Cover Petite anthologie de ma belgitude

Petite anthologie de ma belgitude

La Belgique, pays aux cent mille poètes. Je suis loin de les connaitre tous mais j'avais envie de vous proposer ceux qui me tiennent à cœur, ainsi que quelques-uns de leurs poèmes que j'aime particulièrement. Liste en perpétuelle construction, donc.

Illustration : Serge Vandercam et ...

Afficher plus

Liste de

41 livres

créee il y a presque 6 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Serres chaudes - Quinze Chansons - La Princesse Maleine
7.2

Serres chaudes - Quinze Chansons - La Princesse Maleine (1889)

Sortie : 1889. Poésie

livre de Maurice Maeterlinck

No_Hell a mis 8/10.

Annotation :

AME DE NUIT

Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d'être lasse,
Elle est lasse enfin d'être en vain,
Elle est triste et lasse à la fin
Et j'attends vos mains sur ma face.

J'attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J'attends qu'ils m'apportent l'anneau;
J'attends leur fraîcheur sur ma face,
Comme un trésor au fond de l'eau.

Et j'attends enfin leurs remèdes,

Pour ne pas mourir au soleil,
Mourir sans espoir au soleil !
J'attends qu'ils lavent mes yeux tièdes
Où tant de pauvres ont sommeil !

Où tant de cygnes sur la mer,
De cygnes errants sur la mer,
Tendent en vain leur col morose,
Où, le long des jardins d'hiver,
Des malades cueillent des roses.

J'attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J'attends qu'ils mouillent mes regards,
L'herbe morte de mes regards,
Où tant d'agneaux las sont épars !

Dominical

Dominical

Sortie : 1892 (France). Poésie

livre de Max Elskamp

Annotation :

J’ai triste d’une ville en bois,
— Tourne, foire de ma rancœur,
Mes chevaux de bois de malheur —
J’ai triste d’une ville en bois,
J’ai mal à mes sabots de bois.

J’ai triste d’être le perdu
D’une ombre et nue et mal en place,
— Mais dont mon cœur trop sait la place —
J’ai triste d’être le perdu
Des places, et froid et tout nu.

J’ai triste de jours de patins
— Sœur Anne ne voyez-vous rien ? —
Et de n’aimer en nulle femme ;
J’ai triste de jours de patins,
Et de n’aimer en nulle femme.

J’ai triste de mon cœur en bois,
Et j’ai très triste de mes pierres,
Et des maisons où, dans du froid,
Au dimanche des cœurs de bois,
Les lampes mangent la lumière.

Et j’ai triste d’une eau-de-vie
Qui fait rentrer tard les soldats.
Au dimanche ivre d’eau de vie,
Dans mes rues pleines de soldats,
J’ai triste de trop d’eau-de-vie.

Oeuvres complètes

Oeuvres complètes

Sortie : 1967 (France). Poésie

livre de Max Elskamp

Annotation :

CELLE QUI PASSE

Je suis celle qui suis le pain
Des jours où d’amour on a faim,
Celle qui va, vient, qui passe,
Dans les cœurs sans laisser de traces ;
Je suis celle en l’instant ou l’heure,
Qui apaise désir sans leurre,
Comme coupe qu’on porte aux lèvres
Pour calmer sa soif ou ses fièvres,
Quand c’est de nuit ou bien de jour
Qu’à vivre on sent son cœur trop lourd.
Je suis celle du sang qui bat
Chez qui l’on vient, chez qui l’on va,
Dans la nuit noire ou le jour clair,
Pour en soi apaiser sa chair,
D’hiver, automne, été, printemps,
Comme est la vie en tous les temps,
Dans les désirs qu’elle nous quitte,
Et puis après celle qu’on quitte
Dans l’heure ou l’instant comme il est
Sans peine, chagrin ou regret,
Comme le verre où l’on a bu
Quand soif que l’on avait s’est tue.
Je suis celle dont l’âme est morte,
Et dans le cœur qu’en soi l’on porte
Dans l’émoi est inconscient,
Et qui le sait et y consent ;
Je suis celle qui souriant
Debout sur le seuil de sa porte,
Dans la pluie comme dans le vent,
Attend ceux que la nuit apporte.

