Cover My own little field trip

My own little field trip

Cette liste existait à l'origine pour garder une trace de mon parcours au sein du bouquin Field Recording, d'Alexandre Galand, mais bien d'autres projets sont appelés à y figurer, le monde du field recording est très vaste ! Belles découvertes, extases ou déceptions maussades, tout sera ...

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63 albums

créee il y a environ 9 ans · modifiée il y a presque 6 ans

Mantra (Single)
7.4

Mantra (Single) (2000)

Sortie : 2000 (France). Electronic, Musique Concrète, Experimental

Single de Jean-François Laporte

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Première étape de mon petit voyage. Ici, le Canadien Laporte a enregistré ce qu'il considère être un des mantras de notre ère postmoderne : "une captation d'une seule prise de vingt-six minutes de vibrations d'un compresseur de refroidissement de patinoire.
Oui, c'en serait presque comique si le résultat n'était pas aussi fascinant. Hypnotique, le vrombissement permet l'atteinte d'une certaine forme de transe (je n'irais pas jusqu'à dire mystique, mais du moins pas commune). D'autant qu'il n'est pas uniforme pendant les 26 minutes d'enregistrement. Laporte a dû recommencer plus de deux cent fois sa prise pour pouvoir enregistrer la machine d'une façon musicale, c'est à dire en y mettant de lui-même, en tournant le micro autour, s'éloignant se rapprochant, modifiant les réglages d'enregistrement au cours de celui-ci...

Fascinant, donc, un vortex incomparable, et pas ennuyeux pour un sou.

Japan: Ainu Songs / Chants des Ainou

Japan: Ainu Songs / Chants des Ainou (1993)

Sortie : 1993 (France). Folk, World, & Country

Album de Various Artists

T. Wazoo a mis 4/10.

Annotation :

Dans mon petit voyage au coeur du vivant, escale au Japon, auprès des derniers représentants des Aïnous, ethnie sans terres débarquée il y a bien longtemps à Hokkaido sous l'emprise du Shogun. Il faut avoir écouté les chants Aïnou au moins une fois dans sa vie... l'impression d'entendre une vieille mémé frippée s'étrangler en rythme pour scander des chants de transmission.
S'il est tout à fait intéressant d'entendre ceci, sur le plan musical j'avouerai que j'ai arrêté le disque avant le dernier cinquième ; répétitif et assez éprouvant sur la durée, c'est néanmoins une expérience que je vous recommande, culturellement parlant !

Songs of the Humpback Whale
7.6

Songs of the Humpback Whale (1970)

Sortie : août 1970 (France).

Album de Dr. Roger Payne

T. Wazoo a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

On s'arrête cette fois-ci en plein océan, à la rencontre des baleines à bosse et de leur délicate plainte.
La première et la dernière piste, c'est à dire la plupart du disque en termes de durée, offrent un belle impression d'immensité. Ceci étant, les essais de compositions de Payne ne lui rendent pas vraiment service ; la piste ralentie n'offre rien d'intéressant, de même pour les "distant whales". Il est dommage aussi que la piste "Tower Whales" nous offre la moins belle des plaintes de ces baleines ; ça ressemble bien plus à un pet de cétacé.
Autrement, lorsque Payne laisse les baleines parler d'elles-mêmes, l'expérience est grisante !

Die Reise
5.9

Die Reise (1988)

Sortie : 1988 (France). Non-Music, Field Recording, Radioplay

Album de Herbert Distel

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

Très surprenant... Je n'aurais pas pensé qu'un enregistrement de train en marche puisse être si envoûtant. Au final, Die Reise est un excellent disque ambiant, et le témoignage d'une science du mixage assez extraordinaire de la part de Distel, qui mêle avec l'avancement des rails d'autres éléments, certains organiques d'autres purement électroniques. À réécouter lorsque les beaux jours reviendront pour de bon, en attendant carton plein pour moi.

Alexandre Galand décrit parfaitement la chose dans le bouquin : "L'enregistrement d'un train en route entre Zürich et Berne constitue le matériau de base de Die Reise. [...] Dister a élaboré une oeuvre dédiée à l'essence du voyage, qu'il soit géographique ou intérieur. [...] En plus du frottement des roues sur les rails, Herbert Distel a intégré différents éléments dont des voix lointaines ou le chant de cigales. Ce contrepoint naturel complète le phénomène sonore industrielle, et la confusion s'installe quand à l'identification de chacun des bruits. Les rengaines des insectes ne seraient elles pas des productions électroniques ? Le vacarme du train n'acquiert-il pas des qualités presque sensuelles ? [...] Petit à petit, le chemin de fer s'éloigne au profit d'effets électroniques ouatés et délicats qui mènent l'oeuvre vers un climat purement onirique."

