Cover Robert Aldrich - Commentaires

Robert Aldrich - Commentaires

Robert Aldrich a su développer un style baroque, éclaté, et assumer les éclats impressionnants, les fulgurances, les excès parfois, d’une inspiration exaspérée cherchant à déranger le spectateur. C’est un cinéma audacieux aux effets bulldozer, riche de propositions bien que régulièrement inégal, qui ...

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14 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a 8 mois

Bronco Apache
6.6

Bronco Apache (1954)

Apache

1 h 31 min. Sortie : 22 décembre 1954 (France). Western

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le deuxième long-métrage de Robert Aldrich s’inscrit dans la lignée des apologues humanistes de Delmer Daves et Anthony Mann, qui ont été parmi les premiers à s’indigner du sort réservé aux Indiens par la nation américaine triomphante. Entre la reddition et la lutte pas de solution souhaitable : ne reste plus pour Massai, le dernier guerrier Apache, qu’à se retirer du monde pour vivre son isolement d’éternel outcast. Le réquisitoire n’est peut-être pas aussi féroce que l’aurait escompté son auteur, s’inclinant en partie devant la tradition du pardon et du happy end, mais le déficit de rudesse n’est pas sans avantage car il se dégage une forme de sagesse fataliste de cette résignation à la vie pacifique et amoureuse. Burt Lancaster est excellent, Jean Peters toute douce, et le film aussi sincère que touchant.

Vera Cruz
7.3

Vera Cruz (1954)

1 h 34 min. Sortie : 11 mai 1955 (France). Aventure, Western

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

On peut considérer ce western de rupture, à la truculence baroque, comme un ancêtre des visions démythificatrices de Sergio Leone ou Sam Peckinpah. Très conscient des paramètres et des conventions d’un genre sacré entre tous, qu’il prend un milieu plaisir à piétiner, Aldrich met en scène de véritables crapules, faisant de l’Ouest un territoire d’avidité et d’hypocrisie, de traîtrise et d’immoralité. Cooper et Lancaster y forment un duo d’aventuriers sans scrupules, mus par leur seule cupidité, parfaitement en phase avec l’ironie ricanante et sarcastique du cinéaste. Haut en couleurs, tirant le meilleur parti de son pittoresque décor mexicain, le film propose un divertissement inventif et enlevé, au cynisme grinçant, et où le rire vient en prime, sans altérer la validité dramatique des évènements.

En quatrième vitesse
7.4

En quatrième vitesse (1955)

Kiss Me Deadly

1 h 46 min. Sortie : 9 septembre 1955 (France). Film noir

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Au début, une femme nue sous son imperméable, courant haletante sur l’asphalte nocturne ; à la fin, une boîte de Pandore déversant sur le monde un feu d’apocalypse. Entre ces deux visions hallucinées, Aldrich déroule le plus prophétique des films noirs, qui élève un récit assez banal en allégorie de la condition humaine à l’ère atomique. Il y a quelque chose de véritablement cosmique dans ce thriller ténébreux, fractal, influencé par Welles et précis comme un instantané radiographique, qui ouvrait, avec ses visages tuméfiés, ses femmes maltraitées, son héros macho et violent, une nouvelle ère du genre. Les lieux communs y sont transcendés par une inspiration visionnaire, qui convoque l’angoisse et l’épouvante avec une expressivité sèche et implacable, une singulière poésie du cauchemar. Un grand classique.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

Le Grand Couteau
6.9

Le Grand Couteau (1955)

The Big Knife

1 h 51 min. Sortie : 25 novembre 1955 (France). Film noir

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le goût prononcé des instants de tension, des plans assénés comme autant de provocations, de l’instabilité des effets, voire d’un expressionnisme frisant l’outrance, Aldrich en témoigne à nouveau dans cette adaptation oppressante d’une pièce de théâtre, dont il respecte l’unité de lieu et l’atmosphère confinée. La charge contre le milieu hollywoodien, sa corruption rampante, ses êtres veules et sans scrupules, est sans appel, bardée d’idées fortes et de numéros d’acteurs spectaculaires (voir Rod Steiger en producteur bouffon et peroxydé, oreillette constamment vissée au crâne). Déchirés, perdus ou tourmentés, les personnages s’affrontent à la faveur de joutes très écrites, insufflant à cette satire noire et tragique, qui ne fait certes pas dans la dentelle, une densité permanente.

Attaque !
7.4

Attaque ! (1956)

Attack!