Rimes de joie

Rimes de joie (1881)

Sortie : 1881. Poésie

livre de Théodore Hannon

Annotation :

Chère, rappelle-toi ce lourd bouquet forain
Que humait goulûment le peuple souverain.
Les fifres dans la nuit déversaient leurs vinaigres.
Le bugle éternuait à la face des cors
Et des pistons faussés.
Scandant ces désaccords,
Tonitruaient les tambours maigres.

Mais plus stridente encor s’éparpillaient dans l’air
Une gamme d’odeurs à défier tout flair,
Et plus farouchement éclatait la fanfare
Des huiles en travail et des âcres saindoux
Épandant leurs relents intenses par l’air doux
Où ta narine en fleur s’effare.

Reporter scrupuleux, j’ai noté, sans rancœur,
Les curieuses voix et les cris de ce chœur
Dont mon nez a perçu la fleurante harmonie :
Boudin blanc, moule en deuil, crabe en pourpre gilet,
Pomme de terre d’or, saucisson violet,
O grésillante symphonie !

La Nuit

La Nuit

Sortie : 1893 (France). Récit

livre de Iwan Gilkin

Annotation :

STERCORAIRES


À la face du ciel, chez les peuples du Gange,
Toutes les saletés des villes sans égout
— Pour la mouche et le ver délicieux ragoût —
Bavent sur le pavé leur innommable fange.

Des tas de détritus et de déjections
Où dans l’ordure luit la blancheur des cadavres,
Forment des continents de caps mous et de havres
Qu’un liquide puant baigne d’infections.

Bouses, fumiers malsains, carcasses et charognes
Brasillent au soleil qui fait fumer leur jus.
Les vautours vidangeurs et les aigles goulus
Disputent ce festin aux macabres cigognes.

Puis, repus de poisons, loin des lieux habités,
Ils cherchent pour mourir les hauts monts solitaires.
— Les poètes aussi, pareils aux stercoraires,
Mangent les excréments des boueuses cités.

Les intestins chargés de pourriture humaine,
Dont le venin leur brûle et leur corrompt le sang,
Sur leurs Himalayas ils crèvent en poussant
Un effroyable cri de douleur et de haine.

Les Campagnes hallucinées · Les Villes tentaculaires
7.6

Les Campagnes hallucinées · Les Villes tentaculaires (1893)

Sortie : 1893 (France). Poésie

livre de Emile Verhaeren

No_Hell a mis 8/10.

Annotation :

La mort

Avec ses larges corbillards
Ornés de plumes majuscules,
Par les matins, dans les brouillards,
La mort circule.

Parée et noire et opulente,
Tambours voilés, musiques lentes,
Avec ses larges corbillards,
Flanqués de quatre lampadaires,
La Mort s'étale et s'exagère.

Pareils aux nocturnes trésors,
Les gros cercueils écussonnés
- Larmes d'argent et blasons d'or -
Ecoutent l'heure éclatante des glas
Que les cloches jettent, là-bas :
L'heure qui tombe, avec des bonds
Et des sanglots, sur les maisons,
L'heure qui meurt sur les demeures,
Avec des bonds et des sanglots de plomb.

Parée et noire et opulente,
Au cri des orgues violentes
Qui la célèbrent,
La mort tout en ténèbres
Règne, comme une idole assise,
Sous la coupole des églises.

Des feux, tordus comme des hydres,
Se hérissent, autour du catafalque immense
OÙ des anges, tenant des faulx et des cleps
Dressent leur véhémence,
Clairons dardés, vers le néant.

Le vide en est grandi sous le transept béan
De hautes voix d'enfants
jettent vers les miséricordes
Des cris tordus comme des cordes,
Tandis que les vieilles murailles
Montent, comme des linceuls blancs,
Autour du bloc formidable et branlant
De ces massives funérailles.

Drapée en noir et familière,
La Mort s'en va le long des rues
Longues et linéaires.

Drapée en noir, comme le soir,
La vieille Mort agressive et bourrue
S'en va par les quartiers
Des boutiques et des métiers,
En carrosse qui se rehausse

De gros lambris exorbitants,
Couleur d'usure et d'ancien temps.

