Paul Léautaud (1872-1956) - Journal littéraire (notes)

Mes notes de lecture du 'Journal littéraire' de Paul Léautaud, dans l'édition du Mercure de France de 1998. Seconde lecture, après celle d'août 2013 (sans prise de notes, semble-t-il) dans l'édition Folio.
(Les ouvrages sélectionnés peuvent avoir avec les notes auxquelles elles sont attachées ...

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88 livres

créee il y a presque 3 ans · modifiée il y a 5 mois

Journal littéraire (choix de pages)
8.4

Journal littéraire (choix de pages)

Sortie : 6 juin 2013 (France). Journal & carnet

livre de Paul Léautaud

Le Rouge et le Noir
7.2

Le Rouge et le Noir (1830)

Sortie : 1830 (France). Roman

livre de Stendhal

Annotation :

Page 10 : [1894. 28 octobre] [LECTURE] [STENDHAL]
« Julien Sorel. Presque un modèle ! »
Page 207 : [1911. 16 août] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Je viens de relire, tous ces derniers jours, Le Rouge et le Noir, d'une singulière façon : en commençant par le second volume. J'en sors émerveillé. C'est à croire que je ne l'avais jamais lu. Dire qu'on a pu dire que c'est mal écrit. C'est écrit merveilleusement. Je dis bien : mer-veil-leu-se-ment. Moi, c'est le style des Gautier, des Flaubert, de Pierre Louÿs, des France que je trouve déplorable, par tous ses côtés artistes. »

L'Unique et sa Propriété
7.8

L'Unique et sa Propriété (1844)

Der Einzige und sein Eigentum

Sortie : 1844. Essai, Philosophie

livre de Max Stirner

Annotation :

Page 11 : [1895. Décembre] [ÉCRIRE] [LIRE]
« Arriver à quarante ans avec un millier de vers dont la beauté me mérite d'être bafoué, voilà ma seule ambition.
Tout ce qui est l'autorité me donne envie d'injurier.
C'est une force que n'admirer rien.
Lire... cela m'est une vraie souffrance. »

Comment j'ai écrit certains de mes livres
7.9

Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935)

Sortie : 1935 (France). Essai

livre de Raymond Roussel

Annotation :

Page 13 : [1897. 26 mars] [LECTURE]
« Il y a toujours une chose qui m'intéressera plus que les œuvres mêmes des écrivains : c'est la façon dont ils les écrivent, ce sont les sentiments, sincères ou imaginés (supérieurs, ces derniers), qui les animaient en les écrivant. Quant ils écrivent, je voudrais pouvoir les voir.
Il y a des auteurs que je ne connais pas, à qui je n'ai jamais parlé. Je les ai seulement lus, mais quand je pense à eux, je me dis: mon cher Jammes, mon cher Gide.
Parce que j'avais trop lu dans les poètes le mot : rêver, combien d'heures j'ai passées accroupi dans mon fauteuil, et sur moi-même. »

Le Balcon
7

Le Balcon (1960)

Sortie : mai 1960. Théâtre

livre de Jean Genet

Annotation :

Page 14 : [1898. 5 juin] [LECTURE]
« Je pleure encore en me récitant Le Balcon. » [poème des Fleurs du mal (Spleen et Idéal) de Charles Baudelaire]

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs! ô toi, tous mes devoirs!
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses.
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeur rose.
Que ton sein m'était doux! que ton cœur m'était bon!
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux par les chaudes soirées!
Que l'espace est profond! que le cœur est puissant!
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux par les chaudes soirées!
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle. Ô douceur! ô poison!
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles,
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes
- O serments! ô parfums! ô baisers infinis!

Écrire
7.1

Écrire (1993)

Sortie : septembre 1993. Essai, Autobiographie & mémoires

livre de Marguerite Duras

Annotation :