1 h 47 min. Sortie : 5 octobre 1956 (France). Guerre, Drame

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La guerre dépeinte par Aldrich le contestataire, sans fleurs ni couronnes ou compromis. Soit une entreprise absurde mise entre les mains de lâches, de badernes et d’imbéciles nommés par calcul politique, mus par leur unique intérêt personnel, et dont les décision criminelles sont couvertes par la hiérarchie militaire – le film devance d’un an "Les Sentiers de la Gloire". Les quelques digressions explicatives ou flambées d’humanisme démonstratif sont digérées aussi sec par le rouleau compresseur de la mise en scène, brutale, cruelle, qui entretient l’attente éprouvante de l’action puis la relâche en plongeant le spectateur au cœur de la boue et de la colère, du courage ou de la trahison. Rarement le cinéma américain aura été aussi offensif vis-à-vis de l’armée, de ses intrigues, de son hypocrisie.

El Perdido
6.9

El Perdido (1961)

The Last Sunset

1 h 52 min. Sortie : 9 février 1962 (France). Western

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Si l’art cinématographique consiste à tisser des rapports invisibles, à édifier une architecture entre les idéogrammes de l’élément matériel (homme ou décor, dans le plan et de plan à plan), alors Aldrich peine ici à rendre un tel lien sensible, restant trop souvent au niveau de ses intentions. L’alchimie du fond à la forme ne se produit donc que chichement, mais il faut convenir de la dévotion apollinienne du cinéaste pour les quatre éléments, de son réalisme tendre pour tout ce qui vit, tremble dans le ciel et sur la terre, et qui balance la légère raideur de l’ensemble. Suffisant pour hisser au-dessus du tout venant ce western relativement conventionnel, où les rapports entre personnages sont empreints d’ambigüité, et dont le récit se cristallise tardivement autour d’un transfert amoureux par idéalisation.

Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
7.8

Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962)

What Ever Happened to Baby Jane?

2 h 14 min. Sortie : 17 mai 1963 (France). Drame, Thriller

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

D’un côté, la démente Bette Davis, traîne-savate aux chairs flasques et fripées, qui offre à ses rêves évanouis de gloire hollywoodienne une monstrueuse présence – telle Norma Desmond arrivée au bout de la folie. De l’autre, l’infirme Joan Crawford, affaiblie, humiliée dans sa déchéance en des jeux sadiques et cachant sous sa vulnérabilité un terrible secret que le retournement final révèle en rebattant les cartes psychologiques du récit. Aldrich filme l’affrontement de ces deux monstres sacrés, rivales, jalouses, comme un récital bouffon et grotesque, au sens hugolien du terme, et fait perler des pointes d’attendrissement à travers l’horreur grand-guignolesque. Alternant la taille à la serpe et le martèlement au pilon, l’exercice est sans doute un peu facile et systématique, mais il fait toujours son effet.

Chut... Chut... Chère Charlotte
7.3

Chut... Chut... Chère Charlotte (1964)

Hush... Hush, Sweet Charlotte

2 h 13 min. Sortie : 23 avril 1965 (France). Thriller

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Aldrich enfonce le clou de son précédent thriller psychotique avec cette nouvelle excroissance d’une entreprise de démolition des légendes, à laquelle il confère les accents assumés de l’outrance et de la transgression. Bette Davis, dans un rôle jumeau de celui de Baby Jane, est une nouvelle figure de proue névropathe, le casting vire à la réunion de stars vieillies, transformées en crapules veules ou doucereuses (Olivia de Havilland, ex-rivale à Oscars de Davis chez Wyler, ou Joseph Cotten en belle ordure), le suspense est quasiment tué au profit d’une dilatation suintante d’effets sardoniques et déformants. Sur cette machination faite de folie provoquée, de cruauté féminine et de cadavres revenus à la vie plane aussi l’ombre de Clouzot et de ses "Diaboliques", en nettement moins pervers et fascinant.

Les Douze Salopards
7.3

Les Douze Salopards (1967)

The Dirty Dozen

2 h 30 min. Sortie : 27 septembre 1967 (France). Guerre, Action, Aventure

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Un autre jalon célèbre de la filmographie du bonhomme, dont on retrouve le goût pour l’exagération, les situations ambigües, les personnages douteux aux intentions troubles. En substituant aux nobles protagonistes des opérations commando habituellement portés à l’écran toute la racaille de la pouillerie humaine, il donne un bon coup de pied aux repères rassurants du spectateur. Aucun manichéisme ici, mais une frénésie imagière, un refus du sentimentalisme qui recoupe d’une amertume rageuse le discours antibelliciste et la réflexion désabusée, presque nihiliste, sur l’héroïsme. Une flopée de gueules marquantes s’y livre à des performances spectaculaires, tout à fait en accord avec la vision originale, dérapant parfois vers un absurde noir, du réalisateur. Ça a un peu vieilli mais ça reste efficace.