Drapée en noir, la Mort
Cassant, entre ses mains, le sort
Des gens méticuleux et réfléchis
Qui s'exténuent, en leurs logis,
Vainement, à faire fortune,
La Mort soudaine et importune
Les met en ordre dans leurs bières
Comme en des cases régulières'.

Et les cloches sonnent péniblement
Un malheureux enterrement,
Sur le défunt, que l'on trimballe,
Par les églises colossales,
Vers un coin d'ombre, où quelques cierg
Pauvres flammes, brÛlent, devant la Vieri

Vêtue en noir et besogneuse,
La Mort gagne jusqu'aux faubourgs,
En chariot branlant et lourd,
Avec de vieilles haridelles
Qu'elle flagelle
Chaque matin, vers quels destins ?
Vêtue en noir,
La Mort enjambe le trottoir
Et l'égout pâle, où se mirent les bornes,
Qui vont là-bas, une à une, vers les champs mornes;
Et leste et rude et dédaigneuse
Gagne les escaliers et s'arrête sur les paliers
OÙ l'on entend pleurer et sangloter,
Derrière la porte entr'ouverte,

Des gens laissant l'espoir tomber,
Inerte. (…)

Les vies encloses
9.1

Les vies encloses

Les vies encloses

Sortie : 1896 (France). Poésie

livre de Georges Rodenbach

Annotation :

Nous avons nos Limbes obscures
Où dorment des projets mort-nés,
Comme des enfants sans figures.
Rêves en germe, espoirs aînés,
Rosiers trop faibles, lis trop pâles,
Avant l'avril déracinés.
Nous avons nos Limbes mentales
Où sont des désirs mal éclos,
Des fleurs où manquent des pétales;
Jardins obscurs comme un chaos
Où des amours non abouties
Vivent encor, mais les yeux clos.
Ah! tant d'images décaties!
Et tout ce beau froment en vain
Qui rêvait d'être des hosties.
Sombre royaume souterrain,
Labyrinthe d'inconscience,
C'est là qu'on est un peu divin…
Un rêve y dure, un voeu s'élance;
Un espoir vit, quoique déçu;
Un reflet à l'eau se fiance;
Et cela bouge à mon insu
Dans ce clair-obscur de moi-même:
Tout un Univers mal conçu,
Et tout des songes sans baptême!

La Chanson d'Eve

La Chanson d'Eve

Sortie : 1980 (France). Poésie

livre de Charles Van Lerberghe

Annotation :

CRÉPUSCULE


Une aube pâle emplit le ciel triste ; le Rêve,
Comme un grand voile d’or, de la terre se lève.

Avec l’âme des roses d’hier,
Lentement montent dans les airs
Comme des ailes étendues,
Comme des pieds nus et très doux,
Qui se séparent de la terre,
Dans le grand silence à genoux.

L’âme chantante d’Ève expire,
Elle s’éteint dans la clarté ;
Elle retourne en un sourire
À l’univers qu’elle a chanté.

Elle redevient l’âme obscure
Qui rêve, la voix qui murmure,
Le frisson des choses, le souffle flottant
Sur les eaux et sur les plaines,
Parmi les roses, et dans l’haleine
Divine du printemps.

En de vagues accords où se mêlent
Des battements d’ailes,
Des sons d’étoiles,
Des chutes de fleurs,
En l’universelle rumeur
Elle se fond, doucement, et s’achève,
La chanson d’Ève.

Notre mère la ville : Poèmes 1921 - 1922

Notre mère la ville : Poèmes 1921 - 1922

Sortie : 1922 (France). Poésie

livre de Odilon-Jean Périer

Annotation :

Vieillir

Le buveur de café rit
Il est triste et mal rasé
Encore six ans de jeunesse
(C’est un homme sans maîtresse
C’est un buveur de café)
Sollicitude Incertitude
L’élégance des gens perdus
(Encore six mois de jeunesse)
O mes belles mains sans emploi
Ici, ailleurs, demain, partout
Encore six jours
Encore six heures
Je m’en vais
De qui parlez-vous

Voici le verre où il buvait.