Page 14 : [1897. 17 octobre] [ÉCRIRE]
« Et puis, il serait temps d'écrire sans s'occuper des autres livres. Après tant de réflexions, d'essais, je dois posséder ma manière, ou bien je ne la possèderai jamais. Il serait temps d'écrire tranquillement, librement, comme si j'étais seul vivant. Quittons le souci des livres, des maîtres. C'est de trop penser à eux qui m'a paralysé jusqu'ici. Soyons nous-même, si c'est possible, si c'est possible... »
Page 15 : [1897. 4 septembre] [ÉCRIRE]
« Se défier (...) de tous les styles dits grands styles. Ne pas faire de phrases faciles, fades. Au contraire, des phrases dures, sèches, même rudes. Une harmonie se dégage aussi de ces phrases.
Simplifier, sans cesse.
Le moins possible d'épithètes.
Une phrase tendre et chantante par-ci par-là, comme un sourire voilé, atténuera. »
Voir Scutenaire : "Le Grand Style".
Page 375 : [1928. 8 mars] [ÉCRIRE]
« Un écrivain doit écrire pour lui d'abord, et non pour les autres. Les gens qui prêchent sont assommants. »
Page 847 : [1949. 25 novembre] [ÉCRIRE]
« Je n'écris pas pour des lecteurs. J'écris pour moi. »
Scutenaire, cependant : « Je lis un ouvrage pour mon compte et non pour celui de son auteur. »

Vers et prose

Vers et prose

Sortie : 1 novembre 1998 (France). Poésie

livre de Stéphane Mallarmé

Annotation :

Page 16 : [1898. 10 septembre] [LIBRAIRIE] [PERRIN Émile]
« (...) j'allais chercher chez Perrin un exemplaire de Vers et Prose [de Stéphane Mallarmé] (...). »
Émile Perrin crée les éditions du même nom en 1884 (par rachat du fonds de la Librairie Académique et séparation d'avec Plon et Nourrit) (Diescepolo)
Page 508 : [1932. 13 août] [GAILLANDRE] [LIBRAIRIE]
Évocation de la librairie Gaillandre. Alentour du quai Malaquais.
Page 564 : [1935. 24 octobre] [DEMORÈS Eva] [GIRARD Henri] [LIBRAIRIE]
« J'avais depuis plusieurs années, dans mon bureau du Mercure [de France], un buste de Coppée (...), que m'avait donné la librairie [sic] de la rue Saint-Sulpice, Mlle Demorès, héritage de son prédécesseur Henri Girard, l'ami de Huysmans. »
[Mademoiselle Eva Demorès, libraire, 7, rue Saint-Sulpice, Paris.]

Ecrire

Ecrire

à l'épreuve du politique

Sortie : 1 janvier 1992 (France).

livre de Claude Lefort

Annotation :

Pages 23-24 : [1901. 18 mars] [ÉCRIRE]
« D'ailleurs, qu'est-ce, vraiment, qu'un grand écrivain ?
(...)
Ce n'est pas tout de bien écrire, il faut encore que sous les mots passe une sensibilité.
On ne me comprend pas quand je reproche à certains styles de n'avoir rien de troublant...
Et puis, l'insupportable ennui que dégage la perfection...
Tandis que...
La négligence, une certaine négligence est un grand principe, motif, d'art.
(...)
Et puis, après tout...
La perfection, la perfection de la forme surtout, qu'est-ce d'appréciable ? »
Page 609 : [1938. 1er avril] [ÉCRIRE]
« Il y a longtemps que j'ai cette opinion, depuis ma jeunesse, et je ne sais si je l'ai jamais noté : un écrivain ne doit pas avoir de dictionnaire. Toute recherche d'un mot, même s'il en est besoin, est une atteinte au naturel. On doit écrire avec les mots qu'on connaît, qu'on a dans la tête, qui vous viennent naturellement. »

L'Art romantique
7.8

L'Art romantique (1852)

Littérature et musique

Sortie : 1852 (France). Peinture & sculpture, Musique

livre de Charles Baudelaire

Annotation :

Page 29 : [1902. 13 décembre] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Quand j'ai envie de lire, c'est toujours les mêmes livres qui m'attirent : la Vie de H. B [Henri Brulard] – les Souvenirs d'Ég. [Égotisme] – la Correspondance de St. [Stendhal] ou l'Art romantique [de Charles Baudelaire]... »

Écrire Madame Bovary
7.7

Écrire Madame Bovary (2009)

Lettres, pages manuscrites, extraits

Sortie : février 2009. Correspondance

livre de Gustave Flaubert

Annotation :

Page 30 : [1902. 16 décembre] [ÉCRIRE]
« Autrefois, c'est-à-dire il y a quelques années, je n'aurais pu écrire sans parler ma phrase tout haut (genre Flaubert). Puis, je me suis trouvé obligé d'écrire silencieusement... C'est une meilleure méthode, en ce sens qu'on trouve moins porté à faire de la rhétorique. Il faut s'apprendre à écrire en silence, se forcer à se taire. »

Travailler, moi ? Jamais !
7.8

Travailler, moi ? Jamais !