Music From the Morning of the World: The Balinese Gamelan
7.4

Music From the Morning of the World: The Balinese Gamelan (1967)

Sortie : 1967 (France).

Compilation de David Lewiston

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Encore une belle surprise (et l'impression progressive de devoir enlever mes œillères de petit occidental) : la musique balinaise a sacrément la classe.
Pas étonnant que Debussy ait été charmé par les prouesses rythmiques de ces orchestres cérémoniels (ou autres) animés par une science impressionnante du contrepoint. Rythmiquement donc, il y a à boire et à manger là dedans, c'est assez époustouflant par moment, et si les mélodies sont répétitives elles se mettent de toute manière au service de la rythmique (et s'avèrent au pire dépaysantes). Seul reproche, mais qui vient de moi plutôt que de cette musique ; ça reste très différent de ce à quoi mes oreilles sont habituées, donc sur tout un album ça finit par être long.

Mention particulière au kecak, chant incroyable composé de percussions vocales, où tout le monde se met à imiter les cris de singes. Pas bordélique pour un sou, au contraire c'est très finement organisé et élaboré.

Resonant Spaces

Resonant Spaces (2008)

Sortie : 2008 (France).

Album de John Butcher

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

John Butcher est un saxophoniste. Mais sur Resonant Spaces, le saxophone est à peine l'instrument principal ; ce dont Butch joue, c'est aussi bien du saxo que du lieu dans lequel il enregistre. La particularité de son travail, c'est justement d'enregistrer dans des endroits à l'acoustique unique ; un mausolée, une grotte, un bunker...
Ainsi l'artiste fait avant tout chanter ces lieux exceptionnels, et se permet d'époustouflantes envolées (en utilisation la respiration circulaire dans une technique rappelant par moment les travaux de Colin Stetson) comme d'étranges expérimentations, entre cuivre et feedback.

Je conseille avant tout : "Calls From A Rusty Cage", "Close By, A Waterfall", "New Scapa Flow" et "Sympathetic Magic (Metal)"

Different Trains / Electric Counterpoint
8.1

Different Trains / Electric Counterpoint (1989)

Sortie : 3 mars 1989 (France). Modern Classical, Post-Modern, Contemporary

Album de Steve Reich, Kronos Quartet et Pat Metheny

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

I like trains.

Superbe découverte que cette composition de Steve Reich. On pourrait croire qu'il s'agit, dans le cadre de mon field trip, d'enregistrements de train, que nenni ! Ou si peu. Au contraire, il s'agit plutôt d'un quartet (le Kronos) qui s'échine à reproduire des sonorités de trains - ça s'avère être tout à fait dans leurs cordes - tout en mettant en musique des discours rapportés.
Et c'est là que se situe le véritable field recording, dans ces enregistrements tirés d'interviews de survivants d'Auschwitz. Reich travaille la "speech-music" et la dynamique qui en ressort est hypnotique et envoutante (comme la plupart des travaux de musique répétitive de Reich).

Pour ce qui est du Electric Counterpoints, il s'agit de Pat Metheny retranscrivant une belle oeuvre pour guitares de Reich. Et là surprise! Voilà que débarque la superbe mélodie qui illumine "Little Fluffy Clouds" de The Orb... Un de mes samples préférés, et voilà que l'ami Pat en est à l'origine !

En un mot comme en cent ; beau.

Negro Prison Songs From The Mississippi State Penitentiary
8.1

Negro Prison Songs From The Mississippi State Penitentiary (1958)

Sortie : 1958 (France).

Compilation de Alan Lomax

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

M'est avis que c'est pour parler de ce genre de musique qu'on a inventé le terme "vibrant". Des hommes, rayés jaune et noir, boulet noir au pied, peau noire sur les os, marteaux noirs à la main, perspectives d'avenir noires pour chants bleus enregistrés par l'homme blanc ; Alan Lomax.
Ces hommes, qui ne sortiront probablement jamais vivant de leur condition de bagnards (on est pas dans un film des frères Coens), chantent leur douleur et leur nostalgie de leurs voix magnifiques, qu'ils ponctuent par les coups de marteaux sur la pierre ou sur le fer ; seule percussion qui accompagnera ce blues décharné. Chants solidaires comme plaintes solitaires.

