Relecture du disque monde, sans raisons.

Annotation :

1er roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 1/7
thème traité : Parodie des stéréotypes de la fantasy et du jeu de rôle

Rincevent le mage le plus mauvais à avoir foulé les terres du disque-monde, rencontre Deux-fleurs le touriste venu de loin. Ensembles, ils vivront de grandes aventures, tout en foulant du pied les clichés de la fantasy au passage.

Un des moins bons, et une histoire difficilement canonique. Certains personnages ne sont pas encore ce qu'ils deviendront au plus haut de leur gloire. La mort tue par ennui et par méchanceté, Rincevent n'est pas encore l'avatar vivant de la lâcheté... Pratchett esquisse encore les détails de son monde et des personnages qui l'habitent, rien n'est encore tout à fait terminé.
Un bon livre dans son ensemble mais un Pratchett des plus moyens.

Ce livre fut adapté en jeu vidéo ainsi qu'en film. Le premier est vraiment bon, le deuxième est oubliable.

Annotation :

2eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 2/7
thème traité : Parodie des stéréotypes de la fantasy et du jeu de rôle

Ce tome reprend là où la huitième couleur se termine. Le monde prend des couleurs, les personnages deviennent plus solide, l'histoire sait enfin où elle souhaite se rendre et l'humour s'épaissit. Dans ce tome, le Disque-Monde se matérialise à travers la fumée du premier tome et présage de ce que deviendra plus tard la série, mais n'a malheureusement pas assez de temps pour y parvenir tout à fait.

Il manque encore quelque chose d'essentiel à la série, et cette chose ne peut venir qu'à travers la structure de l'histoire : un propos, une philosophie, cette pensée si particulière et propre à Pratchett. Ce deuxième tome reste un roman d'aventure parodique.

Annotation :

3eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 1/6
thèmes traités : Égalité homme/femme, les traditions, la médecine et la gestion du pouvoir

Eskarina, une jeune fille de la campagne, hérite de grands pouvoirs magiques. Dépassée par les pouvoirs de l'enfant, Esméralda « Mémé » Ciredutemps, sa tutrice, se sentira obligée de l'inscrire à l'Université invisible, seul lieu capable de canaliser sa puissance. Il faudra composer avec les traditions et les conventions sociales : l'Université Invisible est interdite aux femmes, au désespoir d'Eskarina, qui pourra heureusement compter sur l'aide de Mémé Ciredutemps et du jeune mage Simon pour renverser les conventions et mettre un bon coup de pied dans cette fourmilière sexiste.

Apparition de Mémé Ciredutemps, un des meilleurs personnages du Disque-monde, et premier véritable tome du Disque-Monde sous la forme qu'il gardera jusqu'à la fin.
Il est intéressant de noter que c'est au sein de ce tome que Mémé épousera sa philosophie de vie, sous l'impulsion d'autres personnages. Les personnages de Pratchett sont désormais organiques et sont marqués durablement par les événements qu'ils vivent, ce qui est relativement rare au sein de la fiction.
Un tome au rythme bien géré, soutenu par ses dialogues et les interactions entre ses personnages.

Annotation :

QUATRIÈME ROMAN DU DISQUE-MONDE
SOUS SÉRIE : LA MORT ET SES ÉTATS D’ÂMES, TOME UN SUR CINQ
THÈMES TRAITÉS : LA CROYANCE, LA MORT, L’APPRENTISSAGE ET LE PASSAGE À L’AGE ADULTE

DÉSIREUX DE S’OCTROYER DAVANTAGE DE TEMPS PERSONNEL AFIN DE DÉCOUVRIR LE DU MONDE DES MORTELS, LA MORT ( AU MASCULIN, S’IL VOUS PLAÎT ) DÉCIDE D’EMBAUCHER UN APPRENTI. LE JEUNE GARÇON, MORTIMER UN ADOLESCENT PEU DÉGOURDI, DÉCOUVRE AVEC SURPRISE LE PETIT UNIVERS DE POCHE DANS LEQUEL HABITE LA FAUCHEUSE, AINSI QUE SA PETITE FAMILLE, COMPOSÉE DE SON MAJORDOME, ALBERT, UN VIEILLARD GRINCHEUX, DE SON CHEVAL, UN PUR SANG SYMPATHIQUE ET DÉVOUÉ, ET DE SA FILLE, YSABELL, UNE ADOLESCENTE CAPRICIEUSE ET LUNATIQUE. ALORS QUE LA MORT LUI CONFIE LES RENNES AFIN DE SE BALADER UN BRIN ET DE DÉCOUVRIR LES BIENFAITS DE LA VIE, L’APPRENTI MERDE EN BEAUTÉ ET SAUVE UNE PRINCESSE POURTANT DESTINÉE A MOURIR, DÉTRAQUANT LA BONNE MARCHE DE LA MORT. ALORS QUE LE TISSU DE LA RÉALITÉ S’ÉMIETTE, LA FAUCHEUSE RESTE AUX ABONNÉS ABSENTS, PROFITANT DES BIENFAITS TERRESTRES, IL REVIENDRA DONC À MORTIMER DE RÉPARER SES BÊTISES, AVEC L’AIDE PROVIDENTIELLE D’YSABELL.

PREMIER TOME À PLEINEMENT SATISFAIRE PRATCHETT, SELON UNE INTERVIEW DE 2003, CE TOME MÉLANGE AVEC MAESTRIA LE PARFAIT COCKTAIL D’HUMOUR ET D’HISTOIRE, SANS QU’UN DES DEUX NE MARCHE SUR LES PIEDS DE L’AUTRE. LE PERSONNAGE DE LA MORT PREND SA FORME DÉFINITIVE ET COMMENCE À AVOIR DES ÉTATS D’ÂMES QUI LE RENDENT PROFONDÉMENT HUMAIN. SES RÉFLEXIONS SE PROLONGERONT SUR LES TOMES SUIVANTS.
QUELQUES DÉFAUTS VIENNENT ENTACHER CE TOME QUI RESTE UN DES MEILLEURS LIVRE DU DISQUE-MONDE : LE PERSONNAGE DE MORTIMER ÉVOLUE BIEN TROP VITE, AU POINT QUE LE LIVRE MENTIONNE SON ÉVOLUTION ENTRE DEUX LIGNES SANS EN EXPLIQUER LA RAISON. DE MÊME, YSABELL CHANGE DE PERSONNALITÉ DE FAÇON TROP BRUTALE. QUELQUES DIZAINES DE PAGES SUPPLÉMENTAIRES AURAIENT PU FLUIDIFIER LE DÉVELOPPEMENT DE CES PERSONNAGES.
GLOBALEMENT, UN LIVRE BRILLANT QU’IL EST DIFFICILE DE METTRE DE CÔTÉ, TANT L’ÉCRITURE MAÎTRISÉE EST PARSEMÉE DE PHRASES DRÔLES ET EFFICACES, PORTE DE PROFONDES RÉFLEXIONS SUR LA MORT, NOS CROYANCES, ACCOMPAGNÉ DE CE REGARD SI PARTICULIER QUE PRATCHETT PORTE SUR NOTRE MONDE.

Annotation :

5eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 3/7
Thèmes traités : Le savoir, le pouvoir, l’hérédité

Huitième fils né d’un huitième fils, lui-même né d’un huitième fils, Thune est un mage redoutable comme ses ancêtres avant lui malgré son jeune âge. Armé de son sceptre magique et bien déterminé à prouver la force de ses pouvoirs, il prendra sans aucun effort le contrôle de l’Université Invisible, lieu de résidence et de travail de tous les plus grands magiciens sur le Disque-Monde - car malgré leurs protestations, l’enfant est doté d’une force dont ils sont dépourvus : Thune est ce que l’on nomme un Sourcellier, et peut manipuler la réalité aussi facilement que s’il modelait de la glaise. Mais la réalité est fragile, et l’introduction de cette magie bien trop puissante ne sera pas sans conséquente. Les plans de domination mondiale du jeune garçon pourraient ainsi ne pas être de simples menaces.
Alors que le monde entier tombe en lambeaux, Rincevent, le mage le moins crédible de l’univers sera épaulé par son fidèle Bagage, un coffre à pattes agressif et belliqueux, Conina, la fille du plus célèbre des barbares (qui aurait préféré une carrière de coiffeuse à une carrière d’aventurière mais que voulez-vous, on ne lutte pas contre l’hérédité) et Nijel le Destructeur, barbare débutant ayant appris le métier par correspondance, pour remettre le monde sur les rails. Et comme souvent avec Rincevent, la malchance ne sera jamais loin.