Sortie : octobre 2005 (France). Essai

livre de Bob Black

Annotation :

Pages 41-2 : [1903. 6 mai] [ÉCRIRE] [LIRE] [TRAVAILLER]
« Serais-je donc romanesque ? Je relisais ce matin dans la Vie de Henri Brulard [de Stendhal] le passage du « moment de génie ». C'est tout à fait mon cas. Quand écrire devient un travail, j'enverrais tout au diable. Et pourtant, j'ai une volonté extrême. J'ai quelquefois recommencé dix fois la même page, le même chapitre. J'étais malheureux comme les pierres. Cela ne faisait rien. Je recommençais.
Je n'ai aucune confiance en moi. Il faudrait que j'aie la force de ne rien lire, de croire en moi, et en moi seul, comme si seul j'écrivais. Et puis commencer, le commencement de quelque chose, voilà le plus difficile. Quelle corvée, les premières phrases. »
Page 158 : [1908. 7 février] [LECTURE] [PARESSE] [PAUVRETÉ] [TRAVAIL]
« Il me semble quelquefois que ma vie devient une singulière chose. Plus je vais, plus je travaille, et je n'en suis pas plus riche. Autrefois, j'étais pauvre. Au moins, je ne travaillais pas autant. Surtout je ne travaillais qu'à ce qui me plaisait. Où sont mes bonnes heures de rêverie de ce temps-là, mes bonnes heures de lecture, mes bonnes promenades dans Paris ou dans mon quartier, le soir ? J'y ai sans doute gagné d'avoir l'esprit plus éveillé, plus en mouvement. Je le vérifie souvent. N'empêche que je regrette un peu ma paresse passée, qui avait ses charmes. »
[Voir aussi pages 187-8]

Hygiène
6.7

Hygiène (1887)

Sortie : 1887. Aphorismes & pensées, Journal & carnet

livre de Charles Baudelaire

Annotation :

Pages 54 ; 56 : [1904. 4 janvier] [HYGIÈNE] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« J'ai fait acheter le Thomas Graindorge* à mon [élève de français] Chinois. Cela m'a fait relire le mien. J'y trouve un grand plaisir. C'est un vrai livre. »
« L'influence des gens qu'on fréquente. (...) Tout comme (...) le spectacle, le voisinage, la fréquentation d'un homme actif, alerte, d'humeur vive, un peu chaude, vous donne du cœur et de l'esprit au travail. Il y a certainement une hygiène de société comme il y a une hygiène de lecture, – ces livres qu'il faut bien se garder de lire, si admirables qu'ils soient ou qu'on dise qu'ils soient. »
* Vie et opinions de Frédéric Thomas Graindorge, docteur en philosophie de l'université d'Iéna, principal associé commanditaire de la maison Graindorge et Cie (huile, porc salé à Cincinnati, U.S.A.) (1867) de Hippolyte Adolphe TAINE (1828-1893)

Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R***
6.8

Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R***

Roman

livre de Crébillon fils

Annotation :

