Pictures (2025)
89 films
créée il y a 9 mois · modifiée il y a 3 joursRebecca (1940)
2 h 10 min. Sortie : 22 mai 1947 (France). Drame, Romance, Thriller
Film de Alfred Hitchcock
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
5 janvier
Au cinéma.
La cruauté gothique et une bonne arlésienne comme on les aime, la Rebecca du titre qui hante le film par son absence. Hitchcock a l'intelligence bien sûr de ne jamais lui prêter de visage mais de laisser les autres personnages et les lieux en parler d'eux-mêmes. Le film est peut-être un peu long et lourd avec un duo d'antagonistes marqués à la fin — la servante terrifiante qui préfigure la mère de Psycho — mais le récit surprend régulièrement, en particulier avec deux scènes qui brillent par le « show don't tell », la descente des escaliers qui annonce celle de Notorious et la visite de la chambre de feue Mrs de Winter (et quel nom !). C'est toujours un plaisir de découvrir un film de Hitchcock.
Au cœur des volcans - Requiem pour Katia et Maurice Krafft (2022)
The Fire Within: A Requiem for Katia and Maurice Krafft
1 h 20 min. Sortie : 24 septembre 2022. Portrait
Documentaire de Werner Herzog
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
11 janvier
Au cinéma.
Images grandioses, musique classique, voix d'outre-tombe : la recette d'Herzog ne change pas mais elle fonctionne toujours, même après avoir vu Au fin fond de la fournaise. Le film manque sans doute de densité, Herzog n'a pas tellement de choses à dire mais ces images de SF suffisent par leur pouvoir intrinsèque de fascination. Le couple de Krafft est émouvant et la démarche d'Herzog de faire un film avec leurs images assez touchante.
Nosferatu (2024)
2 h 12 min. Sortie : 25 décembre 2024. Épouvante-Horreur, Fantastique
Film de Robert Eggers
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
13 janvier
Au cinéma.
Si Eggers lèche ses plans, le film n'est jamais habité par son fantôme. Pourtant la petite Depp est pas mal et le scénario ne fait pas n'importe quoi avec le matériau d'origine, mais la mise en scène recycle les codes usés du cinéma d'horreur contemporain, photographie bleue-grise, jump scares et tout le tralala... Ça en devient vite interminablement balisé, et il n'y a même pas « Et quand il eut passé le pont... »
La Chambre d'à côté (2024)
The Room Next Door
1 h 47 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Drame
Film de Pedro Almodóvar
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
16 janvier
Au cinéma.
Après Dolor y Gloria, un autre mélo feutré et thérapeutique d'un Almodóvar vieillissant qui s'interroge sur la mort. J'ai de l'affection pour ses derniers films qui baignent dans une lumière assez réconfortante. Cette histoire d'euthanasie est originale et si on peut lui reprocher une superficialité un peu bourgeoise et une mise en scène toujours trop subordonnée aux décors chatoyants, il y a quand même ce très beau MacGuffin de la porte qui voit Almodóvar emprunter comme il en a l'habitude au thriller, et le film est nourri par Hopper et « The Dead » de Joyce que j'avais eu le bonheur d'étudier au lycée. C'est enfin un rare sujet de cinéma que cette amitié entre deux femmes mûres, interprétées par deux actrices évidemment formidables.
Mulholland Drive (2001)
Mulholland Dr.
2 h 26 min. Sortie : 21 novembre 2001 (France). Drame, Thriller, Romance
Film de David Lynch
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
26 janvier
Au cinéma — revu (+1).
Loin d'être mon Lynch préféré mais toujours un film passionnant. J'ai une théorie comme quoi c'est son plus populaire parce qu'il y a une histoire d'amour entre deux très belles femmes... Reste que ce cinéma est toujours formidablement sensuel, très peu bavard et intello finalement, d'une grande intensité alors qu'il n'y a pas vraiment de grande scène. Le personnage de Betty est très beau, comme le remake de Persona. J'avais aussi oublié la scène géniale du café de Badalamenti et surtout ces deux morceaux très tarantinesques que sont les séquences de l'adultère et du tueur à gages — je crois que c'est ce mélange des genres que j'aime le plus chez Lynch, cette légèreté qui vient alimenter le mystère à sa manière. Mais j'ai toujours trouvé à ce film un côté kitsch et série B, assumé bien sûr mais dont le rendu me sort un peu de la contemplation esthétique : la photo vaporeuse, la caméra subjective ou le personnage du sans-abri. Si on prend le film plan par plan, je trouve le film moins propre, moins beau que Lost Highway.