Continuation des aventures de Rincevent. Le manque d’intérêt de Pratchett pour ce personnage commence à se faire sentir. Car Rincevent n’est qu’une excuse pour découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux personnages, de nouvelles situations, ce qui fait de lui un poids mort que l’histoire traîne douloureusement derrière elle. Dans le livre l’Art du Disque-Monde, Pratchett déclarera que le manque de narration interne de Rincevent et son incapacité à être actif face aux intrigues en fait un personnage délicat à l’écriture.
Sourcellerie n’est ainsi pas le livre le plus inspiré de Sir Pratchett, bien qu’il reste agréable.
Ce roman est, comme bien souvent avec le pauvre mage, en priorité un roman d’aventure, et le traitement de ses sujets passent à l’arrière-plan.
Bon roman, bien qu’oubliable.

Annotation :

6eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 2/6
thème traité : les pièces de Shakespeare, le pouvoir et l’ambition, le théâtre, la loyauté, la propagande

Le Royaume de Lancre, entité semi-consciente, s’éveille suite au meurtre de son vieux monarque. Assassiné par son cousin, le Duc Kasqueth, sur les conseils de la femme de ce dernier, l’ancien monarque se retrouve à errer dans son ancien château sous une forme spectrale des plus inconfortable. Difficile, sans corps, de se venger du nouveau roi. Car l’ancien Duc n’est pas comme son prédécesseur et ne semble respecter ni les coutumes, ni les habitants ni le royaume lui-même. Et quand le pays gronde, alors tout semble se détraquer… Les trois sorcières locales, Mémé Ciredutemps, Doyenne au mauvais caractère, Nounou Ogg, matrone joyeuse d’une famille qui ressemble plus à une armée qu’à une famille et Magrat Gousedail, jeune adepte des arts ésotériques à la dernière mode décident de se retrousser les manches pour réfléchir au problème et parvenir à le résoudre sans toutefois s’en mêler, ce qui semble mission impossible. Car après tout, faire tomber un roi n’est pas anodin et ont-elles réellement envie de mettre le doigt dans ce type d’engrenages ?

Clairement une lettre d’amour envers les œuvres de Shakespeare, ce roman emprunte allégrement à MacBeth, au roi Lear et à Hamlet. Le personnage de Mémé Ciredutemps, épaulé par Nounou et Magrat, déjà apparue dans la huitième fille, est pour la première fois le personnage principal d’un roman du Disque-Monde. Mémé possède un statut spécifique, en tant que personnage préféré de Terry Pratchett, elle ressemble le plus à ce qui pourrait être un avatar de l’auteur. Roman percutant, rythme efficace, l’équilibre entre l’humour et la narration est idéale, le Disque-Monde entre dans un âge d’or qui durera de nombreuses années.

Annotation :

7eme roman du Disque-Monde
Sous série : One Shot
thème traité : L’Egypte antique, les croyances, la politique, l’université, les traditions

Fraichement diplômé de la Guilde des Assassins, Teppic, jeune étudiant étranger, souffle enfin. Envoyé par son père sept ans plus tôt à Ankh, le jeune homme s’est rapidement habitué à vivre loin du désert et des pyramides. Cependant son repos s’avère être de courte durée. La mort de son père, le Pharaon, survient et Teppic doit désormais retourner dans son royaume natal pour lui succéder comme héritier légitime. Afin de suivre la tradition ancestrale et sous les conseils du Grand Prêtre Dios, Teppic prend la décision de construire la plus grande pyramide jamais construite pour l’enterrement de son paternel. Malheureusement, les pyramides stockent le temps, et la taille de cet édifice pourrait poser quelques soucis à l’intégrité même du tissu de la réalité.

Conçu comme une œuvre d’aventure, Pyramide fonctionne agréablement, soutenu par la personnalité de ses protagonistes qui n’hésitent pas à agir et à se déplacer au sein de l’action, contrairement à Rincevent, ce qui leur assure un quota sympathie non négligeable. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, bien que le personnage le plus intéressant soit en réalité l’antagoniste. Dios mène le jeu sans tout à fait comprendre ce qu’il fait, mué par des forces qui le dépasse. Il se fait la voix des traditions qui ne doivent pas être changées, car, après tout, on a toujours fait comme ça. Difficile de lui en vouloir et d’ailleurs, Dios n’est jamais réellement puni. Vivre sa version idéalisée du monde dans des boucles infinies, est-ce un enfer adapté ? Les thèmes débordent et dégoulinent de Pyramide, au point qu’il soit impossible pour Pratchett de les ranger soigneusement au sein du roman comme il avait pourtant l’habitude de le faire. Cette impossibilité résultera en l’écriture des Petits dieux, quelques années plus tard, comme pour traiter convenablement ce qui n’avait pas pu l’être dans Pyramide. Cela aurait pu être un défaut si le traitement de la narration ne rattrapait pas largement ce manquement, par ses personnages, son histoire, ses enjeux. Pyramide est un roman généreux du Disque-Monde, un One-Shot humoristique se suffisant à lui-même, sur lequel Pratchett fut obligé de sauter à pied joins pour parvenir à le fermer, comme une valise trop rempli une veille de départ en vacances. . Et cela fait de Pyramide le roman idéal pour commencer cette longue série.

Annotation :

8eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 1/8
thème traité : le populisme, la criminalité, les sociétés secrètes, la police et le fonctionnariat

Le guet municipal d’Ankh-Morpork n’est plus que l’ombre de lui-même. Dirigé par le Capitaine Vimaire, alcoolique misanthrope, cette police a vu ses effectifs fondre comme neige au soleil. Depuis la réorganisation du crime sous la bannière des différentes guildes, le monde sous-terrain s’auto-régule, laissant la police sans travail et donc sans justification pour sa propre existence. C’était sans compter sur les agissements d’une société secrète, bien décidé à faire tomber le seigneur Vétérini, dictateur bienveillant tenant d’une main de fer la ville. A l’aide d’un dragon fraichement invoqué, ils feront pleuvoir le feu et la peur sur Ankh-Morpork, car tel est leur plan étrangement alambiqué. D’abord le dragon, puis la peur, et ensuite… Un homme providentiel apparaitra pour sauver la ville du dragon, si possible un homme aisément manipulable. Voilà qui est bien pratique. Mais n’ayez craintes, le guet est sur l’affaire.

Roman policier, Au guet est souvent le roman préféré des fans, pour des raisons évidentes. Construit sur les mécanismes d’un gigantesque arc de rédemption pour certains des personnages et d’un roman d’initiation pour d’autres, Terry Pratchett tisse soigneusement un enchevêtrement de policiers aux caractères et idéaux radicalement différents qui, s’ils ne parviennent que peu à travailler en équipe au début, finiront par former le noyau dur d’une police plus efficace qu’elle ne devrait avoir le droit d’être. Comme dans une forge, les personnages sont chauffés à blanc et frappés les uns contre les autres par l'histoire et les circonstances jusqu'à ce qu'ils parviennent à s'emboiter comme des pièces de puzzle les uns avec les autres. Les rouages tournent admirablement, le rythme est soigné, les dialogues frappent toujours dans le mille et l’on se surprend à désirer le meilleur pour ces personnages fictifs. Vimaire, Carotte et Vétérini sont les principaux bénéficiaires de la qualité d’écriture, mais personne n’est en reste. Ce tome est incroyable. Peu de roman du Disque-Monde parviendront à cette qualité – et dieu sait que cette chaine possède pourtant peu de maillons faibles. Je ne comprends pas comment Pratchett parvient à dire tant en si peu de pages.

Annotation :

9eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 4/7
thème traité : Les enfers, le corporatisme, l’adolescence

Démonologue débutant, Eric, jeune adolescent passionné de magie noire, invoque par erreur Rincevent, mage nullissime n'ayant pour compétence que l'art de la fuite et une chance insolente, au lieu d’invoquer le démon souhaité, censé réalisé pour lui trois vœux. Peu importe, ce sera donc Rincevent qui sera chargé des trois vœux traditionnels ! Voilà qui ne sera pas au goût de tous.

Eric n’est pas un mauvais roman. Il est même plutôt agréable. Cependant, il a pour défaut d’avoir été publié directement après Au guet et de subir la comparaison de plein fouet. Rincevent est comme toujours peu intéressant et Eric, le protagoniste secondaire, est sans saveur. Ce tome sera porté uniquement par son humour et en particulier par sa représentation de l’enfer, transformé par le nouveau roi des démons en un simulacre de la vie de bureau, où la paperasse est reine et où les pires tortures sont administratives. Roman court, aussitôt lu aussitôt oublié. Est-il court parce que Pratchett lui-même savait n’avoir que peu de matière ? Qui sait. On note cependant l’ajout de grandes inspiration provenant de Douglas Adams, ce qui n’est pas un mal.