Pages 66-7 : [1904. 16 avril] [LECTURE] [LECTURE (à voix haute)] [LECTURE (pratique de)]
« Dîner chez Schwob (...). Il me parle de Crébillon. (...) : Lettres de la Marquise de M... au Comte de R..., 2 vol., 1735. Il me lit la première de ces lettres*, une lettre admirable de finesse, d'élégance, de féminité (la Marquise au Comte). Lecture faite d'une façon merveilleuse, toutes les nuances de l'esprit de l'épistolière observées, rendues. Un vrai plaisir d'entendre lire de cette façon.
(...) Il me lit aussi une page de Foë : Royal Gin. Le Suicide admirable d'ironie et d'humour. De la quintessence de Baudelaire, comme il dit. On voit tout de suite, à cette lecture, la filiation de Poe avec Daniel de Foë.** »
* « Je ne sais pas si vous vous souvenez que nous n’avons lié ensemble qu’un commerce d’amitié; je vous ai promis la mienne de bonne foi, et je serais fâchée qu’en me demandant ce que je ne puis vous donner, vous m’obligeassiez à vous refuser ce qui dépend de moi. Quoique jeune, vous devez croire que je suis instruite, et qu’un mari doit m’avoir appris ce que ce peut être qu’un amant. Mes réflexions, l’exemple, les conseils de quelques personnes éclairées m’ont donné ce que les autres n’acquièrent que par l’expérience; et tout cela, sans avoir le chagrin des épreuves. Je sais donc, à vue de pays, comment sont faits les amants, et je meurs de peur que vous n’en soyez un. Vous m’avez écrit presque sans besoin, et je crois découvrir dans les termes dont votre amitié se sert, quelque chose qui semble appartenir à l’amour. Peut-être me trompé-je; mais on m’a rendu votre lettre avec mystère; on craignait qu’elle ne tombât entre les mains de mon mari; elle était écrite avec désordre, et rien n’y était bien exprimé, que ce que je n’aurais pas voulu entendre. Toutes ces choses supposent de l’amour, ou de l’envie d’en montrer. Pourquoi vous seriez-vous caché de mon mari? Il vous connaît depuis longtemps; il ne lui paraîtrait pas extraordinaire que vous eussiez eu occasion de m’écrire; c’est une action innocente, et vos seules démarches peuvent la rendre criminelle. Mais que m’importe, après tout, que vous m’aimiez, si je suis sûre de ne vous aimer jamais? (...) »
** DE FOË Daniel (ou Defoë, 1660-1731)

Souvenirs d'enfance et de jeunesse
6.9

Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883)

Sortie : 1883 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Ernest Renan

Annotation :

Pages 68-69 : [1904. 22 mai] [ÉCRIRE] [LECTURE] [LIRE]
« J'ai passé dix ans à lire, à remuer des idées littéraires, à apprendre à écrire, à me chercher, à réfléchir, sans avoir personne avec qui causer littérature, et maintenant que je connais quelques gens, leurs goûts, leur idées, leurs préférences sont si différents des miens, que ma situation est à peu près la même. Quels sont aussi les livres qui m'ont le plus touché, ou plu, et cela uniquement parce que je m'y retrouvais un peu, soit par l'atmosphère, soit par la sensibilité, soit par les idées, et je dis m'y retrouver, car en réalité aucun livre ne m'a influencé, à cause de mon goût très prononcé pour moi-même ! Des livres comme Les Fleurs du mal, comme les Souvenirs de Renan, comme les Journaux et la Correspondance de Stendhal, comme le Graindorge de Taine. J'ai raison quand je dis qu'aucun livre ne m'a influencé. Je n'avais pour ainsi dire pas lu Stendhal quand j'ai commencé au Mercure [de France], puisque je ne connaissais que ses romans, et que je leur préfère de beaucoup le Brulard, les Souvenirs d'égotisme et la Correspondance que je n'ai lus que trois ou quatre années plus tard. (...) Maintenant, si ce n'est une dizaine de livres, et uniquement pour le plaisir, je pourrais très bien me passer de livres. »
Pages 683-4 : [1942. 15 janvier] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« C'est une chose que je constate de plus en plus. J'ai quelque chose à lire. Je veux le lire. Je le pose sur ma table, pour le lire après dîner. Le moment venu, je m'assieds. J'ai dans la tête tellement de choses qui m'occupent, auxquelles je pense, sur lesquelles je réfléchis, que mon esprit part, une demi-heure, une heure. Quand j'en sors, j'ai autre chose à faire, il me faut remettre ma lecture. Voilà deux jours que je joue ce jeu avec un article sur Chateaubriand. Hier soir, je l'avais pris pour le lire au lit. Couché, accoudé sur mon oreiller, je suis parti dans mes affaires. J'ai dû, au bout d'une demi-heure, éteindre ma lumière sans avoir rien lu. »

Le Traité du Narcisse
7.1

Le Traité du Narcisse (1912)

Sortie : 1912 (France). Essai, Récit, Poésie

livre de André Gide

Annotation :