After the Snowmelt (2024)
Xue Shui Xiao Rong De Ji Jie
1 h 50 min. Sortie : 2024 (France).
Documentaire de Lo Yi-Shan
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
1er février
Au cinéma.
Oh le bon vieux film d'auteur chinois, fauché et trop long. La réalisatrice part sur les traces de son ami disparu en montagne... On n'en peut plus des films de deuil. Fétichiste, vain et informe.
Paddington (2014)
1 h 35 min. Sortie : 3 décembre 2014 (France). Aventure, Comédie, Jeunesse
Film de Paul King
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
3 février
Mignon tout plein. L'animation est impeccable et le rythme endiablé. L'idée est merveilleuse de voir un petit ours maladroit mettre ses sales pattes sur l'horlogerie britannique, et il y a un esprit Wes Anderson dans cette maison de poupée et ses enfants surdoués. Les jeux de mots aussi sont très drôles (« bear left » ou « taxi/dermist »). Je m'attendais pas à voir Nicole, et sinon les Anglais semblent toujours avoir les mêmes acteurs.
The Brutalist (2024)
3 h 35 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Drame, Romance
Film de Brady Corbet
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
16 février
Au cinéma.
Il y aurait beaucoup de choses à dire. La première partie laisse augurer de belles choses mais fait craindre certains écueils dans lesquels se vautre la seconde : manichéisme, misérabilisme avec ce feu d'artifices de mauvais goût viol-drogue-sexe qui rappelle Gaspar Noé ou Aronofsky. Corbet gâche son scénario ambitieux et la beauté de sa photographie avec cette résolution grossière. Sa grande fresque classique se retrouve hantée par des modèles peut-être encore trop présents, Coppola, Scorsese ou PTA.
American Sniper (2014)
2 h 12 min. Sortie : 18 février 2015 (France). Biopic, Guerre
Film de Clint Eastwood
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
21 février
Contrairement aux apparences, rien n'est jamais simple chez Eastwood. L'héroïsme de Chris Kyle, pour lequel le film déborde de tendresse, est clairement questionné jusqu'à ce générique amer. Bradley Cooper est impressionnant.
Spider-Man (2002)
2 h 01 min. Sortie : 12 juin 2002 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de Sam Raimi
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
21 février
Revu (+2).
Petite madeleine. Le personnage du Bouffon Vert est nul, les scènes d'action sont kitsch et déjà trop pleines de testostérone mais le teen-movie est un régal, grâce à Tobey Maguire et à l'attention que Sam Raimi prête au corps de l'adolescent. La musique aussi et les prises de vue de New York créent une atmosphère unique. Et je n'avais jamais capté que c'était J. K. Simmons (chevelu) qui jouait le patron du Daily Bugle !
Maria (2024)
2 h 04 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Biopic, Drame
Film de Pablo Larraín
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
25 février
Au cinéma.
Je crois que j'ai eu ma dose des biopics crépusculaires de Larraín, qui sentent toujours un peu la naphtaline : photo granuleuse, filtres colorés, intérieurs rances et figures aux lunettes carrées. Dans Jackie il me semble qu'il interrogeait encore le genre, l'écart entre la fiction et le réel. Ici on retombe dans le biopic attendu et ses flashbacks en noir et blanc, dialogues trop écrits et téléologiques, images d'archive au générique, jusqu'au montage éclaté devenu lui-même la norme. Et puis cette fâcheuse tendance de proposer une sorte de bande-annonce du film au début de celui-ci... J'ai eu du mal à oublier Angelina Jolie, et de toute façon le personnage ne m'intéresse pas tant que ça.
5 Septembre (2024)
September 5
1 h 31 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Drame
Film de Tim Fehlbaum
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
26 février
Au cinéma.
Il y a une certaine efficacité du huis clos mais le film n'échappe pas aux clichés. Photo sombre du film dossier, montage frénétique du thriller, écriture péniblement didactique et moralisatrice, en particulier sur les préjugés sexistes et racistes : dans cette régie bondée, le film laisse littéralement trop peu de place au spectateur. On se prend à rêver de ce qu'un Lumet ou un Marker aurait pu faire d'un tel matériau en laissant les images parler d'elles-mêmes. Le film manque de recul et ne semble pas tout à fait à la hauteur des enjeux de son sujet.