Annotation :

10eme roman du Disque-Monde
Sous série : One Shot
thème traité : Hollywood, la propagande, le star-system, la puissance des histoires

Deccan Ribobe, dernier Gardien de la Porte d'Olive-Oued, meurt sans former un remplaçant. Une idée très ancienne s'échappe de derrière cette porte et investit Ankh-Morpork, incitant ses habitants à créer une nouvelle industrie, celle des images animées, l’équivalent du cinéma pour le Disque-Monde. La colline d'Olive-Oued devient alors une gigantesque fourmilière humaine consacrée à la création de clics – l’équivalent des films-, à laquelle tout le monde veut participer. Victor, élève mage, aidé de Ginger, l'actrice, et du chien Gaspode, tente de comprendre le secret caché derrière les images animées, et d'empêcher la catastrophe annoncée.

Ce roman est un bordel monstrueux. Je vais commencer par ses défauts avant de mentionner ses multiples qualités. Bien plus ancré sur ses blagues que sur son histoire, Olive-oued s’empêtre dans ses références cinématographiques bien trop nombreuses pour qu’elles soient toutes pertinentes – je pense notamment à la scène finale façon King Kong qui rompt complètement toute suspension consentie d’incrédulité restante. Le souci vient également du rythme. La tension met bien trop de temps à monter, et les multiples climax se font des croches-pieds en désamorçant la tension qui n’avait vraiment pas besoin de cela. Ginger est transparente et un brin insupportable dans les rares moment où elle prend consistance. Mention spéciale à la traduction. Les zinzins d’Olive Oued ? Vous êtes sérieux ? Le titre original était Moving Pictures ! Je crois que c’est la pire traduction de titre que j’ai rencontré. Quand à Olive Oued… Dans le roman original, Hollywood devient Holy Wood. C’était encore sobre. Mais Olive Oued… Sans parler des quelques mélange entre clics et films... Globalement, malgré tout, c’est un roman agréable à lire et son humour fonctionne. Victor est débordé par les événements et on prend plaisir à suivre le fil de son aventure. C’est aussi la première apparition de Gaspode, qui est un personnage que j’adore, et qui deviendra un personnage récurrent. Mention spéciale à la réunion entre le canard, la souris, le chat et Gaspode, qui inspirera le gang du canard dans Reflet d’Acide.

Annotation :

ONZIÈME ROMAN DU DISQUE-MONDE
SOUS SÉRIE : LA MORT ET SES ÉTATS D’ÂMES, TOME DEUX SUR CINQ
THÈMES TRAITÉS : LA MORT, LE SENS DE LA VIE, L’ABSURDITÉ DE TOUT CELA

MIS A LA RETRAITE, LA MORT SE RETROUVE FACE A SA PROPRE MORTALITÉ. DÉSESPÉRÉ A L’IDÉE DE NE PAS SAVOIR COMMENT EMPLOYER SON TEMPS RESTANT CORRECTEMENT, IL SE FAIT EMBAUCHER COMME FAUCHEUR DANS UNE PETITE FERME. PENDANT CE TEMPS, LE RESTE DU MONDE, EN L’ABSENCE DU FAUCHEUR, NE MEURT PLUS, CE QUI POSE DE LÉGERS SOUCIS LOGISTIQUES. VINDELLE POUNZE, VIEUX MAGE SUR LE DÉCLIN, EST DEVENU UN MORT VIVANT CONTRE SON GRÉ. ERRANT DANS LES RUES D’UNE VILLE QU’IL REDÉCOUVRE SOUS UN NOUVEAU JOUR, IL CHERCHERA UN SENS A SA MORT. ET COMME UN MALHEUR N’ARRIVE JAMAIS SEUL, L’ACCUMULATION VITALE CAUSÉE PAR L’ABSENCE DE LA MORT EN ATTENDANT SON REMPLAÇANT CAUSERA LE CHAOS EN VILLE. L’UNIVERSITÉ ET SES EQUIPES SONT SUR L’AFFAIRE.

JE N’AI RIEN A REDIRE SUR CE TOME, SI CE N’EST QUE LES PASSAGES SUR LES MAGES DE L’UNIVERSITÉ FONT TACHES. LISEZ CE LIVRE. LISEZ-LE.

« SEIGNEUR, JE VOUS DEMANDE…
SEIGNEUR, NOUS SAVONS QU’IL N’Y A PAS DE BON ORDRE EN DEHORS DE CELUI QUE NOUS CRÉONS…
…IL N’Y A PAS D’AUTRE ESPOIR QUE NOUS. IL N’Y A PAS D’AUTRE MISÉRICORDE QUE NOUS. IL N’Y A PAS DE JUSTICE, IL N’Y A QUE NOUS.
TOUT CE QUI EST EST A NOUS. MAIS NOUS DEVONS Y FAIRE ATTENTION. PARCE QUE SINON, NOUS N’EXISTONS PAS. SI NOUS N’EXISTONS PAS, ALORS IL N’Y A RIEN SINON L’OUBLI AVEUGLE.
ET MÊME L’OUBLI DOIT FINIR UN JOUR. SEIGNEUR, M’ACCORDEREZ-VOUS UN PEU DE TEMPS ? POUR RÉTABLIR UN ÉQUILIBRE. POUR RENDRE CE QUI A ÉTÉ DONNÉ. POUR LE SALUT DES PRISONNIERS ET LE VOL DES OISEAUX.
SEIGNEUR, QUE PEUT ESPÉRER LA MOISSON SINON LES ATTENTIONS DU FAUCHEUR ? »

Annotation :

12eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 3/6
Thème traité : les contes, la moralité, le pouvoir des histoires et la causalité narrative

Desiderata Lacreuse, marraine-fée, meurt et lègue sa baguette magique à Magrat Goussedail, confiant à elle et ses deux consœurs sorcières, Mémé Ciredutemps et Nounou Ogg, le soin de combattre Lilith qui tient le pays de Genua sous son emprise. Celle-ci l'a transformé de force en un pays de conte de fées et veille à ce que tout s'y passe comme elle l'a décidé. Les sorcières s'envolent donc vers Genua. Une fois parvenues à Genua, elles doivent aider Illon à ne pas épouser le Prince, mis sur le trône par Lilith.

Nounou Ogg et Mémé Ciredutemps sont des bulldozers, des représentantes des forces du chaos qui roulent sur les histoires et passent à travers comme s’il s’agissait de… Papier. Rien ne peut arrêter les protagonistes de ce tome et tout obstacle est irrémédiablement écrasé par leur passage, ce qui rend la lecture particulièrement jouissive. Magrat parvient à suivre le mouvement sans trop d’effort, ayant réussi à prendre sa place dans le trio suite aux aventures précédentes. Ce tome est une réussite, et offre encore une vision de la moralité selon Pratchett, comme si elle était le verso du Faucheur, qui explorait déjà certaines de ces pistes de réflexion à travers sa représentation de la mortalité. Un livre brillant, écrit par un auteur brillant. Esmeralda Ciredutemps est fascinante : elle fait partie des rares personnages de fiction à réellement se comporter comme quelqu’un d'intelligent, et son refus d’utiliser la magie et de la remplacer par l’utilisation de l’empathie et de la psychologie est une des meilleures décisions qu’ait pu prendre Pratchett. C’est aussi la présentation de sa théorie de la causalité narrative et du champ morphique. Pour la causalité narrative, toute structure narrative influence l’esprit humain et tout esprit humain influence les structures narratives. Impossible d’avoir l’un sans avoir l’autre, et plus une histoire devient efficace et plus il devient difficile de l’arrêter. Il est intéressant de constater l’importance de l’art de la narration pour Pratchett, à un point que cela en devienne le point névralgique d’un de ces romans. Lilith comprend les structures narratives et s’en sert ouvertement pour asservir tout un royaume. C’est puissant et diablement malin. 9/10, would read again.