Pages 86-7 : [1905. 13 mars] [ÉCRIRE] [LIRE] [ORIGINALITÉ] [PERSONNALITÉ]
« Il y a les écrivains qui examinent d'abord ce qui se fait autour d'eux, et qui, cela fait et posé, prennent le domaine non exploré, non employé, ou le moins employé. C'est la mauvaise façon, celle qui équivaut à rien. Il y a l'autre ensuite. Celle qui consiste à examiner tout ce qui se fait, et en l'examinant, à le rapporter à soi, pour mesurer ce qu'il contient de soi, dans quelle mesure il adhère à soi, etc., et à le rejeter, naturellement, puisque déjà fait, jusqu'à épuisement de toutes les choses connues, faites, etc. On procède ainsi à une sorte d'élimination de tout ce qui n'est pas soi pur, puisque d'autres l'ont pu faire, qui fait que l'on arrive enfin – à la condition, il est vrai d'être quelqu'un – à travers le domaine unique et à sa seule ressemblance, puisque, en réalité, c'est enfin son moi, en tant que ne pouvant être exprimé, qu'on a trouvé. Pour tout dire, l'originalité, c'est un calcul, le résultat d'une opération, et d'une opération où l'on retranche sans cesse, ce qui suppose une grande culture, un grand acquis, et une clairvoyance, et une possession de soi extrêmes. »

Tout se joue avant 6 ans
7.2

Tout se joue avant 6 ans

Sortie : décembre 2006 (France). Essai, Culture & société

livre de Fitzhugh Dodson

Annotation :

Page 88 : [1905. 27 mars] [ÉCRIRE]
« Si je n'ai rien fait à quarante ans, je suis fichu : j'ai déjà si peu fait, pour l'âge que j'ai [33 ans]. Le ressort, l'entrain, beaucoup de confiance en moi, voilà ce qui me manque. Et si peu d'imagination, d'invention, aussi. Je ne sais pas dénicher les sujets, ou trouver (...) des idées de livres de vente. Et j'ai déjà tant de mal à m'emballer sur les choses qui me plaisent. Tout le reste me serait encore plus fastidieux. »

La double maîtresse

La double maîtresse

Roman

livre de Henri De Régnier

Annotation :

[En lieu et place de 'Le Passé vivant', non référencé.]
Pages 89-90 : [1905. 27 mars] [LECTURE] [LIRE]
« Lu Le Passé vivant, de Régnier. Un beau livre, et quel art, nuancé, pénétrant. Comme la vie et la mort s'y mêlent de près. J'en suis tout remué. Images voluptueuses, de vie ardente et de mélancolie, comme je les goûte, ah ! trop bien même, et quelle songeries sur mon compte, devant tant de talent, tant d'imagination. Mon impression est si vive, si émue, que je ne sais comment écrire ma lettre de compliment à Régnier. »

Petit dictionnaire des grands hommes de la Révolution

Petit dictionnaire des grands hommes de la Révolution (1791)

Sortie : 1 janvier 1987 (France).

livre de Antoine De Rivarol et Henri Coulet

Annotation :

Page 92 : [1905. 26 août] [LIBRAIRIE] [Odéon]
« Un tour sous les galeries de l'Odéon, pour savoir des nouvelles d'un ouvrage de Rivarol, Petit dictionnaire des grands hommes, dont Gourmont a besoin pour ses Pages choisies (...). »
RIVAROL Antoine Rivaroli (ou Rivarolo) dit comte de. (1753-1801) « Il collabore pour un temps au Mercure de France (...) » ; « Et en 1790, pour abattre le camp républicain et démocrate, il use dans un Petit dictionnaire des grands hommes de la Révolution de l'arme du rire (...). » (Laffont-Bompiani)

Les Réfractaires
7.3

Les Réfractaires (1866)

Sortie : juin 2008 (France). Roman

livre de Jules Vallès

Annotation :