Pourquoi 7 alors ? Tout simplement parce que l'album n'est pas le but visé par une telle musique, il n'en est que le résultat d'une nécessité matérielle. On n'écoute pas les 17 chants d'une seule traite, ça n'aurait aucun sens ; on garde chacun d'entre eux pour une occasion particulière...

Jamaica Heinekens in Brooklyn
7.2

Jamaica Heinekens in Brooklyn (1999)

Sortie : 1999 (France). Field Recording, Ambient, Experimental

Album de Charlemagne Palestine

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Grande et belle surprise quant à ce disque que je redoutais un peu à vrai dire, à savoir un enregistrement d'un peu plus d'une heure sur une parade caribéenne qui prend place une fois par an dans les rue de Brooklyn. Je craignais que les enregistrements de foule ne me cassent les oreilles, sans même parler de la durée générale du truc.

... et en fait nan, c'est très bien. Une réécoute pourrait même transformer l'essai en un joli 8 bien rond. Le secret de Charlemagne ? C'est qu'il ne s'agit pas vraiment d'un disque de foule, mais bien d'un disque de drones dont émerge sporadiquement la foule. Et voilà, tout y est ; il est avant tout question d'une gigantesque plage d'un drone hypnotique, légèrement oscillant, qui laisse échapper en crescendo/decrescendo des enregistrements éparses de scènes de rue ; telle fanfare, telle chanson, telle altercation, telle conversation... L'heure passe toute seule, on en sort comme on émerge d'un rêve, avec l'impression d'avoir assisté à des scénettes particulière, mais sans vraiment parvenir à se rappeler lesquelles exactement...

Vaporeux mais marquant.

Moondog on the Streets of New York (EP)
7.3

Moondog on the Streets of New York (EP) (1953)

Sortie : 1953 (France).

EP de Moondog

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Qu'il est fort ce Moondog... Ici, le Viking de la 6ème avenue ne dispose pas encore de la visibilité qui lui permettra enregistrer des disques avec de véritables orchestres pour le soutenir. Il est donc ici seul, dans la rue, à jouer de ses instruments bricolés à la main, et le résultat capté par un preneur de son agoraphobe, est saisissant.

Au milieu des bruits de trafic, Moondog nous montre une fois de plus qu'il est un génie du rythme, mélangeant des formes moyenâgeuses (canon, passacaille...) comme modernes (jazz principalement) ; je peux vous dire que j'avais l'air d'un imbécile saisi de convulsion sur le quai de la gare ce soir au moment de l'écoute, pour peu qu'un badaud m'ait aperçu. C'est très court, bien trop court, et c'est bien le seul défaut du disque.

Microtexture

Microtexture (2012)

Sortie : 5 octobre 2012 (France).

Album de Concepts and Sounds

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Envoûtant ! Le seul défaut du disque est de représenter ses 20 pistes sans véritable liant, comme 20 vignettes sonores intéressantes. Le disque n'en est pas moins agréable à écouter, le travail sur le son est rudement bien mené, je perçois des éléments de Field Recording par ci par là, des grésillements, des bips et des blips, des plages de drones subtiles... Un bon disque en ambiant en somme.

Thanks à Angal pour la découverte !

Sferics / Music for Solo Performer

Sferics / Music for Solo Performer (2009)

Sortie : 2009 (France). Experimental, Electronic

Album de Alvin Lucier

T. Wazoo a mis 3/10.

Annotation :

Commentaire ne concernant que Sferics :

Alvin Lucier s'affaire ici à capter ni plus ni moins que les derniers sons terrestres. J'entends par là les derniers avant le vide spatial ; les crépitements et grésillement magnétiques qu'on retrouve dans les plus hautes strates de l'atmosphère (et aaauuu delàààà). De fait, il est intéressant d'écouter ces sons qu'on ne retrouverait nulle part ailleurs, enregistrés naturellement. Seulement l'intérêt musical à proprement parler est très limité ; il n'y a pas vraiment de structure, juste une place de grésillements parfois assez désagréables.