Annotation :

13eme roman du Disque-Monde
Sous série : One Shot
Thème traité : La religion, le fanatisme, l'inquisition, la philosophie


Dans le pays d'Omnia, rien ne va. L’inquisition tient d’une main de fer le peuple, le plongeant dans un état de détresse permanent. Quiconque est jugé comme hérétique ou blasphémateur subira mille tortures toutes plus sophistiquées les unes que les autres. À la tête de cette inquisition, le diacre Vorbis, dont la simple présente suffit à inspirer la terreur. Comment survivre dans un pays pareil, où la paranoïa et la dénonciation de son voisin est monnaie courante ? Frangin, jeune novice dans une citadelle de la capitale, s'occupe de ses melons et de son quotidien sans se soucier de toutes ses choses. Il croit en son dieu, Om, et dans la capacité de l’église à faire le bien, et est bien décidé à vivre une vie sans nuages… Jusqu’au jour où, alors qu’il binait ses melons sans rien demander à personne, une tortue vint lui adresser la parole. Voilà qui aurait pu être le plus étrange, si elle n’avait pas également prétendu être le dieu Om lui-même.

Nouveau roman, nouvelle occasion de parler de Religion et de moralité. Mais malgré tout, Pratchett ne tombe jamais dans le manichéisme, grâce à un tour subtil :Frangin est un naïf croyant dans la bonne nature des gens et Om est un cynique se méfiant de tout et de tous, mais aucun des deux ne prévaut sur l'autre. Un équilibre se met en place et fabrique une relation où l'un déteint lentement sur l'autre au cours du récit. Les Petits Dieux reprend certaines des thématiques que Pratchett n'avait pu développer pendant Pyramide et se fait une joie de tout poser à plat devant le lecteur. J'ai adoré Pyramide, mais Les Petits Dieux fonctionne bien mieux grace à la qualité de son duo principal. Vorbis est une version améliorée de l'antagoniste de Pyramide, ce qui est plutôt amusant. On dirait deux versions de la même histoire passée dans un miroir déformant, mais leurs différences sont suffisantes pour permettre de profiter des deux. Un tome idéal pour découvrir l'univers du disque-Monde On note également la première apparition de Lu-tzé, personnage qui sera vital dans un tome futur, feignant de n'être qu'un simple balayeur parlant mal la langue locale.

Annotation :

14eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 4/6
Thème traité : les apparences, les mythes, la vieillesse, les actes manqués, la ruralité, les traditions et les univers parallèles

De retour de leur dernier périple, Mémé Ciredutemps, Nounou Ogg et Magrat Goussedail n’auront malheureusement pas le temps de souffler. Entre l’ouverture d’un portail dimensionnel que tentent de franchir des êtres démoniaques et le mariage de Magrat pour lequel elle ne parvient pas à se décider, les trois sorcières auront du pain sur la planche. Car les elfes, créatures ignobles, cruelles et dénuées de toute empathie, enjôlant le peuple de leur apparence, sont bien décidés à franchir la frontière entre les mondes pour mettre la main sur le royaume des humains. Personne ne semble prendre la menace au sérieux, car après tout… Qui pourrait croire que des êtres aussi beaux et séduisants ne peuvent vouloir autre chose que le bien ?

Pratchett continue sur sa lancée, car il est difficile d’arrêter un train en marche. Ce tome marque l’évolution et l’éloignement de Magrat du coven de Lancre. Désormais autonome, elle n’aura plus besoin des conseils et de l’aide de Nounou et de Mémé, et décide d’abandonner son rôle de sorcière pour celui, plus glamour, de Reine. Mémé Ciredutemps et Magrat ne parviendront cependant pas à s’avouer leur respect respectif, ce qui est un peu triste, mais tellement dans la lignée des deux personnages. Les mages apparaissent ici, et quelques éléments sont à noter. Cogite Stibon prend son rôle définitif d’intellectuel et de scientifique, pour marquer le contraste avec ses collègues plus fantaisistes, et l’économe a définitivement passé la ligne rouge de la folie, sous la pression et le stress de son contact prolongé avec l’Archichancelier. Excellent tome, mais la série des sorcières du royaume de Lancre est de toute façon une série gardant sa qualité sur le long terme.

Annotation :

15eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 2/8
Thème traité : Le racisme, les armes à feu, la royauté, la hiérarchie, le communautarisme

Le Guet est en plein chaos. Samuel Vimaire quitte ses fonctions pour se consacrer pleinement à son futur mariage avec Dame Sybille, ce qui propulse le pauvre capitaine dans de nouvelles strates sociales dont il n’avait même pas connaissance, mais laisse le Guet avec un vide hiérarchique des plus inquiétants. Qui serait assez compétent et expérimenté pour pouvoir guider la police avec autant de doigté que lui ? Sans compter sur le bazar causé par des recrutements ethniques imposés par la ville pour mieux représenter son peuple au sein des forces de police, ce qui n’est pas sans demander quelques… Ajustements. Le Guet fera donc son possible pour résoudre ces mystérieux meurtres fleurissants en ville, composant au mieux avec les nouveaux collègues, le manque de soutien de la hiérarchie et le silence complice des différentes factions en ville qui refusent de coopérer.

Pratchett avait déclaré être guidé par la rage pour écrire. Rarement un livre du Disque-monde ne le prouve de façon aussi claire que le Guet des Orfèvres. Dense et compact, c’est un tome sans concessions qui ose bousculer ses personnages sur des thématiques peu évidentes, ce qui pour l’époque invite au respect. Beaucoup des personnages sont racistes, et Pratchett parvient à désamorcer ce qui aurait pu être réducteur et manichéen grâce à une solide compréhension de la nature humaine. On s’attache aux personnages, on comprend leur façon de penser, on regrette leur étroitesse d’esprit et on espère qu’ils parviennent à dépasser ces modes de pensées archaïque. Aucune réaction n’est absurde, et le changement progressif qu’opèrent les protagonistes est si subtil que l’on ne s’en aperçoit qu’une fois celui-ci achevé. Carotte est le personnage central du Guet des Orfèvres et prouve avoir assez de profondeur pour tenir le roman et tous ses personnages à bout de bras. C'est clairement sa présence qui permet à tous les éléments du livre de s'insérer proprement les uns dans les autres. Vimaire prend un petit peu de recul dans ce tome, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter : il redeviendra un personnage central dans les prochains. Inutile de le préciser, mais ce tome est fantastique.

Annotation :

SEIZIEME ROMAN DU DISQUE-MONDE
SOUS SÉRIE : LA MORT ET SES ÉTATS D’ÂMES, TOME TROIS SUR CINQ
THÈMES TRAITÉS : LA MUSIQUE, LE COMMERCE, LE DEVOIR, LA CELEBRITE ET LE ROCK’N ROLL

SUITE A UN MALHEUREUX ACCIDENT COUTANT LA VIE DE SA FILLE ADOPTIVE, LE FAUCHEUR SE RETROUVE POUR LA PREMIERE FOIS DE SON EXISTENCE EN DEUIL. MAUDISSANT SON INCAPACITE A OUBLIER LE MOINDRE EVENEMENT, IL CEDERA TEMPORAIREMENT SA PLACE A SA PETITE FILLE AFIN DE VOYAGER DANS UNE TENTATIVE DE DECOUVRIR CE QUI LUI MANQUE POUR ENFIN Y PARVENIR. SA PETITE FILLE, SUZANNE, SE MONTRERA RETICENTE A MANIER LA FAUX. LA MORT EST UNE INJUSTICE ET ROMPRE LE FIL DE L’EXISTENCE DES VIVANTS EST BIEN DIFFICILE. TRAVAILLANT A CONTRECŒUR, ELLE CROISERA LA ROUTE D’UN JEUNE BARDE ET DE SON GROUPE DE MUSIQUE. ALORS QUE LE JEUNE HOMME ETAIT DESTINE A MOURIR, UNE FORCE OCCULTE CONTENUE DANS SA GUITARE, FRAICHEMENT ACHETEE ET UN BRIN MAGIQUE, LE SAUVERA DE SON DESTIN ET S’EMPARERA DE SON AME. CAR LA SURVIE A UN COUT : IL SERA DESORMAIS POSSEDE PAR LA MUSIQUE. LACHANT SUR LA VILLE UN NOUVEAU GENRE, LE ROCK’N ROLL, QUI SERA POPULAIRE AU-DELA DE LEUR REVE, LE GROUPE DEVRA FAIRE FACE A LA CELEBRITE ET AUX RIGUEURS DU METIER, PENDANT QUE SUZANNE FERA TOUT SON POSSIBLE POUR MODIFIER LE COURS DU DESTIN.