Page 96 : [1905. 19 septembre] [RÉFRACTAIRE]
« Nous concluons [(Gourmont et Léautaud)] que l'éducation a, en général, peu d'effet, qu'on reste l'individu qu'on est et que s'il y a une influence qui compte, c'est bien plutôt celle du milieu dans lequel on a été élevé, comme, plus tard, celle du milieu dans lequel on vit. Encore n'en suis-je pas du tout sûr pour ma part. Une personnalité fortement marquée peut continuer à être réfractaire à tout, jusqu'au bout. »
Pages 185-6 : [1909. 20 février] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)] [LIRE]
« J'ai pris au cabinet de lecture place Saint-Sulpice, Les Réfractaires de Vallès. L'ensemble du livre ne vaut pas grand-chose, mais un bel article sur Gustave Planche, qui me le rend curieux et me donne envie de lire quelque-chose de lui. Il y a quelque chose qui m'attire dans ces (...) écrivains (...) restés en marge de la vie, dont l'œuvre, se double de l'intérêt de leur personnage, de leur individu. L'écrivain arrivé, le pontife, l'auteur bien renté, le « bourgeois » de lettres ! J'aime mieux l'autre, vraiment, sous tous les rapports. Il est mieux dans ma ligne d'un écrivain, et souvent, ce qui l'a fait rester en route, ce sont certaines qualités, le goût de la liberté, de l'indépendance, la franchise, la personnalité réelle, etc. Arriver suppose bien souvent tout le contraire de ces qualités.
Il y avait longtemps que je n'avais passé ainsi une bonne soirée de lecture. Cela m'a reporté au temps que j'habitais rue de Condé n° 11, et que je prenais, pour passer ma soirée à lire, de temps en temps, un livre en location. »

Les Soliloques du pauvre
8.1

Les Soliloques du pauvre (1897)

Sortie : 1897 (France). Poésie

livre de Jehan-Rictus

Annotation :

Pages 96-7 : [PAUVRETÉ]
« La conversation est venue ensuite sur la pauvreté, quand on est jeune. (...) j'ai vécu avec cinquante francs par mois, circulant partout, allant aux expositions de peinture, au théâtre, aux premières de la Comédie, trouvant même le moyen d'acheter un livre de temps en temps, et (...) c'était à l'époque de mes débuts au Mercure, tout cela sans aucune dette ni emprunt à personne. »

Le Petit Ami
6.9

Le Petit Ami

Sortie : 5 décembre 1956 (France). Roman, Biographie, Poésie

livre de Paul Léautaud

Annotation :

Page 113 : [1906. 23 janvier] [BOUQUINISTE] [LIBRAIRE] [LIBRAIRIE] [MELET A.]
« Passage Vivienne, la librairie Melet a tout une vitrine emplie d'éditions originales. J'y ai vu aujourdhui un Petit Ami dans un état parfait de neuf. »
« A. Melet, 45-46 Galerie Vivienne, Paris (2e). Livres de luxe et ouvrages illustrés du XIXe siècle. Éditions originales des auteurs contemporains. Catalogue mensuel de livres rares et curieux sur commande. Achat de livres en tous genres et de bibliothèques au comptant. » (Publicité.)
Cette librairie aurait été fondée en 1826 par G. Melet [libraire-éditeur] aux numéros 44 à 47 de la galerie Vivienne (source : Feuilleton du journal général de l'imprimerie et de la librairie n° 33 du 16 août 1890). Elle serait aujourd'hui la Libraire Jousseaume, après être passée aux mains du grand-père de l'actuel propriétaire, ancien commis devenu associé de « la veuve Mellet ».
Page 190 : [1909. 4 décembre] [BOUQUINISTE] [LIBRAIRIE] [MELET A.]
« Et la mère Melet a toujours dans sa vitrine d'éditions originales un exemplaire du Petit Ami. Elle pense sans doute que c'est comme le bon vin, que cela prendra du prix en vieillissant.* »
* Cette remarque m'étonne un peu de Léautaud.

Le Jardin de Bérénice
7.6

Le Jardin de Bérénice (1891)

Le Culte du Moi, volume 3

Sortie : 1891 (France). Roman

livre de Maurice Barrès

Annotation :

Pages 116-7 : [1906. 26 janvier] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Dire que j'ai lu vers 1894 Le Jardin de Bérénice [de Maurice Barrès] avec dévotion, et que l'ayant repris tantôt, pour voir, les phrases qui me troublaient tant me sont insipides aujourd'hui. »
Page 139 : [1907. 16 janvier] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Je pensais (...) au sentiment singulier qu'on éprouve à constater que des livres qui vous ont tant enchanté ne vous disent plus rien, vous déplaisent même, quand on les relit. Il en est ainsi des livres de Barrès pour moi. »

La machine à écrire
7.4

La machine à écrire

Sortie : janvier 2001 (France). Roman

livre de Bruno Tessarech

Annotation :