Quatre nuits d'un rêveur (1971)
1 h 27 min. Sortie : 2 février 1972. Drame, Romance
Film de Robert Bresson
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
28 février
Au cinéma.
Je retrouve avec plaisir les fétiches de Bresson : le jeu d'automate, les portes et les mains, la musique intradiégétique. Il y a vraiment chez lui une ivresse du silence et des postures dans ces séquences où les moindres faits et gestes des personnages sont presque nimbés d'une intensité de thriller. La photo est absolument magnifique, pendant les fameuses nuits mais aussi dans ce nu sublime d'Isabelle Weingarten — comme le Godard de la même époque, Bresson emprunte beaucoup à la peinture, dans ses cadrages et sa composition — et le scénario a de belles idées, comme la filature des femmes dans la rue évoquant Aurélien d'Aragon, le magnétophone qui crie « Marthe » comme un perroquet au niveau du cœur de Jacques, le nom de Marthe que l'amoureux retrouve comme par hasard sur une devanture ou un bateau. C'est aussi le Bresson le plus moderne que j'ai vu et il y a d'étranges séquences de musique hippie qui détonnent et ternissent peut-être un peu la pureté du film. En tout cas si la froideur habituelle de l'interprétation peut rebuter, elle ne diminue pas le désespoir qui se jouait dans la nouvelle de Dostoïevski sur un mode plus sentimentaliste. Enfin le film est passionnant contextuellement, étant au croisement de beaucoup d'autres œuvres, La Maman et la Putain (Guillaume des Forêts ressemble à Jean-Pierre Léaud), Un homme qui dort ou Les Amants du Pont-Neuf qu'il me reste à voir.
Amadeus (1984)
2 h 40 min. Sortie : 31 octobre 1984 (France). Biopic, Drame
Film de Miloš Forman
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
8 mars
Au cinéma (en ciné-concert à La Seine Musicale) — revu.
Quelle folle expérience que de revoir ce film avec un orchestre ! Il y aurait tout un texte à écrire sur les bras du chef d'orchestre qui coïncident avec ceux de Mozart dans le film, sur les choristes qui en se levant annoncent la musique imminente de la prochaine scène, sur les applaudissements dans le film qui semblent s'adresser à la fois aux musiciens fictifs et réels... La tête me tournait devant cette simple mise en abyme, suffisante en soi pour stimuler la réflexion sur l'art et la représentation.
Et puis il y a le film, spectaculaire, très efficace et en même temps réducteur. J'avais oublié la mise en scène grandiose et cette jubilation baroque, burlesque, très fellinienne, qui provoque le rire communicatif de milliers de spectateurs. L'idée du point de vue de Salieri est géniale, mais il me semble aussi que le film finit par en pâtir. Regardés sous son seul prisme, les personnages deviennent unidimensionnels : Mozart est frivole, sa femme est vénale, Salieri lui-même n'est qu'envie. Si sa confession donne son sel au film, son romanesque, il y avait la place pour plus de nuance, de finesse, de beauté.
Mais la scène d'écriture du Requiem, qui permet de voir l'orchestre en décomposer chaque partie, quels frissons...
Mickey 17 (2025)
2 h 17 min. Sortie : 5 mars 2025 (France). Science-fiction, Action, Comédie
Film de Bong Joon-Ho
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
10 mars
Au cinéma.
Une énième dystopie lourdingue et gris-bleu, écolo et anti-fasciste à la Netflix, mais que la bouffonnerie et le glauque coutumiers de Bong Joon-Ho rendent un peu plus supportable. Les acteurs en roue libre ont l'air de bien s'amuser, le ton nonchalant et le mépris relatif pour le genre de la SF emportent la sympathie. Au niveau du scénario c'est exactement la rencontre entre Snowpiercer et Okja, avec une satire à peine voilée qui a dû titiller la production parce qu'on devine des repentirs étranges : l'arc avec le maître chanteur qui n'a aucun lien avec le reste, le personnage d'Anamaria qui disparaît (hélas) ou encore la fin complètement ratée d'un point de vue dramaturgique... Et bien sûr on a le droit au laïus final de rigueur, « they were here before, we are the aliens », au cas où le spectateur n'aurait pas compris. En fait j’aurais adoré découvrir ce film dans cinquante ans, pour le regard rétrospectif sur l’Amérique trumpiste (comme quand on joue à deviner Kennedy ou Reagan dans de vieilles satires) mais aussi pour cette date absurde de 2054 (le futur n’arrive jamais aussi vite qu’on le pense).