CELA ME PEINE DE LE DIRE, MAIS BIEN QUE CE TOME SOIT EXCELLENT IL N’EST PAS AUSSI BON QU’IL AURAIT PU L’ETRE. LA PREMIERE MOITIE PORTE SUR LE GROUPE DE MUSIQUE, BUDDY, NORE, MAGMA ET LEURS EFFORTS POUR ACCEDER A LA CELEBRITE MALGRE LE MANQUE DE SOUTIEN DU SYSTEME ET LEUR ORIGINALITE, LA SECONDE MOITIE PORTE SUR SUZANNE ET SA DECOUVERTE DE SON ARBRE GENEALOGIQUE ET SES CONSEQUENCES. SUZANNE EST UN PERSONNAGE FASCINANT MAIS SON AVENTURE N’EST PAS AUSSI PRENANTE QUE CELLE DU GROUPE. BUDDY, NORE ET MAGMA POSSEDENT ASSEZ DE PERSONNALITE ET DE PROFONDEUR POUR RENDRE LE RECIT ATTACHANT. LEUR PERTE DE CONTROLE SUR LEUR VIE EST PROGRESSIVE COMME UN ACCIDENT DE LA ROUTE AU RALENTI : DIFFICILE DE NE PAS VOULOIR FINIR LE LIVRE AU PLUS VITE POUR SAVOIR LE FIN MOT DE L’HISTOIRE. LA CONCLUSION NE M’A PAS GACHE LA LECTURE, MAIS J’AI TOUJOURS DETESTE QUAND LES PERSONNAGES ECHAPPENT A TOUTE CONSEQUENCES, C’EST POUR MOI LE POINT NOIR D’ACCROC DU ROCK. POUR LE RESTE, DES DIALOGUES BIEN ECRITS, DES PERSONNAGES ATTACHANTS, UN BON RYTHME ET UN HUMOUR EFFICACE SANS ETRE TROP PRESENT. SUZANNE AURA L’OCCASION DE SE RATTRAPER DANS LES PROCHAINS TOMES.

Annotation :

17eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 5/7
thèmes traités : L'asie, la politique, les révolutions et l'isolationisme culturel

Figé dans un immobilisme séculaire derrière sa Grande Muraille, voici l’impénétrable empire agatéen d’Aurient. La tourmente va le saisir par l’effet d’un petit livre révolutionnaire : Ce que j’ai fait pendant mes vacances. Que s’unissent les travailleurs, qui n’ont rien à perdre que leurs buffles d’eau ! Et, tandis que les seigneurs de la guerre s’affrontent pour le pouvoir, l’Armée rouge se dresse (moyenne d’âge : 8 ans), guidée par le Grand Mage Rincevent (vous avez bien lu), de retour en tête d’affiche. Mais la Horde d’Argent s’approche de la Cité interdite où réside l’empereur ; six héros cacochymes, dont un en fauteuil roulant, sous la conduite de Cohen le Barbare (90 ans bien sonnés, 1,50 m avec les semelles orthopédiques). L’affrontement est inévitable.

C'est honnêtement un peu chiant. Heureusement, Cohen et sa clique parviennent à rendre le tout intéressant. Malgré tout, même si ce gimmick de la bande de vieilles légendes héroïques tout droit tiré d'un roman d'Howard qui tentent de devenir civilisé et partiellement pacifistes est originale et vraiment drôle, elle ne permet pas assez de matière pour constituer un roman entier. Rincevent est toujours aussi tiède et peureux, et Pratchett se trouve obligé de le forcer à effectuer des tâches utiles, ce qui se ressent et n'est vraiment pas agréable. La fin est particulièrement artificielle. L'humour servira de principal support à ce tome, car sans l'humour ce livre ne serait rien qu'une aventure sans saveur et sans enjeux. Une pointe de regret pour le temps alloué à deux-fleurs, bien trop maigre et concis. Le cœur de Pratchett n'y est pas et cela se voit. Bon, le prochain tome est un de mes livres préférés, on va pouvoir rattraper un peu le bouzin !

Annotation :

18eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 5/6
Thème traité : L’opéra, le destin, les apparences, l’identité et la culture

Hors de question de devenir sorcière. Agnès Crétine se refuse à céder aux avances des autres sorcières et préfère fuir sa ville natale pour ne pas tomber les deux pieds dans ce métier qu’elle méprise. Puisque sa voix s’avère son plus grand atout, la jeune Agnès décide de tenter sa chance à l’opéra, où justement elle trouve la place idéale de… Voix de substitution pour une autre chanteuse n’ayant malheureusement pas les compétences souhaités pour le chant mais ayant un physique avantageux. Rageant. Malheureusement, Agnès est dotée d’un caractère en or et ne parvient pas à empêcher le monde de lui marcher sur les pieds. De leur côté, Nounou Ogg et Mémé Ciredutemps se rendent à Ankh Morpork dans deux buts différents. Le premier est de toucher (enfin) les royalties sur un livre de recettes érotiques écrit par Nounou ayant un succès inespéré, et le deuxième est de mettre le grappin sur la pauvre Agnès pour la convaincre de revenir afin d’être la troisième sorcière du Convent pour remplacer Magrat, désormais reine à plein temps. Seulement, voilà, l’opéra s’en mêle. Des meurtres en série commis par un fantôme, un mystérieux étranger portant un masque, apportent le chaos et le désordre dans cet édifice culturel déjà habité par la folie en temps normal. Agnès, Nounou et Mémé feront de leur mieux pour détricoter ces histoires car, quoi qu’il arrive, le spectacle doit continuer.

Pratchett continue de parler de la culture à travers le mythe du fantôme de l’opéra, et signe un de ses meilleurs romans, avec un angle rarement traité dans la fiction. Porter un masque et prendre une identité alternative peut s'avérer bénéfique ? Nous sommes bien loin du cliché revenant sans cesse, "sois toi-même et tout ira bien". Voilà qui est original, mais pas étonnant : Quand Mémé Ciredutemps et Nounou Ogg sont les personnages principaux, le livre est forcément excellent. Il est bon de noter qu’Agnès est bien plus intéressante que ne l’était Magrat, et ce remplacement est le bienvenu. Une galerie de personnage tout bonnement délicieuse, un rythme génial et une narration qui accompagne au mieux un excellent roman. Mascarade est un chef-d’œuvre incontestable.

Annotation :

19eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 3/8
Thème traité : Le prolétariat, l'esclavage, le féminisme, l'identité et les transgenres, les différences de classe, la robotique

Les golems sont véritablement la main-d’œuvre parfaite. Peu chers, ils travaillent sans relâche, ne dorment pas, n’ont besoin de rien, ne se plaignent pas et sont capables d’abattre autant de travail qu’une dizaine d’hommes réunis. Exploité et incapable de se révolter, tout semble basculer le jour où un meurtre est commit par l'un d'entre eux. Comment une créature dénuée de conscience et de libre arbitre pourrait-elle tuer un homme ? Voilà donc l'opinion populaire, qui ne portait déjà pas les golems dans leur cœur, qui bascule vers une haine franche et sincère envers les golems employés à travers toute la ville. Parallèlement à cette situation délicate, le seigneur et tyran local, Vétérini, semble avoir été empoisonné, mais personne ne parvient à comprendre d’où provient le fameux poison, et la santé de l’homme continue de se détériorer inexorablement. Ce sera donc au guet de trouver les pièces de ces différents puzzles et de réussir à les assembler en un ensemble cohérent.

Pieds d'argile est un livre incroyablement bien écrit qui contient tout un tas d’idéaux et de pensées profondément humanistes. Comment quelqu’un peut-il lire un ouvrage tel que Pieds d'argile et croire que Pratchett soutient les mouvements anti trans ? Cela me dépasse. Le personnage d'Hilare Petitcul et sa réappropriation de son genre et de son identité prouve définitivement la sympathie de Pratchett pour les mouvements LGBT, tout comme Angua et sa recherche d'identité. Parce qu’après tout, qui mieux que soi-même pour déterminer qui nous sommes ? Il est incroyable de se dire que ce livre date de 96. Angua et Carotte continuent leur idylle, pour mon plus grand plaisir, Vimaire continue d'être désespérément flic jusqu'au bout des chaussures. Et le reste de leurs équipiers ? Fidèles à eux-mêmes. Apparition d'Hilare Petitcul, qui, comme dit plus haut, incarne tout un tas de choses que je ne peux trouver que positives.