Page 122 : [1906. 24 septembre] [ÉCRIRE]
« Il faudrait ne jamais s'arrêter d'écrire. On s'entretiendrait ainsi non pas la main, mais l'esprit, dans une certaine aisance, dans un certain mouvement. Il n'y a que ce qui vient naturellement et dans le plaisir qui vaut quelque chose. Cela est absolu. »

Barrès s'éloigne

Barrès s'éloigne (1927)

Sortie : 1927 (France). Essai

livre de Henry de Montherlant

Annotation :

Page 122 : [1906. 24 septembre] [ÉCRIRE]
« Il faudrait ne jamais s'arrêter d'écrire. On s'entretiendrait ainsi non pas la main, mais l'esprit, dans une certaine aisance, dans un certain mouvement. Il n'y a que ce qui vient naturellement et dans le plaisir qui vaut quelque chose. Cela est absolu. »

Je ne sais écrire que ma vie

Je ne sais écrire que ma vie (2021)

Sortie : 2021 (France). Essai, Document

livre de Henri Calet

Annotation :

Pages 140-1 : [1907. 4 avril] [ÉCRIRE]
« Je n'ai vécu que pour écrire. Je n'ai senti, vu, entendu les choses, les sentiments, les gens, que pour écrire. J'ai préféré cela au bonheur matériel, aux réputations faciles. J'y ai même souvent sacrifié mon plaisir de moment, mes plus secrets bonheurs et affections, même le bonheur de quelques êtres, devant le chagrin desquels, je n'ai pas reculé, pour écrire ce qui me faisait plaisir à écrire. Je garde de tout cela un profond bonheur. »
Page 825 : [1947. 20 août] [LITTÉRATURE] [VIVRE]
« Je me suis toujours regardé vivre, ou, si c'est mieux dire, j'ai toujours été conscient de ma manière de vivre. Il y a longtemps que j'aurais pu noter ce que je note seulement aujourd'hui : dans les moindres détails, circonstances, faits, j'ai toujours vécu littérairement. »

Les Fleurs du mal
8.2

Les Fleurs du mal (1857)

Sortie : 25 juin 1857. Poésie

livre de Charles Baudelaire

Annotation :

Page 141 : [1907. 5 avril*] [LECTURE]
« Lu tout à l'heure le Jet d'eau [poème des Fleurs du mal (Les Épaves – Galanteries)] de Baudelaire. Grande émotion. Ces choses me touchent, me troublent, au même degré qu'il y a quinze ans. Peut-être avec plus de profondeur. Curieux assemblage : également transporté par un mot d'esprit et par des vers harmonieux et tristes. »
Tes beaux yeux sont las, pauvre amante!
Reste longtemps, sans les rouvrir,
Dans cette pose nonchalante
Où t'a surprise le plaisir.
Dans la cour le jet d'eau qui jase,
Et ne se tait ni nuit ni jour,
Entretient doucement l'extase
Où ce soir m'a plongé l'amour.
La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
Ainsi ton âme qu'incendie
L'éclair brûlant des voluptés
S'élance, rapide et hardie,
Vers les vastes cieux enchantés.
Puis elle s'épanche, mourante,
En un flot de triste langueur,
Qui par une invisible pente
Descend jusqu'au fond de mon coeur.
La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
Ô toi, que la nuit rend si belle,
Qu'il m'est doux, penché vers tes seins,
D'écouter la plainte éternelle
Qui sanglote dans les bassins !
Lune, eau sonore, nuit bénie,
Arbres qui frissonnez autour,
Votre pure mélancolie
Est le miroir de mon amour.
La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
* on trouve page 151 une répétition de ce passage, en date du 16 novembre de la même année. Vérifier dans l'édition Folio.