Bongo Joe
7.1

Bongo Joe (1992)

Sortie : 30 octobre 1992 (France).

Album de George Coleman

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

George Coleman est un pianiste chanteur percussionniste de jazz... oui certes. Et encore, occasionnellement. Car George Coleman, c'est surtout Bongo Joe : un extraordinaire performeur de rue. Armé de ses bidons d'huile personnalisés, Joe tambourine avec un style et un son percussif unique qu'il accompagne de sa magnifique voix abîmée. Musicien renommé (il jouait dans la rues par choix, non par nécessité), Joe s'illustre surtout comme showman accompli, scandant des textes hilarants, narrant des histoires absurdes en multipliant les personnages et les points de vue... et les tambours de battre fiévreusement la mesure. Ah oui, Coleman pour ne rien gâcher est également un superbe siffleur.

À cette musique exaltée, il ne manque en fait que les images... On a l'impression de rater la moitié du spectacle. En attendant, si le disque garde un côté frustrant pour cette raison, l'audio est d'une qualité suffisante pour que n'importe quel curieux qui se respecte aille y jeter une oreille.

"I wish I knew just how to siiiiing... yeah !"
https://www.youtube.com/watch?v=zvlgh9hWJRs

Innocent Little Doggie, sa piste la plus culte :
https://www.youtube.com/watch?v=fqIlHzpjQ_E

Primal Image
7.2

Primal Image (1995)

Sortie : 1995 (France). Vocal, Pop, Ballad

Album de Alan Lamb

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

A priori la découverte la plus spectaculaire, jusqu'à présent, de mon petit voyage microphonique. Ecouté deux fois, et la deuxième écoute était encore plus épatante que la première.

L'histoire de cette musique, déjà, fascine. Alan Lamb est un physiobiologiste à la base, mais du genre à aimer poser ses oreilles contre les poteaux téléphoniques pour écouter le "chant des fils". En disposant astucieusement ses microphones, Lamb est capable de passer des heures et des journées entières à écouter les câbles chanter, fasciné par l'amplitude des sons qu'il y trouve et par la façon dont le moindre contact est capable de leur tirer une superbe plainte... une araignée qui court sur le fil, le vent qui souffle... tout ceci apporte à Lamb un matériau varié de sons, qui peut ensuite monter en studio.

Et franchement, en écoutant ce Primal Image (né de captations sonores brutes, sans que lui-même agisse sur les câbles), je comprends ce vortex qui aspire monsieur Lamb. L'amplitude, l'intensité du monde sonore que relayent ces câbles téléphoniques est fabuleuse. Quand on pense que d'autres s'embêtent avec des tonnes de machines alors que le Graal est à portée de main... Je reprends ici la métaphore très parlante d'Alexandre Garland ; comme l'impression d'être caché dans la coque d'un vaisseau spatial tandis qu'au loin une bataille spatiale fait rage. L'angoisse monte, l'adrénaline aussi, et ces longs moments de calmes trompeurs ne font que cacher l'inévitable : une rafale métallique qui nous cloue au sol et contre laquelle on ne peut plus rien faire.

Aussi vaste que The Place Where the Black Star Hangs, de Lustmord, pourtant déjà parmi mes préférés.

Storm

Storm (2006)

Sortie : 13 novembre 2006 (France). Electro/techno

Album de Chris Watson et BJ Nilsen

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Décidément, période faste en termes de Field Recording en ce moment... Ici, vous l'aurez peut-être compris au vu du titre ; il s'agit de tempête. BJ Nilsen et Chris Watson, deux grands noms du genre, s'attaquent - grâce à des prises de sons diverses allant d'une mer agité à des zones de cyclones - à retranscrire ce qui ressemble à une scène quasi-apocalyptique, d'où les hommes sont exclus - peut-être déjà morts...? On entend des oiseaux, d'étranges cris de morses (ou phoque j'y connais rien), le reste n'est pas audible, pas vivant, seuls règnent le vent, le déluge, les vagues qui se brisent sur les falaises branlantes... la tourmente sous toutes ses formes.