The Insider (2025)
Black Bag
1 h 33 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Drame, Thriller
Film de Steven Soderbergh
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
17 mars
Au cinéma.
Un whodunit qui se voudrait plus classieux et plus intelligent qu'il ne l'est. La démarche de faire un film d'espion à l'ancienne, sans scènes d'action ni gadgets, avec peu de séquences en extérieur est très louable mais le film n'est ni incarné, à l'image de cette photo vaporeuse désagréable, ni vraiment ludique comme peut l'être le meilleur de Soderbergh. Il y a deux scènes de repas difficilement supportables à base de répliques toutes plus witty les unes que les autres. Les dialogues sont beaucoup trop écrits et on ne croit pas à toutes ces relations privées entre agents du même service. Enfin il faut compter sur ce cynisme froid et de pacotille, un peu à la House of Cards, propre à notre époque.
Les Valseuses (1974)
1 h 57 min. Sortie : 20 mars 1974. Comédie dramatique, Road movie
Film de Bertrand Blier
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
19 mars
Première fois. Je ne suis pas sûr que Blier maîtrise tout ce qu'il montre... En tout cas je ne vois vraiment pas en quoi c'est une comédie. Il n'y a même pas tant de répliques croustillantes, je suis déçu. Le film capte un air du temps, une mélancolie, à l'image du beau passage avec Jeanne Moreau, mais il est aussi un peu vide et chiant.
La Mouche (1986)
The Fly
1 h 36 min. Sortie : 21 janvier 1987 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Science-fiction
Film de David Cronenberg
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
21 mars
Au cinéma.
Le flou du premier plan et les yeux globuleux de Jeff. Cronenberg prolonge le regard du cinéma sur le monstre après Freaks, Alien ou Elephant Man. Le maquillage et les prothèses sont impressionnants et n'ont pas vieilli d'un poil. Et en effet Coralie a tout pompé ! Je ne m'attendais pas à une transformation progressive, j'ai beaucoup aimé que le film prenne son temps. On peut simplement regretter que le monstre ne ressemble pas tant à une mouche... C'est aussi une belle romance parfaitement « humaine » si on la lit de manière allégorique. Mais comme souvent, les films de genre des années 1980 me semblent à la fois charmants et un peu ridicules.
A History of Violence (2005)
1 h 35 min. Sortie : 2 novembre 2005 (France). Thriller, Film noir
Film de David Cronenberg
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
24 mars
Mon premier thriller cronenbergien, et à part dans la photo et le goût du malsain, il est d'abord difficile de reconnaître la patte du réalisateur. Mais en réalité Cronenberg traite encore la contamination d'un corps, ici le corps social, celui de la famille. Le début évoque Funny Games bien sûr mais ces inconnus qui rôdent autour d'une maison m'ont fait penser à Histoires de la nuit, de Mauvignier, avec cette question centrale : à quel point peut-on faire oublier son passé ? quels sont les actes par lesquels on se définit auprès des autres ? Le sujet est passionnant et le jeu de Mortensen assez subtil mais le règlement de comptes final vire un peu au grand-guignolesque.
Tardes de soledad (2024)
2 h 05 min. Sortie : 26 mars 2025 (France). Portrait
Documentaire de Albert Serra
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
27 mars
Au cinéma.
Une symphonie de gestes et de postures. Le film tire en longueur mais la caméra devient comme ivre de matière, gloutonne de formes et de couleurs, et Serra de mieux souligner l'absurdité de cette existence chaque fois renouvelée. Alors est-ce un film ou un documentaire ? La captation est au plus proche du réel et en même temps Andrés Roca Rey fait des mines, jusque dans la voiture et dans l'hôtel où plus aucun public ne l'admire. En réalité il est dans une représentation au carré, et en interrogeant cette représentation en permanence, le film abolit définitivement la frontière entre fiction et documentaire. J'ai pensé à la pièce Le Balcon de Genêt, où l'Être est pris au piège de sa Fonction. Enfin évidemment on peut boycotter le film mais ces images me semblent plus convaincantes que n'importe quel discours. Serra n'a même pas besoin d'appuyer sur l'ironie d'un « le taureau était mauvais », ou sur le visage bestial des toreros. Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire, sur la précision littéralement inouïe du son ou encore sur la confirmation, depuis Au hasard Balthazar, que l'animal jouera toujours mieux que l'homme. Un film à la fois passionnant théoriquement et terriblement beau et sensuel.