Faut-il tuer Sister George ?
6.9

Faut-il tuer Sister George ? (1968)

The Killing of Sister George

2 h 18 min. Sortie : 29 janvier 1971 (France). Drame

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le monde du spectacle, qui est celui de la télévision britannique de la fin des années 60, gangrenée par l’hypocrisie et l’épuisement de sa propre image, est ici desséché du moindre glamour. Ne reste que l’horreur triviale de sa cruauté, redirigée par la sister George du titre, vedette vieillissante, odieuse et tyrannique, contre sa jeune compagne. Aldrich n’a peur de rien, et charge son attaque d’une audace sans doute particulièrement corrosive pour l’époque. Sa vision crue du milieu lesbien, la cruauté sadique des rapports de pouvoir qu’il examine, le refus d’expurger les détails implacables d’une existence misérable et monstrueuse annoncent le cinéma de Fassbinder, mais c’est bel et bien à sa personnalité radicale que l’on doit cette étude provocatrice d’une déchéance sans retour.

Le Démon des femmes
6.9

Le Démon des femmes (1968)

The Legend of Lylah Clare

2 h 10 min. Sortie : 16 avril 1969 (France). Drame

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Imprésario veule, cinéaste despotique façon Sternberg, échotière sadique, autant de monstres qui, par inconscience, égoïsme ou cruauté, vont conduire une actrice innocente à sa perte. Pour régler ses comptes avec l’industrie du cinéma, entité cannibale absorbant et dévorant les énergies nouvelles, Aldrich pousse à fond la mise en abyme et l’hyperbole, travaille la corruption des corps, la nostalgie pathologique et l’érosion mentale en une spirale morbide dont le moindre raffinement est volontairement exclu. Parce qu’il se situe au centre d’un ensemble de films consacrés au monde du show-biz dont il radicalise le principe, le noyau dur, la malédiction, ce mélo sépulcral peut ainsi se lire comme une matrice à toutes les fictions hollywoodiennes hantées par l’éternel retour et la vaine circularité du récit.
Top 10 Année 1968 :
http://lc.cx/2ir

Fureur apache
7.3

Fureur apache (1972)

Ulzana's Raid

1 h 43 min. Sortie : 2 août 1973 (France). Western

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Âpre, sanglant et sans concessions, le film met à sac les clichés du western traditionnel (anti-indien) comme ceux du western moderne (pro-indien). Sa force est de remettre en cause le paradigme abstrait du bon sauvage, croyance qui n’est qu’un déguisement du racisme qu’elle croit combattre, et qui ne résiste pas à l’épreuve des faits. En opposant la violence institutionnalisée et ritualisée des Apaches, liée à une sorte de théorie des climats, aux certitudes théoriques des Blancs, fondées sur un humanisme chrétien, Aldrich questionne la fonction même de la cruauté et exige que le regard se défasse des stéréotypes. Problématique creusée de façon très physique tout au long d’un jeu du chat et de la souris qui exploite brillamment les espaces ouverts, les manœuvres tactiques et les rapports contradictoires.

La Cité des dangers
6.2

La Cité des dangers (1975)

Hustle

2 h. Sortie : 24 mars 1976 (France). Thriller, Policier

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Des années 50 aux années 70 le film noir a muté, et ce polar désabusé, languide, d’une secrète tendresse, qui s’applique à désamorcer toute tension dramatique, se situe avec précision dans l’évolution du genre. Le héros n’est plus détective privé mais officier de police, l’univers corrompu et sulfureux où il progresse s’expose en pleine lumière (comme dans "Chinatown"), et le cadavre d’une jeune fille trouvé sur la plage ne résulte pas d’un meurtre mais d’un suicide, phénomène tout naturel de la société contemporaine. La sensibilité pathétique de l’œuvre est à trouver dans les à-côtés de l’intrigue, la célébration du couple par-delà la peinture d’une conscience morale en crise, la rencontre pudiquement embellie entre Burt le super-mâle et l’exotique Belle-de-jour, tous deux en proie à bien des fêlures.

Deux filles au tapis
7

Deux filles au tapis (1981)

All the Marbles

1 h 53 min. Sortie : 10 février 1982 (France). Comédie dramatique, Sport

Film de Robert Aldrich

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Deux catcheuses et leur manager sur les routes peu reluisantes de l’Amérique profonde… Parce que nul n’a jamais sacré Aldrich arbitre du tact et de la finesse, on aurait pu redouter que les manchettes de ces dames allaient constituer autant de crimes contre le bon goût. Or ce film incroyablement généreux frappe par son homogénéité, son harmonie, sa sérénité, surprenantes sur un sujet déambulatoire et musclé qui semblait favoriser les cahots. Il rafraîchit surtout les thèmes de la réussite et du succès en les faisant porter par un trio infiniment attachant qui tente à la force du poignet de se faire une petite place au soleil : son rêve de consécration, nul doute que l’auteur le fait sien et le sublime en un rêve de spectacle, jusqu’à un final chamarré et pailleté où jaillissent les larmes de l’euphorie.
Top 10 Année 1981 :
http://lc.cx/UyY

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