La Chanson du Pauvre

La Chanson du Pauvre

Sortie : 1907 (France). Poésie

livre de Grégoire Le Roy

Annotation :

ÉCHOS DES VALSES

Valses d’antan, minces fluettes
Rythmes bercés aux jardins d’autrefois...
Cloches d’antan, minces, fluettes.
Fuite d’échos qu’en mon âme je vois...
Choses d’antan subtilisées :
Chambre déserte où se fane un parfum...
Choses d’amour éternisées :
Fleur de baiser qui s’effeuille en chacun.
Voix du passé, voix incertaines,
Comme un écho de refrains bien connus ;
Voix qui s’en vont loin, et lointaines,
Bons souvenirs, en allés, revenus...
Rythmes en rond d’escarpolettes !
Valses d’antan... pourquoi muettes ?

Poèmes

Poèmes

Sortie : 1 septembre 2005 (France). Poésie

livre de Odilon-Jean Périer

No_Hell a mis 8/10.

Annotation :

Je t’offre un verre d’eau glacée
N’y touche pas distraitement
Il est le prix d’une pensée
Sans ornement

Tous les plaisirs de l’amitié
Combien cette eau me désaltère
Je t’en propose une moitié
La plus légère

Regarde je suis pur et vide
Comme le verre où tu as bu
Il ne fait pas d’être limpide
Une vertu

Plus d’eau mais la lumière sage
Donne à mon présent tout son prix
Tel, un poète où Dieu s’engage
Et reste pris

Le promeneur

Le promeneur

Sortie : mai 1989 (France).

livre de Odilon-Jean Périer

Annotation :

HISTOIRE D'UN POEME

Fenêtre ouverte sur la ville Chant détaché

Le soir emplit un paysage vaste et lisse Cérémonies Loi satisfaite

Tous les rêves Tous les projets
Adieu Je ferme la fenêtre
Un homme est seul dans sa patrie

Rideaux tirés Ville oubliée Chant passionné

Journée parfaite.

La Jeunesse blanche

La Jeunesse blanche (1913)

Sortie : 1 février 2016 (France). Poésie

livre de Georges Rodenbach

Annotation :

VIEUX QUAIS

Il est une heure exquise à l’approche des soirs,
Quand le ciel est empli de processions roses
Qui s’en vont effeuillant des âmes et des roses
Et balançant dans l’air des parfums d’encensoirs.
Alors, tout s’avivant sous les lueurs décrues
Du couchant dont s’éteint peu à peu la rougeur,
Un charme se relève aux yeux las du songeur ;
Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.
Façades en relief, vitraux coloriés,
Bandes d’Amours captifs dans le deuil des cartouches,
Femmes dont la poussière a défleuri les bouches,
Fleurs de pierre égayant les murs historiés.
Le gothique noirci des pignons se décalque
En escaliers de crêpe au fil dormant de l’eau,
Et la lune se lève au milieu d’un halo
Comme une lampe d’or sur un grand catafalque.
Oh ! les vieux quais dormants dans le soir solennel.
Sentant passer soudain sur leurs faces de pierre
Les baisers et l’adieu glacé de la rivière
Qui s’en va tout là-bas sous les ponts en tunnel.
Oh ! les canaux bleuis l’heure où l’on allume
Les lanternes, canaux regardés des amants
Qui devant l’eau qui passe échangent des serments
En entendant gémir des cloches dans la brume.
Tout agonise et tout se tait : on n’entend plus
Qu’un très mélancolique air de flûte qui pleure,
Seul, dans quelque invisible et noirâtre demeure
Où le joueur s’accoude aux châssis vermoulus !
Et l’on devine au loin le musicien sombre,
Pauvre, morne, qui joue au bord croulant des toits ;
La tristesse du soir a passé dans ses doigts,
Et dans sa flûte à trous il fait chanter de l’ombre.

Toi qui pâlis au nom de Vancouver. Oeuvres poétiques 1924 - 1975

Toi qui pâlis au nom de Vancouver. Oeuvres poétiques 1924 - 1975

Sortie : 1975 (France). Poésie

livre de Marcel Thiry

Annotation :

Toi qui pâlis au nom de Vancouver,
Tu n'as pourtant fait qu'un banal voyage;
Tu n'as pas vu la Croix du Sud, le vert
Des perroquets ni le soleil sauvage.

Tu t'embarquas à bord de maint steamers,
Nul sous-marin ne t'a voulu naufrage;
Sans grand éclat tu servis sous Stürmer,
Pour déserter tu fus toujours trop sage.