Epaves

Epaves

Sortie : 1908 (France). Poésie

livre de Sully Prudhomme

Annotation :

[En lieu et place du 'Prisme' non référencé sur SC.]
Page 145 : [1907. 22 septembre] [BOUQUINISTE] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Je feuilletais l'autre matin, passant sous l'Odéon, un volume de Sully Prudhomme, Le Prisme, je crois. L'homme qui a écrit ces pauvretés passe pour un grand poète. »
Pages 642-3 : [1940. 18 juin] [BOUQUINISTE] [CHAMPION] [LEMASLE][LIBRAIRIE] [MALAQUAIS (quai)] [VOLTAIRE (quai)]
« La jolie maison Louis XIV, en briques rouges apparentes, au rez-de-chaussée de laquelle il y a la librairie Lemasle, à deux pas de la librairie Champion. Je m'arrête. (...) Nous continuons le quai Malaquais, puis le quai Voltaire. (...) De l'autre côté de la chaussée, une auto pleine de soldats allemands s'arrête. L'un d'eux descend (...) pour aller regarder dans les boîtes d'un bouquiniste. Il n'y trouve sans doute rien pour lui. Il (...) remonte dans la voiture, qui repart. Nous regardons de loin la bouquiniste, une vieille femme. Elle a une attitude penchée et ravie. »
Page 725 : [1943. 26 octobre] [LIBRAIRIE]
« À mon arrivée à Paris, à 2 heures, descendant la rue de Médicis, côté des boutiques, je vois arrêtée à la devanture d'un libraire une jeune femme que je devine fort jolie, accompagnée d'un homme (...). »

Vie de Henry Brulard
7.3

Vie de Henry Brulard

Sortie : 1980 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Stendhal

Annotation :

Page 148 : [1907. 21 octobre] [LECTURE] [LECTURE (pratique de)]
« Je travaille à relire le Stendhal en bonnes pages. J'en suis au Brulard. Mon admiration me reprend. Quel livre, et quel homme. Je mets à lire chaque page un temps infini, rêvant comme si je lisais pour mon plaisir. J'ai une sorte de chagrin, de colère même, à songer que je vais peut-être donner ainsi à des gens l'idée de lire ce livre en entier, au lieu de le laisser comme il est, assez ignoré, et de n'en avoir que plus de plaisir à le connaître et à le lire. »
[PL travaille à l'édition des Plus belles pages de Stendhal au Mercure de France.]

Conseils familiers à un jeune écrivain

Conseils familiers à un jeune écrivain

Sortie : mai 2006 (France). Roman

livre de Remy de Gourmont

Annotation :

Pages 152-3 : [1907. 16 novembre] [LIRE]
« Gourmont me disait (...) ce soir, (...) : « Vous avez tort de vous arrêter, de trop réfléchir. Travaillez, ne lisez pas. »
Ne pas lire, ne rien lire, j'y ai pensé souvent. »
Page 750 : [1944. 7 juin] [LECTURE] [LIRE]
« Des millions d'hommes ont (...) vécu et des millions vivront encore sans avoir jamais vu un tableau, ni un livre, et ils ont vécu, et ils vivent. »
Page 872 : [1953. 16 septembre] [BIBLIOPHILIE] [LECTURE]
« C'est encore bien moi : j'achète des livres, rares, certains en double exemplaire, qui me coûtent cher, comme aujourd'hui, pour 900 francs. Je leur confectionne des cartonnages pour les protéger, je les range et reste sans la moindre envie de les lire. Là encore, je préfère cent fois ce qui se passe dans ma tête, qui fonctionne sans arrêt, au point qu'il m'arrive souvent, me réveillant le matin à 5 heures, et repris par ce travail mental, de me lever. »

Le Livre des masques
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Le Livre des masques (1896)

Sortie : 1896 (France). Essai, Biographie

livre de Rémy de Gourmont

Annotation :

Page 153 : [1907. 17 novembre] [BOUQUINISTE] [Rue de Sèvres]
« Tentative de vendre ce matin à un bouquiniste de la rue de Sèvres que j'avais fait venir, une quinzaine de volumes de rebut. Il n'en a pas voulu. »
[CRITIQUE] [GOURMONT]
« Cette manière de faire de la critique littéraire, de tracer le portrait d'un écrivain [Tristan Corbière en l'occurrence], me porte sur les nerfs. Des phrases fleuries, une métaphore bien développée pendant vingt lignes, ce n'est pas autre chose. Il compare une œuvre littéraire à un jardin, ou à un meuble, il enfile ensuite son couplet digne d'un botaniste, d'un horticulteur, plutôt, ou d'un ébéniste, et c'est fait. Quel rapport cela a-t-il avec l'intelligence, en quoi cela peut-il toucher l'intelligence ? Selon moi, aucun et en rien. C'est d'une puérilité indigne d'un écrivain comme Gourmont, et d'une intelligence comme la sienne. »
[Voir aussi page 171]

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