J'ai eu une pensée marrante en approchant de la fin de Storm ; je me suis dit que de tous les disques "abstraits" de Field Recording que j'avais écouté jusqu'à présent (entendre par abstraits ceux qui ne sont pas des enregistrements de musique traditionnelle et/ou ethnique), celui-ci était le plus direct, le plus accessible, le plus satisfaisant et peut-être le plus gratifiant. C'est comme si les deux lurons savaient exactement quand pousser le volume à fond en plein vent pour que je prenne mon pied et que j'aie l'impression que mon cul se décolle de ma chaise. De même, et ce dès les premières secondes, il y a la sensation vivace de sentir le vent à même la peau. J'ai vraiment eu l'impression d'être sur la côte bretonne en pleine bourrasque, et renifler les relents salés de la mer en contrebas. Ça c'est de l'immersion où je ne m'y connais pas ! Grand disque, par deux grands maîtres du son qui savent totalement ce qu'ils fond. Il faut dire que leur sujet parle pour eux. Grandiloquent, mais surtout terrassant.

Weekend (EP)

Weekend (EP) (1994)

Sortie : 1994 (France). Hip Hop

EP de Walter Ruttmann

T. Wazoo a mis 5/10.

Annotation :

"Tout ce qui est audible dans le monde devient du matériau à exploiter."

Ce Week-End (Wochende dans le langage local) constitue la première tentative connue d'exploitation des sons du réel et de montage au sein d'une démarche explicitement artistique. Il s'agit donc d'une "tranche de vie", dans laquelle en moins d'une douzaine de minutes Walter Ruttman - cinéaste de profession - concasse 240 bouts de sons pour constituer l'ambiance de Berlin d'un samedi après-midi au dimanche soir.

Je dois avouer qu'à la première écoute la richesse de ce disque ne m'a pas frappé, mais je compte bien retenter le coup en me concentrant un peu plus.

Sounds of North American Frogs

Sounds of North American Frogs (1958)

Sortie : 1958 (France). Non-Music, Field Recording, Education

Album de Charles Bogert

T. Wazoo a mis 2/10.

Annotation :

Le premiers enregistrements de Field Recording étaient des sons d'animaux, regroupés dans une volonté de classification encyclopédique. Il n'y a donc que très rarement une démarche artistique derrière. Ce Sound of North American Frogs ne fait pas exception à la règle ; il s'agit tout bêtement d'enregistrements de différentes espèces de grenouilles et de leur différents cris. Avec à chaque fois la voix de monsieur Bogert qui nous introduit l'échantillon sonore en décrivant ce que nous nous apprêtons à entendre. Pour tout vous dire, c'est assez amusant au début, mais putain j'aurais jamais dû essayer d'écouter ça en entier... C'est un disque d'archiviste, rien de plus, n'attendez pas de prendre un plaisir particulier à son écoute.

Crystal

Crystal (1990)

Sortie : 1990 (France). Electronic, Experimental, Abstract

Album de Harry Oldfield

T. Wazoo a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Oh ! Encore un disque insoupçonné (merci non-sens pour le conseil). Il s'agit ici d'un mode d'enregistrement assez particulier ; le scientifique Harry Oldfield balance des ondes électromagnétiques sur différents cristaux pour produire une résonance particulière et ainsi nous présenter des compositions musicales... ou pas. Car le disque est composé d'une bien étrange façon : la moitié des pistes est purement stridente et donc relativement inaudible (de toute évidence une captation pure et non remaniée), l'autre moitié compose de superbes pistes ambiantes. Et encore, c'est sans compter les sept morceaux finaux, tous atroces à écouter - là encore, ils n'ont à mon sens qu'une valeur informative, testant différentes fréquences d'ondes sur du quartz.

En somme un disque à moitié désagréable... mais aussi à moitié fascinant. À ce titre, les 15 minutes de la piste "Energy Is Eternal Delight" est à ranger parmi les plus beaux fragments d'ambiant qui soient. Libre à vous de vous faire votre propre cut du disque pour n'en garder que les pièces composées...

Dix-sept minutes

Dix-sept minutes (2002)

Sortie : 2002 (France). Electronic, Musique Concrète

Album de Michel Chion

T. Wazoo a mis 4/10.

Annotation :

Je manque d'infos sur le background de ce disque ; il s'agit vraisemblablement de 17 minutes d'un montage de "musique concrète", contenant des sons éparses, des échos de voix lointaines, ce qui ressemble à des doigts grattant des cordes métalliques, coupés régulièrement par des inserts sauvages.