Mais qu'il suffise à ton retour chagrin
D'avoir été ce soldat pérégrin
Sur les trottoirs des villes inconnues,

Et, seul, un soir, dans un bar de Broadway,
D'avoir aimé les grâces Greenaway
D'une Allemande aux mains savamment nues.

Qui je fus
7.3

Qui je fus (1927)

Sortie : 1928 (France). Poésie

livre de Henri Michaux

Annotation :

LE GRAND COMBAT

Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret.
Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres le Grand Secret.

Oeuvres poétiques complètes

Oeuvres poétiques complètes

Sortie : 12 mai 2004 (France). Poésie

livre de Christian Dotremont

Annotation :

ETRE ENSEMBLE

Ma femme est un buisson vivant de moire

la mer un grand drapeau tombé

le feu est le rêve de l'arbre

le vent un grand drapeau décoloré

mais la guerre n'est pas la paix.

Il ne suffit pas de parler à l'envers

d'être langouste à longue langue

pour que nous rêvions.

Il ne suffit pas de parler du beau temps

en ouvrant un parapluie

ni d'ouvrir un parapluie

pendant que nous préparons le printemps.

Il ne suffit pas de graisser au beurre les canons

de mettre aux armes des faveurs d'oliviers.

Un mensonge nous réveille

nous ne rêvons que vérité

le petit bout de votre oreille

fait du bruit à réveiller

les morts que nous avons dans la mémoire

et notre rêve ne dort pas

et notre mémoire ne dort pas

nous sommes debout dans nos leçons

et debout dans notre rêve….

Brabant

Brabant

Sortie : 1967 (France).

livre de Maurice Carême

Annotation :

Puissé-je, quand la mort me croisera les mains
Tandis que mon esprit rejoindra tes collines
Reposer à jamais sur ta large poitrine
Comme un enfant qui dort, oublié dans le foin.

Merci @Aurea

Poésies 1923-1988
7.1

Poésies 1923-1988

Sortie : 22 février 1990 (France). Poésie

livre de Norge

Annotation :

Boucherie

Dans la boucherie ombragée
Par d’opulents morceaux de bœuf
Officie un prêtre tout veuf.
Son épouse d’ailleurs âgée
Étant morte depuis le neuf Courant,
un vendredi par chance.
Et lui, prince de la balance,
Jette bien rouges sur ce trône
Digne aloyau, rognons béjaunes
Et les grandes langues aphones
Les cervelles conjecturales
Aux florescences sous-marines
Et la tête de veau très pâle
Mais un peu plus rose aux narines.
La date du jour fiancée
Aux œillets du comptoir parmi
Les doux cressons et les pensées
De la clientèle d’ici
Sont bien présents dans ce récit.
Et quel beau ressac pour l’esprit
De ce boucher triste qui songe
Entre tous ses coups de hachoir
Au sort de la chair, de déchoir ;
Tandis que tombe un peu le soir
Et que feu la bouchère plonge
Son récent fantôme au milieu
De ces fantômes demi-dieux
Qui hantent dans la boucherie
Leurs sanglantes allégories.

America / En Orient
5.9

America / En Orient

Poésie

livre de William Cliff

Annotation :

Nous sommes arrivés…

nous sommes arrivés sur le treizième parallèle
j’ai déjà vu sur l’eau passer deux trois poissons volants
l’Anglais chargé des chambres froides est venu tout courant
dans le château pour qu’on lui prête un moment les jumelles

il prétend avoir vu bouger au loin une baleine
on se met à scruter tous les cantons de l’océan
mais on ne voit au loin bouger que des clapotements
le cétacé n’a visité l’Anglais que dans son rêve

ainsi à force de ne voir à longueur de semaines
que rien et toujours rien faire le vide autour de nous
on se met à jeter sur le désert des rêves fous
pour tenter d’alléger le poids de n’être que notre être
l’Anglais est retourné s’occuper de ses chambres froides
et l’officier a recourbé la tête sur ses cartes

Le Grand cardiaque

Le Grand cardiaque (1969)

Sortie : 1969. Poésie

livre de Achille Chavée

Annotation :