Annotation :

VINGTIEME ROMAN DU DISQUE-MONDE
SOUS SÉRIE : LA MORT ET SES ÉTATS D’ÂMES, TOME QUATRE SUR CINQ
THÈMES TRAITÉS : NÖEL, LES TRADITIONS, L’ÉDUCATION, LA MORALITÉ, L’INNOCENCE

LE PÈRE PORCHER, FIGURE MYTHIQUE CHARGÉE DE DISTRIBUER DES CADEAUX AUX ENFANTS LORS D’UNE FÊTE DE FIN D’ANNÉE, EST PORTE DISPARU. LA MORT PREND SA PLACE TEMPORAIREMENT, AU GRAND DAM DE SA PETITE FILLE ET DE SON SERVITEUR, QUI SE REFUSENT A VOIR QUELQU’UN COMME LE FAUCHEUR SE FAIRE PASSER POUR QUELQU’UN DE JOVIAL ET DE CHALEUREUX. LA MORT DANS LE RÔLE DU PÈRE PORCHER, QUELLE ABOMINATION. SUSAN, SA PETITE FILLE, AIDÉE DE LA MORT AUX RATS, DE QUOTH LE CORBEAU PARLANT ET DE BILIEUX, L'OH BON DIEU DE LA GUEULE DE BOIS, CHERCHERA A TROUVER LA RAISON DE LA DISPARITION DU PÈRE PORCHER.

LE RYTHME DE CE TOME EST CHAOTIQUE. TROP DE GROUPES DE PERSONNAGES, TROP D’ANGLES DIFFÉRENTS DE NARRATION, TROP D’HISTOIRES EN PARALLÈLE…. MALGRÉ TOUT, SUIVRE SUSAN EST UN VÉRITABLE PLAISIR. LA VISION SI PARTICULIÈRE DE LA MORT DONNE UNE AMBIANCE A CE TOME QUI PERMET DE FAIRE PASSER LA PILULE DU RYTHME BÂTARD. DE NOMBREUSES RÉFLEXION SUR LA NATURE HUMAINE SONNENT SI JUSTE QU’ELLES SEULES JUSTIFIENT UNE RELECTURE ANTÉRIEURE. J’ADORE LE PÈRE PORCHER ET JE LE CONSIDÈRE COMME UN EXCELLENT TOME. IL EST BON DE NOTER QU’UNE ADAPTATION DE QUALITÉ EN TELE-FILM EXISTE, EN DEUX PARTIES.

Annotation :

21eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 4/8
Thème traité : Le patriotisme, les guerres, la diplomatie, le racisme, la police

Par une nuit sans lune, au milieu d’un océan calme, l’île de Leshp émerge mystérieusement à la surface. Située entre Ankh Morpok et le Klatch, elle offre une position stratégique idéale pour quiconque parvient à s’en saisir. Bien que ces deux nations soient en paix, cette paix s’avère n’être que de courte durée, l’apparition de cette île étrange cristallisant les tensions et le racisme enfoui au fond des gens, n’attendant qu’une excuse pour prétendre redevenir habitants de grandes nations guerrières, pour revenir au bon vieux temps qui n’était que gloire, sang et victoires militaires. De nombreux meurtres sont commis à Ankh Morpok, poussé par un vent patriotique soufflant sur les deux pays. Le Guet aura fort à faire pour empêcher la mort du diplomate envoyé sur place qui n’est rien d’autre que le prince du Klatch et qui sait, peut-être mettre fin à ce conflit stérile.

C’est au tour de Fred Côlon et de Chicard Chique d’être approfondi dans ce tome, ce qui n’est pas un mal. Le rythme est peut-être le meilleur des livres jusqu’ici, aucun élément n’alourdit le récit et l’humour ne brise jamais la fluidité de la narration. Les membres du guet se connaissent désormais si bien qu’ils anticipent la réaction de leurs collègues avec aisance : il est plutôt amusant de voir l’évolution de leur groupe qui se stimulent les uns les autres dans un cercle vertueux qui semble sans fin. Rien à dire de particulier sur va-t-en-guerre, si ce n’est qu’il ne sombre jamais dans la simplicité ou le manichéisme et offre ainsi une vision brillante sur la stupidité de l’expansionnisme et du bellicisme.

Plus jeune, à ma première lecture, je lui avait mis 6. Quelle injustice. C'est ainsi corrigé.

Annotation :

22eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les aventures de Rincevent le mage catastrophique, tome 6/7
thèmes traités : L'Océanie, la croyance, les mythes et l'évolution

Téléporté sur un continent loin, le pauvre Rincevent se retrouve au milieu du désert Australi... Non, pardon, le continent XXXX. Guidé par un kangourou mystique et son amour de la fuite, il trébuchera sur de nombreux obstacles qui l'aideront à faire revenir la pluie qui a disparue depuis bien longtemps. De leur côté, les mages de l'université invisibles se retrouvent bloqués dans le temps et l'espace, sur une petite île paradisiaque en apparence. Voilà une formidable occasion d'apprendre plein de nouvelles choses, pas vrai ?

Le rythme est un peu meilleur que les précédentes aventures de Rincevent et les aventures des universitaires un peu moins chiantes, mais tout de même je... ne... ZZZzzz

Annotation :

23eme roman du Disque-Monde
Sous série : Les sorcières du royaume de Lancre, tome 6/6
Thème traité : Le bien et le mal, la morale, les vampires, les codes sociaux, la religion et le proselytisme

Et si leur faiblesse à l’ail n’était pas une fatalité ? Et s’il était possible de s’habituer à la lumière du soleil par de petites expositions ponctuelles ? Pour la famille vampire Magopyr, ces faiblesses sont des reliquats du passé dont il est possible de se débarrasser. Et tant qu’à entrer dans le monde moderne, autant y aller entièrement et cohabiter avec les humains. Dommage que pour cette famille, la cohabitation soit synonyme d’asservissement de ces humains tout bon à servir de bétail. Jetant leur dévolu sur Lancre, la famille profite d’un heureux évènement dans le royaume pour s’emparer du trône et étendre leur emprise sur les habitants. Cela pourrait être si facile, si seulement les sorcières locales ne complotaient pas dans l’obscurité pour faire tomber leur règne. Et quand les sorcières en question se nomment Mémé Ciredutemps, Nounou Ogg, Magrat Goussedail et Agnès Créttine, vous pouvez être certain que des étincelles risquent de voler. Elles pourront compter sur le soutien d’un jeune prêtre Omnien inexpérimenté ainsi que des Nac Mac Feegle, versions démoniaques des schtroumpfs ne pensant qu’à se battre, boire et voler des vaches. Voilà qui promet.

Bien que ce tome soit puissant, il n’arrive pas à garder l’élan insufflé par les tomes précédents avec ces personnages. Cela s’en ressent dans le rythme et dans les déplacements, notamment de Mémé Ciredutemps et du jeune prêtre. Bien souvent, les personnages agissent et se déplacent sans grand but. La narration, les dialogues et l’efficacité des idées mises en place par Pratchett suffit à faire tenir l’édifice sans que les fissures ne soient trop visibles, mais on ressent tout de même une gêne dans le déploiement des artifices d’écriture parfois superflus. Le thème du phœnix, entre autres, n’a aucun intérêt véritable dans le récit, et sert de remplissage. Les personnages sont ici plus flous, plus éthérés que dans les tomes précédents : Pratchett semble ne plus savoir que faire de ces personnages en tant que figures centrales d’un récit, et il est bien que ce tome soit le dernier de ce cycle. Ainsi, il s’arrête sur une note positive. Les personnages de Lancre reviendront sous la forme de personnages secondaires dans le cycle de Tiphaine Patraque.

Annotation :

24eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 5/8
Thème traité : Le patriotisme, les guerres, la diplomatie, le racisme, la police, les différences culturelles entre les gens déracinés et ceux restés au pays

Le guet d’Ankh-Morpork est en plein essor ! De nouveaux visages, de nouveaux services, la modernité est là et elle souhaite poser ses valises définitivement. Le capitaine Vimaire étant enfin secondé par des hommes fiables, le Seigneur Vétérini saisi l’occasion pour lui offrir un petit repos sous la forme d’un travail à effectuer dans le pays d’à côté. En effet, par son statut de duc, il est le candidat idéal pour être l’ambassadeur d’Ankh Morpork, une tâche bien éloignée de ses attributions habituelles. Chargé de négocier un contrat juteux entre Ankh-Morpork et l’Uberwald, la cérémonie de couronnement du nouveau Roi Nain dans la région s’avère pour Vimaire moins reposant qu’il ne l’aurait souhaité. La pierre légendaire utilisé pour le couronnement s’est volatilisée, et dans ce royaume où les nains sont conservateurs et racistes, les loups-garous des meurtriers sociopathes et sanguinaires, les vampires des opportunistes ambitieux et manipulateurs, il sera difficile de faire le jour sur cette sombre affaire qui n’attend qu’un faux pas pour déclencher une guerre à l’échelle du continent. Pendant ce temps, à Ankh Morpork, avec le départ de Vimaire et celui de Carotte – parti à la recherche d’Angua, portée disparue – la direction est laissée à Fred Colon, ce qui ne sera pas de tout repos et mettra les nerfs de ses équipes à rude épreuves.

