de flashbacks, ce qui rend le film paradoxalement plus linéaire, plus lisse.