TOUR D’HORIZON

Un confetti sur un écueil
un nécromant dans un cercueil
un dromadaire portant le deuil

Un spirochète dans l’artère
un aléa dans le mystère
un autochtone sur ses terres

Une gondole sur un canal
un électron phénoménal
un cri d’oiseau qui me fait mal

Un galopin qui se mutine
un adjudant dans ses sardines
un grand amour qui se débine

Un léopard dans son manteau
un poil de cul sous les ciseaux
un évéché dans le ruisseau

Un aristo à la lanterne
un vieux grognard en sa giberne
un horoscope à la citerne

Un nom pour le calendrier
l’orage dans un encrier
la chute dans un cendrier

Un enfant nu sur une plage
une âme ratant un virage
l’éternité aux seins volages

Poèmes du sang

Poèmes du sang

Sortie : 1 janvier 1976 (France). Poésie

livre de Arthur Haulot

Annotation :

Nous aurons devant nous des temps brillants comme des siècles
pour apprendre les sortilèges :
celui des montres de bergers
taillées dans des sureaux imaginaires
habiles à dévider les jours
quand la lumière se fait ligne ;
celui des signes inventés de proche en proche
pour conjurer les peurs
conquérir sans mérite les faveurs des devins
et pour brouiller les pistes
celui qu’il faut apprivoiser pour découvrir l’amour des hommes,
celui pour créer le premier poème du monde
et celui pour donner la vie.

Même,
si les saisons nous sont propices,
je t’indiquerai les simples qu’il faut mâcher avant l’aube
pour apaiser les amertumes et comment
imposer les mains aux tempes de la terre
et lui rendre la paix.

Heures locales

Heures locales

Sortie : 1 novembre 1977 (France). Poésie

livre de Francis Dannemark

Annotation :

Le sax aphone

Le sax aphone
D’un musicien aveugle
Joue en sourdine pour des sourds-dingues
Qui dînent et s’endorment
Dans un bar de Saint-Domingue

Le sax aphone
D’un aveugle musicien
Met en joue la nuit jusqu’au bout
Sur une piste de danse
Où les dormeurs s’avancent

Et Saint-Domingue n’est plus
Qu’une île nue qui balance
Sur la corde tendue
De trois notes de silence

L'expérience continue

L'expérience continue (1966)

Sortie : 1981 (France). Poésie

livre de Paul Nougé

Annotation :

LA … ...

Elvire est une …. très … .
Elle n'est pas comme certaines …. pour qui ….. est toujours trop ……. et le ……. trop …….
Elle sait que la ……. est nécessaire à la…….
Non seulement sa …… et ses ……, mais son cou, ses bras et ses épaules sont ….. à ….. …… chaque matin.
Fréquemment elle se ….. les ……,la tête, tout le corps.
Elle n'emploie jamais que de ….. …… : l'été, cela la ….; l'hiver, elle se …….. et est vite ……
Aussi, elle jouit d'une …….
Regardez comme elle est ….. et ….. : qui lui donne ce ……
Suivez l'exemple d'……..

Le pêcheur d'eau
6.9

Le pêcheur d'eau

Sortie : 1995 (France). Poésie

livre de Guy Goffette

Annotation :

Mais que cherchais-tu donc qui ne fût pas
le vent debout, ni le ressac d’enfance
dans les soirs gris, ni le redoublement
du vertige d’aimer

une autre terre que celle-ci, un autre
ciel, un autre temps ? Que cherchais-tu
sur la route que tu n’aies pas trouvé déjà
dans l’herbe familière

et déjà reperdu, bague de rosée ou signe
qu’un homme allant à son pas t’a laissé
sur la vitre avant de disparaître,
ouvrant les arbres
un puits où la lumière se nourrit de tes yeux.