Quant au ressenti, j'hésite entre l'hypnotique et l'ennuyeux... C'est quand même trop obtus à mon goût, même si je sens que j'y reviendrai à l'occasion, pour en avoir le coeur net.

Baikal Ice (Spring 2003)

Baikal Ice (Spring 2003) (2004)

Sortie : 2004 (France). Non-Music, Field Recording

Album de Peter Cusack

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Peter Cusack n'a pas froid aux yeux. Littéralement, puisqu'il s'amuse à enregistrer ses voyages pour en faire des pièces sonores représentant ce qu'il nomme ses "Sounds of Dangerous Places". Le mec a déjà fait des trips sur l'ancien site de Tchernobyl juste pour le fun, m'voyez ? Ici, dans sa quête de la retranscription d'atmosphères, c'est le Lac Baïkal qui se voit observé par le preneur et monteur de son.

Et force est de constater que le résultat est plutôt plaisant. On est loin de ressentir le "danger" du lieu, mais les très longs enregistrements d'eau qui coule ont pour eux une qualité immersive immédiate ; on se sent projeté en Russie, à flotter au milieu des glaçons infinitésimaux qu'on entend gigoter dans l'eau, comme une douce pluie de glace. Les intermèdes présentant Cusack se balader dans les environs et rencontrer les locaux constituent de sympathiques transitions, jusqu'à ce qu'on se retrouve à nouveau à écouter le Lac bavarder avec le micro de Peter.

/!\ Attention, il est possible que vous ressentiez le besoin pressant de vous rendre aux toilettes à l'écoute de ces enregistrements d'eau qui coule /!\

Grains of Voices

Grains of Voices (1997)

Sortie : 1 mai 1997 (France). Non-Music, Field Recording, Radioplay

Album de Åke Parmerud

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je dois à ce petit bonhomme un des premiers contacts les plus forts de cette liste. Faut dire que ça commence très fort ; on est directement assailli par des cris et autres voix déformées sur fond de spoken-word sur la genèse. Y a de quoi être destabilisé. Malgré un ventre mou, le disque est assez fascinant, son utilisation des voix prend au corps, et ce final mon Dieu...

Pour expliquer rapidos le concept : il s'agit d'un bonhomme, Ake Parmerud, Suédois de son état (au physique de rock-star), qui s'est mis dans le crâne de raconter une espèce d'histoire de la vie avec des samples de voix chopés à différents endroits du globe. On commence avec la genèse de la voix, on finit par le silence... entre les deux ça vocalise. Les samples sont prélevés du Vénézuéla, des îles Fidji, de l'Australie, de l'Inde, du Tibet, du Bali et forcément de la Suède. Grâce à mes voyages précédents, j'en ai reconnu deux ou trois.

Parmerud est suffisamment aimable pour nous donner dans la suite de son disque les échantillons de voix séparément pour qu'on puisse s'y retrouver, sur 15 pistes différentes (mention spéciale à l'avant dernière, les cérémonies tibétaines raaah ♥)

Egg Fry #2 (EP)

Egg Fry #2 (EP) (2009)

Sortie : 2009 (France). Non-Music, Field Recording, Abstract

EP de Lee Patterson

T. Wazoo a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un des projets les plus anodins de cette liste au premier abord : écologiste sonore du quotidien, Lee Patterson sacrifie un de ses micros pour nous offrir pendant 15 minutes une prise de son d'un oeuf sur le plat, jusqu'à son inexorable refroidissement.

Anodin, mais étonnant de richesse. Patterson ne s'y trompe pas avec sa démarche ; de véritables microcosmes peuvent exister dans les endroits les plus inattendus, et c'est effectivement un véritable petit monde sonore que l'on trouvera dans cet oeuf exposé au supplice de la cuisson. Ça croustille, ça se craquèle, ça bout, ça crépite... une myriade de sons divers viennent nous assaillir et l'expérience est assez délicieuse (si vous me permettez l'adjectif) surtout pour une prise non-retouchée.