Dans la continuité des romans portant sur le guet, ce tome approfondi chaque personnage par le biais de leur confrontation avec un monde portant des valeurs profondément différentes des leurs. C’est une véritable réussite que le Cinquième éléphant, et les différentes histoires se tissent à merveille ensembles. Les thématiques sont cohérentes, le rythme est incroyablement rapide et soutenu sans jamais se prendre les pieds dans le tapis, grâce à un volume d’évènements à raconter qui ne tiennent qu’à grand peine dans le tome. Tout est conçu pour que le lecteur se trouve au même niveau que Vimaire, véritable personnage principal du cinquième éléphant. Il s’agit du tome du disque-monde avec la meilleure fin. Un de mes préférés, sans aucun doute.

Petit point à noter, ce livre offre la transition vers le monde moderne pour le Disque-Monde.

Annotation :

25eme roman du Disque-Monde
Sous série : One Shot
Thème traité : La liberté de la presse, le journalisme, les tabloïdes, les innovations techniques, l’élitisme social

Guillaume des Mots, jeune noble ayant rompu les liens avec sa riche famille, découvre par le jeu du hasard une invention révolutionnaire apportée en ville par un groupe de nain. Et voici l’arrivée de la presse, bien loin des services de gravure sur bois offert jusque là par la guilde des graveurs. Maintenant qu’il est possible d’imprimer du papier en grande quantité et à bas prix, Guillaume entrevoit une opportunité financière et s’y engouffrera rapidement : faites place au premier journal d'Ankh-Morpork, Le Disque-Monde ! Tout reste à découvrir, tout reste à développer, et Guillaume ne pourra qu'engager des employés supplémentaires pour tenir le rythme. Bientôt, ils découvriront ensembles que mettre la vérité à jour peut entrainer des conséquences inattendues et que la presse libre n’est pas aimée de tous. Face au guet désemparé au contact de ce nouveau contre-pouvoir, au mystère de la disparition du Seigneur Vétérini, à l’apparition malsaine de tabloïdes profitant du succès du Disque-Monde pour s’accaparer des ventes et à l’indifférence générale de la population pour la vérité, Guillaume, aidé par Sacharissa la jeune journaliste et par Otto, le vampire tombant en poussière à chaque flash de son appareil photographique, ils feront de leur mieux pour ne pas sombrer dans la folie et continuer à activer la presse. Car chaque matin, quoi qu’il arrive, le journal doit sortir.

Guillaume des Mots est intéressant en tant que prototype du futur Moist Von Lipwig, dont il partage quelques traits et l’ambition. Dans le même ordre d’idée, Sacharissa est probablement la première esquisse d’Adora Belle Chercœur. Le disque-monde continue sa modernisation, peu à peu, qui avait débuté avec l’arrivée des Clacs et continuera au fil des prochains tomes. Si ce tome est excellent dans son traitement malgré un début un peu poussif, c’est l’avalanche de coïncidences qui m’empêchent de le considérer comme un des meilleurs tomes. Malgré tout, cela reste du grand Pratchett. Voir le guet de l’extérieur est un véritable plaisir, et les efforts déployés par Guillaume pour ne pas se noyer sous les événements le rendent attachant.

Annotation :

VINGT-SIXIÈME ROMAN DU DISQUE-MONDE
SOUS SÉRIE : LA MORT ET SES ÉTATS D’ÂMES, TOME CINQ SUR CINQ
THÈME TRAITE : LE TEMPS, L’ÉDUCATION, LA SOLITUDE, LA DIFFÉRENCE, LA HIÉRARCHIE, CE QU’IMPLIQUE L’HUMANITÉ ET LA CONSCIENCE

L’HUMANITÉ REND BIEN TROP COMPLEXE UN UNIVERS QUI N’EN A NULLEMENT BESOIN. POUR RÉDUIRE LE CHAOS GÉNÉRÉ PAR LA PENSÉE HUMAINE, LES AUDITEURS, ENTITÉS INCARNANT LES RÈGLES DE L’UNIVERS, DÉCIDENT D’AGIR AFIN DE REMETTRE EN ORDRE TOUT CE BAZAR SUPERFLU. NE POUVANT AGIR DIRECTEMENT, UN GESTE SANS INTERMÉDIAIRE ÉTANT CONTRE LES RÈGLES, ILS JETTENT LEUR DÉVOLU SUR UN JEUNE HORLOGER, JEREMIE LHORLOGE, ET LUI CONFIENT LES PLANS D’UNE HORLOGE PARFAITE. CETTE HORLOGE, CHARGÉE DE COMPTER LES TICS DE L’UNIVERS, EST BIEN PLUS QUE L’APOGÉE DE LA CARRIÈRE D’UN ARTISAN : ELLE EST ÉGALEMENT SA PERTE. CAR UNE TELLE HORLOGE, SI ELLE VENAIT A EXISTER, VIENDRAIT BRISER LE TEMPS TEL QU’IL EXISTE. UNE HUMANITÉ FIGÉE DANS LE TEMPS QU’ELLE AURAIT DÉTRUIT, VOICI QUI RÉDUIRAIT LA COMPLEXITÉ DE L’ESPÈCE HUMAINE. CEPENDANT, A DES LIEUX DE CES ÉVÉNEMENTS, LES MOINES DU TEMPS VEILLENT. CHARGE DE SURVEILLER LE BON DÉROULEMENT DE L’HISTOIRE, CET ORDRE MYSTIQUE CAPTERA LES IRRÉGULARITÉS CAUSÉES PAR LA CONSTRUCTION DE L’HORLOGE ET DÉCIDERONT D’AGIR AVANT LA DESTRUCTION TOTALE DU TEMPS. AINSI, LOBSANG LUDD, JEUNE MOINE RECRUTÉ EN VILLE SUITE A LA DÉMONSTRATION DE SES TALENTS TEMPORELS MALGRÉ SON MANQUE DE FORMATION ET LOU-TSE, MOINE LÉGENDAIRE NE SE CONSIDÉRANT QUE COMME SIMPLE BALAYEUR CHARGE D’ÉDUQUER LE JEUNE HOMME, PRENDRONT LA DIRECTION D’ANKH-MORPORK. SUSAN STO HELIT, PETITE FILLE DE LA MORT DONT ELLE JOUI DES POUVOIRS, ET DÉSORMAIS PROFESSEUR DES ÉCOLES, ENQUÊTERAS DE SON COTE SUR LA PROGÉNITURE DE LA DÉESSE DU TEMPS, QUI POURRAIT BIEN AIDER A METTRE DE L’ORDRE DANS CETTE AFFAIRE.

ROMAN MAGNIFIQUE. LE RYTHME EST PARFAIT, LES PERSONNAGES SONT MAITRISES, L’HISTOIRE PREND SON TEMPS ET LE TRAITEMENT DE SA THÉMATIQUE SE FAIT DE FAÇON ORGANIQUE ET FLUIDE. UN DE MES TOMES PRÉFÉRÉS, IL FOURMILLE D’IDÉES BRILLANTES. JE N’AI RIEN A DIRE QUI NE PUISSE ÉVALUER TOUT À FAIT LA QUALITÉ DE CETTE ŒUVRE, ELLE PARLE D’ELLE-MÊME BIEN MIEUX QUE JE NE SAURAIS LE FAIRE. UNE CLÔTURE MAGISTRALE POUR UN CYCLE MAGISTRAL.

Annotation :

27eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 6/8
Thème traité : la moralité, la démocratie, les révolutions, les polices secrètes, la torture

Traversant une faille temporelle durant une arrestation, Sam Vimaine, Duc d’Ankh-Morpork à la tête du Guet, et Carcer, un sociopathe tueur de flics, se retrouvent plongé trente ans en arrière. Là, Vimaire se retrouve par accident dans les chaussures de celui qui aurait dû être son mentor, si Carcer ne venait pas de changer l’histoire par son assassinat. Se faisant passer pour celui qui lui avait tout appris dans le passé, il croisera la route de nombreux personnages amené à devenir importants dans le futur, et s’efforcera de ne pas perdre de vue son objectif principal : arrêter Carcer et retourner dans le présent, tout en éduquant la jeune version de lui-même. Cependant, la révolution gronde dans les rues, et Vimaire est bien placé pour savoir que des évènements dramatiques se préparent, avec le Guet en première ligne, et qu’il ne peut probablement rien faire pour les en empêcher.