Cobra poesie

Cobra poesie

Sortie : 3 juin 1992 (France).

livre de Collectif

Annotation :

L'ORTHOCATALOGRAHE

Jamais je ne me rappelle j'appelle
par son nom ce que j'interpelle
jamais je ne me contiens
je me contente de ce qui constamment me tente
jamais je ne m'écorne ni l'œil ni l'oreille
je vote pour les corbeaux contre les corneilles
jamais je ne vais à la guerre
j'orne mon cœur de ma colère
jamais je ne donne de hennin à ma femme
j aime sa chevelure comme une flamme
jamais je ne machine ni ne m'exquise
je ne m'allèche que si je me grise
jamais je ne suis petit poucet
dans la douce forêt du passé
amais je ne jette par la fenêtre
le tas giclant de rires qui est mon maître
jamais je ne tombe dans la gueule du loup
je ne tombe jamais dans la gueule du goût
et je ne vais dans les musées que pour enlever les Muselières

(Christian Dotremont)

La Soif et l'Oubli

La Soif et l'Oubli

Sortie : 8 avril 1999 (France). Poésie

livre de Jean-Luc Wauthier

Annotation :

Dans une autre vie
sous un autre ciel
un autre homme étonné
te regarde
et tu détournes la tête -
alors que tu pourrais lui parler
de trois ou quatre cailloux blancs
ramassés sur un chemin de sable
qu'il ne connait pas
et dont on t'a chuchoté à l'oreille
le nom imprononçable

On a beau dire

On a beau dire (1984)

Sortie : 1 janvier 1984. Poésie

livre de Paul Neuhuys

Annotation :

COUDRIER

Le coudrier est joyeux drille qu'on voit partout en espadrilles
La mort ne l'effraie pas because il croit à la métempsycose
Âne je fus, aigle serai
et jamais femme ne prendrai
car la meilleure, à moins de rire, ne cherche qu'à vous amoindrir
Fiévreux, malade, tropical, je fus naguère au
Sénégal
Rien qu'une hutte de branchages pour nous préserver de l'orage
et c'est désespérément nus que nous en sommes revenus.

Oeuvres poétiques

Oeuvres poétiques

Sortie : 1 avril 2004 (France). Poésie

livre de Marie Gevers

Annotation :

OCTOBRE

Les nuages sont des quenouilles,
Les doigts du vent, légers et vifs,
Y filent la pluie où se mouillent
Nos chênes, nos hêtres, nos ifs.

La pluie est une grande trame
Se tendant du ciel jusqu’au sol,
En navettes, couleur de flamme,
Les feuilles y lancent leur vol.

Ainsi, le voile de l’automne,
Se tisse autour de la maison,
Étouffant entre ses plis jaunes
Le souvenir des floraisons.

Et tandis que l’heure s’écoule,
Fil à fil, moment par moment,
Sur le métier du temps s’enroulent
Nos jours d’octobre doucement.

(Les Arbres et le Vent)

Oiseaux, éclairs et autres instants

Oiseaux, éclairs et autres instants

Sortie : 1 janvier 1976 (France). Poésie

livre de André Schmitz

Annotation :

« Chienne aux abois douloureusement
poussant du front
sa tête fiévreuse
contre un mur dans la chambre


Et c’est toujours et partout
la grande mort​ que chacun porte en soi *
fût-ce animalement


Le mur cède​ et la chienne s’écoule
rejoignant la lumière noire
d’une aube fantôme

* Rilke

(poème inédit paru dans la revue Traversées, n°66)

Le Guetteur de Matins

Le Guetteur de Matins (2015)

Sortie : juillet 2015. Poésie

livre de Anne Léger et Jacques Cornerotte

Annotation :

Juste ce qu’il faut​ sur une table
Il faut en premier la table
vaste et large​ de bois clair et jeune
ou vieux et noueux, mais large et vaste !
Et puis un banc,​ des chaises
pour se poser,​ retour de voyage,
de pérégrinations,​ et même parfois,
de ratiocinations retour de quelque chose enfin
Voilà, il y a la table,
il y a le banc,
Sur la table, deuxièmement, il faut​ une bougie,
la lumière, le guetteur
la vigie​ le souffle qui éclaire
Allumer chaque matin la bougie,
chaque matin​ allumer la vigie
Il faut ensuite l’eau
dans une cruche,
c’est bien l’eau belle et fraîche
celle qui court de la source
au grand jour L’eau
Ensuite encore,​ il faut le sel, l’épice de la terre, le sel qu’on met
sur les lèvres de celui qui arrive,
de celui qui part le sel
il faut enfin​ et pour en finir
celui qui arrive celui qui part

(Anne Léger)

No_Hell

Liste de

Liste vue 922 fois

23
51