Big Meeting

Big Meeting (2011)

Sortie : 7 mars 2011 (France). Contemporary, Classical

Album de David Lumsdaine

T. Wazoo a mis 4/10.

Annotation :

Je m'explique assez mal mon ressenti négatif face au disque de David Lumsdaine. Pourtant Big Metting avait tout pour plaire, un voyage dans une petite ville anglaise, en diverses étapes allant du traditionnel "pittoresque" à la scène anodine. Mais rien n'y fait, je n'ai pas du tout été transporté, les scènes de vie ne m'ont pas parlé plus que ça, même si l'hymne des mineurs est plutôt beau, et les expérimentations concrètes de Lumsdaine m'ont semblé assez quelconque voire parfois pleinement irritantes.

Je me serai ennuyé... peut-être le contexte ne s'y prêtait-il pas, je devrais réessayer sûrement, un jour, m'enfin.

Osorezan

Osorezan (2007)

Sortie : septembre 2007 (France). Non-Music, Field Recording

Album de Éric Cordier

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Dommage qu'Osorezan finisse par souffrir sur la longueur de sa trop grande diversité (les enregistrements géologiques au coeur d'un volcan cotoient allègrement les prises de sons humaines, citadines, ou mécaniques, sans qu'un véritable lien s'établisse), car il y a de très belles choses ici, et les enregistrements pris individuellement sont de qualité.

Les enregistrements collectés au péril de la vie de mister Cordier valent bien quelques cheveux grillés, comment autrement aurait-on pu avoir ce spectacle bouillant de bulles de gaz qui explosent ? À défaut de portraits de lave, c'est bien le gaz qui est à l'honneur.
Les enregistrements "humains" (la triplette du "Feu") est bien réussie aussi, on se prend à écouter ces conversations de petite foule, qui ressemble à du charabia à la Jacques Tati.
La très longue "Par temps sec" est celle qui m'a fait décrocher en revanche, mais je ne lui en tiens pas rigueur, il aurait mieux valu que j'écoute cette prise de son pure d'un début d'après-midi estival la nuit, dans mon lit, avec les yeux fermés.

En somme, c'est un très bon disque de Field Recording, mais il est difficile de trouver un moment où on est prêt à s'enfiler trois ou quatre types de compositions aussi différentes que celles-ci.

Big Sun
7.4

Big Sun (2015)

Sortie : 9 mars 2015 (France).

Album de Chassol

T. Wazoo a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Encore une entrée un peu capillotractée sur cette liste, pour les mêmes raisons que Steve Reich : beaucoup des morceaux que compose Chassol sont basés sur l'enregistrement de samples vocaux par des Martiniquais. À partir de ces samples, le français tisse des harmonies pour habiller de la plus charmante des manières son disque. On retrouvera également des samples d'oiseaux, des bruits de fêtes, de carnaval, divers klaxons etc. Tout cela s'appelle de "l'ultrascore", conceptualisé par Chassol himself et c'est vraiment coolos.

Avis plus détaillé dans la critique à venir.

Whale Music

Whale Music (2008)

Sortie : 2008 (France). Jazz, Electronic, Future Jazz

Album de David Rothenberg

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C'est l'histoire d'un mec qui jammait avec des baleines. En fait j'ai pas besoin d'expliquer le principe vu que la pochette le résume parfaitement : monsieur Rothenberg joue, c'est retransmis aux baleines, les baleines répondent, c'est capté et renvoyé à David, et ainsi de suite. Fallait y penser !

Le pire c'est que ça a l'air un peu bullshit comme ça, mais l'air de rien c'est très bon ! Je doute que toutes les pistes soient des captations brutes (certaines oui), ça semble retravaillé en studio derrière la plupart du temps, même si le matériau de terrain en est le socle de base. Le résultat est envoûtant, soit les baleines répondent bien et on peut vraiment sentir qu'il y a un dialogue musical entre les deux parties (c'est juste magique), soit les sons captés sont intégrées à des compositions simili-free-jazz de Rothenberg. Quoi qu'il en soit, il ressort un grand calme de ce disque, on oscille entre les eaux incertaines et la plus grande sérénité. Du jazz baleineux, c'est pas tous les jours, quand en plus c'est bon...

Merci à Khamsou pour la découverte !

Bell Recordings (EP)

Bell Recordings (EP) (2014)

Sortie : 5 mai 2014 (France).

EP de Escape Hatch

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Comme le titre le fait savoir, il s'agit d'un bref disque d'ambiant entièrement basé sur l'enregistrement et la manipulation de sons de cloche (si je l'avais pas su, j'aurais pas reconnu). Un bon disque ambiant, ça marche bien leur truc.