Le Festin nu (1991)
Naked Lunch
1 h 55 min. Sortie : 11 mars 1992 (France). Drame, Expérimental, Fantastique
Film de David Cronenberg
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
6 avril
Au cinéma.
Sur le même thème, c'est quand même autrement plus subtil que Requiem for a Dream. Le film n'est pas tant une adaptation du roman que de la vie de Burroughs : le meurtre accidentel, à la Guillaume Tell, de sa femme et sa descente aux enfers à Tanger où il passe un mois complètement défoncé à regarder ses pieds dans la casbah. « L'Interzone » représente donc cet espace mental qui relie la drogue, l'amour et l'écriture, en particulier grâce à la métaphore très kafkaïenne de la machine à écrire qui se transforme en scarabée répugnant. Le film regorge de ces trouvailles visuelles qui sont parmi les plus réussies plastiquement que j'ai pu voir jusqu'à présent chez Cronenberg. Si la deuxième partie est plus longue et explicative, la première touche à quelque chose dans son abstraction où l'odeur, la couleur jaunâtre du bad trip semblent palpables, le tout baignant dans une atmosphère labyrinthique, très lynchéenne, jusque dans la reprise des codes du film noir.
A Dangerous Method (2011)
1 h 39 min. Sortie : 21 décembre 2011 (France). Biopic, Drame, Romance
Film de David Cronenberg
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
7 avril
Le sujet est bien sûr passionnant et permet de découvrir la figure influente et oubliée de Sabina Spielrein, malheureusement son traitement reste superficiel. On semble davantage intéressé par la romance que par la science qui n'est qu'un enrobage vaguement plaisant. Plus étonnant chez Cronenberg, son premier film historique (peut-être étriqué littéralement dans son costume ?) est très bavard et ne propose aucun choix fort de mise en scène, se contentant de considérations finalement très sages sur la folie là où on aurait aimé un peu plus de perversité.
Les Incorruptibles (1987)
The Untouchables
1 h 59 min. Sortie : 21 octobre 1987 (France). Policier, Drame, Historique
Film de Brian De Palma
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
13 avril
Au cinéma.
Le moins depalmesque des De Palma ? Les Incorruptibles pourrait être signé par Hawks (pour le film de bande) ou par Capra (les personnages angéliques, le conseiller municipal véreux) tant il est manichéen et puritain, loin de l'ambiguité délicieuse des autres films de Brian. Il y a même une scène de western et sans les mouvements de caméra caractéristiques, on pourrait presque croire à un film de l'époque qu'il reconstitue. On retrouve malgré tout les obsessions du réalisateur, les split screens, la caméra subjective, des lieux comme la cabine téléphonique, l'ascenseur ou la gare (le fameux landau qui cite Potemkine), mais les scènes d'action sont ici assez kitsch, peut-être parce qu'elles sont privées de leur charge théorique et de leur puissance référentielle, en particulier sur la pulsion scopique. Les qualités charmantes de De Palma semblent se retourner contre lui dans le cadre de ce blockbuster aux relents de téléfilm.
Une femme douce (1969)
1 h 28 min. Sortie : 28 août 1969. Drame, Romance
Film de Robert Bresson
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
14 avril
Au cinéma.
Où l'on touche pour moi aux limites de la méthode Bresson. L'incessant ballet de mains, de poignées et de portes a fini par m'écœurer. Pourtant Dieu sait que je prise ce fétichisme de la posture où chaque plan est un tableau, une nature morte même puisque les personnages sont des morts-vivants... Le film baigne dans une des plus belles photographies que j'ai pu voir, grâce à l'harmonie de sa palette et à la netteté de son trait, mais la forme si magnifique soit-elle me semble prendre le dessus sur le fond pour devenir aussi neurasthénique que ses personnages. C'est certes parfaitement cohérent avec le propos du film, qui veut montrer l'enfermement d'un couple, le malaise dans la société de consommation qui voit l'usurier transformer sa femme elle-même en un bien dont il puisse disposer. Mais la froideur est ici portée à un point qu'elle me sort du film. Bresson reste un immense cinéaste, pour l'attention absolue qu'il porte à la matière (j'ai pensé aux Choses de Perec), pour ses silences enfiévrés.