Ronde de nuit est incroyable et parvient à transformer ce qui est traditionnellement un format d’histoire un peu plan-plan – le voyage dans le temps n’est pas une thématique facilement traitable – en critique acerbe sur les systèmes politiques et les révolutions qu’ils fabriquent. Pratchett ne se rend pas là où l’on aurait pu attendre son histoire, et fait le récit d’un groupe de policiers mené par la fainéantise et la facilité, se laissant aller à la corruption et à la maltraitance des prisonniers, au sein d’une société tenue par un tyran laissant son peuple à la misère sociale et économique. Bien que Vimaire soit un bloc de métal fait d’intégrité et d’humanisme, il parvient à garder un réalisme insufflant une véritable crédibilité au message qu’essaie de nous faire passer ce tome. La plus grande qualité de Pratchett est de parvenir à parler de philosophie à travers le prisme de la fiction. Que Pratchett ne soit pas considéré comme un des meilleurs auteurs de ces quarante dernières années me dépasse : le moindre des paragraphes de Ronde de Nuit est mieux écrit, avec des personnages plus humaine et baigné dans des messages plus profonds que l’intégralité des prix Nobel de littérature qu’il m’a été donné de lire.

Annotation :

28eme roman du Disque-Monde
Sous série : One Shot
Thème traité : Le féminisme, la guerre et l’armée, la transidentité, le nationalisme, le bellicisme.

La Borogravie est un petit pays qui ne cultive rien d’autre que de la pauvreté. Asséché par ses guerres incessantes avec ses voisins les plus proches – pour des trivialités – et sa religion oppressante qui transforme le moindre geste quotidien en abomination, le pays se meurt à petit feu. Il n’y a presque plus d’hommes et la famine rôde. Margot, comme tant d’autres jeunes filles du pays, ne supporte plus cette situation et décide de s’engager dans l’armée pour retrouver son frère, disparu depuis quelques mois. Malheureusement, une femme dans l’armée, comme tant d’autre chose, est une abomination. Le port du pantalon également. Ainsi que le fait de se couper les cheveux. Et la couleur bleue. Et le chocolat, les bébés, les huitres, les chats, l’ail, les joueurs d’accordéon…. Quel pays… Déguisé en homme et laissant les remords derrière elle, Margot fera de son mieux pour cacher au sergent Jackrum et aux autres sa condition particulière. Mais tout aurait pu être différent, si seulement Margot savait que son régiment n’était composé que de femmes déguisées qui, comme elle, possédaient d’autres raisons pour s’engager que le patriotisme idiot et déraisonnable.

Je n’y arrive pas. Je sais que ce tome est apprécié, notamment pour son traitement du féminisme et de la transidentité, mais j’exècre le Régiment Monstrueux qui n’est rien de plus à mes yeux qu’une longue marche monotone. Le régiment avance, tout n’est que longs dialogues et si peu d’évènements qu’il est facile de sauter plusieurs pages sans que notre lecture n’en soit affectée. Si seulement ce rythme permettait le développement des personnages, mais la plupart des discussions sont futiles et n’apportent aucun éclairage sur les personnages et leur personnalité ! Cela aurait dû être un livre choral ou les membres du régiment sont développées de façon équitable mais seul quelques personnages ont le droit à ce privilège. Margot et Jackrum seront les seuls à avoir une personnalité complexe, les autres seront relayé à de simples fonctions chargés de faire avancer l’histoire. Et ce rythme, bon dieu, ce rythme ! Une longue marche interminable… Quelques fulgurances à noter, tout de même, et l’apparition de Sam Vimaire est appréciable. Vétérini est parvenu à le transformer en pion sans même qu’il ne s’en rende compte et il rempli désormais pleinement son rôle.

Annotation :

29eme roman du Disque-Monde
Sous série : L’Escroc légendaire, tome 1/3
Thème traité : La poste, Internet, le fonctionnariat, la privatisation, les techniciens et passionnés Vs Les connards dans les bureaux, les escroqueries, les collectionneurs

Moite Von Lipwig, escroc légendaire, ne passe pas une bonne journée. Attrapé par la police d’Ankh-Morpork et jugé pour ses escroqueries commises sous l’un de ses nombreux – très nombreux – pseudonymes, il doit être pendu le matin même. Malgré la qualité de son exécution, il se réveillera dans le bureau du dirigeant et tyran local, le Seigneur Vétérini. Désormais mort aux yeux de la population en colère, Moite aura à effectuer un choix cornélien : assurer la direction de la poste, service municipal en état de déliquescence, ou reprendre le chemin de la corde, et ce, de façon définitive. Mais la poste n’est plus qu’une ruine, le courrier n’est plus distribué depuis des années et il ne reste plus de facteurs si ce n’est quelques vieillards… Et que pourrait-il faire face aux Clac, ces grandes tours lumineuses transmettant des messages par les airs à une vitesse foudroyante ? Mais Moite Von Lipwig n’est pas devenu un escroc légendaire pour rien, il pourrait être l’homme idéal pour redresser un service perdu d’avance.

Timbré fourmille de thèmes qui zèbrent le récit à une vitesse proche de celle des Clacs. Pourtant, tout fonctionne à merveille et les différentes pièces du puzzle s’assemblent parfaitement. Pratchett était un passionné d’informatique (GNU Pratchett) et cela transpire par chacun des pores du récit. Timbré est un de mes Pratchett préféré pour le regard porté sur les passions ainsi que sur les ingénieurs travaillant dans le noir dans des conditions de travail épouvantables pour des gens n’y comprenant rien, mais jugeant tout de même leur avis comme supérieur. Sa bienveillance sur la popculture est également appréciable, mais après tout, il baigne les deux pieds dedans. Autre mention: Il est souvent dit que pour pouvoir écrire un personnage intelligent, il faut l’être également. Pratchett n’est pas intelligent. Il est bien au-delà. Moite en est la preuve à travers chacune de ses combines, chacun de ses petits saltos. Lisez timbré, c’est brillant.

Annotation :

30eme roman du Disque-Monde
Sous série : Le guet d’Ankh-Morpork, tome 7/8
Thème traité : Les rivalités ancestrale, le racisme, le communautarisme, la religion, les traditions, l’histoire.

L'histoire se déroule peu de temps avant l'anniversaire de la bataille de la vallée de Koom, entre les trolls et les nains et "seul cas connu de bataille où chacune des armées a tendu une embuscade à l'autre". Dans la ville d'Ankh-Morpork, les tensions se multiplient et les leaders extrémistes sont de plus en plus populaires, au grand mécontentement de Vimaire, le Commissaire Divisionnaire du guet municipal. Or un leader nain, Broilacuisse, est assassiné. Les apparences jouent contre les trolls de la ville (n'a-t-on pas trouvé une massue trolle sur le lieu du crime ?), mais Vimaire est sceptique. Il va devoir user de tous ses talents de policier et utiliser au mieux les capacités de ses subordonnés (qui comptent désormais une vampire dans leurs rangs) pour résoudre cette enquête sulfureuse dans les mines naines creusées sous la ville. Le temps presse, car le jour de la vallée de Koom se rapproche, une nouvelle guerre se prépare dans la ville, les secrets se dévoilent, les meurtres se multiplient et d'étranges créatures rôdent dans les ombres...

Jeu de nains est intéressant à plusieurs niveaux. La réflexion de Pratchett sur le communautarisme est bien plus juste que la plupart des essais sérieux qu’il m’a été donné de lire sur le sujet. Tout est nuancé, tout est réfléchi et tout est profondément humain. Car ce qui fait le sel de Pratchett, c’est sa compréhension des mécanismes qui tournent sous nos cerveaux. Cette fois, il privilégie le développement de son intrigue au développement de ses personnages, ce qui n’est pas un mal.
Quelque chose, cependant, à noter. Ce tome amorce pour moi le déclin de l’esprit de Pratchett. Bien que cela soit discret, quelques petites subtilités ne lui ressemblent pas. Vétérini semble moins acéré, certains personnages marchent légèrement de travers, quelques actions ne ressemblant pas au personnages sont effectuées…. Voilà qui est discret, mais ces petites glissades sont tout de même présentes, ce qui n’annonce rien de bien. Pratchett aura le diagnostic officiel pour son alzheimer en 2007, soit deux ans après l’écriture de ce tome, mais il m’est impossible de ne pas voir dans ce tome la naissance de ce qui causera sa mort, et cela me fend le cœur.