Trouvable gratuitement sur bandcamp au milieu d'autres enregistrements de ce type sur le label Midnight Circles, je vous recommande la visite :
http://midnightcircles.bandcamp.com/music

Ancient Japanese Court Music
7.8

Ancient Japanese Court Music

Sortie : 0001 (France).

Album de [traditional]

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Comme l'indique encore le titre, il s'agit d'enregistrement de musique de court japonaise traditionnelle. Le résultat est sacrément hypnotisant : il s'agit majoritairement de longues plages instrumentales en forme de drones, entrecoupées de coups de tambour. Tout con, mais purée ils savent y faire pour fasciner.

Le seul reproche que je pourrais faire est que les pièces sont relativement similaires (au premier abord) et très longues. Je conseille plutôt une écoute espacée par petits bouts sous peine de finir avec un mal de crâne à force de flûtes stridentes.

Thanks to heudé2 pour the découverte

Wind [Patagonia]

Wind [Patagonia] (2007)

Sortie : 22 septembre 2007 (France).

Album de Francisco López

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Montage de Francisco Lopez sur les vents terriblement puissants du désert de Patagonie ; une heure de vents tout en crescendos et decrescendos. L'expérience est intéressante, sans être grisante. Je ne doute certes pas de la toute puissance de ces vents, en revanche (comme trop souvent dans ce genre d'enregistrement) le résultat demeure trop monochrome, surtout au bout d'une heure de souffles. Le côté "enregistrement pur" le rend plus faible soniquement que d'autres enregistrements de vents certes moins amples, mais boosté et enrichis en studio par une meilleure maîtrise du son et l'ajout d'autres sonorités (le plus souvent électroniques).

Quoiqu'il en soit, ça reste super à écouter en découvrant le chapitre 1 de la Horde du Contrevent ♥

Soundmatters

Soundmatters (2007)

Sortie : 2007 (France). Experimental, Electronic

Album de Jean-François Laporte

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'avais déjà écouté le "Mantra" de Jean-François Laporte ; 25mn d'une impressionnante prise de son d'un compresseur de refroidissement de patinoire. C'était déjà cool - et hypnotique. Maintenant la compile entière.

Et ben quel compositeur sonore ce Laporte, je n'en attendais pas autant, Mantra étant réputée la meilleure. Un peu de track-by-track vu que c'est une compile :

-Electro Prana : Une leçon de vent maîtrisé (au contraire du longuet "Wind [Patagonia]" précédait), avec un souffle mâtiné d'électronique qui glace plus efficacement en 5mn que l'autre en 58. Un peu trop court tout de même, ça aurait pu s'étendre !
-Boule Qui Roule... avec un titre pareil on aurait pu ne rien attendre et ne rien obtenir, pourtant c'est peut-être le morceau le plus intéressant et réussi du disque. Je ne sais pas comment Laporte a obtenu certains de ces sons, mais ça flirte avec l'inaudible (dans le sens "au delà de l'audible"), j'avais ma gorge qui se serrait et la poitrine qui se compressait rien qu'à écouter ces 7' indescriptibles. Un peu comme si le Sferics d'Alvin Lucier avait eu un intérêt musical en somme...
-Dans le Ventre du Dragon : peut-être la piste la plus stylée. Laporte s'empare de plein de cuivres (les instruments pas le métal, dans cette liste vaut mieux préciser), embarque tout ça dans le ventre d'un énorme bateau métallique et fait résonner ses instruments. Avec le montage studio derrière, le résultat est juste décapant, ça fuse, ça rebondit, ça se chevauche, il y en a pour toutes les hauteurs, tous les timbres. L'impression d'assister à une préparation épique de bataille. La pièce la plus accessible, probablement.
-La plénitude du vide est très complexe à décrire... la pièce qui nécessite le plus une écoute calme et contemplative. Le mec s'est inventé des instruments à la texture extrêmement étrange (et unique, vous n'avez jamais entendu ça ailleurs, promis) et les fait jouer au quatuor de saxophone de Quasar. Une pièce lente de superposition de textures inédites avec des drones métalliques et des trucs qui ressemblent aux sirènes du Ionisation de Varèse.
-Mantra : j'ai déjà dit tout le bien que j'en pensais.

Très sûrement une des plus intéressantes découvertes de cette liste. Et le meilleur est à venir...

T. Wazoo

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