Hercule (1997)
Hercules
1 h 33 min. Sortie : 26 novembre 1997 (France). Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Ron Clements et John Musker
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
18 avril
Si je l'avais déjà vu enfant, je n'en ai gardé aucun souvenir. Où l'on bafoue gaiement le mythe : Hercule devient donc l'enfant d'Héra laquelle est remplacée par Hadès en méchant insupportable, Alcmène et Amphitryon passent à la trappe et il n'y a même pas de mention des travaux... Je ne vois pas vraiment l'intérêt de changer pour changer. Sinon c'est la soupe habituelle, tant dans la forme (le montage qui casse la tête, la séquence horrible de l'hydre) que sur le fond avec le manichéisme, la sempiternelle romance, les personnages hystériques... Je n'ai jamais trop compris l'engouement autour de Disney je crois.
eXistenZ (1999)
1 h 37 min. Sortie : 14 avril 1999. Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller
Film de David Cronenberg
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
20 avril
Au cinéma.
Finalement assez similaire au Festin Nu, puisque le jeu remplace la drogue comme monde alternatif. On a eu Inception depuis forcément donc le fameux doute « est-ce qu'on est encore dans le jeu ? » n'a plus la même saveur mais Cronenberg se démarque encore une fois par son rapport au corps. Le film est stimulant, organique, érotique, il traite de l'angoisse, la vraie, celle de ne plus être en phase avec son propre corps, et de la sexualité sur laquelle plane toujours le risque de la contamination. J'ai aimé aussi que les espaces du jeu ressemblent en tous points à ceux de la vraie vie (même si le hors-champ d'eXistenZ au début est aussi particulièrement puissant). Sur la fin on retombe peut-être sur du méta classique avec ces twists à répétition mais il y a aussi quelques métaphores amusantes sur le cinéma.
Sinners (2025)
2 h 11 min. Sortie : 16 avril 2025 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Ryan Coogler
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
1er mai
Au cinéma.
À l'image de la scène de danse, le film est vaguement original dans son mélange de genres et de thèmes mais la forme est absolument immonde, même pour un blockbuster. La photo numérique est laide, le découpage charcuté, le rythme et la tension catastrophiques, les acteurs jouent mal... Je ne comprends pas que certaines choses aient pu rester dans le montage final. On dirait une immense bande-annonce, particulièrement interminable dans sa deuxième heure. Je veux bien que chacun exorcise les démons de la ségrégation et du racisme à sa façon mais au moins c'était un peu plus mis en scène et jubilatoire chez Tarantino, et même un peu plus réfléchi chez Peele.
Ce n'est qu'un au revoir (2024)
1 h 41 min. Sortie : 2 avril 2025. Société
Documentaire de Guillaume Brac
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
3 mai
Au cinéma.
Des limites du naturalisme. Pas d'attachement, peu de mélancolie. Soit il faut plus de rushes pour espérer de jolis accidents documentaires, soit il faut une fiction dans laquelle on dirige plus solidement. Le chapitrage et la voix-off ressemblent d'ailleurs à un aveu d'échec sur le plan des images. Et puis bon, les babos de la Drôme qui veulent changer le monde, très peu pour moi.
Un pincement au cœur (2022)
38 min. Sortie : 9 février 2025. Société
Moyen-métrage de Guillaume Brac
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
3 mai
Au cinéma.
Avec moins de personnages et plus de verve, ça marche déjà mieux. Ces gamines me sont plus touchantes, elles ressemblent à mes élèves. La pellicule moins propre, on croirait presque à du Kechiche première période.
Mission: Impossible - The Final Reckoning (2025)
2 h 49 min. Sortie : 21 mai 2025 (France). Action, Aventure, Thriller
Film de Christopher McQuarrie
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
17 mai
Au cinéma.
Rarement vu une exposition aussi laborieuse, avec des dialogues explicatifs interminables et cet horrible mashup de flashbacks et autres flashforwards (parce que vous comprenez, « tout est écrit ») monté sans aucun égard pour les épileptiques. La boursouflure narrative atteint des sommets et je suis sûr qu'il y avait moyen de couper dans le gras. C'est quand même un comble de devoir attendre une heure et demie pour que vienne la première scène d'action digne de ce nom, une sorte de Gravity sous l'eau, d'ailleurs assez impressionnante et belle parce qu'on prend enfin le temps de s'arrêter sur les choses. Le reste est moyen, surtout à cause du méchant ridicule et des enjeux toujours plus excessifs. Le pire film de la série depuis le John Woo, il est peut-être temps que ça se termine.